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  • Les 21 millions de Philippe Varin

    Les 21 millions de Philippe Varin

    Dans le document de référence de PSA Peugeot Citroën pour 2012, les 20,968 millions d’euros de ce qui était présenté comme une « retraite chapeau » attribuée à Philippe Varin étaient déjà provisionnés. La CGT gardait ce document depuis plusieurs mois…

    « Beaucoup trop », « un parfum d’indécence », « deux poids, deux mesures »… Les expressions se multiplient ce matin sur toutes les radios pour juger l’annonce d’une prime de 21 millions d’euros pour le départ de Philippe Varin.

    Or, Philippe Varin n’est pas encore parti. L’arrivée de Carlos Tavares ne se fera en deux temps. Il siégera au Directoire dès le 1er janvier 2014 « jusqu’à sa nomination à la Présidence du Directoire, dans le courant de l’année 2014 ». Varin n’est donc pas encore envoyé à la retraite même si son départ est inéluctable.

    Philippe Varin quittera donc un groupe en pleine crise. Mais est-il celui qui doit être désigné coupable ? Pour la famille Peugeot et, vraisemblablement, Dongfeng, c’est le cas. Ils lui reprochent d’avoir cru ses ingénieurs et les responsables du marketing qui lui promettaient des développements à budget serré et un rebond des ventes. L’homme d’acier (il travaillait auparavant dans la sidérurgie) aurait manqué de « vista automobile » en s’anticipant pas le coup nécessaire au lancement de nouveaux produits, ni le plongeon des ventes en Europe.

    Chaque mois, PSA brûle 200 millions d’euros de cash
    Alors que PSA Peugeot Citroën cherche à réduire ses dépenses par tous les moyens, en arrêtant la production à Aulnay-sous-Bois et en imposant des gels de salaires, ces 21 millions d’euros font grincer des dents. Ils ne sont pourtant que le résultat d’un contrat signé en 2009 lorsque Philippe Varin avait remplacé Christian Streiff.

    A l’époque, PSA avait affirmé que le patron débarqué n’avait rien touché. Quant au contrat de Philippe Varin, un porte-parole du groupe avait annoncé que les recommandations du code éthique AFEP-Medef – qui venait d’être mis en place – avaient été suivies. Ce code préconise qu’un dirigeant mandataire social, « au niveau élevé des rémunérations », ne bénéficie pas également d’un contrat de travail qui comporte d’autres avantages. Ce n’était peut-être pas si vrai !

    A noter que les 21 millions d’euros ne doivent pas être versés en une seule fois mais que c’est une provision de ce qui sera versé, au rythme d’environ 310 000 euros nets par an, en plus des régimes de retraite obligatoire auxquels Philippe Varin a souscrit durant sa carrière.

    Mise à jour… Voici des extraits d’un communiqué envoyé à l’instant par PSA Peugeot Citroën :

    Philippe Varin ne part pas en retraite. Cette information n’a donc aucun lien avec le processus de succession en cours.

    Philippe Varin participe à un régime de retraite d’entreprise qui ne lui est pas spécifique et qui lui assurerait, après son départ, un complément de pension de retraite correspondant à environ un tiers de sa rémunération, sans aucun versement de capital.

    Sa pension de retraite totale, y compris les régimes de retraites obligatoires et conventionnels, s’élèverait à environ 310 000 euros par an, après charges fiscales et sociales (sur la base des règles en vigueur).Les sommes provisionnées qui apparaissent dans le document de référence des comptes de l’exercice 2012 (21 millions €) ne constituent en aucun cas une indemnité qui serait versée à Philippe Varin à son départ. Il s’agit d’une provision pour couvrir le complément retraite qui lui serait versé dans la durée, dans le cas où il achèverait effectivement sa carrière dans le Groupe et tenant compte d’un départ à 65 ans. L’essentiel de cette somme est constitué de taxes, impôts et cotisations.

    Le régime de retraite d’entreprise du Groupe, conforme aux recommandations du Code de gouvernement d’entreprise AFEP-MEDEF, a été approuvé par l’Assemblée Générale des actionnaires.

    Mise à jour (suite)… Ce soir, Philippe Varin a annoncé qu’il renonçait aux dispositions actuelles de ses droits à la retraite.

    « Je vous ai réunis ce soir pour vous faire part de ma décision concernant les conditions de ma retraite.

    J’ai indiqué ce matin que je ne toucherai pas un centime qui ne soit conforme aux recommandations du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise.

