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  • Honda vend un morceau de sa légende F1… et c’est aussi un vrai geste commercial

    Honda vend un morceau de sa légende F1… et c’est aussi un vrai geste commercial

    En amont de son grand retour comme motoriste officiel d’Aston Martin en Formule 1 en 2026, Honda Racing Corporation (HRC) lance une initiative autant symbolique que stratégique : la vente aux enchères de pièces authentiques de ses anciens moteurs de F1 — à commencer par le mythique RA100E V10, propulsant Ayrton Senna en 1990. HRC s’engage ainsi dans une nouvelle activité musicale : un business de “mémoire sportive”, où les souvenirs mécaniques deviennent objets de collection.

    Une pièce d’histoire mise en vitrine

    La pièce phare de cette première vente est le V10 RA100E numéro V805, dernier moteur utilisé en course par Senna en 1990, monté sur la McLaren MP4/5B. Utilisé notamment lors du Grand Prix du Japon à Suzuka et lors de l’ultime épreuve à Adélaïde, il est désormais disloqué pièce par pièce, chacune présentée dans un écrin avec certificat d’authenticité, après avoir été démontée avec soin par les mêmes ingénieurs d’HRC qui l’avaient construit. Une occasion unique de posséder un fragment de la mécanique d’une légende vivante.

    Un business patrimonial… et rentable

    L’enchère se tiendra lors de la Monterey Car Week, précisément au prestigieux Bonhams Quail Auction de Carmel, le 15 août. Ce projet marque l’entrée de HRC sur le marché des memorabilia racés, offrant aux fans une chance rare de toucher du doigt l’histoire — dans un format tangible. Des objets comme des pistons, arbres à cames et couvercles usés sont prêts à trouver de nouveaux propriétaires passionnés.

    HRC souhaite pérenniser cette démarche, déjà enrichie de pièces d’IndyCar ou de motos mythiques, tout en préservant ses modèles historiques encore roulants, notamment ceux exposés dans les musées de Motegi ou Suzuka.

    Entre hommage et marketing chirurgical

    Cette initiative s’inscrit à la fois dans une logique d’affirmation de l’identité sportive de Honda et dans un savant coup de promotion au moment où la marque consolide son retour en F1. Accroître la valeur patrimoniale perçue du constructeur, tout en en valorisant son héritage technique — un marketing subtil, à la fois noble et parfaitement calculé.

    Posséder une pièce du moteur de Senna, c’est bien plus qu’un souvenir : c’est s’ancrer dans la légende d’un pilote, d’une marque, et d’une époque où F1 rimait avec prouesse mécanique, audace et humanité.

  • 13 mai 1950, Silverstone : quand l’Histoire s’écrit sans le savoir

    13 mai 1950, Silverstone : quand l’Histoire s’écrit sans le savoir

    Ni confettis, ni micros, ni caméras. Il y a 75 ans jour pour jour, le Championnat du monde de Formule 1 prenait vie sur un ancien aérodrome britannique. Et personne ne s’en doutait vraiment.

    Parmi les spectateurs de ce samedi printanier à Silverstone, certains se souviennent surtout des embouteillages. D’autres, d’un roi venu voir des voitures tourner. Très peu — voire aucun — ont eu le sentiment d’assister à une révolution. Et pourtant, le 13 mai 1950 marque le véritable point de départ de l’une des plus grandes épopées sportives du XXe siècle : la naissance du Championnat du monde des conducteurs, ce que nous appelons aujourd’hui, avec une familiarité presque blasée, « la F1 ».

    Un Grand Prix pas tout à fait comme les autres

    La Formule 1 n’est pas née ce jour-là. Le règlement « Formule A », devenu Formule 1, avait été défini dès 1946. Les Grand Prix existaient depuis 1906. Même la notion de championnat avait été expérimentée, notamment à travers la Coupe des constructeurs dans les années 1920, puis un championnat d’Europe pour pilotes dans les années 1930. Mais c’est bien en 1950 que la Fédération Internationale de l’Automobile organise pour la première fois un Championnat du monde pour les conducteurs.

    Le calendrier est court : sept épreuves au programme, dont six en Europe et une échappée exotique à Indianapolis. Les points sont distribués aux cinq premiers, avec un bonus pour le meilleur tour. Un embryon de mondialisation… sur fond de reconquête d’un sport encore marqué par les traumatismes de la guerre.

    Alfa Romeo, la force tranquille

    L’édition inaugurale du Championnat a des allures de démonstration technique. Alfa Romeo, revenue après une année sabbatique, aligne ses Tipo 158, surnommées « Alfetta ». Conçues avant la guerre par Gioacchino Colombo comme des voitures de la catégorie voiturette (l’ancêtre de la F2), ces monoplaces à moteur 1,5 litre compressé développent 350 chevaux — un chiffre vertigineux pour l’époque. Leur principale faiblesse ? Une consommation dantesque.

    Face aux Alfas, la concurrence est maigre. Ferrari, encore en gestation, a boycotté l’épreuve pour une querelle d’argent. BRM n’est pas prête. Talbot-Lago, Maserati et ERA, dans leurs versions plus ou moins privées, tiennent le rôle d’outsiders. Il y aura donc quatre Alfa Romeo au départ : les légendaires « trois F » — Farina, Fangio, Fagioli — et l’Anglais Reg Parnell, invité à domicile.

    Une course courue d’avance ?

    Les essais annoncent la couleur. Les quatre Alfa monopolisent la première ligne, avec à peine deux dixièmes entre Farina, Fagioli et Fangio. Parnell est un peu plus loin, mais toujours loin devant la première Maserati. Le reste du plateau est relégué dans une autre dimension : Johnny Claes, dernier sur la grille, est à 18 secondes de la pole…

    La course ? Presque une formalité. Fangio, Fagioli et Farina mènent tour à tour. Le jeune (et déjà quadragénaire) Argentin se retire après avoir tapé une botte de paille, moteur endommagé. Farina s’impose devant Fagioli et Parnell, qui a percuté un lièvre mais complète tout de même un triplé Alfa. Les Talbot-Lago de Giraud-Cabantous et Rosier terminent à deux tours. Bob Gerard sauve l’honneur britannique, sixième sur une ERA à trois boucles.

