Catégorie : Constructeurs

  • Suzuki Jimny : le petit 4×4 qui fait tourner les têtes… et les avocats

    Suzuki Jimny : le petit 4×4 qui fait tourner les têtes… et les avocats

    Le Suzuki Jimny, c’est un peu l’élève sympathique qui réussit sans forcer. Ce petit 4×4 a longtemps vécu dans l’ombre avant de connaître un véritable succès à partir de 2018, lorsqu’il a troqué ses rondeurs contre un look de mini Mercedes Classe G. Compact, rustique et attachant, il est devenu l’un des tout-terrains les plus désirés du marché.

    Problème : il n’est plus officiellement vendu en Europe. Et si vous pensez contourner la règle en important un Jimny depuis l’étranger, sachez que Suzuki est prêt à vous traîner en justice.

    Pourquoi le Jimny a quitté l’Europe

    À la base, c’est une histoire de normes. Le 1,5 litre atmosphérique à quatre cylindres qui anime le Jimny est loin des standards actuels en matière d’émissions. Sa consommation et ses rejets de CO₂ en faisaient déjà un modèle coûteux dans certains pays, comme en France, où les taxes pouvaient le faire grimper de 60 000 €.

    Pour répondre aux contraintes environnementales et à la réglementation GSR2 (obligations de systèmes d’assistance, boîte noire, alertes sonores multiples…), Suzuki aurait dû investir lourdement. Résultat : la marque a préféré retirer le modèle plutôt que de le moderniser pour le marché européen.

    Les importations parallèles dans le viseur

    Le Jimny reste disponible ailleurs – au Japon, en Inde, en Australie ou encore sur certaines autres destinations – et cela donne des idées à certains importateurs indépendants. Acheter un Jimny neuf hors UE, le faire venir en Europe et le vendre ? C’est possible techniquement, mais pas légalement… si l’on en croit Suzuki Deutschland.

    Dans un communiqué transmis à Motor1.com, la filiale allemande précise :

    « Le Jimny est de plus en plus souvent importé et vendu illégalement dans l’Espace économique européen. Puisqu’il s’agit d’atteintes à la marque, Suzuki Deutschland – au nom de Suzuki Motor Corporation – est déjà intervenu avec succès par le passé et continuera à agir fermement à l’avenir. »

    En clair : importer un Jimny neuf en dehors des canaux officiels, c’est s’exposer à un recours en justice.

    Un 4×4 devenu politiquement incorrect

    Ironie de l’histoire : Suzuki Allemagne souligne aujourd’hui que le Jimny « n’a pas d’impact positif sur le CO₂ » – comprenez : c’est un petit délinquant environnemental. Une affirmation qui prête à sourire quand on se souvient que le constructeur l’a vendu officiellement en Europe de 2018 à 2024 sans état d’âme particulier.

    Pour un particulier, l’importation d’un Jimny déjà immatriculé à l’étranger reste théoriquement possible, mais les démarches sont lourdes et coûteuses. À tel point que l’option la plus simple reste… de trouver un exemplaire d’occasion déjà présent sur le marché européen, même si les prix y sont particulièrement élevés.

    Un objet de désir… qui se mérite

    Le Jimny est aujourd’hui un paradoxe roulant : un petit 4×4 fun, efficace en tout-terrain, mais presque impossible à acquérir neuf en Europe, et considéré par sa propre marque comme trop polluant pour nos routes.

    Les passionnés devront donc se contenter de l’admirer sur d’autres marchés, ou se lancer dans une chasse à l’occasion. Mais attention : chez Suzuki, on ne plaisante pas avec le droit des marques.

    Mais si vous en voulez vraiment un, Suzuki France commercialise une version VU à deux places. Et là, ça passe !

  • Jeep accélère vers l’avenir : baisses de prix, nouveautés à la chaîne et retour du V8 !

    Jeep accélère vers l’avenir : baisses de prix, nouveautés à la chaîne et retour du V8 !

    Un vent de renouveau souffle sur Jeep. Avec un calendrier produit chargé, une stratégie tarifaire repensée et le retour du mythique V8 Hemi, la marque américaine entame une nouvelle ère sous la houlette de Bob Broderdorf, son nouveau patron depuis février.

    « Nous avons entrepris de corriger certaines erreurs du passé », a-t-il annoncé lors d’une rencontre avec la presse à Detroit. L’objectif est clair : séduire à nouveau les passionnés, conquérir de nouveaux clients et replacer Jeep au centre de la scène mondiale.

    Un cap clair après le changement de direction chez Stellantis

    L’arrivée d’Antonio Filosa à la tête de Stellantis il y a moins de deux mois marque une rupture. Le temps des hausses de prix systématiques et de la réduction des motorisations thermiques est révolu.

    Chez Jeep, le mot d’ordre est désormais valeur et plaisir. « La marque n’a plus de problème de prix », assure Broderdorf. Presque toute la gamme a été repositionnée aux Etats-Unis – avec parfois des baisses de 5 500 à 7 400 € selon les modèles – afin de redevenir compétitive face à la concurrence.

    Le retour triomphal du V8 Hemi

    C’est un clin d’œil appuyé aux puristes : le Wrangler 392 et son V8 6,4 litres de 470 ch, promis à la retraite, restera au catalogue « pour l’avenir prévisible ». Mieux encore, Jeep envisage de faire profiter d’autres modèles de la puissance et de la sonorité du Hemi.

    « Plus de variantes thermiques, plus de puissance, de plus gros pneus… », promet Broderdorf. Le pick-up Gladiator pourrait aussi voir sa fiche technique musclée dans les années à venir.

    Sept lancements en sept mois

    Jeep a engagé 2,75 milliards d’euros d’investissements pour accélérer sa transformation. Résultat : un calendrier produit exceptionnel avec sept lancements en sept mois.

    Parmi les nouveautés :

    • Un tout nouveau Jeep Cherokee hybride (fin 2025)
    • Les versions mises à jour des Grand Wagoneer et Grand Cherokee
    • Le Jeep Recon, premier SUV 100 % électrique « Trail Rated » de la marque, disponible à l’échelle mondiale
    • Le Compass renouvelé pour l’Europe, le Commander pour le Moyen-Orient et l’Avenger pour l’Amérique du Sud

    Plus de personnalisation et de fun

    Au-delà des modèles, Jeep veut renforcer le lien émotionnel avec ses clients. Wrangler et Gladiator deviendront « plus personnels et plus personnalisables » : nouvelles teintes vives, configurations inédites, options de carrosserie étendues… Un retour assumé à l’ADN ludique et aventureux qui fait le succès de la marque depuis plus de 80 ans.

