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  • Freinages fantômes et régulateurs fous : quand la voiture aime jouer à nous faire peur

    Freinages fantômes et régulateurs fous : quand la voiture aime jouer à nous faire peur

    L’actualité automobile adore ses petites paniques collectives. Ces derniers mois, c’est le freinage fantôme qui s’invite dans les conversations : ces voitures bardées d’électronique qui ralentiraient toutes seules, parfois brutalement, comme si un spectre invisible s’était glissé sous la pédale de frein. Forcément, l’image frappe les esprits. On imagine déjà les conducteurs incrédules, jurant qu’ils n’ont rien touché et que la machine a décidé de prendre le contrôle.

    Mais pour qui a un peu de mémoire automobile, cela sonne comme un refrain déjà entendu.

    Retour vers les années 2000 : le régulateur « possédé »

    Souvenez-vous. Dans les années 2000, une autre angoisse s’était emparée des conducteurs : le régulateur de vitesse qui refuserait de se désactiver. Le scénario parfait pour faire trembler les foules : un automobiliste raconte avoir appuyé frénétiquement sur le bouton « OFF » sans résultat, avoir martelé la pédale de frein… et rien n’y fait, la voiture continue sa course folle, pied au plancher, comme dans un film catastrophe de série B.

    La presse s’empare du sujet, les plateaux télé s’agitent, et le public retient surtout une idée : la technologie est devenue incontrôlable.

    Problème : après enquête, rien ne prouvait une défaillance mécanique ou électronique généralisée. Dans la majorité des cas, il s’agissait de mauvaises manipulations : pédale mal appuyée, confusion entre commandes, panique amplifiée par le stress. Bref, la voiture n’était pas possédée… mais son conducteur, lui, était un peu dépassé.

    La vieille peur de la machine rebelle

    Ces histoires disent surtout une chose : nous n’aimons pas perdre la main. Chaque fois qu’une technologie prend une décision à notre place — qu’il s’agisse de maintenir une vitesse, de rester dans une voie ou de freiner face à un danger — l’humain se demande si, cette fois, la machine ne va pas trop loin.

    Le freinage fantôme, en réalité, n’a rien de surnaturel. Il résulte souvent d’une interprétation trop zélée des radars ou capteurs embarqués : une ombre, un marquage au sol, un véhicule mal détecté, et hop, la voiture anticipe un risque qui n’existe pas. C’est agaçant, parfois dangereux, mais pas paranormal.

    L’automobile, grande productrice de légendes urbaines

    De la voiture « impossible à arrêter » au freinage qui surgit sans prévenir, l’histoire regorge de petites légendes qui nourrissent notre rapport ambigu à la technologie. Nous adorons ces histoires parce qu’elles mettent en scène la peur primitive de perdre le contrôle, ce qui est finalement le cauchemar absolu du conducteur.

    Et si demain, la voiture autonome décide de ne pas tourner où nous voulons ? Et si elle préfère un détour de trois kilomètres plutôt qu’un raccourci familier ? On imagine déjà les gros titres : « Ma voiture refuse d’obéir ».

    Moralité ?
    À chaque époque, son épouvantail technologique. Hier le régulateur, aujourd’hui le freinage fantôme, demain l’IA trop prudente ou trop audacieuse. La vérité est souvent moins spectaculaire que la rumeur, mais elle dit beaucoup de notre difficulté à faire confiance aux machines… surtout quand elles roulent plus vite que nos réflexes.

    Attention : on ne dit pas que le freinage fantôme n’existent pas. On dit que ça rappelle une autre histoire.

  • Le volant à droite, une histoire de chevaliers et de chevaux

    Le volant à droite, une histoire de chevaliers et de chevaux

    Vous êtes-vous déjà retrouvé face à une voiture dont le volant est à droite ? C’est une vision assez déconcertante pour un conducteur habitué à la gauche ! Mais derrière cette bizarrerie se cache une histoire fascinante, pleine de chevaliers, de chevaux et d’un petit gars nommé Napoléon.

    Du côté de l’épée

    Pour comprendre pourquoi certains pays conduisent à gauche, il faut remonter au Moyen Âge. À cette époque, les routes étaient des lieux dangereux, et la majorité des gens étaient droitiers. Les chevaliers, en particulier, avaient besoin d’avoir leur épée à portée de main, ce qui était bien plus facile s’ils marchaient ou chevauchaient du côté gauche de la route. Ainsi, ils pouvaient dégainer rapidement et se défendre contre un assaillant.

    De plus, en se croisant, le fait de passer à gauche permettait de garder un œil sur la personne d’en face, toujours en gardant l’épée du bon côté.

    L’âge d’or du côté gauche

    Cette habitude, née sur les routes européennes, s’est solidifiée en Grande-Bretagne. En 1773, un acte du Parlement a même rendu la circulation à gauche obligatoire sur le pont de Londres. C’est l’un des premiers textes officiels à avoir réglementé la circulation. Et c’est cette tradition que le puissant Empire britannique a exportée partout dans le monde, d’où le volant à droite dans des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou l’Inde.

    Le vilain Napoléon

    Et la droite dans tout ça ? Et bien, l’histoire a voulu qu’un certain Napoléon Bonaparte, en quête de pouvoir et de conquêtes, soit un fan de la circulation à droite. Non pas pour des raisons de sécurité, mais plutôt pour se démarquer des coutumes britanniques. Avec ses conquêtes, la conduite à droite s’est répandue dans toute l’Europe continentale. Le continent s’est donc retrouvé avec deux systèmes de conduite !

