Étiquette : Colin Chapman

  • Une Lotus Esprit en carbone renaît : l’Encor Series 1 dévoile sa modernité

    Une Lotus Esprit en carbone renaît : l’Encor Series 1 dévoile sa modernité

    Cinquante ans après le premier dévoilement de la Lotus Esprit à Paris, la mythique supercar britannique renaît sous une forme revisitée. La jeune société britannique Encor prépare le lancement de la Series 1, une réinterprétation moderne de l’Esprit S1 originale, mêlant ADN Colin Chapman, ingénierie contemporaine et savoir-faire artisanal.

    Une renaissance limitée à 50 exemplaires

    Seuls 50 exemplaires seront produits, chacun reposant sur une Esprit V8 d’origine. Le projet conserve le châssis en nid d’abeille propre au modèle, tout en remplaçant la carrosserie en fibre de verre par une coque en carbone moulé. Selon Encor, cette nouvelle structure est plus légère et plus rigide, tout en intégrant des éléments modernes comme des phares LED basse hauteur, discrets mais performants.

    Sous le capot, le V8 d’origine est entièrement reconstruit, promettant une motorisation fiable et endurante, fidèle à l’esprit de la voiture. L’intérieur, lui, a été entièrement repensé : cuir, Alcantara et aluminium usiné remplacent le style rétro, tandis que des touches numériques — Apple CarPlay et caméras 360 degrés — assurent un confort moderne sans trahir l’esprit sportif.

    Respecter l’héritage tout en modernisant

    Pour Simon Lane, co-fondateur et ancien responsable de programmes sur mesure chez Aston Martin et Lotus, le projet n’est pas simplement un exercice technique : « Il s’agit d’une responsabilité, pas d’un projet. » Le designer Daniel Durrant, ancien de Lotus, souligne que le style de la Series 1 rend hommage à l’Esprit originale tout en conservant une authenticité visuelle. Chaque détail, de la silhouette aux proportions, a été étudié pour rappeler le modèle emblématique de 1975 sans tomber dans le pastiche.

    Cette approche reflète une tendance croissante dans le marché des voitures de collection : proposer des classiques modernisés, où performance, sécurité et confort répondent aux exigences actuelles, tout en préservant l’âme de l’original.

    Prix et marché ciblé

    L’Encor Series 1 est proposée à partir de 500 000 euros, hors options, taxes et prix du véhicule donneur. L’initiative s’adresse avant tout aux collectionneurs avertis, à la recherche d’exclusivité et de plaisir de conduite. La série limitée, la reconstruction du V8 et l’utilisation du carbone rendent chaque exemplaire unique et profondément désirable.

    La révélation complète est attendue pour novembre 2025, et les premières livraisons devraient suivre rapidement. Avec ce projet, Encor réaffirme non seulement l’attractivité intemporelle de la Lotus Esprit, mais aussi le potentiel de réinterprétations haut de gamme qui combinent patrimoine et technologies modernes.

  • David Thieme : L’homme qui a offert son premier parfum de glamour à la Formule 1

    David Thieme : L’homme qui a offert son premier parfum de glamour à la Formule 1

    David Thieme s’est éteint le samedi 9 août 2025, à l’hôpital de Chauny, dans l’Aisne. Celui que l’on surnommait parfois « l’Américain au Stetson » laisse derrière lui le souvenir d’une étoile filante de la Formule 1, qui fit entrer le sport dans une nouvelle ère, plus flamboyante, plus mondaine.

    Pour les jeunes générations, son nom ne dit peut-être pas grand-chose. Mais pour les anciens, il incarne un moment de bascule : celui où le paddock, jusque-là austère, découvrit le faste des motorhomes extravagants, des jets privés, des hélicoptères et même des repas signés de grands chefs étoilés. Car David Thieme n’était pas un patron d’écurie comme les autres : il était un metteur en scène, un homme d’affaires visionnaire et fantasque, qui voulut transformer la Formule 1 en vitrine glamour de son empire pétrolier, Essex.

    L’ascension d’un homme d’affaires

    Né à Minneapolis en 1942, Thieme s’était enrichi dans le négoce pétrolier à la fin des années 1970. La flambée des prix du brut, consécutive à la chute du Shah d’Iran, lui permit de bâtir un empire financier qui semblait sans limite. Avec Essex Overseas Petroleum Corporation, il se lança dans des opérations spéculatives d’envergure, multipliant les contrats d’approvisionnement et les placements risqués.

    Dans cet élan, il chercha à associer son nom au prestige du sport automobile. Son ambition était claire : gagner sur les trois scènes les plus emblématiques – la Formule 1, les 24 Heures du Mans et les 500 Miles d’Indianapolis.

    Essex, la F1 en technicolor

    En 1978, Essex fit une première apparition discrète sur les Lotus avec un simple autocollant. Mais dès 1979, Thieme reprit les contrats de sponsoring de Martini et Tissot, avant d’imposer une identité visuelle éclatante. La Lotus 81 de 1980, peinte aux couleurs Essex, marqua durablement les esprits.

    Thieme ne faisait pas les choses à moitié. Il déploya dans les paddocks un luxe inédit : motorhomes monumentaux, avions privés, hélicoptères pour ses invités. Il fit venir des chefs étoilés pour cuisiner aux Grands Prix. La F1 entrait dans une nouvelle dimension, où le spectacle en dehors de la piste devenait aussi important que les performances en course.

    Le Mans et Indianapolis : un rêve inachevé

    Toujours avide de reconnaissance, Thieme engagea l’équipe officielle Porsche aux 24 Heures du Mans 1979 sous la bannière Essex Racing. Les voitures occupèrent la première ligne au départ, mais furent éliminées par des ennuis mécaniques.

