Étiquette : Chine

  • L’automobile européenne face à son plus grand défi

    L’automobile européenne face à son plus grand défi

    Alors que la révolution électrique s’accélère dans d’autres parties du monde, l’industrie automobile européenne semble engluée dans un entre-deux qui n’a plus lieu d’être. Pendant que les constructeurs asiatiques gagnent du terrain avec des modèles compétitifs et une avance technologique marquée, les marques européennes, longtemps dominantes, donnent l’impression d’avoir raté le virage. La crise actuelle ne relève plus du simple cycle économique : elle traduit une profonde remise en cause d’un modèle qui n’a pas su anticiper l’inévitable.

    Rentabilité d’abord, vision ensuite ?

    Les années post-COVID avaient été marquées par une embellie paradoxale. Moins de volumes, certes, mais des marges record grâce à la montée en gamme, à la rareté des produits et à une stratégie centrée sur les véhicules les plus rémunérateurs. Beaucoup d’acteurs se sont félicités d’une rentabilité inédite dans l’histoire du secteur. Mais ce succès apparent masquait une vulnérabilité croissante. En privilégiant les SUV thermiques à forte marge, les marques européennes ont reporté les investissements massifs qu’exigeait la transition électrique.

    Aujourd’hui, les signaux d’alerte s’accumulent. Les stocks invendus gonflent dans les réseaux, les remises reviennent en force, et les résultats financiers commencent à s’effriter. Renault, par exemple, a dû passer d’importantes dépréciations sur sa participation dans Nissan, pris lui aussi dans la tourmente. Ce ne sont plus des alertes conjoncturelles, mais les symptômes d’un dérèglement structurel.

    La transition ratée

    L’Union européenne a fixé le cap : l’interdiction des ventes de véhicules à cylindres neufs à partir de 2035. Si cette échéance est perçue par certains industriels comme une menace, il faut rappeler qu’elle a été connue de longue date. Quinze ans : c’était le temps laissé pour repenser toute la chaîne de valeur, de la R&D à la distribution. Ce délai, la Chine l’a mis à profit pour bâtir un écosystème électrique complet. En Europe, on a préféré temporiser.

    Plutôt que d’investir dans une électrification accessible, les constructeurs ont misé sur la rentabilité immédiate, s’enfermant dans une logique haut de gamme peu compatible avec les réalités économiques d’une grande partie des consommateurs. Résultat : des véhicules électriques encore trop chers, une gamme souvent incomplète, et des ventes poussives dans les segments où la croissance est pourtant la plus forte. Mais la plus grande réalité, c’est le manque d’éducation de la population qui ne voit pas l’intérêt de participer pleinement à la transition technologique.

    Pendant ce temps, les marques chinoises multiplient les offensives : produits bien équipés, prix imbattables, maîtrise de la technologie batterie et intégration logicielle de pointe. Tout ça grâce à un fait : leurs clients ont voulu ce changement. La menace n’est plus théorique — elle est sur les quais européens, dans les concessions, et bientôt sur les routes.

    Le faux procès fait à Bruxelles

    Face à ces bouleversements, une partie des industriels se tourne vers les institutions européennes pour dénoncer un cadre jugé trop rigide, trop rapide, trop politique. L’interdiction du thermique est présentée comme un diktat technocratique déconnecté des réalités de terrain. Ce discours trouve des relais puissants, au point que certaines réglementations sur les émissions de CO₂ ont été repoussées de 2025 à 2027, dans un effort pour donner de l’oxygène à un secteur essoufflé.

    Mais cette posture défensive est à double tranchant. Car dans les pays où des conditions favorables ont été mises en place — fiscalité incitative, bornes de recharge en nombre suffisant, électricité à prix maîtrisé — la progression des ventes de véhicules électriques dépasse largement les attentes. La France, notamment. C’est donc que la demande est là, à condition de lui offrir les bons produits au bon prix. C’est moins la réglementation que l’offre qui fait défaut.