    Des ventes qui amorcent le redressement

    Même si le marché américain reste exigeant, certains modèles tirent déjà leur épingle du jeu : Compass, Wrangler, Gladiator et le nouveau Wagoneer S électrique affichent une progression notable sur le premier semestre. Et avec la vague de nouveautés à venir, Jeep compte bien inverser totalement la tendance d’ici fin 2026.

    Une stratégie tournée vers la passion et la conquête

    Entre le retour du V8, l’ouverture à plus de versions thermiques et l’arrivée de modèles hybrides et électriques inédits, Jeep joue la carte de la diversité mécanique. Le tout avec des prix plus accessibles et une expérience client enrichie.

    Une chose est sûre : cette nouvelle page de l’histoire de Jeep s’écrit sous le signe de l’optimisme, de la passion et de la conquête.

  • Pourquoi faut-il toujours montrer les voitures électriques… en train de se charger ?

    Pourquoi faut-il toujours montrer les voitures électriques… en train de se charger ?

    Il y a des images qui semblent s’imposer comme une évidence, jusqu’à en devenir ridicules. Dans l’univers de l’automobile électrique, c’est cette manie obstinée de montrer les voitures… branchées. Oui, avec ce gros câble pendouillant, la trappe ouverte comme une oreille distraite, et cette station de recharge plantée là, aussi sexy qu’un sèche-linge en arrière-plan.

    Regardez la photo ci-dessus : la Lucid Air, magnifique berline électrique aux lignes fluides, dans un showroom impeccablement éclairé… et hop, un câble noir qui se tortille jusqu’à sa flanc gauche. Quel gâchis ! On dirait qu’on a voulu illustrer une chirurgie esthétique avec la perfusion encore branchée.

    L’obsession du câble : un tic visuel

    Personne ne se dit qu’une Ferrari doit être photographiée avec un pistolet à essence dans son flanc arrière. Aucun photographe ne mettrait en couverture d’un catalogue Porsche 911 une image du réservoir grand ouvert sur un tuyau d’autoroute. Alors pourquoi persister avec les voitures électriques ?

    Peut-être parce que l’électrique est encore perçu comme une curiosité, et que montrer le câble rassure le spectateur : « Regardez, c’est bien une voiture électrique, elle se branche ! » Sauf que l’effet produit est exactement inverse. Ça rend l’objet statique, figé, presque vulnérable. On ne voit plus la sculpture automobile, on ne retient que la rallonge.

    Une mise en scène… débranchée

    Dans un showroom, l’électricité est déjà partout. On pourrait imaginer des mises en scène élégantes : éclairages spectaculaires, arrière-plan soigné, détails de design mis en valeur… Mais non. On préfère montrer la voiture en mode « recharge en cours », comme si on avait interrompu le cliché pour une pause technique.

    Résultat : au lieu de vendre un rêve, on donne l’impression de photographier un instant banal, presque domestique. Comme si on présentait un yacht avec le tuyau d’eau encore branché sur le quai.

    Le jour où l’on arrêtera…

    Le jour où les voitures électriques seront photographiées comme les autres — prêtes à partir, profil tendu vers la route, lignes mises en valeur — ce sera peut-être le signe qu’elles sont devenues complètement banales. Le câble restera là où il doit être : dans l’ombre, discret, utile mais invisible.

    En attendant, on peut toujours se dire que la Lucid Air mériterait mieux qu’un rôle de vedette… attachée à sa prise.

    Moralité : Une photo de voiture électrique n’a pas besoin d’un câble pour être électrique.

  • Rolls-Royce Phantom à 100 ans : un siècle d’art en mouvement

    Rolls-Royce Phantom à 100 ans : un siècle d’art en mouvement

    En 2025, Rolls-Royce célèbre un anniversaire rare dans l’histoire automobile : le centenaire de la Phantom. Plus qu’un simple modèle, cette automobile incarne depuis un siècle le sommet du luxe britannique, mais aussi un pont inattendu entre l’ingénierie et les arts. De Salvador Dalí à Andy Warhol, de la peinture à la sculpture, en passant par la photographie et l’art contemporain, la Phantom n’a cessé de côtoyer les créateurs les plus influents du siècle.

    Chris Brownridge, directeur général de Rolls-Royce Motor Cars, résume cette relation privilégiée :
    « Depuis 100 ans, la Rolls-Royce Phantom évolue dans les mêmes cercles que les plus grands artistes du monde. Symbole d’expression personnelle, elle a souvent participé à des épisodes marquants de la création. Alors que nous fêtons son centenaire, il est temps de revenir sur cet héritage fascinant et sur les personnalités artistiques qui ont façonné son histoire. »

    Un siècle de connivence avec les artistes

    Depuis ses débuts, Rolls-Royce attire les figures majeures de l’art contemporain. Salvador Dalí, Andy Warhol, Henri Matisse, Pablo Picasso, Christian “Bébé” Bérard, Cecil Beaton… tous ont voyagé à bord de modèles de la marque. Dame Laura Knight, première femme admise comme membre à part entière de la Royal Academy of Arts, transforma même sa Rolls-Royce en atelier mobile, peignant depuis son habitacle sur les hippodromes d’Epsom et d’Ascot.

    Les plus grands collectionneurs ont également succombé à l’attrait du constructeur : Jacquelyn de Rothschild, Peggy Guggenheim ou Nelson Rockefeller faisaient partie des propriétaires.

    Mais c’est bien la Phantom, vaisseau amiral de la marque depuis 1925, qui incarne le plus étroitement cette alliance entre luxe et création. En huit générations, elle a été exposée comme une œuvre à part entière, des salles du Saatchi Gallery de Londres au Smithsonian Design Museum de New York, en passant par des galeries indépendantes aux quatre coins du monde.

    Dalí : des choux-fleurs à la Sorbonne

    Difficile d’évoquer le lien entre art et Phantom sans s’attarder sur Salvador Dalí. Le maître du surréalisme, jamais avare de mises en scène extravagantes, en fit un instrument de performance artistique.

