Catégorie : Histoire & Culture

  • Le culte Mustang

    Le culte Mustang

    La Ford Mustang n’est en vente que depuis quelques mois… Et déjà, un cabriolet blanc s’affiche dans Goldfinger, le troisième James Bond. Wilson Pickett chante Mustang Sally en 1966 et Steve McQueen fera bientôt le reste. La Mustang n’est pas qu’une voiture, elle est un élément de la culture populaire américaine.

    Selon Ford, des Mustangs tiennent des rôles plus ou moins importants dans plus de 500 films. Steve McQueen, Will Smith, Jack Nicholson, Kevin Costner, Sean Connery, Clint Eastwood et Nicolas Cage se passent le volant à travers les décennies.

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    La toute première apparition d’une Mustang dans une grande production est l’œuvre de James Bond. Dans Goldfinger, le cabriolet blanc se fait découper par les gadgets de l’Aston Martin DB5 de 007.

    Trois ans plus tard, le préparateur George Barris produits de modèles très spéciaux, or et rose, pour le film Good Times de Sonny and Cher.

    Une scène mythique

    En 1968, Steve McQueen veut une Mustang pour Bullitt. Deux Fastback big block sont confiés à Max Balchowsky. Pour résister aux rues de San Francisco, les chapelles d’amortisseurs sont modifiées, le châssis est relevé et des traverses sont installées. Le résultat est inscrit dans le patrimoine du cinéma. En dix minutes, dans une course-poursuite historique face à une Dodge Charger, Franck Bullitt et la Ford Mustang Highland Green deviennent des symboles.

    Ford en a même profité pour lancer des Mustang « Bullitt » en 2001 et 2008.

    Dès lors, la Mustang multiplie les apparitions. Une Mach 1 se montre dans Les Diamants sont éternels en 1971 avec l’un des faux raccords les plus connus de l’histoire du cinéma (un deux roues commencé d’un côté et terminé de l’autre). La Grande Casse (1974), Duo à trois (1988), Jugé Coupable (1999), 60 Secondes Chrono (2000) ou Je suis une Légende (2007) restent dans les mémoires.

    En musique, la Mustang devient un sujet. Depuis Wilson Pickett et Mustang Sally, des centaines de chansons se sont emparés du thème de la Pony Car… Chuck Berry, Vanilla Ice, Bob Dylan, Sheryl Crow, Mark Knopfler, Keith Urban, tous ont joué sur les mots avec la Ford.

  • Carroll Shelby à l’œuvre

    Carroll Shelby à l’œuvre

    Avec différents travaux en cours, Ford et Carroll Shelby étaient destinés à travailler ensemble sur la Mustang… Et si l’ancien pilote n’était pas du tout convaincu par la Pony Car de son partenaire, il a accepté de se pencher sur son cas pour ne pas mettre à mal ses relations avec Detroit.

    A cette époque, Carroll Shelby travaille sur sa propre réalisation. A travers l’AC Cobra, il tente de mettre au point sa propre voiture de sport avec un châssis britannique et un moteur américain.

    Ses travaux mèneront au développement de la GT40… Mais aussi à une version plus musclée de la Mustang. Car ce modèle n’a rien de sportif et Ford essuie de nombreuses critiques sur le sujet.

    Bien des années plus tard, Carroll Shelby a avoué qu’il n’avait eu aucune envie de s’occuper de la Mustang. Mais la pression venant directement de Lee Iacocca, il a dû s’impliquer et trouver des prestataires capables de donner du tonus à cette Ford.

    Un nom venu d’ailleurs

    Shelby American étant en pleine effervescence, il confie l’élaboration d’un prototype à Sports Car Club of America. La recette est simple : retirer la banquette arrière, modifier les suspensions, installer de gros freins et porter la puissance du moteur à 300 chevaux.

    Les réunions s’enchainent et la Mustang Shelby commence à prendre forme. Les jantes passent à 15 pouces avec des pneus GoodYear Blue Dot, le capot est remplacé par de la fibre de verre avec une prise d’air et un pont arrière autobloquant est ajouté.

