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  • Essai DS 5 : rive gauche

    Essai DS 5 : rive gauche

    Oui, le Quai André Citroën est bien situé sur la rive gauche… La rive gauche de la Seine, mais aussi la rive gauche du Rhin. Nouvelle référence française, la DS joue sur cette qualité bien personnelle et bien différenciante. L’exception culturelle.

    Guadalajara… Quatre jours après la folie samba de la bande à Platini, l’Equipe de France se retrouve dans un stade moins plein, moins chantant. Ce 25 juin 1986, les Bleus entrent sur le terrain pour prendre une revanche, leur revanche sur la RFA. Séville est là.

    Après avoir largement dominé les Italiens Champions du Monde en titre, les Français avaient créé la surprise contre un Brésil qui découvrait alors sa nouvelle bête noire. Usée, privée de Dominique Rocheteau distributeur de caviar et tout juste Champion de France avec le PSG, l’Equipe de France y croyait avant d’entrer sur le terrain. Et patatras.

    Même sans Rocheteau, la France s’appuie sur un carré magique. Tigana, Fernandez, Giresse et le triple Ballon d’Or Platini ont été aligné 17 fois sous le maillot bleu : treize victoires et quatre nuls. La défense est la plus résistante de la compétition avec Bats dans les buts, Bossis et Battiston au centre et Amoros et Ayache sur les côtés.

    Tout évoque la solidité derrière et l’inventivité devant. Et pourtant, à la 9e minute, Battiston est sanctionné pour une faute sur Rummenigge devant la surface. Battiston et l’Allemagne de l’Ouest. Encore. Magath feinte la frappe et décale Brehme. Frappe d’Allemand à ras de terre. Bats est sur la trajectoire, mais rejoue la parade d’Arconada en accéléré.

    Qu’importe, le Brésil avait aussi ouvert le score quatre jours auparavant. Tigana part et obtient un coup franc bien placé. A son tour, il décale Platini. Cette fois, Schumacher détourne. Bossis reprend, au dessus. Bossis et l’Allemagne de l’Ouest. Encore.

    Le stress monte. Les minutes s’envolent. Platini marque ! Signalé hors-jeu. Bossis au point de pénalty, toujours raté. Schumacher relance, Voller marque. 2-0, fin du match. Fin d’une histoire.

    Depuis – et malgré un Président et un Chancelier affichés main dans la main – la France vit avec un lourd complexe d’infériorité.

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    Jouer un autre match

    Lorsque Citroën a annoncé la renaissance de DS en visant le premium, on a cru pouvoir se mesurer aux Allemands… Mais ce complexe, toujours ce complexe. DS n’est pas destiné à renverser Mercedes, BMW ou Audi. Comme à Guadalara, les Allemands passent en finale. DS joue un autre match. Le sien, la fameuse exception culturelle française.

    Maxi berline, mini break, crossover différent… La DS 5 est surtout décalée. On adore ou on rejette, mais il est certain que cette ligne va entrer dans la légende de l’industrie automobile française.

    Cette silhouette complètement décalée est tout à fait assumée par le constructeur ! J’aimerais parler de la « maison » DS pour coller à l’image du luxe à la française dont on rêve tous. Mais nous en sommes encore loin. L’approche stylistique folle reste néanmoins bien intégrée dans le marché européen. DS, c’est du prêt à porter, pas (encore) de la haute couture.

    L’habitacle est aussi différent. Beaucoup de boutons, même si une partie a été effacée avec la disparition du logo Citroën, et une console située sur le plafonnier, découpant le toit panoramique en trois parties. Hérité du modèle d’ancienne génération, l’écran central est un peu étroit. Les matériaux sont plus proches d’Infiniti que des meilleures allemandes. L’Edition 1955 ne conserve pas les extraordinaires sièges bracelet qui ont tant fait parler.

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    Pièce maitresse

    Sur les routes de la rectiligne de la Brie, un élément se distingue : le THP 200 (qui n’est déjà plus proposé sur cette DS 5, la faute aux nouvelles normes. Il sera néanmoins prochainement remplacé par un moteur Euro6 de 210 chevaux).

    Du couple à tous les niveaux qui permet de souvent se passer du maniement de la boîte de vitesses – dont la commande n’était pas ma préférée – et une totale absence de bruit et de vibration à l’arrêt (comme n’importe quel start&stop, sauf que cette DS 5 n’est pas pourvue de ce système !), ce petit 4 cylindres 1,6 litre est un régal.

