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  • Nelson Piquet retrouve la Brabham-BMW BT52 : hommage à Estoril pour un champion hors du temps

    Nelson Piquet retrouve la Brabham-BMW BT52 : hommage à Estoril pour un champion hors du temps

    Le rugissement du quatre cylindres turbo BMW a de nouveau résonné sur le bitume d’Estoril. Le dernier week-end d’août, le légendaire circuit portugais — théâtre du premier Grand Prix du Portugal moderne en 1984 — a vu revenir l’un de ses héros : Nelson Piquet, triple champion du monde de Formule 1. À l’occasion d’un événement organisé par Dener Motorsports, en hommage au pilote brésilien, BMW Group Classic a sorti deux joyaux de son patrimoine sportif : la Brabham BMW BT52 Turbo de 1983 et la BMW M1 Procar de 1980. Deux voitures emblématiques, deux chapitres majeurs de la carrière de Piquet, réunis pour ce qui pourrait bien être sa dernière danse au volant d’une F1 BMW.

    Un retour chargé d’émotion

    Le week-end avait tout d’une réunion de famille. Autour de Nelson Piquet, on retrouvait Bernie Ecclestone, patron du team Brabham à l’époque, Gordon Murray, le génial concepteur de la BT52, ainsi que plusieurs anciens mécaniciens du team, venus spécialement pour l’occasion. Tous avaient rendez-vous à Estoril, non loin de Lisbonne, sur un tracé qui symbolise les grandes heures de la Formule 1 des années 1980.

    BMW Group Classic, fidèle gardien du patrimoine de la marque, a préparé les deux voitures avec le soin d’un horloger. Les mécaniciens du département historique ont assuré la remise en route et le suivi technique sur place, afin que tout soit parfait pour le grand moment : le retour de Nelson Piquet derrière le volant de sa Brabham BT52, la monoplace qui lui avait offert son deuxième titre mondial, et le tout premier pour un moteur turbo en Formule 1.

    La BT52 : une légende de l’ère turbo

    Présentée en 1983, la BT52 marquait une rupture technique et esthétique. Gordon Murray avait dû redessiner la voiture en urgence après l’interdiction des jupes et de l’effet de sol. Le résultat : un châssis plus court, un centre de gravité reculé, et surtout un moteur BMW M12/13, un 1,5 litre quatre cylindres turbo dérivé d’un bloc de série issu de la 2002. Capable de délivrer plus de 800 chevaux en configuration course et plus de 1 200 chevaux en qualifications, ce moteur a fait entrer BMW dans la légende.

    Avec cette combinaison explosive, Nelson Piquet a remporté trois Grands Prix en 1983 (Brésil, Italie, Europe) et le titre mondial au terme d’une saison marquée par la fiabilité du moteur et la cohésion exceptionnelle entre Brabham et BMW. « Le moteur BMW a tout changé, se souvient Piquet. Nous avons beaucoup travaillé en 1982 pour être prêts l’année suivante. C’était une période fantastique. »

    À Estoril, plus de quarante ans plus tard, le Brésilien a repris place dans le cockpit étroit de la BT52, casque sur la tête et sourire aux lèvres. Après un shakedown pour retrouver les sensations, il a effectué plusieurs tours d’honneur, dans un mélange d’élégance et de nostalgie.

    Une vie de course avec BMW

    Avant la Formule 1, Nelson Piquet avait déjà bâti un lien fort avec BMW. En 1980, il remportait la BMW Procar Series, un championnat monomarque opposant les meilleurs pilotes du monde au volant de la spectaculaire BMW M1 Procar, conçue par Paul Rosche et développée par le département compétition de Munich. Cette même année, il décrochait également une victoire de prestige aux 1000 km du Nürburgring, sur une M1 Groupe 5 partagée avec Hans-Joachim Stuck.

    Entre 1982 et 1985, il disputa ensuite quatre saisons de F1 avec des Brabham-BMW Turbo. Son palmarès avec le constructeur bavarois reste impressionnant :

    • 1982 : 11e du championnat (Brabham BT50)
    • 1983 : Champion du monde (BT52)
    • 1984 : 5e (BT53)
    • 1985 : 8e (BT54)

    En tout, Piquet compte 23 victoires en 204 Grands Prix, dont 7 pour BMW, et trois titres mondiaux (1981, 1983 et 1987).

    Un hommage à la démesure

    L’événement d’Estoril s’est voulu à la fois intimiste et spectaculaire. Les spectateurs ont pu approcher les deux machines mythiques, restaurées dans leur configuration d’époque, avec leurs livrées emblématiques Parmalat et BMW Motorsport. Après sa démonstration, Piquet a longuement échangé avec les anciens membres de son équipe. « Revoir cette voiture aujourd’hui, c’est revoir une œuvre d’art. Elle était belle, elle l’est toujours. C’était la plus belle période de ma vie », a-t-il confié.

    Pour BMW Group Classic, cette apparition marquait la deuxième sortie publique de la BT52 en 2025, après le Festival of Speed de Goodwood en juillet. Rarement une monoplace historique n’aura été aussi précieusement conservée et remise en état de marche.

    Une dernière fois au volant

    La dernière fois que Nelson Piquet avait conduit la Brabham BT52 remontait à 2015, lors d’un événement de légendes à Spielberg, en Autriche. Dix ans plus tard, le Brésilien de 73 ans a fait le voyage depuis Brasília pour retrouver sa machine. Il y a sans doute vu une forme de conclusion symbolique à son histoire avec BMW : une aventure technique et humaine, faite de passion, de défi et de vitesse pure.