    Mais il reste un point délicat pour la direction de Ford : le nom à donner à cette version musclée… Au bout de trois rendez-vous, Carroll Shelby s’emporte : « Une armée de types est venue de Detroit pour essayer de choisir un nom. J’ai dit : ‘un nom ne fait pas une voiture ; c’est la voiture qui fait le nom’. Nous étions tous assis autour de la table et j’ai dit à un gars de mon équipe : ‘Quelle est la distance jusqu’au bâtiment là-bas ?’ Il me répond : ‘Mais qu’est-ce que tu racontes ?’ Et je lui dis : ‘Vas-y et compte les pas.’ Au bout d’un moment, il revient et m’annonce : ‘348 pas’. Alors j’ai dit : ‘Nous allons l’appeler GT 350 et vous pouvez tous rentrer à Detroit !’ »

    Et voici comment la Mustang devient enfin une voiture sportive. Une version compétition est également proposée au catalogue.

    Shelby en vend un millier au loueur Hertz qui découvre que des clients louent une GT 350 et la ramène avec le moteur 289 de base !

    Ce sera le premier pas vers des Mustang plus performantes qui répondront à une concurrence de plus en plus puissante… Les Mach et Boss arrivent.

    Et le plus extraordinaire ? Dans sa version actuelle, la Mustang reste proposée en version GT 350… comme 348 pas jusqu’au bâtiment d’à côté !

  • Où est passée la première Mustang ?

    Où est passée la première Mustang ?

    Submergée par les bons de commandes, Ford livre à tout va ses Mustang dès le mois d’avril 1964. L’excitation de la réussite de ce lancement fait perdre la trace de la toute première Mustang de série.

    Pour Ford, les modèles de présérie ne sauraient pas prendre la place de la vraie première Mustang commercialisée. Celle qui porte le numéro 100 001 n’avait pas été protégée par la marque.

    Au contraire, en étant l’une des premières voitures produites, cette Mustang a été envoyée dans l’une des concessions les plus lointaines…

    Et voici notre Mustang 100 001 à Saint-Jean de Terre-Neuve, au bout du Canada. Le 17 avril, le cabriolet « Wimbledon White » est en vente dans la concession. Stanley Tucker, un commandant de bord, parvient se mettre d’accord avec George Parsons, le propriétaire de la concession.

    Sans le savoir, il devient le propriétaire d’une pièce unique !

    En 1966, Ford s’inquiète du sort de la première Mustang et retrouve la trace de Stanley Tucker.

    « Pendant longtemps, j’ai été le seul propriétaire d’une Mustang à Terre-Neuve. C’était une expérience intéressante. A plusieurs reprises, d’autres automobilistes m’ont forcé à m’arrêter sur le bord de la route pour m’interroger sur la voiture. »

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    Invité à Dearborn, le Canadien accepte de « rendre » sa Mustang 100 001… Et en remerciement, il est reparti avec un cabriolet Silver Frost équipé de toutes les options possibles. Et pas n’importe lequel… le cabriolet 1 000 001 : la millionième Mustang produite !

  • Cougar, Torino ou Mustang ?

    Cougar, Torino ou Mustang ?

    Dans la catégorie auto culte, voici la Ford Mustang ! J’entame donc une semaine spéciale dédiée à la pony car américaine désormais proposée en concessions par Ford France. Des origines à nos jours, plongeons dans les histoires de cette voiture aussi commune qu’hors du commun.

    Si Henry Ford II était resté sur ses positions, sa marque n’aurait pas inventé une nouvelle race d’automobiles : les pony cars. Il faut dire que le Président de Ford, petit-fils du fondateur, n’avait pas encore digéré l’échec de la gamme Edsel.

    Victimes de problèmes internes, d’un style critiquable et de la récession américaine, ces modèles de moyenne gamme conçus pour concurrencer Oldsmobile n’ont jamais trouvé leur public. Moins de 120 000 Edsel vendues en 3 ans contre trois millions de Ford : une perte de 350 millions de dollars.

    Après le 19 novembre 1959 et l’annonce de l’arrêt du programme Edsel, Ford cherche à oublier cette aventure. Mais Lee Iococca, alors président de la division Ford, propose un nouveau projet : une sportive 4 places. Nous sommes en 1961, Henry Ford II se lève et quitte la réunion. Il n’est plus question d’investir !

    Ils ne le savaient pas encore, mais la naissance de la Mustang n’était déjà plus une éventualité. Il suffisait de s’en convaincre.

    Après la Seconde Guerre Mondiale, Henry Ford laisse la direction de son groupe à son petit-fils Henry Ford II. A 28 ans, il s’entoure d’un groupe d’officiers de l’US Air Force formé à Harvard. Ces whiz kids (petits génies) recomposent l’organigramme et même l’ADN de la marque.