    Avec cette DS 5, la France possède son haut de gamme typique de l’exception culturelle. Car lorsque nous sommes incapables d’affronter les plus belles réalisations, tant sur le plan technique que commercial, autant tenter des choses un peu plus décalées.

    Le problème, c’est que ces modèles différents trouvent rarement leur public. Avantime ou C6 peuvent en témoigner. Elles étaient pourtant nos vraies exceptions culturelles de l’époque.

    Mais dans 40 ans, toutes ces voitures seront des collectors !

  • La tuile lors d’un essai

    La tuile lors d’un essai

    Dans une sympathique ambition de ne se mettre personne à dos, les journalistes répètent de plus en plus souvent qu’il n’existe plus de mauvaises voitures. A la lecture de mes précédentes prises en main, vous avez pu vous apercevoir que je n’étais pas de cet avis.

    Cette construction insipide de quelques publications est un réel problème. En France, il est souvent considéré qu’un journaliste ne doit exposer que des faits. Et bien, à la manière anglo-saxonne, je préfère les éditorialistes (On parle évidemment des talentueux !).

    Sur TF1, Automoto avait lancé cette mauvaise mode. Leurs journalistes ne jugeaient plus les modèles essayés. Lorsqu’il fallait donner un avis, ils laissaient d’autres professionnels de la critique (terme qui peut ne pas être péjoratif) s’exprimer.

    Ces journalistes de presse écrite pouvaient alors jouer leur rôle en pointant les points positifs et les points négatifs. Et le travail était fait. D’une façon détournée, mais il était fait.

    Ce qui était amusant, c’est qu’un intervenant pouvait donner des sensations beaucoup plus personnelles face à la caméra, mais ne pas essayer de le faire transparaître dans son article. Pas assez de signes, sûrement.

    C’est là que le métier joue. Car ces sensations peuvent largement varier selon les conditions. Et on a rarement l’occasion de faire des essais très longue durée.

    Lors de ces essais, il arrive aussi qu’un problème plus ou moins important vienne perturber l’expérience. Ça m’est arrivé avec une DS 5.

    Il n’y a rien de facile dans la conception d’une automobile moderne. Les nouvelles fonctionnalités des services d’info-divertissement s’avèrent aussi compliquées. En 2015, nous avons tous l’habitude de jouer avec des ordinateurs, tablettes et smartphones. On ne peut donc qu’espérer les mêmes qualités avec ces écrans embarqués.

    Mais voilà, lorsque le système plante, que faire ?

    Sur l’autoroute, à 150 kilomètres de l’arrivée, je cherche une station pour suivre l’ascension de l’Alpe d’Huez. Je tapote l’écran avec le désir d’entendre les commentaires en direct d’une moto en tête de course… Le tuner tourne et s’arrête sur France Culture. Et s’arrête.

    Oui, s’arrête vraiment. Impossible de faire réagir l’écran en appuyant un peu partout. Et les boutons physiques ne veulent plus, non plus, commander quoi que ce soit. Impossible d’éteindre le système, impossible de baisser le son.

    Nous voici en compagnie de spécialistes de la vie et de l’œuvre de P. D. James… Au moins, j’apprends des choses sur les romans policiers !

    Avec cette irrésistible envie de reprendre le contrôle d’un système qui ne répond plus, direction l’aire d’autoroute suivante. Celle sans station-service ! Moteur coupé, la radio œuvre toujours. Je sors, je verrouille la voiture. La radio continue de produire du son… J’attends cinq secondes, dix secondes. Je repars avec P. D. James.

    Passer un peu plus d’une heure avec une émission de France Culture reste très supportable. Mais notre radio à fréquence modulée n’est efficace que sur une zone géographique restreinte. Et en sortant de ce périmètre, les enceintes ne produisent plus qu’un souffle désagréable. Au péage, je continue de couper le moteur en espérant un reboot du système. Sans plus de succès.

    Fin du trajet. Cette radio va-t-elle fonctionner toute la nuit ? Moteur coupé, l’infernal son d’une fréquence sans station continue d’envahir l’habitacle… La nouvelle idée est de débrancher la batterie.

    Le temps de tester une multitude de combinaisons et la radio s’éteint enfin ! Sauvé, sans même toucher à la borne moins (toujours la borne moins en premier !). Est-ce dû à l’ouverture du coffre ou au temps d’arrêt d’environ 5 minutes ? En tout cas, au démarrage suivant, le système était à nouveau fonctionnel !

    C’est évidemment une anecdote. Mais je pense au client qui se voit confronté à un tel problème après 3 000 kilomètres et un chèque de plus de 40 000 euros…