    Le tout sous les yeux du roi George VI, dans une ambiance de fête populaire à peine troublée par des installations rudimentaires et un circuit encore marqué par ses origines aéronautiques.

    Le poids des années, le choc de l’Histoire

    Ce 13 mai 1950, personne ne parle d’anniversaire. Personne n’imagine que plus de 1100 Grands Prix s’enchaîneront dans les décennies à venir, que des millions de spectateurs suivront un sport devenu l’une des vitrines les plus puissantes de l’industrie automobile mondiale.

    Même le titre de champion du monde, décroché par Farina après sa victoire à Monza en septembre, ne fait pas les gros titres. La presse spécialisée préfère saluer la première apparition du nouveau V12 Ferrari 375, signe que la vraie bagarre est encore à venir.

    Quant à Juan Manuel Fangio, l’évidence saute déjà aux yeux des observateurs les plus attentifs : l’Argentin, avec ses trois victoires en sept manches, a sans doute été le meilleur pilote de la saison. Il ne sera pas le dernier à passer à côté d’un titre mérité. Mais son règne est imminent.

    Un monde encore innocent

    Dans son livre Formula 1: the real score?, Brian Harvey résume bien cette première saison : « Beaucoup d’autres courses non comptabilisées pour le championnat offraient des plateaux tout aussi relevés. » Autrement dit, en 1950, l’étiquette « championnat du monde » ne change pas encore la donne. La hiérarchie est dictée par la technique, les moyens, et la réputation des pilotes. Pas encore par les droits TV, les sponsors, ou les stratégies marketing.

    John Pearson, jeune spectateur de 12 ans ce jour-là, avait quitté le collège en uniforme pour rejoindre discrètement le circuit. Mis à contribution par l’organisation, il vivra ce premier Grand Prix de l’intérieur. À 87 ans, Silverstone reste sa seconde maison. Comme un rappel que derrière chaque ligne d’arrivée se cachent des anonymes qui, parfois, font aussi l’Histoire.

  • Quand les penne rencontrent la pole : Barilla entre en piste avec la Formule 1

    Quand les penne rencontrent la pole : Barilla entre en piste avec la Formule 1

    La Formule 1 continue d’attirer des partenaires venus de secteurs toujours plus variés, bien au-delà de la sphère automobile. Après American Express, Nestlé ou Paramount+, c’est au tour de Barilla, emblème italien de la gastronomie, de signer un partenariat officiel avec la discipline reine du sport automobile. Derrière cette annonce, une belle histoire d’Italiens, de passion mécanique… et de pâtes.

    Le retour en piste de Paolo Barilla

    Derrière la signature de ce partenariat, il y a un nom que les passionnés reconnaîtront sans peine : Paolo Barilla, ancien pilote de Formule 1 chez Minardi à la fin des années 1980 et vainqueur des 24 Heures du Mans en 1985. Aujourd’hui à la tête de l’empire familial, il orchestre cette alliance entre deux mondes qu’il connaît intimement : la compétition automobile et l’excellence culinaire.

    « J’ai eu la chance de vivre une très belle expérience en F1 avec Minardi. Aujourd’hui, je suis heureux que Barilla puisse rejoindre cet univers comme partenaire », confie-t-il. « C’est le début d’un nouveau chapitre, et ce partenariat est une source d’inspiration. Il nous pousse à aller plus loin. »

    Des pâtes et des paddocks

    Ce partenariat multianuel inclut une visibilité forte en bord de piste – le logo bleu de Barilla figurera désormais sur les circuits du monde entier – mais aussi la présence de « pasta bars » dans les paddocks, offrant aux VIP et aux invités de la F1 une expérience culinaire typiquement italienne. De quoi combler les appétits aussi bien que les ambitions marketing.

    Mais au-delà de l’exposition mondiale, Barilla voit dans la F1 un terrain d’innovation. « Nous croyons en la tradition, mais nous savons aussi que notre vision de l’alimentation doit regarder vers l’avenir », explique Paolo Barilla. « La Formule 1 nous offre une plateforme pour développer des solutions alimentaires innovantes, répondre aux attentes des consommateurs du monde entier et continuer à nous réinventer. »

    L’Emilie-Romagne à l’honneur

    Il y avait presque quelque chose de naturel à voir Barilla s’aligner avec la F1, et plus précisément avec Stefano Domenicali, président-directeur général de la discipline. Tous deux sont originaires d’Émilie-Romagne, cette région du nord de l’Italie surnommée à juste titre la Motor & Food Valley : le berceau de Ferrari, Maserati, Lamborghini, Ducati… mais aussi de la pasta et du parmigiano.

    « C’est difficile d’imaginer la F1 sans l’Italie. Même les gens qui ne sont pas italiens en conviendront », sourit Barilla. « Quand cette idée de partenariat a été évoquée, j’ai été immédiatement enthousiaste. C’était comme revenir sur la grille de départ d’un Grand Prix. On ressent l’excitation… et un peu de trac. »

    F1 et gastronomie : un mariage de valeurs

    Ce rapprochement entre Barilla et la F1 ne repose pas seulement sur le nationalisme ou la nostalgie. Il y a une convergence réelle de valeurs : la recherche de la perfection, la rigueur, la transmission d’un savoir-faire et la capacité à se projeter dans le futur sans trahir ses racines. En somme, le même ADN que celui d’une Scuderia ou d’un grand chef.

