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  • Grand Prix d’Italie 1988 : révolution à Monza

    Grand Prix d’Italie 1988 : révolution à Monza

    Le 11 septembre 1988, Monza a été le théâtre d’une course de Formule 1 empreinte de symbolisme, de drame et de triomphe pour la Scuderia Ferrari. Ce jour-là, les tifosi, fidèles supporters de la marque au cheval cabré, ont envahi le circuit avec l’espoir de voir une victoire qui transcenderait la simple compétition sportive. Et ils n’ont pas été déçus.

    Ambiance chargée de nostalgie

    Monza, avec son histoire et son ambiance unique, était baignée ce jour-là d’un soleil voilé, tandis que la brume matinale se dissipait lentement pour révéler un ciel pâle. Mais un vide palpable régnait dans l’air : Enzo Ferrari, le fondateur emblématique de la Scuderia, n’était plus. Il s’était éteint un mois plus tôt, à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui un héritage colossal et une équipe qui courait désormais sans son guide. La présence spirituelle du « Commendatore » planait sur Monza, d’autant plus que même le Pape Jean-Paul II avait rendu hommage à ce titan du sport automobile quelques mois auparavant.

    Une course sous haute tension et un record en vue pour McLaren

    Les attentes étaient énormes, mais la pression reposait principalement sur les épaules des pilotes Ferrari, Gerhard Berger et Michele Alboreto. Face à eux, les McLaren-Honda d’Ayrton Senna et Alain Prost, invincibles jusqu’alors cette saison, semblaient imbattables. Senna, auteur de la pole position avec un temps époustouflant de 1min 25.974sec, menait la course dès le départ, tandis que Prost, malgré un problème mécanique persistant, tentait de rester dans le sillage de son coéquipier.

    Mais la mécanique est parfois capricieuse, et le destin peut changer en un instant. Alors que Prost était contraint à l’abandon en raison d’une panne survenue au 35e tour, Senna se retrouvait sous la menace croissante des Ferrari, propulsées par l’énergie des tifosi et par une envie palpable de victoire.

    Le début d’une légende pour Schlesser

    Cependant, le véritable tournant de la course survint au 49e tour. Jean-Louis Schlesser, remplaçant de Nigel Mansell chez Williams, était sur le point de boucler sa première course en F1 à l’aube de ses 40 ans. Ayant du mal à trouver ses marques dans ce nouvel environnement, Schlesser se retrouva à la merci du sort. Lorsque Senna tenta de le dépasser au premier virage, une série d’événements dramatiques s’enchaîna. Le pilote français, déstabilisé, rata son freinage, et la collision qui s’ensuivit envoya la McLaren du Brésilien dans le décor. Senna, pris au piège sur le vibreur, vit sa course se terminer prématurément, anéantissant la série de victoires historiques de McLaren.

    Le triomphe Ferrari

    Dans un coup du sort digne des plus grands scénarios, Gerhard Berger prit alors la tête de la course, suivi de près par son coéquipier Michele Alboreto. Les deux pilotes Ferrari franchirent la ligne d’arrivée sous les acclamations frénétiques d’une foule en délire. Berger, qui avait surmonté des essais tumultueux marqués par des problèmes techniques, réalisa une performance remarquable. Ce doublé Ferrari, le premier de la saison, résonnait comme un hommage ultime à Enzo Ferrari.

    Cette victoire à Monza ne fut pas seulement une victoire sportive, mais aussi une victoire émotionnelle et symbolique. Ce fut un moment où l’esprit du Commendatore sembla guider ses voitures vers la victoire, comme un dernier adieu à son équipe, à ses pilotes, et à tous les tifosi. Un triomphe qui restera gravé dans l’histoire de Ferrari et de la Formule 1.

  • Sebastian Vettel : un nouvel extraterrestre

    Sebastian Vettel : un nouvel extraterrestre

    Ce Grand Prix d’Italie 2008, dans le temple de la vitesse qu’est Monza, est un rayon de soleil au milieu d’un été affligeant pour le petit monde de la F1. Tant attendu, le Grand Prix d’Europe disputé sur un circuit urbain tracé sur les vestiges du port de l’America’s Cup se transforme en triste procession sans dépassement.

    Et quand l’action revient sur le devant de la scène lors du Grand Prix de Belgique, Lewis Hamilton reçoit une lourde pénalité pour ne pas avoir été suffisamment élégant en se laissant dépasser par Kimi Räikkönen après une erreur de pilotage. Le duel entre Lewis Hamilton et Felipe Massa s’avère trop arbitré pour que les fans en profitent pleinement. Mais un jeune homme va vite redonner le plein de bonheur aux fans de Formule 1.

    À l’instar de quelques-uns des plus grands pilotes de l’histoire, le très jeune Sebastian Vettel profite de conditions exceptionnelles pour porter à bout de bras sa monoplace confiée par une petite écurie pour se révéler.