    Après leur passage en Europe, les anciens militaires rêvent de voitures de sport. A l’époque, Detroit ne propose rien de comparable aux Alfa Romeo, Jaguar ou MG. Chevrolet lance sa Corvette dès 1953, Ford réplique avec la Thunderbird en 1957. L’année suivante, la Thunderbird devient une quatre places qui l’écarte du marché des sportives.

    C’est à ce moment-là que Lee Iacocca, un enfant d’immigré italien, pense à ce que deviendra la Mustang. Dans son autobiographie, il raconte : « Nous étions enivrés par l’activité que nous menions sur notre propre marque, une combinaison de travail intense et de grands rêves. Nous étions jeunes et sûrs de nous. Nous nous considérions comme des artistes qui allaient produire les plus beaux chefs-d’œuvre que le monde ait jamais vu. »

    Iacocca dispose de moyens quasiment illimités pour développer Ford… Mais pas d’argent qu’il doit demander à la maison-mère. Après l’affaire Edsel, Henry Ford II refuse de lâcher des millions sur de nouveaux projets. Iacocca crée alors un think tank qui se réunit à l’hôtel Fairline Inn. Durant des mois, les principaux responsables de la marque cherchent une façon de révolutionner l’industrie automobile.

    Les enfants de Don Frey, directeur du planning produit, jouent le rôle de déclencheur lorsqu’ils interpellent leur père : « Papa, tes voitures sont nulles. Vraiment pas excitantes. »

    Ils sont une dizaine à se voir durant sept mois, à imaginer des versions plus sportives de chaque modèle de la gamme. Un cahier des charges prend forme : quatre places, grand coffre, poids inférieur à 1 100 kg, prix inférieur à 2 500 dollars, long capot et coffre court à l’européenne, modèle de base accessible avec de nombreuses options et un lancement au Salon de New-York 1964… L’idée est de séduire les 18 à 34 ans, les familles qui achèteront une seconde voiture et les femmes avec l’allure d’une Thunderbird, la ligne d’une Ferrari et le coût d’une Coccinelle !

    Nom de code T-5

    Impossible de débuter un nouveau programme qui coûterait 400 millions de dollars. Cette nouvelle voiture reprendra des composants de Ford Falcon. A moins de deux ans du lancement, le projet est rejeté par Henry Ford II et ne dispose d’aucun dessin. 18 maquettes sont pourtant passées sur le bureau de Iacocca, aucun n’a été retenu.

    Ford, Lincolm-Mercury et les projets spéciaux sont alors mis en concurrence pour donner une forme au nom de code T-5. En un mois, six pièces d’argile sont alignés. Le studio Ford gagne avec sa « Cougar ».

    « La maquette d’argile était posée sur le sol du studio, mais son dynamisme donnait l’impression qu’elle bougeait. »

    En quelques heures, les codes sont définis : une calandre constituée d’une large prise d’air comme sur une Ferrari, avec un motif central comme le faisait Maserati, une prise d’air devant les roues arrière et un pavillon spécifique inspiré de celui de la Thunderbird.

    La Cougar est enfin présentée à Henry Ford II. Il est emballé, mais rappelle l’échec d’Edsel et ne donne pas son feu vert. Lee Iacocca provoque une troisième réunion à ce sujet. En tête à tête, au douzième étage du bâtiment, il obtient enfin l’approbation du président avec une phrase cinglante : « Il va falloir que tu le vendes, sinon c’est toi qui sautes ! »

    Le 10 septembre 1962, le projet T-5 est sur les rails. En interne, on l’appelle déjà Falcon Speciale. Ford travaille sur un coupé, un cabriolet, une berline et même un break.

    Déjà 1963, tout s’emballe. Le département marketing revoit les chiffres. Les objectifs de ventes ne sont plus à 85 000 unités par an, mais 200 000, soit davantage que la capacité de l’usine de Dearborn !

    Maintenant que le développement entre dans son ultime phase, il faut choisir un nom. Henry Ford II propose Thunderbird II, mais personne ne le soutient. Quatre noms sont d’abord retenus : Monte-Carlo, Monaco, Torino et Cougar, mais seuls Torino et Cougar sont disponibles.

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    Une autre histoire est à l’origine de l’élimination de Torino. Henry Ford II entretient une relation avec une jeune femme divorcée de la jet-set italienne. Même si l’intérêt de donner une filiation à une ville italienne est important pour connecter cette création aux voitures de sport européennes, Torino est retiré de la liste.