    En s’associant à la Formule 1, Barilla cherche non seulement à renforcer son image à l’échelle mondiale, mais aussi à inspirer ses collaborateurs et ses clients. La marque mise sur la visibilité, bien sûr, mais surtout sur l’émotion. Et dans un monde où l’expérience prime de plus en plus sur le produit, ce partenariat s’annonce comme une opération très finement cuisinée.

    Un pas de plus dans l’hyper-premium

    Avec ce partenariat, la Formule 1 continue de redéfinir son positionnement : fini le temps où elle n’attirait que des constructeurs ou des sponsors techniques. L’univers de la F1 s’ouvre désormais pleinement à des marques grand public premiumisées, qui voient dans ce sport un vecteur d’excellence, de distinction et de rayonnement culturel.

    Barilla, avec son héritage centenaire et ses ambitions mondiales, s’inscrit parfaitement dans cette tendance. Comme pour les meilleures recettes, il faudra un savant dosage entre émotion, performance et constance pour faire de cette alliance un succès durable.

  • La mort en direct

    La mort en direct

    Personne n’avait vu ça comme un miracle. Depuis près de huit années, aucun pilote de F1 n’avait trouvé la mort. En 1994, il parait acquis que la discipline est entré dans une nouvelle ère. En quelques heures, tout un monde s’écroule, en touchant la F1 de toutes parts.

    Bernie Ecclestone a passé la décennie 1970 à prendre le pouvoir. Dans les années 1980, il l’a exercé. Au fil des championnats, il a modelé le calendrier pour toucher de nouveaux marchés et transformer ce Championnat du Monde en sport global destiné à devenir le théâtre des plus grands échanges commerciaux.

    Dans les années 1990, les pilotes passent de plus en plus de temps à jouer les VRP pour les partenaires qui injectent des sommes folles dans une compétition automobile transformée en plateforme commerciale. Le sport devient petit à petit en prétexte. La télévision est partout pour relayer les exploits de ces nouveaux gladiateurs aux monoplaces bourrées d’électronique, autant que les interviews durant lesquelles sont cités des sponsors.

    Des dizaines de millions de téléspectateurs s’ajoutent chaque dimanche à la centaine de milliers massée derrière des grilles. Ecclestone a transformé une série de Grands Prix en un vrai championnat suivi épisode par épisode. En Europe, en Amérique du Sud et, de plus en plus, en Asie, on se cale devant la télévision pour suivre chaque acte.

    Course technologique pour les équipes et les constructeurs, la F1 s’embourbe de plus en plus dans des querelles politiques. En cause : l’interdiction de certaines aides au pilotage qui ne seraient pas respectées par toutes les équipes.

    De la politique aux drames

    La FIA s’occupe davantage de ces suspicions que du reste. Et lorsque le paddock s’installe à Imola, en l’absence d’Eddie Irvine suspendu pour trois courses pour avoir causé un accident au Brésil, personne n’imagine que le ciel va tomber sur la tête de la F1.

    Le désastre commence dès le vendredi. Rubens Barrichello écrase sa Jordan dans les grillages au-dessus des protections de la Variante Bassa. La monoplace rebondit et termine à l’envers. Le Brésilien perd connaissance et avale sa langue. La rapide intervention des équipes médicales le sauve, mais Barrichello doit rester au repos pour le reste du week-end avec un nez cassé et un bras dans le plâtre. Pendant ce temps-là, Ayrton Senna signe le temps de référence avec sa Williams.

    Le lendemain, Roland Ratzenberger, Autrichien inconnu du grand public, perd le contrôle de sa Simtek dans la courbe Villeneuve. Sa voiture, vraisemblablement endommagée au tour précédent lorsque son pilote a escaladé un vibreur, percute le mur de pleine face. La cellule de survie est percée. D’importants moyens sont déployés. Il subit un massage cardiaque sur la piste avant d’être héliporté à Bologne. La séance est interrompue, puis annulée lorsque la mort de Roland Ratzenberger est prononcée.

    Le paddock est sous le choc, mais « The show must go on ». En déclarant la mort du pilote à l’hôpital plutôt qu’en piste, le circuit Enzo e Dino Ferrari reste utilisable. Dans ses mémoires, le Docteur Sid Watkins, qui dirige les équipes médicales du Championnat du Monde de F1, raconte qu’il tente de convaincre Ayrton Senna de mettre un terme à sa carrière dans l’instant. En pleurs, le Brésilien lui aurait répondu qu’il n’avait « pas le contrôle sur certaines choses » et qu’il devait continuer.

    La grille de départ est composée selon les temps précédemment enregistrés. Ayrton Senna signe sa 65e pole position devant Michael Schumacher, Gerhard Berger et Damon Hill.

    Au départ, JJ Lehto cale. La Benetton Ford, placée sur la troisième ligne, est évitée par la quasi-totalité du peloton. Mais, déjà lancé, Pedro Lamy ne voit pas la monoplace du Finlandais et heurte l’arrière gauche. Sa Lotus décolle et des débris volent jusqu’au public. Quatre spectateurs sont blessés et la voiture de sécurité neutralise la course le temps de nettoyer la ligne droite des stands.

    De nouveau sous drapeau vert, Ayrton Senna mène la course. Au départ du sixième tour, sa monoplace tire tout droit dans Tamburello. La Williams Renault heurte violemment le mur. Derrière, tout le peloton tente d’éviter les multiples débris. Erik Comas s’arrête en espérant pouvoir aider celui qui lui avait sauvé la vie lors du Grand Prix de Belgique 1992.