    Une stratégie de repli dangereuse

    Les espoirs de prolongation des moteurs à cylindres, même habillés de technologies hybrides sophistiquées, ne résoudront rien à moyen terme. Le reste du monde n’attendra pas l’Europe pour innover. Le discours rétrograde sur la « technologie éprouvée » ou « l’absence de maturité de l’électrique » ne tient plus face à la réalité du marché mondial. Le risque, en cherchant à sauver à tout prix le modèle du passé, est de s’exclure des nouvelles chaînes de valeur, d’accélérer la désindustrialisation et de perdre définitivement le lien avec les jeunes générations d’automobilistes.

    L’Europe a encore des cartes à jouer

    La situation n’est pas irréversible. L’Europe dispose d’ingénieurs brillants, de savoir-faire industriels puissants, de marques à forte notoriété. Mais elle doit changer d’approche. Cela suppose de mettre fin aux demi-mesures, de penser des véhicules électriques pour le plus grand nombre, de repenser la relation entre produit, usage et service, et d’investir massivement dans les infrastructures et l’amont industriel, en particulier sur les batteries.

    Ce n’est pas une course contre la Chine ou contre les États-Unis. C’est une course contre la montre pour réinventer une industrie européenne crédible, résiliente, désirable. Tant que les décisions seront dictées par le seul impératif de rentabilité trimestrielle, les constructeurs européens continueront de perdre du terrain.

    Il est temps de regarder la réalité en face : le statu quo est devenu la plus grande menace pour l’avenir de l’automobile européenne. Et le moteur sera l’intelligence de la clientèle.

  • L’appel de Luca de Meo pour sauver l’industrie automobile européenne

    L’appel de Luca de Meo pour sauver l’industrie automobile européenne

    Alors que les voitures électriques bon marché chinoises posent un risque existentiel pour l’industrie automobile, Luca de Meo met en garde les leaders politiques européens, affirmant que « la prospérité de l’Europe est en jeu ».

    Le PDG du Groupe Renault, Luca de Meo, a partagé une lettre sans précédent adressée aux Européens avant les élections au Parlement européen, plaidant pour que les politiciens se détournent des règles qui entravent l’industrie automobile et se concentrent sur l’amélioration de la compétitivité.

    Dans sa lettre, De Meo énumère un certain nombre de défis simultanés auxquels est confrontée l’industrie automobile européenne, en commençant par la nécessité de parvenir à un bilan net d’ici 2035. « Aucune autre industrie n’est soumise à une telle ambition », dit-il. Ensuite, il y a la révolution numérique que de Meo prévoit de voir les logiciels représenter 40 % de la valeur d’une voiture d’ici 2030, contre 20 % aujourd’hui. Le patron de Renault critique également les huit à dix nouvelles réglementations européennes introduites chaque année. « On demande aux voitures d’être plus sophistiquées et plus sobres tout en les rendant moins chères. », écrit-il. « Les exigences environnementales et sociales se traduisent par une foule de tests et de contrôles à passer, de normes nouvelles à respecter. » Il ajoute que l’effet est contre-productif : « les véhicules particuliers sont devenus plus lourds de 60% en moyenne. Depuis les années quatre-vingtdix, cette politique favorise objectivement les modèles premium et défavorise les modèles populaires. « .

    De Meo affirme que s’adapter aux contraintes réglementaires de la CE a coûté de nombreux emplois en Europe, les fabricants ayant été contraints de délocaliser la production, et cite un rapport montrant que, au cours des 30 dernières années, 40 % des emplois automobiles ont été perdus en France, et que les prix des voitures ont augmenté de 50 %.

    Le dirigeant franc-parler pointe également un déséquilibre stratégique dans la concurrence mondiale, comparant les incitations de l’industrie aux États-Unis et la planification stratégique en Chine, avec la réglementation de plus en plus stricte en Europe.