    Compte-tenu de la polémique que ce sujet a suscité, de l’émotion dans notre pays qui a aujourd’hui besoin d’être rassemblé plutôt que divisé, compte tenu de l’immense respect que j’ai pour les collaborateurs du Groupe et des conséquences qu’ont pour eux les décisions difficiles mais nécessaires que j’ai été amené à prendre

    J’ai décidé de renoncer aux dispositions actuelles de mes droits à retraite.
    Ces dispositions avaient été approuvées par le Conseil de Surveillance et votées lors de l’Assemblée Générale en 2010, dans un contexte assurément très différent de celui d’aujourd’hui.

    Je m’en remets au Conseil de Surveillance du Groupe pour décider, quand le moment sera venu, et après avis du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise, des conditions appropriées de mon départ à la retraite.

    Pendant mes 35 années dans l’industrie, et depuis mon arrivée à la tête de PSA, j’ai toujours fait de l’intérêt de l’entreprise une priorité absolue.
    Par cette décision personnelle, je souhaite que les femmes et les hommes du Groupe puissent consacrer toute leur énergie à la poursuite du redressement du Groupe que nous menons ensemble. »

    Fin de l’histoire ? Pas forcément. Lorsque Philippe Varin quittera le groupe, il devra négocier de nouvelles conditions.

  • Tous derrière Carlos Tavares !

    Tous derrière Carlos Tavares !

    J’ai eu la chance de croiser Carlos Tavares à plusieurs reprises. Dans un contexte privé, sur les circuits européens où il évoluait au volant d’une monoplace ou d’une Clio Cup, et dans un contexte plus professionnel à l’occasion du retour d’Alpine aux 24 Heures du Mans… J’y ai vu un homme ouvert, à l’écoute, mais aussi un dirigeant (très) porté sur les résultats.

    Sa sortie du 15 août sur l’antenne de Bloomberg était forcément préméditée. Il savait déjà où était son avenir…

    Et son avenir est désormais connu. Il sera bientôt projeté à la tête de PSA Peugeot Citroën. Rares sont les passerelles entre les deux géants français du secteur. Pourtant, les Allemands ou les Américains ont pris l’habitude d’aller d’un constructeur à un autre. Secrets industriels ou pas !

    Est-ce un problème pour Renault ? Tavares et Renault ont décidé de se séparer, ensemble. Si Carlos Ghosn avait vraiment voulu conserver son « numéro 2 », il aurait certainement trouvé une solution. De la même manière, si Carlos Tavares avait voulu rester, il serait toujours en poste. Et Renault a décidé de le laisser partir, alors qu’il était toujours sous contrat.

    Désormais, son avenir passe par La Grande Armée. Et n’attendez pas à voir une foule de Losanges débarquer au 75… Des accords entre le Groupe Renault et PSA Peugeot Citroën stipulent que les cadres ne peuvent pas être débauchés…

    Entré chez Renault en 1981, il avait remplacé Patrick Pelata (démissionné après une fausse affaire d’espionnage) au poste de Directeur Général Délégué aux Opérations. Annoncée le 30 mai 2011, la promotion de Tavares devait « contribuer à la mise en œuvre du plan Renault 2016 – Drive the Change » et à une « montée en puissance dans les nouvelles technologies, notamment dans le domaine du véhicule électrique ». En tant que numéro 2, Carlos Tavares laissera une autre trace. Celle d’avoir faire renaître Alpine et d’avoir porté le projet Initiale Paris. Loin du coup de cœur électrique de Carlos Ghosn.

    Chez PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares fait face à un immense défi qui pourrait lui ouvrir un boulevard. Si le groupe parvient à stopper l’hémorragie de liquidités, à convaincre de nouveaux investisseurs (Dongfeng ?) et à générer un free cash flow positif, il pourra compter sur un positionnement parfait de ses marques.

    Depuis quelques mois, Peugeot profite d’une nouvelle dynamique de produits avec les 208, 2008, 308, 3008 et RCZ… A lui d’élargir la gamme vers le haut et les pays émergents pour améliorer les marges.

    Chez Citroën, il va falloir concrétiser la réussite du lancement de la gamme DS. Il va aussi falloir jouer sur le patrimoine de la marque en lui donnant de nouveaux modèles populaires et innovants.

    La première heureuse nouvelle est un signe d’ouverture du marché iranien, une place forte de PSA Peugeot Citroën. De quoi écouler quelques centaines de milliers de voitures par an !

    Michel Holtz rappelle qu’un excellent numéro 2 ne fait pas forcément le meilleur PDG. Je souscris totalement à l’idée. Il n’est pas nécessaire d’être un grand connaisseur de l’automobile pour faire prospérer (ou sauver) une marque, tant que le PDG sait s’entourer pour construire une gamme valorisante. Tout autant, un véritable autophile, ingénieur de formation, n’a pas besoin d’être un spécialiste des grandes manœuvres capitalistiques pour réussir. Il devra, lui aussi, être bien entouré !

    Et je lui souhaite toute la réussite possible !