    Les docteurs tentent de sauver Ayrton Senna. Après de longues minutes à quelques mètres de la trajectoire, le pilote est héliporté vers Bologne. À ce moment-là, le paddock est pessimiste, l’ambiance est lourde, mais aucune information ne filtre. La direction de course fait redémarrer la course. Lors d’un arrêt au stand, Michele Alboreto perd une roue qui blesse un mécanicien de la Scuderia Ferrari et un autre débris heurte un membre de l’équipe Lotus. À l’arrivée, Michael Schumacher gagne devant Nicola Larini et Mika Hakkinen. Le Grand Prix devait arriver à son terme pour respecter tous les contrats.

    La mort d’Ayrton Senna est prononcée à 18h03. L’information arrive sur le circuit moins de quinze minutes plus tard. Du statut d’idole, Ayrton Senna passe au mythe. Mais est-ce que les choses ont changé ? A-t-on tout fait pour éviter l’accident de Jules Bianchi ?

    Illustration : Mario Palpati

  • Lotus 97T à Estoril : Bruno Senna célèbre les 40 ans de la première victoire d’Ayrton en F1

    Lotus 97T à Estoril : Bruno Senna célèbre les 40 ans de la première victoire d’Ayrton en F1

    Le 21 avril 1985, sous une pluie diluvienne qui noya les repères et révéla les légendes, un jeune Brésilien du nom d’Ayrton Senna remportait son tout premier Grand Prix de Formule 1 au volant d’une Lotus 97T noire et or. Quarante ans plus tard, cette même voiture s’apprête à faire son retour sur le circuit d’Estoril, guidée par les mains de son neveu, Bruno Senna. Une boucle bouclée, hommage vibrant à une époque d’audace technique et de pilotage pur.

    Une célébration au cœur de l’histoire

    Ce retour sur la piste portugaise s’inscrit dans une double commémoration : le 40e anniversaire de cette victoire fondatrice, mais aussi les 75 ans du championnat du monde de Formule 1. Lotus, marque indissociable de l’évolution technologique de la discipline, saisit l’occasion pour rappeler son influence décisive sur la scène mondiale, et le rôle central qu’y joua Ayrton Senna, ne serait-ce que le temps de trois saisons.

    À Estoril, le 21 avril 1985, le jeune Brésilien livra ce que beaucoup considèrent comme le plus grand chef-d’œuvre de sa carrière. Parti en pole position, il mena la course de bout en bout sous une pluie torrentielle, infligeant un tour de retard à tous ses concurrents, à l’exception de Michele Alboreto. C’est pourtant sa propre appréciation de cette performance qui en dit le plus long. Interrogé plus tard sur sa légendaire démonstration de Donington 1993, souvent qualifiée de « tour parfait », Senna balaya l’idée :

    « Non, pas du tout. À Donington, j’avais le contrôle de traction. C’était une belle victoire, mais comparée à Estoril 85, ce n’était rien. »

    Lotus 97T : pionnière et charismatique

    Développée sous la direction de Gérard Ducarouge, la Lotus 97T marquait un tournant technique. Son V6 turbo Renault délivrait près de 850 ch en qualification, mais c’est surtout son aérodynamique qui la plaça en avance sur son temps. Elle fut notamment l’une des premières F1 à intégrer des déflecteurs verticaux derrière les roues avant — les prémices des bargeboards qui deviendront, des décennies plus tard, un élément incontournable des monoplaces contemporaines.

    Avec son design agressif, son équilibre délicat et sa livrée noire et or sponsorisée par John Player Special, la 97T demeure un objet de culte. Elle incarne une époque où la performance brute rencontrait encore l’élégance visuelle, et où le rôle du pilote restait prépondérant dans la maîtrise des machines.

    Bruno Senna à la manœuvre : l’émotion en héritage

    Le 21 avril 2025, c’est donc Bruno Senna qui prendra place dans le baquet de la 97T. Pour l’ancien pilote de F1, ce moment dépasse le cadre du simple hommage :

    « Ce sera une sensation incroyable de piloter cette voiture iconique, qui marque le début d’une série de victoires et d’exploits de mon oncle. Cet événement va rassembler des fans du monde entier et montre combien Ayrton reste une figure forte du sport automobile, mais aussi une source d’inspiration pour de nombreuses initiatives éducatives ou sociétales. »

    Clive Chapman, directeur de Classic Team Lotus et fils du fondateur Colin Chapman, ne cache pas son émotion :

    « L’arrivée d’Ayrton chez Team Lotus fut un moment clé. Son talent, sa compréhension technique et sa volonté farouche ont tiré toute l’équipe vers le haut. Cet anniversaire est l’occasion de revivre cette magie. »

    Goodwood en avant-première

    Avant de retrouver le bitume portugais, la Lotus 97T s’offrira un premier tour d’honneur lors du 82e Goodwood Members’ Meeting, les 12 et 13 avril. Une répétition prestigieuse pour cette voiture mythique, dont les apparitions en piste se font désormais rares. Le Duc de Richmond, maître des lieux, s’en réjouit :

    « Goodwood célèbre les grandes figures du sport automobile, et c’est un honneur d’accueillir la 97T avant son retour à Estoril. La voir à nouveau en piste sera un hommage émouvant à l’héritage d’Ayrton Senna. »

    Une icône transgénérationnelle

    L’événement d’Estoril ne se veut pas seulement une commémoration. Il incarne aussi une transmission : celle d’un esprit de compétition, d’innovation et d’humanité. Lotus promet de partager cette aventure sur ses réseaux sociaux, avec des images captées pour la télévision, notamment par Sky Sports F1.

    En ramenant la Lotus 97T sur les lieux de son triomphe le plus fondateur, Bruno Senna ne cherche pas à imiter — il fait vivre une mémoire. Celle d’un pilote hors norme, d’un constructeur visionnaire, et d’un moment d’exception figé à jamais dans l’histoire de la F1.