    Hiver 1955, Paris. Invité à donner une conférence à la Sorbonne, Dalí décide de frapper fort. Il emprunte une Phantom noire et jaune et la remplit… de 500 kg de choux-fleurs. Après une traversée chaotique de la capitale, il se gare devant l’université, ouvre les portes et laisse dévaler cette avalanche potagère sur le pavé glacé de décembre. L’auditoire de 2 000 personnes se souvient-il de son exposé sur les aspects phénoménologiques de la méthode paranoïaque-critique ? Peu importe : l’entrée en scène restera légendaire.

    Ce n’était pas la seule apparition de la Phantom dans l’univers dalinien. En 1934, dans une illustration pour Les Chants de Maldoror, il représente la voiture figée dans un paysage glacé, image à la fois somptueuse et inquiétante, parfait résumé de sa capacité à marier opulence et absurdité.

    Warhol : le pop art sur quatre roues

    Dalí passait ses hivers à New York, au St Regis Hotel, où il croisa en 1965 un jeune artiste encore intimidé : Andy Warhol. Les deux hommes, que tout semblait destiner à se rencontrer, marquèrent chacun l’art de leur époque.

    Warhol, contrairement à Dalí, posséda sa propre Phantom : un modèle 1937 transformé en shooting brake à la fin des années 1940. Il l’acheta en 1972 à Zurich et la conserva jusqu’en 1978. Pour Rolls-Royce, cette histoire illustre à merveille la capacité de la Phantom à traverser les styles, du surréalisme au pop art.

    Charles Sykes et l’icône immuable

    La connexion entre Rolls-Royce et les arts remonte pourtant encore plus loin. Dès 1911, chaque voiture de la marque arbore la Spirit of Ecstasy, peut-être le plus célèbre emblème automobile au monde. Cette sculpture, née du talent de Charles Robinson Sykes, est directement inspirée par la fluidité et la vitesse ressenties à bord d’une Rolls-Royce.

    Sykes, artiste prolifique, travailla initialement pour la revue The Car Illustrated avant d’être sollicité par Claude Johnson, directeur commercial de la marque, pour réaliser des peintures et finalement imaginer un emblème officiel. Produite artisanalement jusqu’en 1948, la mascotte accompagna toutes les Phantom de l’époque, parfois moulée et finie de la main même de Sykes ou de sa fille Jo.

    Phantom, toile vierge et catalyseur

    En cent ans, la Phantom n’a pas seulement transporté les artistes, elle est devenue un support de création, un objet exposé, une icône réinterprétée. Du délire horticole de Dalí à la flamboyance pop de Warhol, en passant par l’élégance intemporelle de la Spirit of Ecstasy, elle a prouvé qu’une automobile pouvait transcender sa fonction première pour devenir un acteur à part entière de l’histoire de l’art.

    À l’aube de son deuxième siècle, la Phantom reste pour les créateurs une double promesse : celle d’un moyen d’expression personnel et intemporel, et celle d’un objet de contemplation chargé de sens.

  • Du Brésil au Japon, l’histoire aux mille noms de la Volkswagen Coccinelle

    Du Brésil au Japon, l’histoire aux mille noms de la Volkswagen Coccinelle

    La Volkswagen Coccinelle, avec ses lignes rondes et son charme indémodable, est bien plus qu’une simple voiture : c’est un phénomène culturel. Produite à plus de 21 millions d’exemplaires et vendue aux quatre coins du globe, elle a su s’intégrer à chaque culture et y a gagné une multitude de surnoms. Oubliez son appellation officielle, la « Type 1 », et plongez dans un voyage linguistique à travers le monde automobile !

    Le bestiaire à quatre roues

    Dans de nombreux pays, la voiture a hérité de noms d’insectes, en référence à sa forme arrondie et à son allure compacte.

    • Allemagne : Là où tout a commencé, elle est la « Käfer », qui signifie « scarabée » ou « cafard ». Un nom pas très glamour, mais qui fait écho à sa robustesse et à sa présence partout dans le pays.
    • États-Unis : Le nom « Beetle », qui signifie aussi « scarabée », a été popularisé par une campagne publicitaire ingénieuse. Aux États-Unis, la voiture a été un symbole de la contre-culture et de la simplicité.
    • France : La douceur de la langue française a transformé le « cafard » en une jolie « Coccinelle », un petit insecte rouge et noir, symbole de chance. Au Québec, on la surnomme aussi « Coccinelle » ou plus familièrement « Beetle ».
    • Italie : Ici, la voiture est la « Maggiolino », qui signifie « hanneton ». Un insecte qui, comme la Coccinelle, est perçu comme sympathique et inoffensif.
    • Espagne et Amérique du Sud : C’est un retour au scarabée, avec l’« Escarabajo » en Espagne, en Argentine et au Chili. Au Mexique, elle a même un nom plus affectueux, « Vocho » ou « Vochito ».

    Des noms plus exotiques

    Le charme de la Coccinelle a inspiré des noms plus originaux dans d’autres pays :

    • Brésil : Elle est la « Fusca », une abréviation du mot « Volkswagen ». Mais certains l’appellent aussi « Coléoptère », un terme plus général pour les insectes.
    • Norvège : En Norvège, son nom est « Boble », qui signifie « bulle », en référence à sa forme.
    • Thaïlande : Elle est la « Rod tao », qui se traduit par « voiture-tortue », un nom qui évoque sa lenteur supposée et sa forme.
    • Turquie : Le nom « Kaplumbağa », signifie également « tortue », preuve que sa silhouette a la capacité de créer des associations d’idées similaires, même à des milliers de kilomètres.

    La Volkswagen Coccinelle n’est pas seulement une voiture, c’est une légende vivante dont l’héritage se perpétue à travers des noms aussi variés et charmants que la voiture elle-même.

  • Stellantis rallume le V8 pour ses marques américaines

    Stellantis rallume le V8 pour ses marques américaines

    Le V8 n’a pas dit son dernier mot. Alors que l’industrie automobile mondiale multiplie les annonces d’électrification et que le moteur thermique semble condamné à plus ou moins long terme, Stellantis prend tout le monde à contre-pied. Dodge, Ram et Jeep s’apprêtent à prolonger la carrière de leurs blocs mythiques, avec en ligne de mire le 6,2 litres Hellcat compressé. De quoi réjouir les puristes… et étonner les observateurs.

    Dodge : un nouveau Charger… pas si électrique que ça

    Lorsque Dodge a dévoilé la nouvelle génération de Charger, basée sur la plateforme STLA Large, l’histoire semblait écrite : une muscle car 100 % électrique, incarnée par le Daytona, et quelques variantes hybrides ou six cylindres. Les amateurs de gros V8 suralimentés s’étaient préparés à tourner la page.

