Sébastien Ogier, 9e titre : L’Empereur à temps partiel a égalé le Roi Loeb

L’histoire bégaye, mais elle ne se répète jamais vraiment. Ce week-end, sur les pistes cassantes de Djeddah, Sébastien Ogier n’a pas seulement décroché un neuvième titre de Champion du Monde des Rallyes. Il a rejoint Sébastien Loeb au panthéon du sport automobile, au terme d’un scénario que personne n’avait vu venir, pas même lui. Analyse d’un sacre obtenu à l’économie de courses, mais pas de talent.

Il y a les champions qui s’accrochent, et il y a ceux qui choisissent leurs batailles. À bientôt 42 ans, Sébastien Ogier fait partie de la seconde catégorie. Ce dimanche en Arabie Saoudite, le Gapençais a validé un pari des plus audacieux : devenir champion du monde en ayant fait l’impasse sur trois rallyes dans la saison.

Le résultat ? Un neuvième sacre mondial. Le chiffre mythique. Celui qui appartenait exclusivement à Sébastien Loeb depuis 2012. Mais là où l’Alsacien avait écrasé la discipline en bon soldat de l’armée Citroën, Ogier a construit sa légende en mercenaire de luxe, changeant de monture comme de chemise (Citroën, VW, Ford, Toyota) avec la même réussite insolente.

Le braquage parfait

Ce titre 2025 a la saveur d’un hold-up de génie. « Freelance » chez Toyota pour préserver sa vie de famille, Ogier ne visait pas le globe en début d’année. C’est l’appétit qui est venu en gagnant. Avec six victoires en onze participations (sa meilleure stat depuis 2016), il a optimisé chaque kilomètre.

La finale à Djeddah fut à l’image du bonhomme : tendue, maîtrisée, et sans concession. Avec seulement 4 points d’avance sur le malheureux Elfyn Evans au décompte final, Ogier et son copilote Vincent Landais (titré pour la première fois) ont joué avec les nerfs de tout le monde.

Ogier vs Loeb : Le débat éternel

C’est le drame et la grandeur d’Ogier : devoir partager le trône. Dans les colonnes de L’Équipe, il l’admet avec une lucidité froide : « En termes de notoriété en France, il n’y a pas de comparaison possible. La nature humaine a tendance à vite se lasser des choses. Ce n’est jamais pareil quand quelqu’un passe derrière. »

Loeb a été présenté comme le gendre idéal, le pionnier. Ogier est le perfectionniste, parfois cassant, souvent râleur (il n’a pas manqué de critiquer l’organisation saoudienne), mais d’une efficacité chirurgicale. Pourtant, Ari Vatanen le souligne : « Accomplir de grandes choses est toujours plus difficile quand on est le deuxième. » Et Loeb lui-même rend hommage à la prise de risque de son rival : « Son parcours est plus risqué que le mien car il y a toujours la possibilité, quand on change d’équipe, de partir pour moins bien. »

Et maintenant, la dixième ?

On pensait Ogier en pré-retraite, le voilà régénéré par ce rythme « à la carte ». Loin d’être rassasié par ce record égalé, il a déjà annoncé la couleur pour 2026 : il sera au départ de dix manches.

Le message est clair. Sébastien Ogier ne court plus après Loeb. Il court après l’histoire, tout seul, devant.