  • Quand Lewis Hamilton ridiculisait les pilotes de NASCAR…

    Quand Lewis Hamilton ridiculisait les pilotes de NASCAR…

    En juin 2011, sur le circuit de Watkins Glen, un certain Lewis Hamilton, alors double champion du monde de Formule 1, a pris le volant d’une Chevrolet Impala de NASCAR Cup Series. Face à lui : Tony Stewart, triple champion de la discipline américaine. L’exercice ? Un échange de volants orchestré par les sponsors communs des deux pilotes, Vodafone et Mobil 1. Mais ce qui ne devait être qu’un coup marketing s’est transformé en démonstration.

    À l’époque, Lewis Hamilton roule pour McLaren-Mercedes. Il est déjà considéré comme l’un des talents les plus électrisants de la F1 moderne, fort d’un titre mondial décroché en 2008. Tony Stewart, lui, est l’un des visages de la NASCAR : double champion (1999, 2005) et futur triple (son troisième sacre viendra en fin de saison 2011), il est reconnu pour sa pugnacité et son style sans fioritures.

    Les deux hommes se retrouvent à Watkins Glen, un tracé routier mythique utilisé à la fois par la NASCAR et jadis par la Formule 1. Le concept : Stewart découvre la McLaren MP4-23 de F1, tandis que Hamilton s’essaie à la Chevrolet Impala n°14, la voiture habituelle de Stewart. Le tout devant les caméras, sous l’œil des sponsors, et avec le soutien logistique de McLaren et Stewart-Haas Racing.

    Ce seat swap n’est pas une première dans l’histoire : Valentino Rossi et Schumacher avaient tenté l’exercice, tout comme Montoya et Gordon. Mais cette fois, les observateurs vont être surpris par la vitesse d’adaptation du Britannique.

    Lors de cet essai, Lewis Hamilton aurait signé des temps au tour plus rapides que ceux de Stewart dès sa première vraie tentative. Bien sûr, Stewart avait roulé le matin pour régler la voiture et s’acclimater, mais le chrono brut reste impressionnant : sans jamais avoir conduit de stock-car auparavant, Hamilton se montre immédiatement à l’aise.

    La presse américaine s’étonne alors : comment un pilote de Formule 1 peut-il dompter si rapidement une voiture aussi lourde, rustique et exigeante que celle d’un NASCAR Cup ? La réponse est simple : le talent pur, l’adaptabilité, et une capacité à sentir la limite, quel que soit le contexte technique.

    Tony Stewart, bon joueur, confiera plus tard à ESPN : « Ce gars a un talent incroyable. Il a su extraire le maximum de cette voiture en un temps record. C’est l’un des meilleurs que j’ai jamais vus. »

    Hamilton, de son côté, confiera qu’il a adoré l’expérience, même s’il reconnaissait les énormes différences entre les deux disciplines. Les freins, la position de conduite, le poids, la boîte de vitesses manuelle… tout est à l’opposé de ce qu’il connaît. Et pourtant, cela ne l’empêche pas de dominer le chronomètre.

    Une démonstration au-delà du marketing

    Ce qui devait être un simple échange promotionnel est devenu un moment culte dans la mémoire des fans. Une preuve supplémentaire que les très grands pilotes peuvent briller dans n’importe quelle machine. Comme Jim Clark, Mario Andretti ou d’autres avant lui avant lui, Hamilton rejoint ce cercle fermé de ceux qui traversent les disciplines avec succès.

    Et cette journée à Watkins Glen a peut-être été le premier vrai point de contact entre Lewis Hamilton et la culture américaine du sport automobile. Dix ans plus tard, en 2021, le Britannique deviendra copropriétaire de l’écurie Denver Broncos en NFL. Une trajectoire qui montre que le seat swap de 2011 n’était pas juste un coup de com’.

  • Lewis Hamilton : du noir au rouge, un nouveau chapitre de sa légende

    Lewis Hamilton : du noir au rouge, un nouveau chapitre de sa légende

    Un souffle d’appréhension flotte dans l’air. « Zut, » marmonne Hamilton, l’écho de sa voix se perdant dans l’immensité du studio. L’icône de la Formule 1, d’ordinaire si maître de ses émotions, laisse transparaître une nervosité palpable. Pourtant, quelques instants plus tard, il se tient face à Aroma, un étalon noir à la robe lustrée mis face à lui pour un shooting photo réalisé pour Time. La crainte initiale, alimentée par des allergies capricieuses, cède la place à une fascination évidente. Ses mains explorent le pelage épais de l’animal, tandis qu’une pluie de questions s’abat sur le maître-chevaux. Origines, habitudes, poids… Hamilton est un puits de curiosité.

    Cet instant, capturé pour immortaliser son passage de Mercedes à la légendaire Scuderia Ferrari, le voit défier ses allergies pour une image forte : lui, devant un cheval cabré, symbole de la marque italienne. Aroma, star équine au CV long comme le bras, complète le tableau. « Cette photo sera un symbole, » affirme Hamilton, les yeux brillants. « Un classique intemporel. »

    L’avenir seul dira si cette prédiction se réalisera. À 40 ans, Hamilton ne se contente pas de viser un huitième titre record. Il rêve de graver son nom dans l’histoire de Ferrari, écurie en quête de gloire depuis trop longtemps. Son transfert, véritable séisme dans le monde du sport automobile, a surpris jusqu’aux plus initiés. Après une décennie chez Mercedes, où il a façonné une équipe à son image, l’idée de le voir en rouge semblait relever de l’utopie.

    « Il faut savoir se renouveler, » confie Hamilton. « Je ressentais le besoin de me confronter à l’inconfort. Honnêtement, je pensais avoir épuisé toutes les ‘premières fois’. Mais l’excitation de revêtir cette combinaison rouge, de piloter cette Ferrari… C’est une sensation inédite. »

    La saison 2024, vécue dans l’entre-deux, fut un exercice d’équilibriste. Respectueux de son contrat avec Mercedes, Hamilton a gardé le silence sur son avenir. Pendant ce temps, Carlos Sainz, celui qu’il remplacera, a mené Ferrari à une honorable deuxième place. Les défis qui attendent Hamilton sont immenses. Certains doutent de la pertinence de recruter un pilote vieillissant, d’autres y voient une opération marketing. La jeune garde de la F1, menée par Verstappen, Norris et Leclerc, n’entend pas céder sa place.