    Sauf que, lors de la présentation des versions Charger SixPack à six cylindres prévue pour 2026, le patron de Dodge, Matt McAlear, a glissé un indice lourd de sens. Interrogé sur la possibilité d’installer le 6,2 litres Hellcat V8 sous le capot, il a répondu :

    « Théoriquement… prenez votre mètre et venez vérifier. Mais ne soyez pas surpris si ça rentre. »

    Autrement dit : oui, le V8 pourrait trouver sa place. Et ce n’est pas un hasard. La plateforme STLA Large a été conçue pour accueillir plusieurs types de motorisations — électrique, hybride, thermique — afin de s’adapter aux évolutions du marché. « Ce n’est un secret pour personne : nous produisons plus de thermique en ce moment », ajoute McAlear.

    Ram : le TRX revient

    Les signaux se multiplient chez Stellantis. Antonio Filosa, PDG de Ram, a confirmé le retour du Ram 1500 TRX, le pick-up surpuissant animé par le même Hellcat V8 que les Dodge les plus radicales. L’icône des amateurs de tout-terrain musclé, un temps sacrifiée sur l’autel de la réglementation et des normes antipollution, fera donc son grand retour.

    Ce feu vert chez Ram laisse penser que Dodge pourrait suivre la même voie, renforçant l’hypothèse d’un Charger Hellcat nouvelle génération.

    Jeep : le Hemi toujours dans la course

    Même refrain chez Jeep. Bob Broderdorf, son patron, a confirmé que le Wrangler 392 — et son V8 Hemi atmosphérique de 6,4 litres — survivrait au-delà de 2025. Mieux : la marque explorerait d’autres modèles capables de recevoir un V8, à commencer par le Grand Wagoneer.

    Ici encore, on retrouve la philosophie Stellantis : maintenir en production les mécaniques emblématiques tant qu’il existe une demande solide, tout en poursuivant le développement de l’offre électrifiée.

    Une stratégie à contre-courant

    Alors que la plupart des constructeurs cherchent à réduire la part du thermique dans leurs gammes, Stellantis adopte une stratégie plus souple. La clé, c’est cette approche multi-énergies, rendue possible par des plateformes modulaires capables d’accueillir plusieurs types de groupes motopropulseurs.

    Dans un contexte où l’électrification totale rencontre des résistances — prix élevés, infrastructures de recharge incomplètes, incertitudes réglementaires —, cette flexibilité permet à Stellantis de répondre aux attentes des passionnés tout en préparant l’avenir.

    Les muscle cars ne sont pas mortes

    L’arrivée potentielle d’un nouveau Dodge Charger Hellcat n’est pas encore confirmée. Mais entre les déclarations des dirigeants, le retour du TRX et la survie du Wrangler 392, les signes sont clairs : le V8 a encore sa place dans la culture automobile américaine.

    Les puristes peuvent y voir une victoire, les sceptiques un simple sursis. Quoi qu’il en soit, Stellantis joue une carte inattendue, qui pourrait bien séduire autant les nostalgiques que ceux qui n’étaient pas encore prêts à dire adieu au grondement d’un gros moteur atmosphérique ou compressé.

  • MSRP : pourquoi le prix affiché aux États-Unis n’est pas celui que vous payez vraiment

    MSRP : pourquoi le prix affiché aux États-Unis n’est pas celui que vous payez vraiment

    Si vous avez déjà rêvé devant les prix des voitures affichés sur les sites américains, vous vous êtes sûrement fait la réflexion : « Pourquoi une Mustang coûte-t-elle si peu là-bas ? » Sur le papier, les tarifs américains semblent imbattables. Mais ce prix d’appel, baptisé MSRP (Manufacturer’s Suggested Retail Price), est loin d’être le montant final que l’acheteur sort de sa poche. Et lorsque l’on compare en toute transparence, hors taxes, la différence avec l’Europe – et notamment la France – n’est pas aussi spectaculaire qu’on pourrait le croire.

    Qu’est-ce que le MSRP ?

    Le MSRP, ou prix de détail suggéré par le constructeur, est l’équivalent américain de notre prix catalogue hors options. Il s’agit d’un tarif indicatif, fixé par le constructeur, qui sert de référence au réseau de concessionnaires.
    Mais contrairement à ce que beaucoup imaginent, il ne s’agit pas d’un prix « clé en main ». Aux États-Unis, le MSRP n’inclut pas les taxes locales ni les éventuels frais de livraison, de préparation ou de documents administratifs.

    Des taxes… mais pas comme en France

    En France, la TVA (20 %) est intégrée d’office dans le prix affiché, ce qui permet à un acheteur de connaître immédiatement le montant final à payer, hors frais d’immatriculation et carte grise. Aux États-Unis, c’est différent : les taxes sont ajoutées après coup et varient selon l’État.
    Par exemple :

    • En Oregon : 0 % de taxe sur les ventes.
    • En Californie : environ 7,25 % au niveau de l’État, auxquels peuvent s’ajouter 1 à 3 % de taxes locales.
    • À New York : 8,875 % dans la ville de New York.

    Ainsi, une Ford Mustang GT affichée à 43 090 $ en MSRP peut, selon l’État, se retrouver facturée à plus de 46 000 $ une fois les taxes et les frais inclus.

    Les « dealer fees » et autres surprises

    En plus des taxes, de nombreux concessionnaires appliquent des frais de concession (dealer fees) qui peuvent grimper de 500 $ à plus de 2 000 $. Officiellement, ils couvrent les frais de préparation, de paperasse et d’administration… mais dans les faits, ils servent souvent à gonfler la marge.
    Et depuis la pandémie, avec la forte demande et la pénurie de véhicules, certains concessionnaires n’ont pas hésité à ajouter des « market adjustments » : un surcoût pur et simple, parfois de plusieurs milliers de dollars, au-dessus du MSRP, sous prétexte de rareté.

    Comparaison avec la France

    Prenons un exemple concret :

    • Jeep Wrangler 4xe Sahara
      • MSRP USA : 57 695 $ (≈ 49 520 € au taux actuel)
      • Prix final USA (Californie) : environ 65 000 $ avec taxes (≈ 55 800 €)
      • Prix France HT : 65 360 €
      • Prix France avec toutes les taxes : ≈ 92 620 €

    Si l’on compare le prix hors taxes français avec le prix américain toutes taxes comprises, l’écart se réduit fortement. Il reste certes une différence, mais elle est bien moindre que ce que les tarifs affichés laissent supposer.