    PS : Rendez-vous au Maroc les 4, 5 et 6 avril pour les débuts de Sébastien Loeb et Yvan Muller avec l’équipe Citroën en WTCC… Et un peu plus tard en Argentine avec Peugeot ou sur des manches de Rencontres Peugeot Sport avec la Clémenteam ?

  • Aulnay-sous-Bois : de la CX à la C3

    Aulnay-sous-Bois : de la CX à la C3

    Triste jour qui a vu sortir la toute dernière Citroën de l’usine « la plus moderne d’Europe » (expression datée de 1974). Une Citroën C3 derrière laquelle l’assemblage s’arrête. Près de quarante ans d’histoire à Aulnay-sous-Bois…

    Lorsque les premières CX sortent de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, Citroën appartient encore à Michelin. Peugeot prend 90 % du capital du Double Chevron en 1976. Durant les premières années, quelques DS, plus d’un million de CX, des Citroën Type H, LN et Visa puis la première Peugeot, la 104, sortent des ateliers.

    En 1982, Aulnay connaît sa première grande grève. Ceux qui y étaient parlent d’un avant 82 et d’un après 82. L’usine est paralysée durant quarante jours. Liberté syndicale, augmentation de salaires et amélioration des conditions de travail… « C’est l’enfer chez Citroën », scandent les manifestants sur les images du journal d’Antenne 2. A l’époque, deux-tiers des effectifs sont étrangers. Au terme des négociations, ils diront qu’en plus des quelques centaines de francs par mois, ils y ont gagné une dignité.

    Deux ans plus tard, Aulnay est encore en première ligne. Alors que PSA annonce son intention de supprimer 1 600 emplois, la grève éclate. L’usine est occupée… Ils seront finalement 800 à être remerciés. Et la CGT, devenue majoritaire, est décapitée par ces suppressions de poste.

    Plusieurs autres conflits agitent l’usine jusqu’en 2011. Il y a un peu plus de deux ans, la CGT publie une note « confidentielle » qui annonce la fermeture de l’usine avant 2014. La direction dément. Un an plus tard, PSA propose un plan de départ de 8 000 salariés avec l’arrêt de la production à Aulnay. Après des mois de lente agonie, l’usine voit s’éloigner sa dernière réalisation… Une Citroën C3 grise. Elle part à quelques centaines de mètres de là, au Conservatoire Citroën.

    Pour beaucoup, la famille Peugeot a enfin eu la peau d’Aulnay. « Il voulait en finir avec nous parce que, depuis 1982, on ne se laisse plus faire », entend-on devant l’entrée.

    L’AX, la 205, la ZX, la 106, la Saxo, la C3, la C2 et la C3 de nouvelle génération sont sorties de ces ateliers désormais abandonnés.

    C’est la première fermeture en France depuis Boulogne-Billancourt, c’était en 1992.

  • Quand un seul modèle a sauvé PSA !

    Quand un seul modèle a sauvé PSA !

    Début 1983, PSA va mal, très mal. Sans doute beaucoup plus mal qu’aujourd’hui. Et pourtant, en quelques mois, tout un groupe va trouver un nouvel élan. Et seulement grâce à un unique modèle !

    Alors que la France s’enfonce dans des déficits abyssaux (pour l’époque) et que l’inflation devient l’unique solution, la rigueur s’installe.

    Chez PSA, les grèves à répétition dans les usines d’Aulnay et de Poissy font tourner le groupe au ralenti. Peugeot peine à intégrer Citroën et les ventes de Talbot s’effondrent. Bientôt, la direction va annoncer la suppression de 9 % des effectifs…

    La famille Peugeot fait alors appel à Jacques Calvet, un énarque qui s’acharne sur les coûts. Il profitera surtout du lancement du programme « M24 », imaginé dès 1977, pour rendre PSA profitable. En 1983, la Peugeot 205 va mettre tout le groupe sur la bonne trajectoire.

    peugeot-205-01

    C’est toute l’histoire de l’industrie automobile. Quasiment tous les grands constructeurs sont passés par là. Une crise, une menace de faillite et un modèle vient tout sauver.

    Pour Peugeot, ce modèle s’appelle 205. Arrivée dans une gamme vieillissante, elle donne un coup de jeune à tout le groupe. La GTI fait encore figure de référence mais la 205, c’est aussi Junior, CTI, Roland Garros, des publicités avec un bombardier ou Ari Vatanen. Ce sont des paris, des lignes arrondies, du plastique gris, de l’habitabilité, du pratique. La 205 n’existait pas sur le marché européen début 1983.

    Dès le mois de février, elle a inventé une nouvelle offre. Et il s’en est vendu plus de cinq millions !

    Trente ans plus tard ? La 205 est devenue mythique et PSA mise aujourd’hui sur la 308 et sur la progression continue de Citroën.