    Nouvelles règles faisant grimper les coûts

    Selon de Meo, alors que la Chine domine le marché des VE et que les États-Unis se concentrent sur un ensemble d’incitations fiscales pour stimuler leur industrie automobile, l’Europe se concentre plutôt sur des règles environnementales et autres.

    « En moyenne, huit à dix nouvelles réglementations seront mises en place chaque année par les différentes directions de la Commission européenne d’ici 2030 », dit-il, affirmant que les entreprises ont du mal à respecter les délais tout en allouant 25 % des budgets de R&D pour répondre aux nouvelles règles.

    Cela signifie que la construction de voitures en Europe coûte plus cher, dit-il : « Une voiture du segment C «made in China» bénéficie d’un avantage coût de 6 à 7.000 euros (environ 25% du prix total) par rapport à un modèle européen équivalent. »

    De Meo affirme que la Chine distribue des subventions de plus en plus importantes aux constructeurs automobiles, estimées à jusqu’à 160 milliards d’euros, tandis que les États-Unis ont injecté 40 milliards de dollars de crédits d’impôt dans la fabrication verte. Pendant ce temps,  » les coûts de l’énergie sont deux fois plus bas en Chine et trois fois plus bas aux États-Unis qu’en Europe. Quant aux coûts salariaux, ils sont 40% plus élevés en Europe qu’en Chine. « , ajoute-t-il.

    Le PDG de Renault appelle à une série de réponses du prochain Parlement européen, notamment le développement d’une stratégie industrielle automobile européenne et la fin du système actuel « avec le déploiement continu de nouvelles normes, des délais fixes et la menace de sanctions pour non-application ».

    Il demande également au Parlement européen d’adopter un principe de « neutralité technologique et scientifique… cela signifie ne plus dicter les choix « technologiques » à l’industrie. Cela signifie fixer des objectifs pour l’industrie mais pas comment y parvenir », affirmant que c’était l’ancienne approche qui a été « malheureusement abandonnée » dans la course aux objectifs verts.

    Autres avenues vertes

    Les e-carburants et l’hydrogène figurent parmi les technologies que de Meo souhaite avoir la liberté d’explorer, mais il est également explicite sur la nécessité de promouvoir de petites voitures européennes abordables. Il souhaite que l’Europe encourage les projets coopératifs pour développer et commercialiser des petites voitures locales, et encourage les consommateurs à les acheter grâce à des bonus tels que des places de parking réservées et des parkings moins chers.

    « Si toutes les places de stationnement parisiennes étaient dimensionnées pour des petites citadines, le gain d’espace serait équivalent à 55 stades de football à Paris », dit-il. « ce serait une alternative parfaite pour résister à la compétition internationale : les petites voitures sont 20 à 30% moins chères que la moyenne des voitures ; un surplus de croissance pour l’Europe (500 millions d’euros de PIB par an) et plus de 10.000 emplois industriels créés.

    « Avant que la campagne électorale ne commence avec ses arguments associés, je voulais faire entendre ma voix, non pas pour participer à la politique mais pour contribuer à une décision sur la bonne politique », écrit le patron de Renault. « Du 6 au 9 juin, les citoyens de l’UE se rendent aux urnes pour élire leur parlement pour les cinq prochaines années. Juste après ces élections, une nouvelle commission prendra ses fonctions à Bruxelles », poursuit-il. « Nous sommes prêts à coopérer avec toutes les institutions et parties prenantes… la prospérité de l’Europe est en jeu. »

  • La guerre des prix des voitures électriques éclate en Chine

    La guerre des prix des voitures électriques éclate en Chine

    Une guerre des prix acharnée a éclaté sur le plus grand marché automobile du monde : en mars, la coentreprise chinoise de Volkswagen a réduit de 18 % les prix de ses voitures électriques ID.3. Changan Automobile, l’un des constructeurs automobiles chinois appartenant à l’État, a offert des remises en espèces d’environ 3 000 euros, des crédits de recharge gratuits et d’autres incitations pour ses véhicules électriques. BYD, le plus grand fabricant de véhicules électriques du pays, a dévoilé une deuxième série de démarques en un mois pour certains de ses anciens modèles…