    Mais allons plus loin… Si le Jeep Wrangler 4xe Sahara est le seul disponible en France, c’est parce qu’il est impossible de vendre un Wrangler « bas-de-gamme ».

    Aux Etats-Unis, le Jeep Wrangler débute à 32 690 $ (MSRP) avec un V6 3,6 litres et une boîte manuelle. Et si on le vendait en France ?

    Admettons que l’on prenne le même tarif hors taxe converti en euros : 32 690 USD = 28 000 euros. Ajoutons 20 % de TVA et le malus CO2.

    28 000 + 5 600 + 70 000 = 103 600 euros

    Besoin de pousser plus loin la démonstration ? Le Wrangler hors taxe à 28 000 euros aux Etats-Unis serait vendu plus de 100 000 euros en France (dont plus de 70 000 euros pour l’Etat).

    Le facteur équipement et normes

    Il faut aussi prendre en compte que les versions américaines et européennes ne sont pas strictement identiques :

    • Les versions européennes intègrent d’office certains équipements qui sont en option aux États-Unis.
    • Les normes de sécurité, d’émissions et d’homologation diffèrent, entraînant des coûts supplémentaires pour la version UE.

    En résumé

    Le MSRP américain est une vitrine marketing : il attire l’œil avec un prix bas, mais ne reflète pas le montant final. Entre taxes variables, frais divers et marges supplémentaires, l’addition grimpe vite. En France, le prix affiché inclut déjà la TVA, ce qui rend la comparaison trompeuse si l’on ne remet pas tout en hors taxes.


    Bref, la prochaine fois qu’un ami vous dira qu’aux États-Unis les voitures sont « deux fois moins chères », invitez-le à sortir la calculatrice : la réalité est bien plus nuancée. Sauf pour les modèles qui ne sont pas importés en France, et pour cause !

  • Honda vend un morceau de sa légende F1… et c’est aussi un vrai geste commercial

    Honda vend un morceau de sa légende F1… et c’est aussi un vrai geste commercial

    En amont de son grand retour comme motoriste officiel d’Aston Martin en Formule 1 en 2026, Honda Racing Corporation (HRC) lance une initiative autant symbolique que stratégique : la vente aux enchères de pièces authentiques de ses anciens moteurs de F1 — à commencer par le mythique RA100E V10, propulsant Ayrton Senna en 1990. HRC s’engage ainsi dans une nouvelle activité musicale : un business de “mémoire sportive”, où les souvenirs mécaniques deviennent objets de collection.

    Une pièce d’histoire mise en vitrine

    La pièce phare de cette première vente est le V10 RA100E numéro V805, dernier moteur utilisé en course par Senna en 1990, monté sur la McLaren MP4/5B. Utilisé notamment lors du Grand Prix du Japon à Suzuka et lors de l’ultime épreuve à Adélaïde, il est désormais disloqué pièce par pièce, chacune présentée dans un écrin avec certificat d’authenticité, après avoir été démontée avec soin par les mêmes ingénieurs d’HRC qui l’avaient construit. Une occasion unique de posséder un fragment de la mécanique d’une légende vivante.

    Un business patrimonial… et rentable

    L’enchère se tiendra lors de la Monterey Car Week, précisément au prestigieux Bonhams Quail Auction de Carmel, le 15 août. Ce projet marque l’entrée de HRC sur le marché des memorabilia racés, offrant aux fans une chance rare de toucher du doigt l’histoire — dans un format tangible. Des objets comme des pistons, arbres à cames et couvercles usés sont prêts à trouver de nouveaux propriétaires passionnés.

    HRC souhaite pérenniser cette démarche, déjà enrichie de pièces d’IndyCar ou de motos mythiques, tout en préservant ses modèles historiques encore roulants, notamment ceux exposés dans les musées de Motegi ou Suzuka.

    Entre hommage et marketing chirurgical

    Cette initiative s’inscrit à la fois dans une logique d’affirmation de l’identité sportive de Honda et dans un savant coup de promotion au moment où la marque consolide son retour en F1. Accroître la valeur patrimoniale perçue du constructeur, tout en en valorisant son héritage technique — un marketing subtil, à la fois noble et parfaitement calculé.

    Posséder une pièce du moteur de Senna, c’est bien plus qu’un souvenir : c’est s’ancrer dans la légende d’un pilote, d’une marque, et d’une époque où F1 rimait avec prouesse mécanique, audace et humanité.

  • 260 BMW neuves… à détruire : quand la rigueur prime sur la raison commerciale

    260 BMW neuves… à détruire : quand la rigueur prime sur la raison commerciale

    En matière automobile, la ligne entre bon sens économique et rigueur industrielle peut parfois sembler absurde. L’affaire des 260 BMW stockées sur le Fremantle Highway, ce cargo ravagé par les flammes en 2023 au large d’Ameland, en est une illustration saisissante. Ces voitures, pourtant considérées comme indemnes de tout dommage majeur, devront être détruites. Décision de justice. Volonté du constructeur. Et incompréhension de la part de ceux qui ont cru flairer une bonne affaire.

    Retour sur une histoire aussi fascinante que révélatrice des tensions entre logique industrielle, sécurité des clients, et réalité du marché de l’occasion.

    Quand le business flaire la bonne affaire

    Tout commence en 2023. Le Fremantle Highway, cargo battant pavillon panaméen, prend feu au nord des Pays-Bas. À son bord : près de 3 800 véhicules, dont une flotte de BMW toutes neuves. Si la majorité part littéralement en fumée, certaines autos stationnées sur le pont supérieur semblent miraculeusement épargnées. Pas de flammes, pas d’eau d’extinction, seulement quelques traces de suie.

    Deux entrepreneurs néerlandais, Eric Bakker (3B Exclusief) et Sam Peinemann, flairent le bon coup. Ils acquièrent 260 BMW neuves pour un total de 5,1 millions d’euros. Soit moins de 20 000 euros par véhicule. Une aubaine, pensent-ils, pour des modèles invendables par BMW, mais tout à fait fonctionnels.

    BMW dit non : sécurité et réputation avant tout

    Mais voilà. BMW n’entend pas laisser ces voitures entrer sur le marché. Le constructeur entame une procédure judiciaire pour empêcher leur revente. Selon la marque bavaroise, ces voitures ont été exposées à des températures extrêmes et à des émanations toxiques. Elles ne peuvent, en aucun cas, être considérées comme conformes aux standards de qualité attendus d’une voiture neuve. En clair : l’apparence extérieure ne dit rien des potentiels dommages invisibles.

