Étiquette : communication

  • Jacques Séguéla, la publicité et l’automobile : une histoire française

    Jacques Séguéla, la publicité et l’automobile : une histoire française

    « Ne dites pas à ma mère que je suis publicitaire, elle croit que je suis pianiste dans un bordel. » La formule de Jacques Séguéla est restée dans toutes les mémoires. Elle illustre à la fois l’irrévérence et le sens de la formule d’un homme qui a profondément marqué la communication en France. Si son nom est souvent associé à la politique, Jacques Séguéla a aussi construit une part considérable de sa légende en façonnant l’image des constructeurs automobiles. De Citroën à Peugeot, de Renault à la mythique DS, il a su donner à la voiture un supplément d’âme en racontant des histoires plutôt qu’en vantant des caractéristiques techniques.

    La publicité automobile avant Séguéla

    Dans les années 1960 et 1970, la publicité automobile reste dominée par une approche descriptive : puissance du moteur, volume du coffre, confort des sièges. Le discours est fonctionnel, rarement émotionnel. Séguéla, avec son talent pour la narration et son flair pour les symboles, va renverser cette logique. Il ne vend pas une voiture, il vend une image, une envie, presque un mythe.

    L’ère Citroën : la marque en orbite

    L’un des plus grands coups de Jacques Séguéla reste sans doute son travail avec Citroën. La marque aux chevrons, déjà célèbre pour son audace technique, trouve en lui un interprète à la hauteur de son histoire. Dans les années 1980, Séguéla imagine des campagnes qui marquent les esprits par leur dimension quasi cinématographique.

    Qui n’a pas en mémoire les Citroën sur un porte-avions ou sur la Grande Muraille ? L’automobile devient spectacle, la publicité devient événement.

    Avec la BX, lancée en 1982, Séguéla ose une promesse de modernité qui colle parfaitement à l’esprit d’innovation de la marque. Ces campagnes vont ancrer Citroën dans une dimension presque futuriste, héritière de la DS et de son aura de vaisseau spatial sur roues.

    Le choc de l’image

    L’une des forces de Séguéla réside dans son usage magistral des symboles. Pour lui, la publicité automobile doit d’abord frapper l’imagination. C’est ainsi qu’il choisit des décors extrêmes – porte-avions, gratte-ciel, paysages lunaires – pour rappeler que la voiture n’est pas seulement un moyen de transport, mais un objet de désir. Cette vision tranche radicalement avec l’approche rationnelle qui dominait jusque-là.

    L’homme derrière les campagnes

    Publicitaire de génie pour les uns, manipulateur d’images pour les autres, Jacques Séguéla ne laisse jamais indifférent. Son approche repose sur la conviction que la voiture, produit industriel par excellence, est aussi un objet culturel. Dans ses campagnes, on retrouve une lecture très française de l’automobile : une machine qui parle d’avenir, de liberté et de style.

    Un héritage encore vivant

    Aujourd’hui, à l’heure où les constructeurs communiquent sur l’électrification, la durabilité et les technologies embarquées, l’influence de Séguéla reste perceptible. Ses campagnes ont installé l’idée que l’automobile ne s’achète pas seulement pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle raconte de nous. La dimension émotionnelle, devenue un standard dans la communication automobile mondiale, trouve une part de ses racines dans ce qu’il a inventé pour Citroën et consorts.

    Séguéla, conteur de voitures

    La carrière de Jacques Séguéla dans la publicité automobile témoigne d’une époque où la voiture était encore le symbole ultime de liberté et de modernité. En magnifiant ces valeurs, il a non seulement servi les marques françaises, mais aussi contribué à façonner l’imaginaire collectif autour de l’automobile. Ses campagnes restent des repères culturels, des moments de télévision gravés dans les mémoires. Au-delà des slogans et des images spectaculaires, Séguéla a rappelé que la publicité automobile n’est pas un exercice de description technique, mais un art de raconter des histoires.

  • Elf jouait aussi au géant du marketing

    Elf jouait aussi au géant du marketing

    L’industrie automobile a souvent été précurseur en termes de publicité et de marketing. Citroën s’est offert la Tour Eiffel, Michelin a inventé Bibendum… En avril 1967, une nouvelle marque pétrolière s’annonce dans le plus grand secret.

    Au printemps 1967, une campagne publicitaire envahit la France. Le slogan demeure énigmatique. « Les ronds rouges arrivent ». Les panneaux publicitaires occupent le pays avec cet énorme disque rouge très japonais au dessus d’une route marquée par la vitesse.

    Le 17 avril, les affiches sont complétées par des annonces lancées dans la presse. Cinq messages sont diffusés. Mais ils restent énigmatiques. « Curieux, mais sympathique ce rond rouge », « A mon avis, il arrive de loin. », « Le rond rouge, moi je l’ai vu comme ça, au bord de l’eau », « Il y a du rond rouge dans l’air », « Décidément, les ronds rouges arrivent vraiment ».

    Plus tard, les missives radiophoniques amplifient encore la rumeur, le buzz. La France se pose la même question : qu’est-ce que ce rond rouge ?

    Le suspense prend fin dans la nuit du 27 au 28 avril. Toutes les stations Avia, Caltex (et quelques autres) changent de nom et arborent un rond rouge, celui de Elf (Essence et Lubrifiant de France). 4 500 points de vente adoptent cette signalétique et deviennent immédiatement reconnaissables dès le premier jour d’exploitation.

    Le publicitaire Jean-Marc Chaillet et François Guiter, le patron de la communication de la nouvelle entité, ont réussi un coup extraordinaire. Le pétrolier national est, dès son premier jour, un monstre de com’ !