    Au milieu de la chute des ventes d’automobiles, les marques automobiles cherchent à rester compétitives, offrant des cadeaux aux concessionnaires et des remises importantes. Plus de 40 constructeurs automobiles ont offert cette année des réductions sur les véhicules électriques et à essence en Chine. Les remises se sont élevées à l’équivalent de plusieurs centaines d’euros pour les modèles les moins chers et à des dizaines de milliers d’euros pour les offres haut de gamme.

    « La sévérité de ce cycle de baisses de prix est quelque chose que je n’ai jamais vu », a déclaré Tu Le, directeur général du cabinet de conseil de Pékin Sino Auto Insights au New York Times.

    La concurrence a déstabilisé ce qui était un pilier au cours des dernières années, alors même que des mesures strictes contre la pandémie ont secoué l’économie chinoise et sapé les efforts du Parti communiste chinois pour instaurer la confiance.h

    Les ventes de voitures en Chine ont chuté de 13 % au cours des trois premiers mois de 2023. Les ventes d’automobiles traditionnelles ont notablement chuté, tandis que la croissance des véhicules électriques a ralenti, selon l’Association chinoise des voitures de tourisme.

    Le marché chinois des véhicules électriques a connu une croissance rapide depuis 2020 – doublant ses ventes l’année dernière – soutenu en partie par les subventions gouvernementales. Lorsque ce programme a expiré en décembre après 13 ans d’activité, la concurrence s’est intensifiée pour attirer des acheteurs dans un segment déjà encombré du marché.

    Dans le même temps, les constructeurs automobiles traditionnels se démènent pour réduire les stocks avant que des normes nationales d’émissions plus strictes à partir de juillet ne rendent difficile la vente de véhicules à moteur diesel et à essence.

    Un marché déjà nerveux a commencé à monter en flèche en janvier lorsque Tesla a baissé ses prix en Chine pour la deuxième fois en trois mois. D’autres fabricants se sont sentis obligés de faire de même.

    Ce mois-ci, Wang Chuanfu, PDG de BYD, a proposé que le gouvernement prolonge les exonérations fiscales, qui réduisent le coût d’achat des véhicules électriques, jusqu’en 2025 au lieu de les laisser expirer cette année. Et la Chambre de commerce des concessionnaires automobiles chinois a publié le mois dernier un article appelant à un report de six mois des nouvelles normes d’émissions.

    Les baisses de prix ne se limitent pas à la Chine. Tesla a également baissé ses prix aux États-Unis et en Europe, et ses concurrents ont emboîté le pas. Mais l’intensité de la concurrence reflète la réalité selon laquelle la Chine n’est pas seulement le plus grand marché pour les véhicules électriques, mais aussi le plus compétitif.

    Les constructeurs automobiles nationaux établis et les start-ups locales, soutenus par les politiques de Pékin encourageant la croissance des véhicules à énergie nouvelle, ont inondé le secteur, attirés par une opportunité unique en une génération de renverser l’équilibre des pouvoirs dans l’industrie automobile. Il existe environ 300 fabricants nationaux de véhicules électriques en Chine.

    Didi, le premier service de covoiturage en Chine, a développé une voiture électrique avec BYD exclusivement pour ses conducteurs. Xiaomi, un fabricant de smartphones, a annoncé son intention de lancer une voiture électrique l’année prochaine. Même Evergrande, le promoteur immobilier en crise, construisait des véhicules électriques, même si ces plans sont compromis en raison de ses problèmes d’endettement.