    Autre argument invoqué par le constructeur : ces voitures étaient destinées au marché taïwanais. Si elles semblent identiques aux modèles européens, elles présentent des différences techniques — notamment en matière d’émissions — qui les rendent illégales sur le Vieux Continent sans modifications coûteuses et complexes.

    Des experts contre des ingénieurs

    De leur côté, les deux acheteurs n’ont pas chômé. Ils font appel à des experts indépendants, font analyser les véhicules, documentent l’absence de dommages mécaniques ou électroniques, et insistent sur le fait que les voitures n’ont ni subi d’incendie, ni de dégâts des eaux. Mais le tribunal tranche : même sans preuve directe de dommages, le risque existe. Et ce risque suffit à justifier la destruction des véhicules.

    Cette décision repose aussi sur une question d’image. Laisser des véhicules potentiellement défectueux porter l’hélice bleue de BMW sur nos routes serait une prise de risque pour la réputation de la marque. Une réputation bâtie sur la précision et la fiabilité — parfois à coups de rigueur perçue comme excessive.

    Un verdict lourd de conséquences

    En statuant contre les deux entrepreneurs, la justice néerlandaise a validé la position du constructeur. Sauf revirement en appel — les plaignants ont d’ores et déjà indiqué qu’ils comptaient se battre — ces 260 BMW, dont certaines encore sous film de protection, finiront à la casse. Pas de marché parallèle. Pas de bon coup. Juste une perte sèche de plus de 5 millions d’euros pour ceux qui croyaient avoir trouvé une niche.

    Entre gaspillage industriel et logique de marque

    Cette affaire soulève une question plus vaste : dans quelle mesure une marque peut-elle contrôler le destin d’un produit qui, juridiquement, ne lui appartient plus ? Si l’argument sanitaire ou technique peut s’entendre, n’est-ce pas aussi — ou surtout — un sujet d’image ? Dans un monde où les constructeurs se battent sur le terrain du luxe, de la perfection perçue, et où la fidélité client est parfois aussi fragile qu’un circuit imprimé post-incendie, la réponse est sans doute oui.

    Et si le vrai sujet était ailleurs ?

    Au fond, cette affaire dépasse le simple cas des 260 voitures. Elle illustre la difficulté de concilier industrie mondialisée, réglementations disparates, exigence de marque et réflexes commerciaux. Elle interroge aussi la manière dont les marques peuvent (ou doivent) gérer les incidents logistiques, les catastrophes industrielles, et l’avenir de produits “hors-norme”.

    Mais elle montre aussi que la rationalité économique — vendre des véhicules certes légèrement salis, mais intacts — peut s’écraser face à la rationalité émotionnelle d’un blason. Une BMW ne peut être que parfaite. Ou ne doit pas être.

  • McLaren : le mirage d’un avenir électrique

    McLaren : le mirage d’un avenir électrique

    Que se passe-t-il chez McLaren ? La question taraude les passionnés, alors que la marque de Woking vient de passer sous pavillon Forseven, une entreprise aussi mystérieuse qu’ambitieuse. Derrière le vernis des succès en Formule 1 et le retour en endurance se cache une réalité plus fragile : celle d’un constructeur de voitures de route à la dérive, pris entre une gamme saturée, des pertes colossales et des investisseurs aux desseins encore flous.

    À première vue, tout semble aller pour le mieux chez McLaren. L’écurie de Formule 1 est de retour aux avant-postes, portée par Lando Norris et Oscar Piastri. Le constructeur a annoncé son retour aux 24 Heures du Mans, en catégorie Hypercar. La 750S, dernier rejeton de la gamme Super Series, s’impose comme l’une des meilleures supercars de sa génération. Et l’histoire de la marque, de Bruce McLaren à Ayrton Senna, continue de faire rêver.

    Mais sous cette surface brillante, la mécanique grince. McLaren Automotive, la branche qui produit les voitures de route, vient d’être rachetée par Forseven, une start-up britannique soutenue par le fonds d’investissement CYVN Holdings, lié au gouvernement d’Abu Dhabi. Une prise de contrôle totale, après que Mumtalakat (le fonds souverain de Bahreïn) a jeté l’éponge, non sans avoir injecté près de 1,8 milliard d’euros dans la machine.

    Forseven : un inconnu au volant

    Et c’est là que tout se complique. Car Forseven n’a, à ce jour, pas produit la moindre voiture. L’entreprise compte environ 700 salariés, majoritairement issus de Jaguar Land Rover, et s’appuie sur un partenariat technologique avec le constructeur chinois Nio. Sur le papier, Forseven promet de conjuguer « luxe britannique et technologies visionnaires »… Mais dans les faits, la greffe entre McLaren et ce néo-constructeur électrique interroge.

    L’objectif affiché ? Réorienter McLaren vers une offre entièrement électrique, avec en ligne de mire un SUV électrique, selon des rumeurs de plus en plus insistantes. Un projet qui va à contre-courant de tout ce que représente McLaren : la légèreté, la pureté de conduite, la performance sans artifice.

    Une stratégie à la dérive

    Pourtant, il fallait bien faire quelque chose. Car depuis sa naissance en 2011, McLaren Automotive n’a jamais dégagé de bénéfices durables. Pire encore, la marque a accumulé les erreurs stratégiques :

    • Une prolifération de modèles, avec peu de différenciation réelle.
    • Des problèmes de fiabilité persistants, entachant l’image de marque.
    • Une ligne stylistique figée, où les modèles peinent à se distinguer visuellement.
    • Et surtout, une valeur résiduelle en chute libre, bien inférieure à celle des modèles comparables chez Ferrari ou Porsche.

    Résultat : même une supercar brillante comme la 750S peut se retrouver sur le marché de l’occasion à moitié prix quelques semaines après sa sortie. Un désastre pour la fidélisation des clients et la perception de la marque.

    Vendre les bijoux de famille

    La situation était devenue si critique que McLaren a dû se résoudre à vendre son emblématique McLaren Technology Centre, avant de le louer à nouveau pour continuer ses activités. Un acte fort, presque symbolique, qui rappelle à quel point la trésorerie du constructeur était exsangue.

    Et pendant ce temps, les projets les plus audacieux – comme l’Artura hybride – peinent à convaincre. Lancée avec ambition, la GT hybride souffre de retards de développement, de problèmes techniques et d’un positionnement flou entre sport et grand tourisme.