    Quelques mois plus tard, il s’attaqua à l’Indy 500. Grâce à ses moyens financiers, il convainquit Roger Penske d’aligner Mario Andretti. L’Américain mena longuement la course avant de devoir abandonner à cause d’un problème d’alimentation en essence, à quelques tours de l’arrivée. Ces revers marquèrent déjà les limites d’un projet mené à marche forcée.

    La chute : banqueroute et justice

    Le tournant se produisit en 1980. La révolution islamique en Iran bouleversa les équilibres du marché pétrolier et l’empire Essex, largement exposé, s’effondra en quelques jours. On parle d’une perte de 50 millions de dollars en une seule journée. Pour honorer ses engagements en Formule 1, Thieme dut continuer à injecter des fonds, mais les banques finirent par fermer le robinet.

    Le Crédit Suisse, qui avait longtemps soutenu son expansion, retira brutalement son appui. Peu après, Thieme fut arrêté à Zurich et inculpé de fraude bancaire. Libéré sous caution après plusieurs mois de détention préventive, il ne remit jamais vraiment les pieds dans le monde des affaires. Son image de mécène flamboyant s’était muée en symbole de la spéculation déchue.

    Chapman, par loyauté, conserva la livrée Essex sur ses Lotus jusqu’à la fin de la saison 1980, même sans être payé. Mais le charme était rompu : la star au Stetson avait brûlé ses ailes.

    Un météore dans l’histoire de la F1

    Jamais David Thieme ne se remit de cette faillite et de ses déboires judiciaires. Ses dernières années furent celles d’un retraité discret, installé en France, dans un Ehpad à Saint-Gobain (Aisne), loin des strass et du tumulte des paddocks.

    Il reste pourtant comme l’un des premiers à avoir compris que la Formule 1 ne pouvait plus se résumer à une bataille de chronos et de moteurs. Elle devait devenir un spectacle global, une vitrine mondaine où le luxe, l’image et l’argent faisaient partie du jeu. En cela, David Thieme fut un pionnier, dont le passage, aussi bref que fracassant, marqua durablement le visage de la discipline.

  • Citation : Colin Chapman

    Citation : Colin Chapman

    Citation de Colin Chapman, Britannique, fondateur de l’écurie et du constructeur Lotus : « Toute voiture restant en un morceau pendant plus d’une course est trop lourde. » 

    De quoi relire Le génie de Colin Chapman !

  • Histoire : Le génie de Colin Chapman

    Histoire : Le génie de Colin Chapman

    La définition du génie va si bien au fondateur de Lotus : qualité des esprits supérieurs qui les rend capables de créer, d’inventer, d’entreprendre des choses extraordinaires. Et l’ingénieur Colin Chapman était également un bel exemple de l’idée du génie de Diderot : quand la recherche du sublime apparaît comme élément producteur de défauts.

    Colin Chapman est un « génial ingénieur ». Et cette supériorité incontestable le rend coupable de drames.

    Lors du Salon de Francfort 2011, le stand du Group Lotus présentait une page tirée d’un cahier de notes de Colin Chapman.

    En 1975, le Britannique résumait sa vision d’une monoplace de Formule Un sur une seule et unique page.

    « Une voiture de course n’a qu’UN seul objectif : GAGNER des courses. Si elle n’atteint pas cet objectif, ce n’est rien d’autre qu’une perte de temps, d’argent et de travail.

    Ça semble être logique mais il est nécessaire de se rappeler que l’ingénierie, le coût, l’entretien et la sécurité n’ont aucune importance si la voiture n’est pas capable de gagner régulièrement. »

    La suite est aussi poignante lorsque l’on sort les statistiques de décès en Formule Un par constructeurs. Cinq pilotes sont morts au volant d’une Lotus lors de Grands Prix de F1. Et c’est sans compter Jim Clark, décédé en F2, ou John Dawson-Damer, dont l’accident fatal a eu lieu à Goodwood lors d’une démonstration en 2000. Seule la Scuderia Ferrari déplore davantage de morts (6) mais sur une période plus longue.

    « Il faut d’abord que la voiture soit capable de faire un tour de circuit plus rapidement que toute autre voiture, avec un minimum de talent de la part du pilote, et être assez résistante pour terminer la course.

    Après cela, et seulement après, sans le moindre compromis concernant l’objectif de base, il faut considérer le coût de la voiture, sa simplicité, sa sécurité et son entretien. Mais aucun de ces aspects ne peut décaler d’un iota l’idée que la voiture doit être la plus rapide. Assez bon n’est juste pas assez bon pour gagner et continuer de gagner. »

    colin_chapman

    Six ans avant que Colin Chapman n’écrive cette page, il avait reçu une lettre de Jochen Rindt, choqué après une violente sortie de piste provoquée par la perte de l’aileron de sa Ford 49 (en photo).

    « Vos voitures sont si rapides qu’elles resteraient compétitives avec quelques kilogrammes supplémentaires bien utilisés pour renforcer les pièces les plus légères. Je ne peux piloter qu’une voiture en laquelle j’ai confiance. Et j’ai la sensation que je suis proche de n’avoir aucune confiance. »

    Rindt est resté aux côtés de Colin Chapman en 1970. Sa Lotus 72C était déjà dans la lignée de ce qui sera écrit en 1975. La plus rapide sans aucun compromis. A tel point qu’en roulant sans aileron, avec des rapports de boîte de vitesses plus longs pour atteindre 330 km/h en pointe, l’Allemand perdait le contrôle de sa monoplace au freinage de la Parabolica de Monza. L’enquête déterminait que la sortie de piste était due à la défaillance du frein avant droit. Et Jochen Rindt devint le premier et le seul Champion du Monde à titre posthume. Sacrifice du génie.