    La Chine est le premier marché pour les voitures électriques, et il y a été vendu plus l’an dernier que dans le reste du monde. Les constructeurs automobiles étrangers voient un besoin urgent de s’implanter en Chine pour développer le savoir-faire et l’échelle de fabrication nécessaires pour être compétitifs à l’échelle mondiale.

    Cui Dongshu, secrétaire général de l’Association chinoise des voitures de tourisme, a déclaré que la guerre des prix « se poursuivra certainement » en raison de l’importance de produire des véhicules électriques en grande quantité. « En fin de compte, les entreprises avec de petites ventes ou une technologie médiocre seront facilement éliminées », a déclaré M. Cui.

    Les constructeurs automobiles et les concessionnaires mettent désormais tout en œuvre pour les clients. Certains concessionnaires proposent des vacances gratuites ou des bouteilles de parfum en échange d’essais routiers.

    Le mois dernier, une affiche promotionnelle d’un concessionnaire Toyota de la ville de Shenzhen a généré un buzz en ligne, en annonçant une berline à essence gratuite pour l’achat d’un bZ4X… Mais qui serait une fausse information.

    Comme les smartphones

    Il existe des similitudes entre le marché mousseux des véhicules électriques en Chine et les premiers jours du boom des smartphones, lorsqu’un nouveau produit technologique a attiré des dizaines de nouveaux venus pour se bousculer avec des marques étrangères établies.

    En 2015, il y avait plus de 100 fabricants chinois de smartphones – un nombre qui a été considérablement réduit à quatre principales marques nationales et à Apple. De nombreuses marques non chinoises, telles que Samsung Electronics, autrefois leader de la téléphonie mobile en Chine, sont à peine visibles.

    Zhu Jiangming, président-directeur général du fabricant chinois de véhicules électriques Leapmotor, a déclaré avoir vu une autre similitude. Il s’attend à ce que les prix des voitures électriques baissent plus rapidement que les voitures traditionnelles car, comme les fabricants de smartphones, les fabricants de véhicules électriques bénéficieront de la baisse des prix des composants et de l’amélioration des fonctionnalités.

    Il est possible, a déclaré M. Zhu, qu’un véhicule électrique moyen à haut de gamme en Chine puisse se vendre environ 7 000 dollars en 10 ans. Le prix moyen d’une voiture électrique en Chine est déjà nettement inférieur à celui du reste du monde, autour de 35 000 dollars contre 60 000 dollars en Europe et 70 000 dollars aux États-Unis.

    William Li, directeur général de Nio, l’une des principales sociétés chinoises de véhicules électriques, a déclaré qu’il prévoyait de maintenir Nio à l’écart de la guerre des prix, qu’il a qualifiée de « malsaine et non durable ». Pour les constructeurs automobiles traditionnels à essence, « la réduction des prix est leur dernier recours pour tenter de s’assurer une part de marché », a-t-il déclaré dans un communiqué.

    Certains dirigeants craignent que les consommateurs ne s’habituent à attendre les baisses de prix. La China Automobile Dealers Association a déclaré le mois dernier que le trafic piétonnier vers les concessionnaires avait grimpé en flèche après les démarques, mais que les commandes avaient diminué.

    Leapmotor et Li Auto ont cherché à assurer les acheteurs potentiels avec une offre de garantie pour combler la différence si la société baissait les prix ou offrait des remises en espèces dans les 90 prochains jours…

    Source : New York Times

  • Où en est la marque DS ?

    Où en est la marque DS ?

    1955, Citroën secoue le petit monde de l’automobile et présente lors du Salon de l’automobile de Paris sa DS. Le succès est là, 12 000 exemplaires sont vendus en un jour. La presse s’enflamme, il faut dire que l’affaire de l’AutoJournal aura créé un feuilleton sans précédent, révélant la nouvelle Citroën avant son lancement. Les autres marques automobiles subissent : l’automobile de l’après-guerre qu’elles représentent se voit dépassée.