    Et si Zak Brown était la solution ?

    Dans ce contexte trouble, un nom revient sans cesse : Zak Brown. L’homme qui a redonné vie à l’écurie de Formule 1 McLaren pourrait-il incarner le renouveau de la branche automobile ? Passionné d’automobile, visionnaire en stratégie, Zak Brown a su, en six ans, remettre l’équipe sur les rails, avec patience, méthode et un goût certain pour les paris gagnants.

    Certes, redresser McLaren Automotive serait une entreprise d’une toute autre ampleur. Mais Brown a déjà prouvé sa capacité à fédérer, à prendre des décisions audacieuses et à insuffler une nouvelle dynamique. Il comprend l’ADN McLaren mieux que quiconque, et sa légitimité interne n’est plus à démontrer.

    Un avenir qui reste à écrire

    Forseven promet un plan de relance « mené à une vitesse fulgurante ». Mais est-ce la bonne voie ? Lancer un SUV électrique, dans un segment saturé et en contradiction avec les fondements même de la marque, ressemble à un pansement sur une plaie béante. Sans une refonte profonde de la stratégie produit, sans rétablissement de la confiance client et sans repositionnement clair, le risque est grand de voir McLaren se perdre dans une quête identitaire sans issue.

    Le temps presse. Et dans les paddocks comme sur la route, on attend désormais un signal fort. Un vrai projet. Une vraie vision. Et peut-être, une voix familière pour dire : « J’ai un plan. »

  • Renault : un choix très politique pour une trajectoire de plus en plus stratégique

    Renault : un choix très politique pour une trajectoire de plus en plus stratégique

    En apparence, la nomination de François Provost à la tête du groupe Renault semble avoir suivi un processus rationnel, méthodique, presque « textbook ». Un dirigeant expérimenté, passé par la Corée, la Chine, les partenariats stratégiques, doté d’une solide connaissance interne du groupe, et plébiscité à l’unanimité par le comité de sélection. Pourtant, derrière cette façade bien huilée, c’est un signal très politique que Renault vient d’envoyer. Une nomination aux airs de message adressé autant aux partenaires qu’aux actionnaires, à l’État qu’aux concurrents. Et peut-être à Luca de Meo lui-même.

    Une sidération… et une réaction

    Le 15 juin dernier, lorsque Luca de Meo annonce brutalement sa démission aux membres du conseil d’administration — convoqués en urgence la veille — le constructeur entre dans une séquence imprévue, tendue, mais conduite tambour battant. L’onde de choc est forte : l’action chute de 10 %, les états-majors s’agitent, les actionnaires retiennent leur souffle.

    De Meo, que l’on croyait durablement installé à la tête de Renault, quitte le navire après seulement quatre années à la barre. En coulisses, son flirt avec Stellantis et la perspective de succéder à Carlos Tavares avaient alimenté les rumeurs. L’opportunité manquée, il semble avoir préféré écrire un nouveau chapitre hors du secteur automobile, laissant le groupe qu’il avait partiellement redressé devant une équation délicate : maintenir le cap sans tout remettre en question.

    Une transition éclair

    Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration, a tenu à éviter un vide managérial prolongé. Dans le souvenir des six mois d’intérim chez Stellantis, Renault choisit l’ultra-réactivité. Deux cabinets de recrutement sont missionnés. Une première sélection rapide permet de distinguer cinq profils, dont deux sérieux candidats internes : Denis Le Vot (Dacia) et François Provost (achats et partenariats). Un externe, Maxime Picat, récemment débarqué de Stellantis, entre dans la danse… mais sa candidature est vite relativisée. Renault n’entend pas être un lot de consolation.

    En trois semaines, les huit membres du comité de sélection auditionnent les finalistes. Parmi eux, un représentant de l’État, Alexis Zajdenweber, commissaire aux participations. Et c’est là que le processus, aussi méthodique soit-il, prend une tournure politique.

    L’homme des partenariats… et des ministères

    François Provost coche toutes les cases de la stabilité stratégique. Moins flamboyant que de Meo, moins charismatique peut-être que Le Vot, il séduit par sa solidité, son expérience internationale, son entregent avec les partenaires industriels. Mais c’est surtout son passé qui retient l’attention : Bercy, cabinets ministériels, relation fluide avec la puissance publique. Un profil rare dans un groupe où l’État reste le premier actionnaire avec 15 % du capital et des droits de vote.

    Le message est limpide : Renault redevient un sujet d’État. Alors que les transitions énergétiques, industrielles et géopolitiques imposent une vigilance accrue sur l’autonomie technologique, le tissu industriel français et l’emploi, nommer un dirigeant « techno-compatible » avec la sphère publique est tout sauf anodin.

    En pleine restructuration autour de la scission d’Ampere, avec Nissan en embuscade, le spectre de nouvelles alliances (voire de nouvelles cessions) plane toujours. Avoir à sa tête un homme qui « sait parler à l’État », selon les confidences de plusieurs administrateurs, est un choix stratégique à haute valeur diplomatique.

    Renault, entreprise publique en habits de capitaliste

    Depuis l’ère Ghosn, Renault tente de concilier logique industrielle et impératifs politiques. Luca de Meo avait imposé une vision audacieuse, parfois clivante, mais ambitieuse : relance stylistique (R5, Scenic Vision), électrification accélérée, revalorisation de la marque par une pseudo ouverture à des partenaires étrangers. Son départ soudain laisse un vide que Provost ne comblera pas par le charisme, mais par la cohérence.

    Car au fond, Renault ne cherche pas un visionnaire. Elle cherche un stabilisateur. Quelqu’un qui maîtrise les équilibres subtils entre État, partenaires japonais, ambitions européennes et exigences financières. À ce titre, François Provost pourrait bien être le parfait « homme de compromis », à l’aise sur les bancs de Bercy comme dans les salons de Tokyo.

    Un avenir à surveiller de très près

    En filigrane, une interrogation demeure : François Provost est-il là pour durer ? À 56 ans, il a l’âge pour s’inscrire dans le temps long. Mais ses liens étroits avec l’appareil d’État nourrissent déjà des spéculations sur une Renault qui deviendrait un outil politique assumé, au moment où l’Europe cherche à renforcer sa souveraineté industrielle. Ce choix augure-t-il d’un rapprochement plus clair avec l’État stratège ? D’un repli prudent sur les fondamentaux français du groupe ? Ou au contraire, d’une diplomatie industrielle tous azimuts avec l’Asie, les Amériques et les partenaires européens ? Dans dix ans, Renault sera-t-il contrôlé par Geely, ou Geely aura-t-il quitté le Groupe Renault et ses filiales ?

