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Cougar, Torino ou Mustang ?

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Cougar, Torino ou Mustang ?

Dans la catégorie auto culte, voici la Ford Mustang ! J’entame donc une semaine spéciale dédiée à la pony car américaine désormais proposée en concessions par Ford France. Des origines à nos jours, plongeons dans les histoires de cette voiture aussi commune qu’hors du commun.

Si Henry Ford II était resté sur ses positions, sa marque n’aurait pas inventé une nouvelle race d’automobiles : les pony cars. Il faut dire que le Président de Ford, petit-fils du fondateur, n’avait pas encore digéré l’échec de la gamme Edsel.

Victimes de problèmes internes, d’un style critiquable et de la récession américaine, ces modèles de moyenne gamme conçus pour concurrencer Oldsmobile n’ont jamais trouvé leur public. Moins de 120 000 Edsel vendues en 3 ans contre trois millions de Ford : une perte de 350 millions de dollars.

Après le 19 novembre 1959 et l’annonce de l’arrêt du programme Edsel, Ford cherche à oublier cette aventure. Mais Lee Iococca, alors président de la division Ford, propose un nouveau projet : une sportive 4 places. Nous sommes en 1961, Henry Ford II se lève et quitte la réunion. Il n’est plus question d’investir !

Ils ne le savaient pas encore, mais la naissance de la Mustang n’était déjà plus une éventualité. Il suffisait de s’en convaincre.

Après la Seconde Guerre Mondiale, Henry Ford laisse la direction de son groupe à son petit-fils Henry Ford II. A 28 ans, il s’entoure d’un groupe d’officiers de l’US Air Force formé à Harvard. Ces whiz kids (petits génies) recomposent l’organigramme et même l’ADN de la marque.

Après leur passage en Europe, les anciens militaires rêvent de voitures de sport. A l’époque, Detroit ne propose rien de comparable aux Alfa Romeo, Jaguar ou MG. Chevrolet lance sa Corvette dès 1953, Ford réplique avec la Thunderbird en 1957. L’année suivante, la Thunderbird devient une quatre places qui l’écarte du marché des sportives.

C’est à ce moment-là que Lee Iacocca, un enfant d’immigré italien, pense à ce que deviendra la Mustang. Dans son autobiographie, il raconte : « Nous étions enivrés par l’activité que nous menions sur notre propre marque, une combinaison de travail intense et de grands rêves. Nous étions jeunes et sûrs de nous. Nous nous considérions comme des artistes qui allaient produire les plus beaux chefs-d’œuvre que le monde ait jamais vu. »

Iacocca dispose de moyens quasiment illimités pour développer Ford… Mais pas d’argent qu’il doit demander à la maison-mère. Après l’affaire Edsel, Henry Ford II refuse de lâcher des millions sur de nouveaux projets. Iacocca crée alors un think tank qui se réunit à l’hôtel Fairline Inn. Durant des mois, les principaux responsables de la marque cherchent une façon de révolutionner l’industrie automobile.

Les enfants de Don Frey, directeur du planning produit, jouent le rôle de déclencheur lorsqu’ils interpellent leur père : « Papa, tes voitures sont nulles. Vraiment pas excitantes. »

Ils sont une dizaine à se voir durant sept mois, à imaginer des versions plus sportives de chaque modèle de la gamme. Un cahier des charges prend forme : quatre places, grand coffre, poids inférieur à 1 100 kg, prix inférieur à 2 500 dollars, long capot et coffre court à l’européenne, modèle de base accessible avec de nombreuses options et un lancement au Salon de New-York 1964… L’idée est de séduire les 18 à 34 ans, les familles qui achèteront une seconde voiture et les femmes avec l’allure d’une Thunderbird, la ligne d’une Ferrari et le coût d’une Coccinelle !

Nom de code T-5

Impossible de débuter un nouveau programme qui coûterait 400 millions de dollars. Cette nouvelle voiture reprendra des composants de Ford Falcon. A moins de deux ans du lancement, le projet est rejeté par Henry Ford II et ne dispose d’aucun dessin. 18 maquettes sont pourtant passées sur le bureau de Iacocca, aucun n’a été retenu.

Ford, Lincolm-Mercury et les projets spéciaux sont alors mis en concurrence pour donner une forme au nom de code T-5. En un mois, six pièces d’argile sont alignés. Le studio Ford gagne avec sa « Cougar ».

« La maquette d’argile était posée sur le sol du studio, mais son dynamisme donnait l’impression qu’elle bougeait. »

En quelques heures, les codes sont définis : une calandre constituée d’une large prise d’air comme sur une Ferrari, avec un motif central comme le faisait Maserati, une prise d’air devant les roues arrière et un pavillon spécifique inspiré de celui de la Thunderbird.

La Cougar est enfin présentée à Henry Ford II. Il est emballé, mais rappelle l’échec d’Edsel et ne donne pas son feu vert. Lee Iacocca provoque une troisième réunion à ce sujet. En tête à tête, au douzième étage du bâtiment, il obtient enfin l’approbation du président avec une phrase cinglante : « Il va falloir que tu le vendes, sinon c’est toi qui sautes ! »

Le 10 septembre 1962, le projet T-5 est sur les rails. En interne, on l’appelle déjà Falcon Speciale. Ford travaille sur un coupé, un cabriolet, une berline et même un break.

Déjà 1963, tout s’emballe. Le département marketing revoit les chiffres. Les objectifs de ventes ne sont plus à 85 000 unités par an, mais 200 000, soit davantage que la capacité de l’usine de Dearborn !

Maintenant que le développement entre dans son ultime phase, il faut choisir un nom. Henry Ford II propose Thunderbird II, mais personne ne le soutient. Quatre noms sont d’abord retenus : Monte-Carlo, Monaco, Torino et Cougar, mais seuls Torino et Cougar sont disponibles.

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Une autre histoire est à l’origine de l’élimination de Torino. Henry Ford II entretient une relation avec une jeune femme divorcée de la jet-set italienne. Même si l’intérêt de donner une filiation à une ville italienne est important pour connecter cette création aux voitures de sport européennes, Torino est retiré de la liste.

Tout le monde vote pour Cougar, sauf Lee Iacocca. Il missionne le responsable des noms de Ford qui revient avec six noms d’animaux : Bronco, Cheetah, Colt, Cougar, Mustang et Puma.

Et là, c’est une révélation. Ford utilise déjà le nom Mustang pour un concept dessiné par John Najjar qui confirme s’être inspiré de l’avion P-51 Mustang engagé à la guerre. Mustang est retenu par Iacocca qui l’identifie au cheval sauvage des grandes plaines américaines, question de marketing.

Dans la presse, Torino est pourtant le nom le plus souvent évoqué… Et c’est en octobre 1963 que Lee Iacocca annonce enfin le nom. Il assiste à un match de football (perdu) de l’équipe de la Southern Methodist University baptisée SMU Mustang. Devant un reporter, il lâche : « Ford va lancer une nouvelle voiture de sport et nous avons étudié plusieurs noms possibles. Elle sera légère, comme votre équipe. Elle sera rapide, comme votre équipe. Elle sera sportive, comme votre équipe. Aujourd’hui, en regardant jouer les Mustang avec tellement de talent, nous avons pris notre décision. Notre nouvelle voiture va s’appeler Mustang. »

Le 10 février 1964, les premiers modèles de présérie sont assemblés à Dearborn. Le 9 mars, une Mustang roule. Le 13 avril, elle est présentée à New-York, quatre jours avant l’ouverture de la Foire Internationale !

Author: Rédaction

Rédaction AUTOcult.fr



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