Depuis la présentation du Range Rover Sport en mai 2022, c’est le calme plat chez JLR. Pas un seul modèle entièrement nouveau n’est arrivé en concession depuis plus de trois ans. Entre valse des dirigeants, stratégie de fiabilité obsessionnelle et retards à répétition, le géant britannique traverse une étrange période de mutisme. Le nouveau patron, PB Balaji, aura une mission simple mais vitale : sortir enfin des voitures.
Souvenez-vous, juin 2021. Thierry Bolloré, alors CEO de Jaguar Land Rover, accordait une interview fleuve à Autocar. Il y dessinait l’avenir : moins de volume, plus de valeur, et surtout une renaissance spectaculaire de Jaguar.
Quatre ans plus tard, où sont les voitures ? Si l’on met de côté les déclinaisons et mises à jour, le dernier modèle 100% nouveau présenté par le groupe est le Range Rover Sport. C’était en mai 2022. Une éternité dans l’industrie automobile actuelle.
La fiabilité avant tout : une excuse ou une nécessité ?
Ce vide produit n’est pas un accident, c’est presque un choix philosophique, héritage de l’ère Bolloré et perpétué par son successeur, Adrian Mardell.
Le constat de départ était brutal : la fiabilité des modèles était jugée « inacceptable ». La stratégie a donc basculé. Au lieu de précipiter les lancements, JLR a décidé de ne sortir un véhicule que lorsqu’il est parfaitement prêt. « Si cela doit prendre quelques mois de plus pour être prêt pour le client, c’est notre politique », martelait encore récemment Mardell.
C’est louable. JLR avait désespérément besoin de redresser la barre sur la qualité et d’intégrer de meilleurs composants dès le début du développement. Mais le revers de la médaille est une inertie paralysante. Adrian Mardell a quitté son poste en novembre sans avoir lancé un seul nouveau modèle durant son mandat. Un fait rarissime pour un patron d’industrie automobile.
« House of Brands » : De belles étiquettes, mais des showrooms vides
En 2023, le groupe a annoncé sa révolution marketing « House of Brands », scindant ses gammes en entités distinctes : Range Rover, Discovery, Defender et Jaguar. Sur le papier, c’est clair. Dans les faits, aucune de ces nouvelles marques autonomes n’a eu de nouveauté à se mettre sous la dent depuis cette annonce.
Le calendrier, lui, reste flou, pour ne pas dire brumeux :
- Le Range Rover électrique ? Plus de date de lancement officielle fixée.
- La nouvelle Jaguar (le fameux modèle GT électrique) ? Encore à un an de la sortie.
- La famille de petits modèles électriques (dont le futur Velar) ? Prévue pour l’an prochain, mais avec JLR, le conditionnel est de rigueur.
La mission de PB Balaji : Briser l’inertie
C’est dommage, car Adrian Mardell avait vu juste sur le fond : il fallait casser les silos et moderniser les outils numériques de conception. Mais un constructeur automobile doit faire ce pour quoi il existe : construire des voitures.
Le nouveau capitaine à bord, PB Balaji, hérite d’une situation assainie mais statique. Il doit urgemment transformer les PowerPoints en tôle et en carbone. Car comme le souligne cruellement la presse britannique : « Qui sait quand ils arriveront vraiment ? Cela fait longtemps que JLR n’a pas respecté une date de lancement. »
Espérons pour la marque au félin et ses cousins baroudeurs que 2026 marquera la fin de cette traversée du désert.