    Tout le monde vote pour Cougar, sauf Lee Iacocca. Il missionne le responsable des noms de Ford qui revient avec six noms d’animaux : Bronco, Cheetah, Colt, Cougar, Mustang et Puma.

    Et là, c’est une révélation. Ford utilise déjà le nom Mustang pour un concept dessiné par John Najjar qui confirme s’être inspiré de l’avion P-51 Mustang engagé à la guerre. Mustang est retenu par Iacocca qui l’identifie au cheval sauvage des grandes plaines américaines, question de marketing.

    Dans la presse, Torino est pourtant le nom le plus souvent évoqué… Et c’est en octobre 1963 que Lee Iacocca annonce enfin le nom. Il assiste à un match de football (perdu) de l’équipe de la Southern Methodist University baptisée SMU Mustang. Devant un reporter, il lâche : « Ford va lancer une nouvelle voiture de sport et nous avons étudié plusieurs noms possibles. Elle sera légère, comme votre équipe. Elle sera rapide, comme votre équipe. Elle sera sportive, comme votre équipe. Aujourd’hui, en regardant jouer les Mustang avec tellement de talent, nous avons pris notre décision. Notre nouvelle voiture va s’appeler Mustang. »

    Le 10 février 1964, les premiers modèles de présérie sont assemblés à Dearborn. Le 9 mars, une Mustang roule. Le 13 avril, elle est présentée à New-York, quatre jours avant l’ouverture de la Foire Internationale !

  • Un triste 11 septembre 2001, même chez FIAT

    Un triste 11 septembre 2001, même chez FIAT

    Le 11 septembre 2001 est une date qui a marqué notre histoire. Mais quelques heures avant la désintégration de quatre avions aux Etats-Unis, FIAT avait présenté celle qui devait replacer la marque au sommet européen… Pourtant, ce 11 septembre, la Stilo a participé à la lente perte de position de FIAT.

    Selon le cabinet d’analystes Bernstein Research, la FIAT Stilo est le deuxième plus grand échec de l’industrie automobile européenne… Et encore, elle se place derrière la Smart ForTwo qui, après une première génération aux coûts de développements démesurés par rapport aux chiffres de ventes, a trouvé sa place sur le marché.

    L’échec de la Stilo est bien plus cuisant, tant il portait les espoirs de FIAT. Elle n’a pas survécu à la terrible crise du début de millénaire.

    Destinée à remplacer le couple Bravo / Brava, la Stilo devait être capable de concurrencer l’intouchable Golf sur le marché européen.

    Mais, boudée pour son style peu originale et par de nombreux soucis de fiabilité qui ont forcé le constructeur à organiser des rappels, la Stilo n’a jamais trouvé son public.

    Un peu plus d’un semestre après son arrivée sur le marché, la Stilo voyait sa gamme totalement réorganisée alors qu’à peine 50 % des objectifs de ventes étaient atteints. A force de séries spéciales, dont une Star Academy, FIAT tenait sa place sur le segment des berlines compactes…

    Cinq ans après le lancement, la Stilo n’était plus disponible qu’en une unique version en France. En 2007, le nom Stilo disparaissait. Sa remplaçante reprenait le nom de Bravo… Et aujourd’hui, il n’existe plus d’offre sur ce segment dans la gamme de l’ancien numéro 1 européen.

  • Michèle Mouton : la femme qui dérange

    Michèle Mouton : la femme qui dérange

    Neuf minutes avec Michèle Mouton. On la découvre là sous un jour nouveau, dans l’intimité, la proximité.  Elle nous raconte ce qu’elle appelle « l’état de grâce ». On la voit aussi chez le coiffeur ou en cuisine. Tout cela est un peu cliché, il faut l’admettre. Aussi et surtout, on la voit là en tant que pilote de caractère, n’hésitant pas à remonter les bretelles d’un de ses mécaniciens alors qu’elle mène le Rallye du Bandama 1982. On la voit avec Fabrizia Pons, sa fidèle copilote avec qui elle remportera ses quatre victoires en Championnat du Monde des Rallyes, dont le SanRemo 1981, premier rallye du mondial remporté par une (des) femme(s).

  • Bugatti s’envole enfin

    Bugatti s’envole enfin

    Des années de travail ont été nécessaires à une petite équipe de passionnés très volontaires pour accomplir le rêve d’Ettore Bugatti : faire voler un 100p.

    En 1937, Ettore Bugatti et l’ingénieur belge Louis de Monge dessinent un avion de compétition pour disputer la Coupe Deutsch de la Meurthe et tenter de battre le record du monde de vitesse. L’ambition était d’atteindre le 800 km/h pour battre les Messerschmitt allemands plafonnés à 755 km/h.