    Cette petite écurie s’appelait Minardi. Aujourd’hui, sous la direction de Dieter Mateschitz, convaincu que la F1 va aider son entreprise Red Bull à conquérir le monde, les voitures produites à Faenza portent le nom de Toro Rosso, d’une simple traduction en italien de sa boisson énergisante.

    L’Autrichien a dépensé sans compter pour s’imposer dans le paddock. Depuis 2006, il finance deux écuries : Red Bull et Toro Rosso. Et, à la surprise générale, c’est le petit poucet qui s’empare de la pole position à Monza.

    Toro Rosso se comporte comme une équipe à l’ancienne. Elle récupère un châssis imaginé par Red Bull et son génial Adrian Newey et s’occupe de le faire rouler. La RB4, rebaptisée STR3, n’est pourtant pas une parfaite copie. Quand la maison-mère est propulsée par Renault, sa partie italienne a installé un bloc Ferrari.

    Le directeur technique Giorgio Ascanelli pense d’abord à l’exploitation, priorité des priorités face à des développements réservées aux top-teams. Le jeune Sebastian Vettel et l’expérimenté Sébastien Bourdais en profitent pleinement.

    Ce Vettel n’a que 21 ans, mais c’est un enfant de la famille Red Bull qui finance son développement depuis déjà neuf saisons ! Il est d’ailleurs la raison de l’investissement de Dieter Mateschitz dans Minardi. Le jeune Allemand n’aurait pas pu trouver un volant ailleurs dans une F1 toujours trop fermée pour les espoirs de la discipline.

    BMW, qui l’avait fait rouler en essais, avait tout tenté pour récupérer le contrat du successeur désigné de Michael Schumacher. Vettel a ainsi pu apprendre et faire ses premières erreurs, dont un accident avec Mark Webber derrière la voiture de sécurité d’un Grand Prix du Japon qui aurait pu devenir la première victoire en F1 du nouvel empire Red Bull.

    À Monza, il est la surprise, l’attraction. Avec sa Toro Rosso à moteur Ferrari, Sebastian Vettel décroche la pole position sous la pluie. Et si Heikki Kovalainen n’échoue qu’à un dixième de seconde avec sa McLaren Mercedes, Mark Webber et Red Bull sont à plus de cinq dixièmes. Preuve que la STR3 est dans son jardin, Sébastien Bourdais suit au quatrième rang.

    Le ciel est toujours chargé le dimanche. Avec énormément d’eau sur la piste, la direction de course décide de donner le départ derrière la voiture de sécurité. Le rêve de la Scuderia Toro Rosso vire presque au cauchemar lorsque Sébastien Bourdais reste collé sur la grille. Et quand le Français peut enfin démarrer, il est à un tour !

    Au troisième tour, la neutralisation s’achève. Sebastian Vettel prend le large comme s’il avait une parfaite habitude de gérer les relances. Heikki Kovalainen concède déjà beaucoup de terrain en essayant de maximiser la visibilité. Derrière, les premières fautes assurent le spectacle. Timo Glock part en tête-à-queue, mais repart.

    La piste reste très glissante. De plus en plus large leader, Sebastien Vettel part en travers. L’Allemand contrôle et évite le tête-à-queue. La Toro Rosso court-circuite la chicane et reste en tête.

    Au fil des minutes, les flaques d’eau commencent à disparaître. Il ne pleut plus. Pour la Toro Rosso, magistrale en début de course, les nouvelles ne sont pas bonnes. Sans la protection des gerbes d’eau, sans ces performances inégalées sous les averses, il existe un vrai risque de voir le peloton revenir à la charge.

    Mais tout est déjà écrit. Au 36e tour, Sebastian Vettel fait son second arrêt. Il quitte les pneumatiques maxi pluie pour chausser des pneus pluie et gère la fin de course pour passer sous le drapeau à damier avec une douzaine de secondes d’avance sur Heikki Kovailainen, bien impuissant. Troisième, Robert Kubica place sa Sauber BMW à plus de vingt secondes… Cette première victoire, un nouveau record de précocité en F1, ne souffre d’aucune contestation. Évidemment, il pleuvait. Mais aucun fait de course n’a gêné la composition du classement final. Sebastian Vettel vient de gagner son premier Grand Prix et certainement pas le dernier de sa carrière.

  • Ahhhh Monza !

    Ahhhh Monza !

    Depuis des semaines, Bernie Ecclestone distille les petites phrases pour mettre le Grand Prix d’Italie sur la sellette. Non, même à Imola, le Grand Prix d’Italie ne serait plus ce qu’il est. Non, Monza ne peut pas disparaître du calendrier.

    Et puis si. Avec deux pilotes allemands en lutte pour le titre mondial (je compte Nico Rosberg et Sebastian Vettel), avec un constructeur allemand intouchable, le Grand Prix d’Allemagne a bien été viré. Comme le Grand Prix de France avant lui. Il faut donc bien se mettre cette idée en tête : Monza pourrait ne plus être une étape du Championnat du Monde de F1.