    « L’âge est un concept mental, » rétorque Hamilton. « Le corps change, certes. Mais je ne serai jamais un vieillard. »

    La saison 2025 s’annonce électrique. Hamilton, au centre de toutes les attentions, incarne l’espoir de toute une nation. Ferrari, c’est une religion en Italie. Chaque victoire est une fête nationale. L’objectif est clair : briser la disette de l’équipe et dépasser le record de Schumacher. En parallèle, Hamilton co-produit un film sur la F1 avec Brad Pitt. Un succès en piste et sur grand écran pourrait redéfinir la popularité de ce sport, notamment aux États-Unis.

    Un titre de champion du monde en rouge, tel serait le point d’orgue d’une carrière exceptionnelle. « Les mots me manquent pour décrire un tel accomplissement, » s’enthousiasme Mario Andretti. « Il serait le roi des rois. »

    Quelques jours avant la séance photo, Hamilton s’exerce au golf. Ce sport, qu’il pratique peu, lui a permis de tisser des liens avec des personnalités comme Tom Holland, Samuel L. Jackson ou Kelly Slater. Il aurait dû jouer avec Michael Jordan, mais le rendez-vous a tourné court. Son emploi du temps est digne d’un chef d’État : cinéma, mode, investissements… Difficile de savoir où s’arrêtera cet homme aux multiples talents.

    Pourtant, la course reste son obsession. Ses premiers souvenirs de Ferrari remontent à l’enfance, aux jeux vidéo et au film « La Folle Journée de Ferris Bueller ». « La 250 GT California Spyder, c’est la voiture de retraite idéale, » imagine-t-il. « Roscoe à mes côtés, sur la Pacific Coast Highway… »

    Son parcours est atypique. Repéré par McLaren à 13 ans, il gravit les échelons jusqu’à la F1. En 2013, il rejoint Mercedes, une équipe en mal de résultats. Sous son impulsion, elle devient la référence. Ses liens avec Ferrari ne se sont jamais rompus. Des « ciao » échangés dans les paddocks aux discussions avec John Elkann, l’idée d’un mariage a toujours plané.

    Après la saison 2021, marquée par une fin de course controversée à Abu Dhabi, Hamilton a failli tout abandonner. Mais l’appel de la compétition a été plus fort. En 2023, il prolonge son contrat avec Mercedes, mais une clause lui permet de partir après un an. Frédéric Vasseur, son ancien mentor en formules de promotion, devenu directeur de Ferrari, flaire l’opportunité. Un appel en décembre 2023 scelle l’affaire.

    « J’étais sous le choc, » se souvient Hamilton. « J’avais à peine signé avec Mercedes. » La décision est mûrement réfléchie, fruit de longues heures de méditation et de discussions avec ses proches. « C’est le plus grand rêve, » conclut-il.

    L’annonce de son départ a provoqué des réactions mitigées. Chez Mercedes, l’émotion était palpable. La sortie paintball annuelle avec les mécaniciens a pris des allures de règlement de comptes. « Ils m’ont mitraillé, » raconte Hamilton. « C’était douloureux. » Toto Wolff, le patron de l’équipe, a évoqué la « durée de vie » des pilotes, des propos qui ont fait couler beaucoup d’encre.

    Hamilton, lui, balaie les critiques. « Ne me comparez à personne, » assène-t-il. « Je suis le premier pilote noir de l’histoire de la F1. Je suis différent. Je n’ai pas de femme, pas d’enfants. Seule la victoire compte. » Il réfute les accusations de « coup marketing », soulignant la soif de succès de Ferrari.

    La pression est immense. Ferrari, c’est 16 titres constructeurs et 15 titres pilotes, mais la dernière couronne remonte à 2007. Les « tifosi », ces fans passionnés, attendent leur messie. Hamilton a pris la mesure de l’engouement lors de sa première visite à Maranello. « Les ‘ciao’ et les ‘grazie’ fusaient de partout, » s’amuse-t-il.

    Son intégration se poursuit. L’italien progresse, mais la langue reste un défi. Les premiers essais en piste sont prometteurs. « Les vibrations sont différentes, » confie-t-il.

    Conscient des défis, notamment en matière de diversité, Hamilton entend faire bouger les lignes. Il a lancé la Commission Hamilton pour favoriser l’inclusion dans le sport automobile britannique. Ferrari, signataire d’une charte sur la diversité, affiche sa volonté de changement. « La performance reste notre priorité, » tempère Vasseur. « Mais nous voulons construire la meilleure équipe, dans tous les sens du terme. »

    Le défi est immense. Hamilton, qui continue de mener de front sa carrière de pilote et ses projets extra-sportifs, aborde cette nouvelle aventure avec l’enthousiasme d’un débutant. Le film sur la F1, qu’il co-produit, pourrait être un tournant pour la discipline. Mais son objectif principal reste la piste. « La retraite ? Ce n’est pas pour demain, » affirme-t-il. « Je pourrais courir jusqu’à 50 ans. »

    Il croit en son duo avec Leclerc, voit Verstappen comme un rival à sa portée, et savoure chaque instant de cette nouvelle vie en rouge. « Je sais où je vais, » conclut-il. « Et je sais comment y arriver. »

  • Cosworth et la Formule 1 : l’incroyable histoire oubliée de la 4 roues motrices

    Cosworth et la Formule 1 : l’incroyable histoire oubliée de la 4 roues motrices

    Cosworth est devenu célèbre dans le monde entier à la fin des années 1960 grâce à son moteur V8 DFV, financé par Ford, qui a totalement dominé la Formule 1. Cette domination s’est poursuivie tout au long des années 1970, avec une dernière victoire en Grand Prix en 1983. L’histoire de Cosworth fait partie de ces récits où une petite structure parvient à battre les grands constructeurs, un véritable exploit de l’industrie britannique.