    Le Français avait l’objectif de remporter l’une des plus grandes épreuves motorisées de l’époque afin de promouvoir les moteurs Bugatti 50P installés sous le capot.

    En retard sur le développement de l’avion, Bugatti remise son prototype avant l’invasion de la France par l’Allemagne. Après la guerre et le décès du fondateur, l’unique 100P est vendu à plusieurs reprises et privé de ses moteurs 8 cylindres pour des restaurations automobiles, avant d’intégrer le Musée National de l’US Air Force puis le Musée de l’Air du Wisconsin où il reste visible aujourd’hui.

    Le projet de la production d’une réplique avait débuté en 2009 avec une mise de départ d’un peu plus de 30 000 euros. Les deux moteurs Bugatti Type 50 de 8 cylindres, 4,7 litres développant chacun 450 chevaux, montés en décalé l’un derrière l’autre, ont été remplacé par deux Suzuki Hayabusa d’environ 200 chevaux.

    Le 19 août, sur la piste de Tusla en Oklahoma, cette réplique a décollé pour la première fois afin de compléter un vol d’essais. Le pilote a pu s’élever à une trentaine de mètres d’altitude et voler à la vitesse de 200 km/h.

    Premier vol, premier crash

    Un peu trop sujet aux turbulences aérodynamiques, le Bugatti 100P version 2015 n’a pas vécu un atterrissage facile. Son pilote n’a pu le poser qu’en bout de piste après avoir un peu trop flotté. Le freinage appuyé, pour éviter la sortie, a entrainé la casse du frein droit. Devenue incontrôlable, la réplique a terminé dans l’herbe, le nez dans la boue, endommageant les hélices.

    Son concepteur a promis de rapidement réparer l’avion et de le présenter à Molsheim, peut-être dès la fin de cette année !

  • Il y a 25 ans, Renault lançait l’aventure Laguna

    Il y a 25 ans, Renault lançait l’aventure Laguna

    Il était temps de faire passer le précédent billet au second plan… Contrairement à ce que certains ont pu croire, je n’ai jamais eu l’idée d’organiser une séance de bashing d’Auto Plus. Ma surprise de ne pas voir la moindre ligne au sujet de l’affaire Volkswagen dans l’édition du 25 septembre m’a simplement fait comprendre que chaque numéro était bouclé avec une semaine pleine d’avance… ça ne fait que valoriser davantage (à mes yeux) le travail de la rédaction qui doit faire face à de telles contraintes. (Il semble que d’autres trouvent ça très normal, m’enfin.)

    Pour parler d’autre chose, j’ai d’abord pensé à m’orienter vers le sport automobile… La F1, mais je ne me sentais pas d’écrire sur Suzuka sans évoquer le souvenir de Jules Bianchi (pas l’énergie aujourd’hui). J’aurais pu m’étaler sur le Rallye de Chypre ou la manche du GT Tour exilée en Espagne que j’ai suivi professionnellement, mais, là encore, ce n’était pas le sujet… Je laisse les sites spécialisés vous montrer des Porsche l’une sur l’autre (ça vaut le coup !). Il y avait aussi le titre de Citroën Racing en WTCC, voire la course de Nascar au New Hampshire… Et puis une autre idée : que s’est-il passé il y a 25 ans ? Et voici la révélation !

    Nous sommes alors à quelques jours de l’ouverture du Mondial de l’Automobile 1990. Renault vient de présenter les premières photos de sa « Laguna » !

    renault-laguna-1990

    Depuis plusieurs années, Peugeot avait donné le ton du salon parisien avec plusieurs prototypes qui avaient fini par évoquer l’arrivée de la 905 bientôt engagée au Mans. En 1990, Renault reprend la main.

    Il faut dire que Patrick Le Quément était à la tête du style de la marque au Losange depuis 2 ans et demi. Après avoir montré tout son talent chez Ford, le Français était rentré en France pour porter un projet ambitieux : donner une nouvelle personnalité à Renault et aux Renault (encore un débat à ouvrir !).

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    Dès 1988, il lâchait ses premières idées avec la berline Mégane. En seulement quelques mois, sûrement pas assez, le concept mettait l’accent sur un contenu technologique. Mégane était surtout un premier pas visant à instaurer un programme de réalisation de concept-cars… A chaque Mondial de l’Automobile, Renault allait présenter des prototypes en jouant sur l’alternance de la technique et du style. Mégane était la technique en 1988, Laguna devait être le style en 1990.