    2010, la Citroën DS 3 est lancée, le nom est bien choisi, il sera bien plus qu’un clin d’œil à l’icône automobile des années 50/60/70. 2012, DS est lancée en Chine comme une marque premium du groupe PSA. 2014, la marque DS est officialisée en France avec les modèles DS 3, DS 3 Cabrio, DS 4 et DS 5.

    Alors aujourd’hui, où en est DS, cette marque voulue premium ?

    Du lancement de DS3 à aujourd’hui, pas moins de 500 000 DS 3, DS 4 et DS 5 ont été produites, avec 60% de nouveaux clients pour la marque. La place était libre donc, ou plutôt DS a fait sa place.

    Forte de ce succès, DS se cherche, tâte le terrain, tente quelques percées, entre la grande série de PSA et le haut de gamme. La qualité est là, en constante progression, avec par exemple l’arrivée de cuirs habituellement présents sur le très haut de gamme, façon Bentley. Le bat blesserait peut être au niveau des motorisations. Une marque premium ne peut acquérir ce statut qu’équipée de moteurs dignes, puissants et coupleux, des éléments donnant à une marque un vrai caractère. A cela, d’autres détails sont à revoir, pour s’éloigner de la série « grand public » et entrer dans le petit cercle fermé des constructeurs premium… et allemands. Car il faut le dire, cette gamme de véhicules est dominée par l’Allemagne; la France n’ayant pas su conserver ses marques à forte valeur ajoutée telles que Facel Vega, Voisin et encore Delage ou Delahaye.

    Mais cette reconquête du marché « luxe à la française » ne se fait du jour au lendemain. La création à 100% d’une marque est loin d’être une chose évidente. Cela prend du temps. Techniquement déjà, ‘organisationnellement’ aussi puis sociétalement enfin.

    Nous sommes encore loin du million cinq cent mille exemplaires produits de la première Citroën DS : le marché n’est plus le même qu’à cette époque mais l’objectif parait plus que réalisable pour la jeune marque française. La globalisation est passée par là et le marché est aujourd’hui mondial. La Chine joue un rôle prépondérant et DS ne pouvait passer à côté de cela.

    Au pays de Mao, la marque n’est pas vue comme chez nous. Sous le slogan « innovated spirit from Paris », elle est vue tel le savoir-faire, l’innovation des marques françaises et parisiennes. Presque pourrions-nous classer DS au même rang que les Yves Saint Laurent, Chanel, Louis Vuitton, Louboutin et Pierre Hermé. Le phénomène Made in France prend alors tout sa forme, à en rendre jaloux Arnaud de Montebourg.

    Un phénomène Made in France ? Pas tout à fait. Si la marque DS se joue d’être française à coups de cocoricos chics, les DS vendues en Chine y sont produites, non loin du siège de la marque, installé à Shanghaï. Commercialement, DS sera vendue en Chine, avec des modèles différents de ceux vendus en nos contrées (+ DS 5LS + DS 6), dans des points de vente spécifiques, tout comme dans 160 DSStore à travers le monde, au coeur des plus grandes villes. En Europe, DS sera commercialisée dans les points de vente Citroën, dans des zones d’exposition dédiées à l’ambiance feutrée.

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    Au final, c’est l’innovation, le savoir-faire et le raffinement à la Française qui sont vendus et produits par DS. De quoi être fiers non ? Certainement. Encore quelques efforts sont à faire pour passer les caps, bousculer les habitudes et se remettre en question. Après la 2CV, la Traction Avant, la DS ainsi que de nombreuses innovations techniques et technologiques, nul doute la marque DS saura s’imposer, tout comme l’a fait Citroën à son époque.