    Une chose est sûre : Renault, plus que jamais, sera scrutée comme un acteur de l’équilibre géopolitique européen. Et son nouveau capitaine ne devra pas seulement conduire une entreprise. Il devra aussi manœuvrer dans un théâtre d’influence où chaque mot compte, chaque geste est interprété, et chaque silence… suspect.

  • Adrian Mardell, le prix du pari Jaguar

    Adrian Mardell, le prix du pari Jaguar

    Après 35 ans de carrière au sein de Jaguar Land Rover, dont trois à la tête de l’entreprise, Adrian Mardell quitte le navire. Officiellement, le départ se fait « à sa demande ». Officieusement, il consacre l’échec d’une stratégie aussi ambitieuse que clivante, censée faire de Jaguar une marque électrique d’avant-garde, mais qui l’a laissée en état de mort clinique.

    Les chiffres sont sans appel. En juin 2025, Jaguar n’a vendu que 37 voitures en Europe. Un chiffre sidérant pour une marque jadis associée aux salons feutrés de Mayfair et aux allées de Goodwood. L’homme qui a suspendu toute production Jaguar pour mieux faire table rase est aujourd’hui rattrapé par une réalité économique impitoyable.

    Une méthode radicale

    Adrian Mardell n’a jamais été un homme de compromis. Lorsqu’il prend les rênes de JLR en 2022, dans un contexte post-COVID encore très incertain, il hérite d’une situation fragile : une gamme vieillissante, une dépendance excessive au diesel, une image de marque confuse. Dès lors, il imagine un plan de redressement tranché, centré sur la montée en gamme de Range Rover et la réinvention complète de Jaguar, transformée en une marque électrique ultra-premium.

    Le concept était clair : arrêter la production de modèles existants, repartir d’une feuille blanche, repenser le design, la stratégie produit et même l’identité visuelle. Exit la silhouette bondissante du félin, remplacée par un logo typographique épuré, froid, presque clinique. L’ADN de Jaguar s’en est retrouvé lessivé, et avec lui, l’attachement de nombreux passionnés.

    Cette politique du tout ou rien, rare dans l’industrie automobile, a conduit à une situation inédite : aucune Jaguar neuve à vendre dans les showrooms pendant près de deux ans. À contre-courant des tendances, alors que la plupart des marques tentent d’assurer une transition en douceur vers l’électrique, Mardell a préféré une pause brutale. Or, dans un marché en tension, où la fidélité client est difficile à maintenir, cette stratégie a rapidement viré au cauchemar commercial.

    Une époque plus complexe qu’annoncée

    La vision d’Adrian Mardell n’était pas sans logique. En repositionnant Jaguar comme une marque de niche à très forte valeur ajoutée, il espérait reproduire le modèle d’un constructeur comme Aston Martin ou Bentley, mais en version électrique. Le choix d’une berline GT comme premier modèle de la nouvelle ère allait dans ce sens, tout comme les ambitions stylistiques confiées à Gerry McGovern, déjà auteur du repositionnement de Range Rover.

    Mais la conjoncture n’a pas aidé. La croissance des véhicules électriques ralentit en Europe, les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump compliquent les exportations, et la montée en puissance de marques chinoises rend le segment plus concurrentiel que jamais. Jaguar, sans produit, sans visibilité, sans réseau adapté, est restée figée pendant que le monde changeait.

    Quant à Land Rover, la maison-mère, elle a vu ses propres marges fragilisées par des problèmes de sécurité persistants : les Range Rover et Discovery sont devenus des cibles privilégiées pour les voleurs au Royaume-Uni, obligeant l’entreprise à investir lourdement dans des correctifs techniques et dans la gestion de son image, écornée par des faits divers à répétition.

    L’ombre de Thierry Bolloré

    Ironie de l’histoire, le plan Reimagine qui sert de base à la stratégie de Mardell avait été conçu par Thierry Bolloré, son prédécesseur, avant sa démission en 2022. L’ancien patron de Renault n’avait pas eu le temps de le mettre en œuvre, laissant à Mardell le soin d’exécuter une vision qu’il n’avait pas initiée, mais qu’il a endossée avec une rigueur presque dogmatique.

    Loin de se contenter de réorganiser, Mardell a voulu incarner un changement de culture. Il a rationalisé les sites de production, orienté les investissements vers la plateforme électrique maison (probablement partagée avec Tata), coupé dans les effectifs, réorganisé les fonctions design et marketing. Mais sans produits à livrer, sans concept-cars pour maintenir le lien, sans storytelling fédérateur, la marque a sombré dans le silence.

    Un départ qui en dit long

    Le communiqué de presse est resté laconique. « Adrian Mardell a exprimé son souhait de se mettre en retrait de JLR. Son successeur sera annoncé en temps voulu. » En creux, on lit le constat d’un échec stratégique que Tata Motors ne pouvait plus prolonger sans conséquence.

    Le cas Mardell illustre un dilemme bien connu dans l’industrie : faut-il transformer en profondeur au risque de casser l’existant, ou maintenir l’activité pour amortir la transition ? La première option séduit sur le papier, surtout quand les résultats financiers à court terme paraissent encourageants (ce fut le cas côté Range Rover). Mais elle expose à une perte de substance. Jaguar, en l’espace de deux ans, a perdu sa clientèle, sa mémoire, son désirabilité.

    Quel avenir pour Jaguar ?

    L’avenir reste flou. La fameuse berline électrique promise comme nouveau point de départ ne sera dévoilée qu’à l’été 2026. Trop tard ? Peut-être pas. Mais elle devra non seulement convaincre les amateurs de belle automobile, mais aussi justifier des prix qui devraient rivaliser avec les Porsche Taycan et autres Mercedes EQS — un positionnement exigeant, pour une marque dont l’image a été mise en sommeil.

    Jaguar pourrait renaître. Mais il faudra pour cela un cap plus souple, un dialogue retrouvé avec les passionnés, et des produits qui ne soient pas uniquement conçus pour séduire les investisseurs de Tata. Quant à Adrian Mardell, il quitte la scène avec une forme d’élégance, mais aussi avec la marque d’un stratège dont l’audace n’aura pas résisté aux réalités du marché.