Categories Essais

Škoda 130 RS 1981 : au commencement

Posted on
Škoda 130 RS 1981 : au commencement

« Au commencement de Skoda Motorsport » ou « J’ai essayé la Skoda 130 RS ! »

Dans nos essais et pérégrinations automobiles, nous avons parfois la chance d’essayer des voitures les plus en vogue du moment, les plus sportives, les plus tendance. Cette fois, en plus de l’Octavia RS 245 qui m’a fait envie, Skoda France m’a permis d’essayer une voiture hors normes, j’ai nommé la Skoda 130 RS, ici dans sa version Circuit. Son nom ne vous dit peut être rien, mais elle fut l’une des armes de Skoda Motorsport dans les années 70/80, qui en était ses grands débuts, son commencement.

Cette Skoda 130 RS fut produite entre 1975 et 1980 à près de 200 exemplaires, première véritable « voiture de course » créée par Skoda. Elle remporte de nombreuses courses en Tchèquie et en Europe de l’Est, si bien que son surnom de « La Porsche de l’Est » ne se fait pas attendre. Son plus grand fait d’arme arrive en 1981, lorsqu’elle remporte du Championnat d’Europe de Super Tourisme (European Touring Car Championship, ETCC), le premier titre international de la marque tchèque, rien que ça ! A l’époque, de nombreux teams et pilotes tchèques optent pour cette Skoda 130 RS. Enge, Šenkýř, Vojtěch, Bervid, Fešárek, Sivík, des pilotes aux noms tous aussi inconnus que les teams qui les engageaient : ÚAMK ČSSR Praha, AMK Stavby silnic a zeleznic (SSZ) Praha, Skoda GB Ltd., Barum ou encore Bohemian Crystal. Ca nous en bouche un coin.

Engagée en groupe 2, la 130 RS est imaginée pour la compétition. Sa force c’est son poids plume de 720 kilos ainsi que son moteur en porte à faux arrière, façon Porsche. Le tout lui fournissant une aisance et une facilité de pilotage.

Joli coupé 2 portes et deux places, la 130 RS est longue de 4020 mm, large de 1720 mm, haute de 1340mm, pour un empattement : 2400 mm. Mécaniquement, le moteur en porte à faux est un 4 cylindres de 1289 cm3, fort de 140 chevaux à 8000 tours/minute et gavé par un double carburateur Weber. Bien entendu propulsion, cette 130 RS a une boîte 4, avec embrayage sec simple disque et différentiel bloqué. L’ensemble s’avère très simple, mais diablement efficace. La magie d’une voiture de course…

Une fois à bord de la 130 RS, on ne retrouve qu’un seul siège baquet, l’arceau et la batterie, située en lieu et place de la banquette arrière, à même la caisse, dans le but d’abaisser au maximum le centre de gravité. Cette caisse est dépouillée, déshabillée de toute fioriture, de toute moquette, de tout chrome. L’intérieur est noir mat et comme toute voiture de course qui se respecte ou presque. Tout est sommaire, avec quelques boutons sur le tableau de bord, des manomètres en tous genres. Un détail nous fait tiquer et sourire : les tubes de l’arceau sont épais comme des tuyaux de chauffage ! Les normes de sécurité ont bien évolué depuis 1975…

Une fois à bord, on se fait vite à notre environnement presque soviétique par sa dureté. Le baquet est d’une autre époque, les harnais ne sont pas mieux et le levier de vitesse est aussi fin que la taille d’une danseuse étoile du Bolchoï.

Dès les premiers mètres, il faut monter assez haut dans les tours pour avoir un peu de puissance. Les 140 chevaux sont « hauts », à 8000 trs/minute, il ne faut donc pas hésiter à avoir un peu le pied délicat pour lancer la bête. La boîte est un peu spéciale, avec un long levier fin, se montrant pas très précise mais il faut dire qu’il y a plus de 30 ans, la technique était différente. L’ensemble est très atypique, mêlant voiture ancienne et voiture de course. Je m’amuse vraiment à son volant, jouant du pédalier qui est un peu décalé par rapport à l’assise, du train arrière un peu joueur et de la direction plutôt précise, alors que la pédale de frein est bien dur, grâce à l’assistance du Mastervac. Les kilomètres s’enchainent vite, et sans entrer dans des glisses incommensurables, le train arrière de la belle Tchèque dodeline avec plaisir ! L’effet sac à dos se montre bien mais nous nous arrêterons là, la 130 RS est une vieille dame qui mérite qu’on prenne soin d’elle. Il est temps de la rendre à l’équipe du Musée Skoda, venue pour l’occasion de Mlada Boleslav. Je garderai un souvenir particulier de cette 130 RS. Elle marque une belle page de l’histoire de Skoda, et elle est pour moi une des voitures inédites qui m’a le plus intrigué.

Après cette 130 RS, Skoda lancera en compétition le 130 LR, qui assurera une belle page de l’histoire. En 1991, arrive Volkswagen dans le giron tchèque, qui propulsera Skoda et son département Motorsport sur la scène mondiale, avec les Felicia 1600 puis Kit-Car; les Octavia Kit-Car et WRC, avant les Fabia WRC, Fabia S2000 et Fabia R5. S’en suivront de nombreux titres nationaux, continentaux et mondiaux, les héritières prenant fièrement la suite de la 130 RS, celle du commencement de Skoda Motorsport…

Fiche technique Skoda 130 RS :

Cylindrée : 1289 cm3
Alésage x course :  75.5 x 72 mm
140 chevaux à 8000 tours/minute
4 cylindres refroidi par eau, avec double carbu Weber 40 DCOE
Embrayage sec simple disque
Boîte 4 vitesses
Différentiel bloqué
Propulsion
Pneumatiques : 165-13 à 215/50-13
Longueur : 4020 mm
Largeur : 1720 mm
Hauteur : 1340 mm
Empattement : 2400 mm
Largeur trains avant/arrière : 1410/1366 mm
Vitesse maxi : 220 km/h
720 kilos

Prochain essai ? La Škoda 130 RS version Rallye 1977 me plairait bien !

Skoda Fabia R5 - Skoda 130RS - Rallye Monte Carlo 1977 2017

 

Škoda 130 RS « ETCC 1981 » :

Author: Jean-Charles Huvelle

Copilote de AUTOcult.fr
Vie partagée entre les rouleaux de tissus, l’automobile et le sport automobile.
Copilote et homme à tout faire du motorsport pendant ses grandes heures.