    Quelques dates clés :

    1955 : lancement de la Citroën DS 19 au salon de Paris
    1975 : fin de la production de la Citroën DS (1 455 746 exemplaires dont 1 330 755 pour la France)
    2009 : création de la Ligne DS au sein de Citroën
    2010 : commercialisation de la Ligne DS
    2012 : lancement de la ligne DS en Chine
    2013 : lancement de la production de la DS 5 en Chine, DS devient une marque à part entière appartenant au groupe PSA Peugeot Citroën
    2014 : création de la marque DS en Chine

  • Volkswagen Golf CRC par Prodrive : l’autre WRC

    Volkswagen Golf CRC par Prodrive : l’autre WRC

    C’est tout nouveau c’est tout neuf : une nouvelle Golf arrive en rallyes. Non pas une WRC comme celle des Champions du monde Sébastien Ogier et Julien Ingrassia : il s’agit ici d’un développement tout spécial pour la Chine.

    Produite pour la Chine, ou plutôt pour FAW-VW. FAW-VW, c’est la joint-venture chino-allemande qui produit les VW en Chine, soit plus d’un million de modèles par an. Cette Golf CRC, pour Chinese Rally Championship, est développée et réalisée par la structure britannique Prodrive, structure qui était en charge des Subaru et MINI en Championnat du Monde des Rallyes. Leur expérience n’est donc plus à prouver.

    On le sait, une WRC existe déjà chez VW. Alors pourquoi développer cette Golf un peu spéciale ? En Chine, rien n’est comme ailleurs. La fédération chinoise a un règlement un peu différent de celles du reste du monde, d’où cette version un peu spéciale commandée à Prodrive. Mais n’ayez crainte, cette Golf révèle de nombreuses pièces communes à la réglementation WRC.

    De l’extérieur, cette Golf ressemble bien à une Golf 7. Elle est bien retravaillée, agressive, avec sa face avant offrant une gueule béante, des ailes larges et des ouïes d’air taillées à la serpe. Joli. Sous le capot, on retrouve un moteur 4 cylindres 2 litres, gavé par un turbo Garrett de 35 mm et géré par une gestion électronique Cosworth. Le tout offre 300 chevaux. La boîte de vitesses est une Xtrac 6 vitesses séquentielles, avec levier au volant. La transmission se fait aux 4 roues motrices et est commune à celles des Polo WRC, Fiesta WRC, i20 WRC. Pour les suspensions, Prodrive a travaillé avec Ohlins et Macpherson, que ce soit pour la terre ou l’asphalte. Cette teutonne ‘made in UK for China’ est d’une longeur de 4,26m pour une largeur de 1,82m et un poids mini de 1150kg. Le reste de l’équipement de cette Golf est commun à toutes les autres voitures de rallye : caisse à nue, arceau cage, sièges baquet etc.

    Cette Golf fera ses débuts le week-end prochain lors du Longyou rally, avec Chris Atkinson.

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  • Publicité : Citroën AX Révolutionnaire

    Publicité : Citroën AX Révolutionnaire

    Voici un film de 1987 totalement inscrit dans l’idée initiale d’André Citroën. Jacques Séguéla use de tous ses contacts pour avoir accès à la fameuse Muraille de Chine afin de tourner ce spot pour la Citroën AX.

    Séguéla joue sur le patrimoine de la marque pour lancer son idée. Plus d’un demi-siècle après la Croisière Jaune, il veut montrer que Citroën est à sa place en Chine.

    Après les Chevrons Sauvages, l’AX arrive donc en Chine, non sans mal. Avant la marque française, treize autres constructeurs avaient demandé l’autorisation de filmer sur le monument.

    Pour un spot de 45 secondes, il aura fallu six mois de négociations avant que le fils de Deng Xiaoping ne donne son autorisation.

    Visa obtenu, Jacques Séguéla fait appel à Raymond Depardon pour réaliser la publicité. Le créateur de l’agence Gamma, maître du documentaire, joue alors de son talent.

    Le film coûte 3 millions de francs. Il reste surtout un formidable exemple de coopération entre une société privée occidentale, bien soutenue par un gouvernement dans cette entreprise, et un pays fermement communiste prêt à s’ouvrir à un neo-capitalisme.