    Aujourd’hui, Laguna évoque une berline restée des années au catalogue… A l’époque, Laguna puisait d’abord son nom de sa racine lagune. Patrick Le Quément avait qualifié son dessin de « culture, passion et fun » : une apparence de roadster décoiffant.

    En 1990, Laguna est révolutionnaire en France… Moins à l’étranger où les Japonais, les Américains et même BMW étaient allés jusqu’à produire des roadsters aussi passionnels. Malheureusement, l’objectif de Renault n’était pas là. Le Quément s’était même bien défendu des attaques extranationales : « Les formes de Laguna sont fluides, mais pas désagréables. Elle est musclée, elle n’est pas molle comme une américaine qui a mangé trop de hamburgers. Laguna, c’est une peau sur un corps. Les Allemands parlent de forme, nous parlons de ligne. »

    renault-laguna-concept

    Mais Laguna n’était pas qu’une ligne. Avec les études avancées, les services recherches et châssis, le concept roulait. Un capot avant minuscule, un poste de conduite très avancé, une plateforme en composite métal / nid d’abeille, une suspension à amortisseurs réglages et le 4 cylindres 2,0 litres turbo de la Renault 21

    Retouché à l’admission et l’échappement, le moteur délivrait 210 chevaux pour un poids total de 900 kg. La boîte courte permettait d’atteindre 100 km/h en 6 secondes de couvrir 400 mètres en 14 secondes, le kilomètre en 25 secondes et de rouler à 250 km/h.

    Des chiffres moins impressionnants qu’une Matra M25, qui n’avait impressionné que par ses chiffres…

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    Mais ce n’était pas pour rouler les mécaniques que la Laguna s’était affichée à Paris. C’était surtout pour son arrière et son avant, son saute-vent miroir digne d’un casque de pompier en remplacement du pare-brise, pour son carénage coulissant, pour son arceau invisible… Et pour d’autres subtilités techniques incongrues en 1990 !

    En association avec Philips, Renault avait conçu un nouvel environnement acoustique. Le conducteur et le passager disposaient de visières audio latérales, liées par infra-rouge avec l’émetteur. Et l’affichage était intégré au rétroviseur central ! Ses pneus MXX2 18 pouces réalisés spécialement par Michelin étaient une autre réussite.

    Un mois après la présentation des photos, la Renault Laguna trônait sur le stand du Mondial de l’Automobile à Paris. Et Patrick Le Quément devait répondre à une nouvelle question : est-ce la future Alpine. Il en rêvait, il n’a pas pu la faire.

    Laguna préfigurait néanmoins le Renault Sport Spider, produit à Dieppe dans l’usine Alpine après l’arrêt de la production de la marque fondée par Jean Rédélé. Et elle a laissé son nom à une berline commercialisée en 1994.

    Allez, rendez-vous demain pour une nouvelle polémique !

  • Podcast : le récit de la Croisière Noire Citroën

    Podcast : le récit de la Croisière Noire Citroën

    Années 20. Imaginez une colonne de huit véhicules autochenilles Kegresse, lancée entre l’Algérie et Madagascar. Cette épopée se nomme la Croisière Noire. Soutenue par la présidence de la république française, elle ouvre la route, crée la route entre les colonies françaises. Georges-Marie Haardt, bras droit d’André Citroën prend la tête de cette croisière historique qui s’étalera du 28 octobre 1924 au 26 juin 1925, sur plus de 28000 kilomètres à travers l’Afrique noire.

    Cette croisière fut le thème de l’émission Au coeur de l’histoire, sur Europe 1, le 2 septembre dernier. L’historien et journaliste Franck Ferrand nous emmène sur les traces de Haardt, Louis Audouin-Dubreuil son adjoint et quatorze hommes. Durant une heure, il nous raconte, avec son invité le journaliste Marc Menant, les petites histoires de la grande histoire. Un récit passionnant. Podcast disponible ci dessous, via iTunes.

     

    La Croisière Noire Citroën : le podcast de Au coeur de l'histoire.

  • LMW281F : la VW Coccinelle de Abbey Road

    LMW281F : la VW Coccinelle de Abbey Road

    C’est l’histoire d’une fourrière. Imaginez, vous vous garez dans une rue tranquille de Londres, dans le quartier de Abbey Road. La vie se fait, vous vaquez à vos occupations. Dans la rue, sur le passage clouté situé à moins 10 mètres de votre voiture, une séance photo est en cours. On y fait l’une des photos les plus mythiques de l’histoire du rock : la couverture de la pochette de Abbey Road, onzième album des Beatles.