    Ce que peu savent, c’est qu’à la même époque, Cosworth ne se contentait pas de concevoir des moteurs : l’entreprise a également développé sa propre monoplace de Formule 1, et celle-ci était très loin des standards de l’époque. Ce prototype sans nom était l’œuvre des fondateurs de Cosworth, Mike Costin et Keith Duckworth, rejoints par Robin Herd, ancien ingénieur sur Concorde et concepteur de la première monoplace victorieuse de McLaren en F1.

    Le développement de la transmission intégrant les quatre roues motrices impliquait également d’autres acteurs majeurs de la Formule 1 : BRM, Lotus, Matra, McLaren et Ferrari. La plupart ont intégré le système Ferguson, éprouvé sur d’autres véhicules, mais Cosworth a choisi une approche indépendante. L’idée d’une transmission intégrale en F1 remontait aux années 1960, avec notamment Stirling Moss remportant une course hors championnat en 1961 au volant d’une monoplace conçue par le fabricant de tracteurs britannique Ferguson. En 1966, Ferguson avait aussi contribué à la création de l’une des premières voitures de route à quatre roues motrices, la Jensen FF.

    Lorsque les moteurs de Formule 1 ont commencé à dépasser les 400 ch, les équipes ont dû faire face à des problèmes de motricité. Lotus semblait avoir validé le concept en 1969, en frôlant la victoire aux 500 Miles d’Indianapolis avec une monoplace à turbine et transmission intégrale. Jackie Stewart, au volant de la Matra MS80 à transmission intégrale, expliquait : « Il n’y a pas de survirage ni de sous-virage excessif. On peut mieux équilibrer la voiture et donc ressortir plus vite des virages, ce qui permet de gagner en vitesse sur les lignes droites. »

    Pourtant, l’expérience ne fut pas concluante. Lotus engagea la 4WD 63 à Zandvoort, mais son pilote vedette Jochen Rindt refusa de la conduire, la jugeant trop difficile à piloter. Matra aligna également la MS80, qualifiée plus tard d’« inconduisible » par un pilote. Bruce McLaren, après avoir testé sa propre 4WD M9A à Silverstone, la comparait à « signer son nom en écrivant avec quelqu’un qui pousse votre main ».

    Sans surprise, la monoplace à transmission intégrale de Cosworth ne prit jamais le départ d’un Grand Prix. « La transmission intégrale en F1 a été une immense déception », concluait-on en août 1969. Seule une tentative en 1971 avec une Lotus à turbine fut réalisée, et depuis, plus aucune équipe n’a retenté l’expérience.

    Lors de la présentation de la Cosworth 4WD en juillet 1969, les observateurs furent impressionnés par son architecture audacieuse. « C’est quelque chose d’entierèrement nouveau en termes d’aérodynamique, de structure et de transmission », rapportaient les journalistes de l’époque.

    Techniquement, la transmission intégrale de Cosworth adoptait une configuration unique. La transmission arrière passait sous la rangée de cylindres droite du moteur avant d’être déviée vers l’arrière via des engrenages coniques. L’arbre de transmission avant était aligné directement avec le différentiel avant. L’absence de différentiels autobloquants à l’avant et à l’arrière, ainsi qu’au centre, posait un sérieux problème de motricité.

    Le rapport de répartition du couple était estimé à 40 % à l’avant et 60 % à l’arrière, avec la possibilité d’ajuster cette répartition en jouant sur le diamètre des roues.

    Au final, malgré ses promesses technologiques, la transmission intégrale en Formule 1 fut un échec. Cette histoire, bien que peu connue, rappelle que Cosworth ne s’est pas contenté de concevoir des moteurs mythiques. L’entreprise britannique a aussi tenté d’innover dans le domaine du châssis et de la transmission, mais sans succès. Une tentative ambitieuse, qui reste un chapitre fascinant de l’histoire du sport automobile.

  • F1 2025 : une génération de rookies prête à bouleverser la grille

    F1 2025 : une génération de rookies prête à bouleverser la grille

    La saison 2025 de Formule 1 s’annonce comme un tournant pour une nouvelle génération de pilotes. Après une saison 2024 de Formule 2 extrêmement relevée, pas moins de cinq rookies rejoignent la catégorie reine, une vague de fraîcheur qui marque un véritable changement de génération.

    Un tremplin vers la F1

    Le niveau de la grille de F2 en 2024 a été particulièrement impressionnant, à tel point que plusieurs équipes de F1 n’ont pas hésité à faire confiance aux jeunes talents issus de la discipline. Isack Hadjar, Ollie Bearman, Jack Doohan, Andrea Kimi Antonelli et Gabriel Bortoleto sont les cinq nouveaux venus qui feront leurs débuts en 2025. À cela s’ajoute Liam Lawson, qui entame sa première saison complète chez Red Bull après une année passée en tant que pilote de réserve.

    Ce phénomène illustre non seulement la qualité de la F2, mais aussi la volonté des équipes de miser sur des talents prometteurs capables de s’adapter rapidement à l’élite du sport automobile.