    L’avènement de la voiture

    L’arrivée de l’automobile a un peu brouillé les pistes. Au début, les voitures avaient leur volant au milieu, puis à droite, pour que le conducteur puisse voir les bords de la route, notamment en Italie (comme la Lancia Astura en photo). C’est la Ford T qui a popularisé le volant à gauche, car elle était produite en masse aux États-Unis, un pays qui avait adopté la conduite à droite.

    Alors, la prochaine fois que vous croiserez une voiture avec un volant à droite, dites-vous que ce n’est pas une fantaisie, mais une tradition vieille de plusieurs siècles, née sur un champ de bataille !

  • 260 BMW neuves… à détruire : quand la rigueur prime sur la raison commerciale

    260 BMW neuves… à détruire : quand la rigueur prime sur la raison commerciale

    En matière automobile, la ligne entre bon sens économique et rigueur industrielle peut parfois sembler absurde. L’affaire des 260 BMW stockées sur le Fremantle Highway, ce cargo ravagé par les flammes en 2023 au large d’Ameland, en est une illustration saisissante. Ces voitures, pourtant considérées comme indemnes de tout dommage majeur, devront être détruites. Décision de justice. Volonté du constructeur. Et incompréhension de la part de ceux qui ont cru flairer une bonne affaire.

    Retour sur une histoire aussi fascinante que révélatrice des tensions entre logique industrielle, sécurité des clients, et réalité du marché de l’occasion.

    Quand le business flaire la bonne affaire

    Tout commence en 2023. Le Fremantle Highway, cargo battant pavillon panaméen, prend feu au nord des Pays-Bas. À son bord : près de 3 800 véhicules, dont une flotte de BMW toutes neuves. Si la majorité part littéralement en fumée, certaines autos stationnées sur le pont supérieur semblent miraculeusement épargnées. Pas de flammes, pas d’eau d’extinction, seulement quelques traces de suie.

    Deux entrepreneurs néerlandais, Eric Bakker (3B Exclusief) et Sam Peinemann, flairent le bon coup. Ils acquièrent 260 BMW neuves pour un total de 5,1 millions d’euros. Soit moins de 20 000 euros par véhicule. Une aubaine, pensent-ils, pour des modèles invendables par BMW, mais tout à fait fonctionnels.

    BMW dit non : sécurité et réputation avant tout

    Mais voilà. BMW n’entend pas laisser ces voitures entrer sur le marché. Le constructeur entame une procédure judiciaire pour empêcher leur revente. Selon la marque bavaroise, ces voitures ont été exposées à des températures extrêmes et à des émanations toxiques. Elles ne peuvent, en aucun cas, être considérées comme conformes aux standards de qualité attendus d’une voiture neuve. En clair : l’apparence extérieure ne dit rien des potentiels dommages invisibles.

    Autre argument invoqué par le constructeur : ces voitures étaient destinées au marché taïwanais. Si elles semblent identiques aux modèles européens, elles présentent des différences techniques — notamment en matière d’émissions — qui les rendent illégales sur le Vieux Continent sans modifications coûteuses et complexes.

    Des experts contre des ingénieurs

    De leur côté, les deux acheteurs n’ont pas chômé. Ils font appel à des experts indépendants, font analyser les véhicules, documentent l’absence de dommages mécaniques ou électroniques, et insistent sur le fait que les voitures n’ont ni subi d’incendie, ni de dégâts des eaux. Mais le tribunal tranche : même sans preuve directe de dommages, le risque existe. Et ce risque suffit à justifier la destruction des véhicules.

    Cette décision repose aussi sur une question d’image. Laisser des véhicules potentiellement défectueux porter l’hélice bleue de BMW sur nos routes serait une prise de risque pour la réputation de la marque. Une réputation bâtie sur la précision et la fiabilité — parfois à coups de rigueur perçue comme excessive.

    Un verdict lourd de conséquences

    En statuant contre les deux entrepreneurs, la justice néerlandaise a validé la position du constructeur. Sauf revirement en appel — les plaignants ont d’ores et déjà indiqué qu’ils comptaient se battre — ces 260 BMW, dont certaines encore sous film de protection, finiront à la casse. Pas de marché parallèle. Pas de bon coup. Juste une perte sèche de plus de 5 millions d’euros pour ceux qui croyaient avoir trouvé une niche.

    Entre gaspillage industriel et logique de marque

    Cette affaire soulève une question plus vaste : dans quelle mesure une marque peut-elle contrôler le destin d’un produit qui, juridiquement, ne lui appartient plus ? Si l’argument sanitaire ou technique peut s’entendre, n’est-ce pas aussi — ou surtout — un sujet d’image ? Dans un monde où les constructeurs se battent sur le terrain du luxe, de la perfection perçue, et où la fidélité client est parfois aussi fragile qu’un circuit imprimé post-incendie, la réponse est sans doute oui.

    Et si le vrai sujet était ailleurs ?

    Au fond, cette affaire dépasse le simple cas des 260 voitures. Elle illustre la difficulté de concilier industrie mondialisée, réglementations disparates, exigence de marque et réflexes commerciaux. Elle interroge aussi la manière dont les marques peuvent (ou doivent) gérer les incidents logistiques, les catastrophes industrielles, et l’avenir de produits “hors-norme”.

    Mais elle montre aussi que la rationalité économique — vendre des véhicules certes légèrement salis, mais intacts — peut s’écraser face à la rationalité émotionnelle d’un blason. Une BMW ne peut être que parfaite. Ou ne doit pas être.

  • Citation : Bernard Bosson

    Citation : Bernard Bosson

    Citation de Bernard Bosson alors qu’il était Ministre de l’Equipement, des Transports et du Tourisme du gouvernement Balladur entre 1993 et 1995 : « Il faut éviter les limitations de vitesse excessives, pratiquement impossibles à respecter. »

    Amen.