    « À l’époque, gérer la puissance n’avait rien d’extraordinaire », sourit Piquet. « Aujourd’hui, c’est une autre histoire. Je freine beaucoup plus tôt qu’avant. »

    Une phrase qui résume à elle seule tout le contraste entre la F1 d’hier et celle d’aujourd’hui. Un temps où la mécanique avait encore des colères, où les pilotes apprivoisaient des bêtes de 800 chevaux sans assistance. À Estoril, Nelson Piquet a retrouvé cette part de folie. Une dernière fois, peut-être. Mais certainement pas sans émotion.

  • BMW M2 Racing : la course pour moins de 100 000 euros

    BMW M2 Racing : la course pour moins de 100 000 euros

    Depuis plus d’une décennie, BMW Motorsport cultive avec succès une stratégie claire : proposer aux pilotes privés un accès simplifié à la compétition, sans compromis sur la performance. Après les M235i Racing, M240i Racing et M2 CS Racing, c’est au tour de la nouvelle BMW M2 Racing de prendre le relais. Et avec un tarif annoncé sous la barre symbolique des 100 000 euros, l’arme de piste munichoise entend bien s’imposer comme le nouveau standard des formules monomarques et des coupes nationales.

    Une M2 qui change de registre

    Dérivée de la récente M2 G87, la version Racing s’en distingue immédiatement par une allure affûtée, accentuée par une livrée « Inception » à la croisée du camouflage numérique et du pop art. Mais au-delà de l’apparence, cette M2 radicale change aussi de philosophie mécanique. Exit le six cylindres en ligne S58, place à un quatre cylindres 2.0 turbo B48 développant 313 ch et 420 Nm de couple. Une hérésie pour certains puristes ? Peut-être. Mais BMW assume pleinement ce choix stratégique : la réduction des coûts d’exploitation et l’optimisation des performances en piste passaient par un moteur plus léger, plus simple et surtout plus endurant.

    Ce bloc, déjà bien connu dans la gamme BMW, bénéficie d’un échappement issu de la M4 GT4, retravaillé pour maintenir une sonorité distinctive malgré deux cylindres en moins. Il est accouplé à une boîte automatique ZF à 7 rapports, un choix éprouvé en compétition pour sa fiabilité et sa rapidité.

    Une préparation sérieuse pour un vrai programme compétition-client

    BMW n’a pas pris cette M2 Racing à la légère. Trois prototypes ont accumulé plus de 30 000 km de tests depuis novembre 2023, en conditions d’endurance. Le refroidissement est emprunté à la M3/M4 (moteur S58), les grilles sont obturées pour éviter l’intrusion de débris, et l’aérodynamique a été peaufinée avec un diffuseur proéminent, un spoiler arrière en carbone et une face avant épurée mais fonctionnelle.

    Le châssis repose sur un kit KW Clubsport développé spécifiquement, les jantes sont inédites, tandis que les freins conservent les disques de série associés à des plaquettes spécifiques à un usage circuit. À noter : un système de levage pneumatique intégré facilite les changements de roues sur les paddocks.

    Un habitacle de compétition… sans tout sacrifier

    À bord, la M2 Racing ne cache pas sa vocation : arceau soudé, baquets Sabelt en carbone, harnais six points, extincteur, commandes simplifiées. Pourtant, BMW conserve certains éléments de la M2 de série, comme l’écran iDrive, le volant ou la console centrale. Un compromis pragmatique, qui ravira les teams souhaitant conserver une base électronique familière. Un système de datalogging avancé est également proposé en option, pour affiner le pilotage et l’analyse télémétrique.

    Côté masse, la M2 Racing s’affiche à 1 498 kg, soit près de 450 kg de moins que la version de route. Une cure d’amaigrissement rendue possible grâce à la suppression des éléments superflus et à l’adoption d’éléments allégés, sans tomber dans l’extrême d’une voiture usine.

    Une politique tarifaire agressive pour séduire

    Proposée à 98 000 € HT, la BMW M2 Racing se positionne habilement entre les voitures d’entrée de gamme (type Clio Cup) et les GT4 plus onéreuses. Elle cible en priorité les championnats nationaux, les séries monomarques (BMW pourrait relancer une série dédiée), mais aussi les track days premium. BMW met en avant un coût d’usage contenu, grâce au recours à des pièces issues de la série et à une large disponibilité des composants.

    Les premières commandes ouvriront en juin 2025, pour des livraisons prévues en fin d’année. En complément, un catalogue d’options permettra d’ajuster la voiture selon les besoins : kits aéros, silencieux, poids de lest, protections supplémentaires ou encore couvertures de voiture.

    Une réponse à l’évolution du sport client

    Avec cette M2 Racing, BMW répond à une demande en pleine mutation. Face à la montée des coûts en GT4 et à la complexité des voitures modernes, la marque bavaroise propose une machine accessible, rationnelle et bien née, qui s’inscrit dans la continuité d’un engagement historique auprès des pilotes amateurs.

    En démocratisant une vraie voiture de course autour d’un châssis éprouvé, BMW Motorsport prouve une nouvelle fois qu’il est possible d’allier plaisir, performance et rigueur économique. Et ce, sans avoir besoin d’un semi-remorque pour suivre.

    Alors, est-ce cher ? Dans le même ordre d’idée, une Lancia Ypsilon Rally4 HF est vendue moins de 75 000 euros avec une philosophie similaire, mais côté rallye…