    Mais vous me direz, quel est le rapport avec la fourrière ? Pressée par le temps qui court court court, la production de la photo n’a pas le temps d’appeler le service d’enlèvement londonien. On décide de laisser la Coccinelle immatriculée LMW281F à sa place, elle s’en retrouve photographiée sur la pochette de l’album Abbey Road.

    S’en découlera de formidables histoires et supputations, s’en développera de nombreuses imaginations en tous genres de la part de Beatlemaniac. Et quand on sait qu’une Coccinelle se dit Beetle en anglais, la boucle sera quasiment bouclée.

    D’ailleurs, sur cette pochette, cette Cox n’est pas le seul intrus sur cette pochette. A droite de l’image, juste à côté du van noir, on voit Paul Cole, touriste américain présent par hasard dans cette rue de Londres, le jour du shooting. Une belle histoire à découvrir ici ;-)

    Pour en revenir à la maintenant célèbre LMW281F, elle eut une belle vie après Abbey Road : elle est rachetée en 1986 par un collectionneur américain. Autostadt, le parc des loisirs automobiles de Volkswagen, la rachète en 1998 pour l’exposer dans son musée. Elle y coule aujourd’hui des jours heureux… La fourrière n’aura pas eu raison d’elle.

    LMW281F - la Coccinelle de Abbey Road
    Pochette de l’album Abbey Road. – © EMI/Apple
/Pictorial/DALLE

     

  • Les plaques d’immatriculation italiennes

    Les plaques d’immatriculation italiennes

    Lors de la rédaction de l’article consacré à la Fiat 500 Giardiniera, je me suis posé la question de savoir à quoi correspondaient les lettres présentes sur la plaque d’immatriculation de cette belle Italienne. Il s’agit là d’un système commun à nos départements, sauf qu’en Italie, ces lettres sont les diminutifs de villes.

    Ces lettres sont apparues le 28 février 1927, lors de la création du « nouveau » code de la route italien. Elles disparaissent en 1994, pour revenir en 1999. Sur les plaques d’immatriculation les plus récentes, ces lettres -qui sont aujourd’hui facultatives- sont situées dans un bandeau bleu, sur la droite de la plaque. Une exception réside tout de même : Rome, diminutif RM, peut être écrite en toute lettre : ROMA.

    Sur la photo illustrant cet article, on voit PZ en début de plaque. Cette Fiat 500 est donc immatriculée à Potenza, en Italie du sud.

    Liste des villes et diminutifs :

    Agrigente – AG
    Alexandrie – AL
    Ancône – AN
    Aoste – AO
    Apuania – AU
    L’Aquila – AQ
    Arezzo – AR
    Ascoli – Piceno – AP
    Asti – AT
    Avellino – AV
    Bari – BA
    Belluno – BL
    Bénévent – BN
    Bergame – BG
    Bielle – BI
    Bologne – BO
    Bolzano – BZ
    Brescia – BS
    Brindisi – BR
    Cagliari – CA
    Caltanissetta – CL
    Campobasso – CB
    Caserte – CE
    Catane – CT
    Catanzaro – CZ
    Chieti – CH
    Côme – CO
    Cosenza – CS
    Crémone – CR
    Crotone – KR
    Coni – CN
    Enna – EN
    Ferrare – FE
    Florence – FI
    Foggia – FG
    Forlì-Cesena – FC
    Frosinone – FR
    Gênes – GE
    Gorizia – GO
    Grosseto – GR
    Imperia – IM
    Isernia – IS
    Latina – LT
    Lecce – LE
    Lecco – LC
    Littoria – LT
    Livourne – LI
    Lodi – LO –
    Lucques – LU
    Macerata – MC
    Mantoue – MN
    Massa Carrara – MS
    Matera – MT
    Messina – ME
    Milan – MI
    Modène – MO
    Naples – NA
    Novare – NO
    Nuoro – NU
    Oristano – OR
    Padoue – PD
    Palerme – PA
    Parme – PR
    Pavie – PV
    Pérouse – PG
    Pesaro-Urbino
    Pescara – PE
    Plaisance – PC
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    Viterbe – VT

  • Les cinq vies du Defender

    Les cinq vies du Defender

    Légende vivante automobile, le Land Rover Defender va bientôt rejoindre quelques glorieux aînés. Dans quelques semaines, le génial tout-terrain britannique ne sera plus produit ; une mort à 67 ans après plus de deux millions d’unités produites. Hommage à ce qui est un vrai culte automobile !

