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  • Et oui, c’est la reprise !

    Et oui, c’est la reprise !

    Ce soir, la Ligue 1 (Conforama) entamera sa quatre-vingtième édition avec l’extraordinaire arrivée de Neymar et le secret espoir de conserver Kylian Mbappé. Saviez-vous que cette folie du football professionnel qui parvient à générer un immense chiffre d’affaires a été initiée en France par Peugeot ?

    Dès 1885, le professionnalisme est autorisé dans le football anglais. Mais, la France, déjà la France, préfère le romantisme de l’amateurisme. Personne ne peut être payé pour jouer au football. Pourtant, ce sport prend rapidement une immense importance dans de nombreux pays du monde. Avant même la Première guerre mondiale, des joueurs touchent des sommes importantes par des moyens détournés. A tel point que le président de l’Olympique Lillois, l’une des références de l’époque, est suspendu deux ans lorsque l’on « découvre » un système de rémunération occulte. Beaucoup utilisent des entreprises pour embaucher des joueurs sur des postes fictifs avant de les envoyer à l’entrainement…

    À contre-pied des clubs qui se servent d’une entreprise pour attirer des joueurs, certaines entités sont de vrais clubs corporatifs. En 1904, l’Association Sportive de Valentigney est exclusivement composée d’ouvriers de l’usine de cycles Peugeot. La famille Peugeot voit l’initiative d’un très bon œil dans une logique sociale. Dans toute la vallée du Doubs, des clubs se créent autour des sites de production. Là encore, la professionnalisation rampe au fur et à mesure de l’augmentation du niveau. Et lorsque l’AS Valentigney atteint la finale de la Coupe de France au Stade Yves du Manoir en 1926, les primes sont conséquentes.

    Présentation au Président Lebrun

    Deux ans plus tard, Peugeot centralise ses usines à Sochaux. Jean-Pierre Peugeot veut en profiter pour monter un nouveau club et valoriser l’image de sa société par le sport le plus populaire. Le FC Sochaux-Montbéliar prend forme, à l’initiative de Louis Maillard-Salin et Maurice Bailly, deux salariés de Peugeot, pour « porter bien haut le fanion des automobiles Peugeot à travers la France au cours des rencontres qu’elle aura à disputer avec les meilleures équipes nationales ».

    Jean-Pierre Peugeot se lance dans une campagne de recrutement. Il paie des joueurs et place son équipe dans le monde professionnel. Nous sommes à la fin des années 1920, cette initiative pose problème à la fédération qui décide de ne pas accepter le FC Sochaux dans son championnat qui n’existe plus au niveau national depuis 1914 et la Première guerre mondiale.

    Chez Peugeot, ce refus entraine une réaction avec la création d’une compétition propre : la Coupe Peugeot ! En 1930 / 1931, huit équipes s’affrontent. En finale, le FC Sochaux s’impose face à l’Olympique Lillois 6 à 1. La Fédération Française de Football doit baisser les armes. Elle autorise le professionnalisme et ordonne la renaissance d’un vrai Championnat de France en 1932.

    La Coupe Peugeot vit une seconde saison avec vingt clubs. Le FC Sochaux ne sort pas des poules et le FC Mulhouse décroche le titre contre le Stade Français (4-2) à Montrouge.

    À partir de 1932 (et jusqu’en 2015), Peugeot est à la tête du FC Sochaux. Mais pas que. Si l’objectif de Jean-Pierre Peugeot était de porter l’image de l’entreprise, Peugeot a également beaucoup investi au niveau amateur avec un championnat inter-usines. D’abord créé pour être une compétition interne, il est devenu le terrain d’une sélection des meilleurs joueurs / ouvriers qui représentaient ensuite le FC Autos Peugeot dans un Championnat de France Corpo.

    Au plus haut niveau, Sochaux gagne deux titres en 1935 et 1938 avec des joueurs comme le Suisse André Abegglen ou Roger Courtois. Après la Seconde guerre mondiale et jusqu’en 2004, le club de Peugeot ne gagne plus le moindre titre national. La marque ne mise plus sur des stars pour briller. Au début des années 2000, une génération dorée arrive avec les Camel Meriem, Pierre-Alain Frau et Benoît Pedretti dont les parents avaient travaillé à l’usine qui jouxte le Stade Auguste-Bonal (Directeur de l’Emboutissage Peugeot et directeur sportif de l’équipe mort en déportation en 1945). Résultat : une Coupe de la Ligue et une Coupe de France.

    Pourtant, le lien est cassé. Même si les joueurs continuent de faire une visite annuelle sur le site de production, le président du club ne reçoit aucun message des dirigeants de Peugeot lorsque le FC Sochaux remporte la Coupe de France 2007.

    En 2014, Carlos Tavares prend la tête du Groupe PSA. Il doit sauver les entreprises. Des négociations débutent pour se séparer du club de football… Un an plus tard, le Groupe annonce la vente du FC Sochaux – alors en Ligue 2 – au groupe chinois Ledus. Beaucoup d’amoureux du football y voit la fin d’une certaine image du football, pourtant celle qui avait engendré le professionnalisme.

  • L’atelier des Peugeot 505 Ti

    L’atelier des Peugeot 505 Ti

    Avec la Peugeot 505 Ti, la marque sochalienne était allée beaucoup plus loin que proposer une voiture performante… L’idée d’industrialiser la différence s’est propagée au cœur même du site de production.

    Lors du lancement de l’assemblage au printemps 1983, l’organisation de l’usine de carrosserie avait été considérablement modifiée.

    A la sortie de l’atelier de peinture, les caisses de 505 prévues pour devenir des « Ti » changeaient de file. Au lieu d’être dirigées vers la finition, elles changeaient de bâtiment pour entrer dans le S35.

    Ce S35 n’était pas un lieu normal… Peugeot y inventait le sur-mesure à la mode du début des années 1980. Caché derrière le bâtiment Carrosserie, le S35 était composé de deux lignes de sept véhicules. Une quarantaine d’ouvriers exécutait alors des opérations qui différaient largement de celles de leurs homologues.

    Si ces ouvriers avaient la tâche d’assembler des 505 Ti haut de gamme, un véhicule complexe et riche en équipements qui exigeait une qualité de fabrication supérieure, ils trouvaient surtout une nouvelle façon de travailler, loin de la chaîne motorisée.

    Les ouvriers poussaient eux mêmes les caisses de Peugeot 505 entre chaque opération à travers des cycles d’une quarantaine de minutes, là où leurs collègues devaient passer d’une voiture à l’autre toutes les trois à cinq minutes. C’est là que le S35 devenait un lieu d’expérimentation…

    Les ouvriers redéfinissaient leur travail. Ils se réappropriaient leurs tâches et apprenaient à gérer – en équipe – leurs horaires. Il n’était pas rare de voir les cadences s’accélérer pour aménager des temps de pause. Mieux, la semaine pouvait être bouclée en avance le vendredi !

    Au fil du temps, les ouvriers du S35 trouvaient de nouvelles solutions pour accélérer la production et gagner davantage de temps libre. Cette autonomie créait une ambiance formidable au coeur de la petite équipe des 505 Ti…

    Mais la voiture ne trouvait pas suffisamment de clients… La production de la 505 Ti s’arrêtait rapidement et les ouvriers quittaient le S35 pour retrouver leur place dans l’usine. Et beaucoup ont connu bien des difficultés à ne plus travailler dans l’ambiance du bâtiment des 505 Ti.