    Et pourtant, hormis une aberration en 1980 lorsque Monza a dû améliorer la sécurité de la piste, le circuit lombard a toujours accueilli les F1, toujours depuis 1950. En Italie, le problème est pris très au sérieux. Le Premier Ministre et les élus de la région (de bords radicalement opposés) se sont montrés pour répéter leur soutien au circuit. Il y a certains joyaux que les politiques doivent défendre !

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    Monza n’est pas seulement le circuit le plus rapide de la saison, ce n’est pas seulement un circuit chargé d’histoire et d’histoires, ce n’est pas seulement un temple de tifosi. Monza est aussi un moment clé dans l’année où la grille de départ de la saison suivante se dessine.

    Dans un monde parfait, un jeune pilote français aurait dû signer son contrat avec Ferrari ce week-end…

    Avec l’annonce du renouvellement du contrat de Kimi Räikkonen avant le Grand Prix de Belgique, seules les signatures de Felipe Massa et Valtteri Bottas chez Williams ont agité les alertes F1. Mais dans les camions, il y a eu beaucoup de développement.

    Evidemment, je n’étais pas sur place (vive Chantilly)… Mais avec le petit délai nécessaire pour récupérer des infos, voici les quelques indiscrétions que l’on m’a autorisé à partager.

    Commençons par les écuries… Mercedes a dit non à Red Bull pour la fourniture de moteurs dès 2016. Les Champions du Monde ne veulent pas équiper une équipe qui a la capacité de lui disputer le titre. Et comme Dieter Mateschitz est arrivé à un point de non retour avec Renault, Sergio Marchionne se retrouve avec les cartes en main pour faire la loi chez l’Autrichien. Et donner un peu de pouvoir à Marchionne est la dernière chose à faire au moment d’entamer une négociation !

    Chez Renault, la belle histoire ne se boucle pas. Avec le dédit du contrat Red Bull et l’arrivée de l’écurie en tant qu’entité historique, la marque française n’aurait rien eu à débourser pour faire son retour en F1. Malheureusement, CVC (qui détient les droits de la F1) a fait les mêmes calculs. L’objectif de l’entité conseillée par Ecclestone est d’obliger Renault à « investir » avant de faire son budget. Cet investissement serait autant d’argent conservé par CVC pour… pour… En fait on ne sait pas ce que peut faire CVC de l’argent amassé !

    Par la porte ou par la fenêtre, Renault fera son retour en F1 la saison prochaine. L’opération coûtera peut-être quelques dizaines de millions d’euros, mais elle se fera… Même si c’est au prix d’une réorganisation interne qui s’annonce historique.

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    Il y aura donc onze écuries en F1 la saison prochaine avec l’arrivée de Haas (qui devrait toucher les 10 millions des Accords Concorde, même la première année). Dans la première moitié du peloton, toutes les places sont prises.

    C’est signé chez Mercedes, Ferrari et Williams. Red Bull devrait continuer avec Daniel Ricciardo et mettre un autre pilote de la filière à ses côtés, que ce soit Daniil Kvyat ou l’un des deux Toro Rosso. Statu quo chez Force India et Sauber…

    Avec l’accord à long terme entre McLaren et Fernando Alonso, il reste encore onze places à distribuer. Chez McLaren, Jenson Button est de moins en moins une option… Kevin Magnussen et Stoffel Vandoorne attendent. A moins que Romain Grosjean ?

    Rien de très compliqué chez Toro Rosso. Les deux pilotes resteront sauf si l’un d’eux est appelé chez Red Bull. Dans ce cas, Pierre Gasly est le favori pour profiter de la sainte filière.

    Chez Lotus (ou Renault si…), Romain Grosjean profiterait d’un changement de propriétaire désireux d’investir. Sans une mise minimale du nouvel actionnaire, Pastor Maldonado verrait sa position se renforcer (grâce à 50 millions de dollars !). Si l’écurie Lotus venait à survivre par elle-même, les baquets seraient vendus aux plus offrants, éliminant Grosjean. Sous le nom de Renault, tous les pilotes deviennent des pistes, jusqu’à Button.

    Même idée chez Manor. L’équipe britannique pourrait passer de Ferrari à Mercedes et montrer qu’elle peut continuer sans la contribution italienne… (Honda a fait une offre, mais elle a été refusée !) Là aussi, les deux plus offrants auront les baquets.

    Reste Haas. Esteban Gutierrez est en pole pour acheter sa place avec l’appui de Ferrari. Hulkenberg a décliné l’offre, Grosjean serait aussi sur le point de le faire avec des garanties de Renault… Tous les autres pilotes, plus ou moins proches de Ferrari, sont des candidats, de Vergne à Marciello. Quant à l’Américain Alexander Rossi, on lui a déjà dit de ne pas rêver.

    Tout ceci était vrai hier… Et ne l’est peut-être déjà plus !