    Pour beaucoup de Britanniques, le Defender est le symbole de l’ingénierie mêlée à l’ingéniosité nationale. A la manière de ce que fut notre Citroën 2 CV pour nous accompagner après la Seconde Guerre Mondiale, le Land Rover a porté un idéal dans l’île de Bretagne.

    Que l’on aime ou que l’on déteste le Defender (certains ne le comprennent pas !), sa silhouette se reconnaît à travers le monde. C’est la force des icônes du genre, FIAT 500, Citroën 2 CV, Volkswagen Coccinelle, Combi ou MINI en tête. Face à cette belle collection, le Land Rover Defender est pourtant au premier rang. Aucun autre modèle n’a vécu une carrière de 67 années, en évoluant à peine.

    Apparu en 1947, le Land Rover a été rebaptisé Defender pour accompagner le développement de la gamme commerciale de la marque. Mais en 2016, l’usine de Solihull mettra un terme à sa production, vaincue par des normes de plus en plus contraignantes.

    land-rover-1966

    La Willys britannique

    Porté par l’effort de guerre, les Etats-Unis avaient donné naissance à la Willys au début des années 1940. Partout autour du monde, le spartiate 4×4 a marqué les esprits. Après en avoir vu passer des milliers sur son sol, les Britanniques ont cherché à construire leur propre Willys.

    Maurice Wilks, patron de l’ingénierie de Rover, fut le premier à travailler sur le projet. Le concept fut validé en 1947 avec l’ambition de produire suffisamment pour continuer d’employer les milliers de personnes engagées pour participer à l’effort de guerre.

    Créé en quelques mois, le rugueux 4×4 est assemblé à la fin de l’année 1947. Il hérite du nom Land Rover en hommage à la famille Wilks. Le frère de Maurice, Spencer, était patron de Rover à l’époque et possédait une résidence à Islay, une île au bout de l’Ecosse, sur laquelle il se baladait avec une Rover modifiée. Son garde-chasse avait surnommé ce véhicule un peu spécial « land Rover ». L’idée était parfaite pour le concept à venir !

    Land Rover Série 1 (1948-1958)

    Le tout premier Land Rover à quitter les chaines de Solihull est resté dans l’histoire avec sa plaque d’immatriculation HUE 166. Sur une caisse en acier, la carrosserie était en aluminium avec des ressorts à lames comme suspension et une transmission intégrale permanente. Le moteur de 1,6 litre développait 50 chevaux pour un prix de 450 livres. Et inutile de chercher le moindre équipement superflu ! La dernière année, un moteur Diesel de 2,25 litres venait compléter la gamme.

    Land Rover Série 2 (1958-1971)

    Evolution stylistique majeure (si, si !) dans l’histoire du modèle, le second Land Rover profitait d’un habitacle plus généreux et d’une charge utile plus importante. L’intérieur était aussi davantage travaillé avec quelques équipements comme des rétroviseurs ! Le moteur essence passait à 2,25 litres et 77 chevaux avant qu’un six cylindres ne soit ajouté.

    Land Rover Série 3 (1971-1985)

    Peu d’évolution mécanique pour entamer les années 1970. Les diverses législations européennes imposent quelques nouveautés. Pour la Belgique, les phares quittent la grille centrale pour les ailes et une barre anti-rapprochement est installée pour l’Allemagne. A l’intérieur, les cadrans s’affichent désormais face au conducteur. En fin de carrière, un V8 enrichit la gamme.

    Land Rover 90, 110 et 130 (1983-1990)

    Le capot change de forme et s’allonge. Le nom évolue aussi. 90, 110 et 130 se différencient par la longueur du châssis. La suspension évolue (celle du Range Rover), tandis que des freins à disque et une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports font leur apparition. Côté motorisation, les quatre cylindres essence et Diesel passent à 2,5 litres.

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    Land Rover Defender (1990-2015)

    Suite à l’apparition du Discovery, le Land Rover devient Defender. Aucune mise à jour majeure n’accompagne pourtant cette évolution. En 2007, une nouvelle carrosserie et un moteur 2,4 litres Diesel sont présentés. L’intérieur gagne également en confort… Mais les dimensions restent – encore aujourd’hui – rigoureusement identiques au Land Rover immatriculé HUE 166 !