    Bortoleto vs Hadjar : le duel de la F2 exporté en F1

    Le duel entre Gabriel Bortoleto et Isack Hadjar en Formule 2 a marqué la saison 2024. Si Bortoleto a décroché le titre, son rival français a démontré un rythme impressionnant. Adrián Campos, patron de l’écurie Campos Racing qui a terminé vice-championne en F2, ne tarit pas d’éloges sur Hadjar :

    « Il est très complet et sa gestion de la pression m’a surpris. Il avait le rythme pour être champion, mais nous avons commis plus d’erreurs et eu un peu moins de chance. »

    Bortoleto, quant à lui, a impressionné par sa régularité et sa capacité à engranger des points même lorsqu’il n’avait pas la voiture la plus rapide. Mattia Binotto, aujourd’hui directeur des opérations de Sauber, voit en lui un pari sûr pour Audi :

    « Nous nous demandions s’il fallait l’intégrer dès 2025 ou attendre 2026, mais les performances des jeunes en F1 nous ont convaincus. Il a un talent naturel et un grand potentiel. »

    Ollie Bearman, la confirmation après des débuts en fanfare

    Si certains rookies doivent encore faire leurs preuves, Ollie Bearman a déjà montré l’étendue de son talent en F1. Le jeune Britannique a eu l’opportunité de disputer plusieurs Grands Prix en 2024 avec Ferrari et Haas, impressionnant dès ses débuts à Djeddah et à Bakou. Son approche méthodique et sa compréhension technique lui permettent d’aborder 2025 avec une base solide.

    Andrea Kimi Antonelli : l’héritier désigné de Mercedes

    À seulement 18 ans, Andrea Kimi Antonelli s’apprête à relever l’un des défis les plus exigeants du paddock : succéder à Lewis Hamilton chez Mercedes. Toto Wolff a misé sur lui dès l’annonce du départ du septuple champion du monde vers Ferrari, voyant en lui une future star de la discipline.

    Antonelli est reconnu pour son instinct et son agressivité en piste, mais il sait qu’il doit encore progresser dans la gestion des courses :

    « Je roule beaucoup à l’instinct, mais il faut aussi savoir analyser la situation. C’est un point sur lequel je travaille pour être encore plus complet. »

    Jack Doohan : le rookie sous pression chez Alpine

    Contrairement à ses camarades, Jack Doohan n’aura pas le luxe d’une saison d’apprentissage en douceur. Après une année 2024 à se préparer en tant que pilote de réserve chez Alpine, il doit immédiatement performer face à une concurrence féroce. Avec Franco Colapinto en embuscade dans l’écurie, l’Australien sait qu’il devra se montrer à la hauteur dès les premières courses.

    « Il y a beaucoup de battage autour de certains rookies, mais je suis content d’arriver sans trop d’attentes. Je vais simplement faire mon travail et prouver ma valeur sur la piste. »

    Une nouvelle ère pour la Formule 1 ?

    Avec un quart de la grille composé de rookies, la saison 2025 marque un tournant pour la F1. Ces jeunes talents ont prouvé leur valeur en F2, mais la catégorie reine du sport automobile est impitoyable. S’ils disposent tous d’un immense potentiel, la manière dont ils géreront la pression et l’exigence du plus haut niveau déterminera leur avenir.

    Reste à voir qui parviendra à s’imposer comme un futur champion… et qui disparaîtra aussi vite qu’il est arrivé.

  • Formule 1 : sept grandes questions avant la saison 2025

    Formule 1 : sept grandes questions avant la saison 2025

    La saison 2025 de Formule 1 promet d’être riche en rebondissements avec des changements de pilotes, l’arrivée de nouvelles figures, des règlements en évolution, un film hollywoodien et une écurie américaine en gestation. AUTOcult.fr fait le point sur les grandes interrogations de cette nouvelle année de compétition.

    1. Quelqu’un peut-il empêcher Verstappen de décrocher un cinquième titre ?

    Max Verstappen a dominé la saison 2024 malgré un plateau plus compétitif que jamais. Le Néerlandais vise un cinquième sacre consécutif, ce qui le placerait aux côtés de Michael Schumacher dans l’histoire de la discipline.

    Lando Norris et McLaren, titrés au championnat constructeurs, ont montré des progrès mais restent trop irréguliers. Charles Leclerc a signé sa meilleure saison en 2024, tandis que George Russell a fini l’année en confrontation verbale avec Verstappen, malgré une saison compliquée chez Mercedes.

    Si la saison 2025 démarre sur les bases de la fin 2024, la lutte pour le titre pourrait être bien plus serrée.

    2. Comment Hamilton s’adaptera-t-il chez Ferrari ?

    Le transfert de Lewis Hamilton chez Ferrari est sans doute l’un des plus marquants de l’histoire de la F1. Avec ses sept titres, Hamilton rejoint la Scuderia qui n’a plus remporté le championnat pilotes depuis 2007.

    À 40 ans, le Britannique se retrouve face à un défi immense : redonner à Ferrari la gloire d’antan. S’il a remporté deux courses en 2024, sa saison a été marquée par des difficultés en qualifications et une séparation mouvementée avec Mercedes. Saura-t-il s’adapter rapidement à son nouvel environnement ?

    3. Quelle performance pour les rookies ?

    La grille de 2025 accueille plusieurs nouveaux visages, notamment Gabriel Bortoleto, Isack Hadjar, Ollie Bearman, Jack Doohan et Andrea Kimi Antonelli, ce dernier étant propulsé chez Mercedes dès sa première année en F1.

    À seulement 18 ans, Antonelli a bénéficié d’un programme d’essais intensifs, mais sa première saison pourrait être semée d’embûches. De son côté, Liam Lawson, malgré quelques apparitions en 2024, va disputer sa première saison complète chez Red Bull. Résistera-t-il à la pression aux côtés de Verstappen ?

    4. Quel accueil pour le film sur la F1 ?

    Après le succès de « Drive to Survive », la F1 franchit un nouveau cap avec un long-métrage mettant en scène un pilote fictif dans une écurie intégrée au paddock réel. Produit par l’équipe de « Top Gun: Maverick », ce film sortira en juin 2025.

    Si le scénario semble classique, la qualité des images et l’immersion devraient séduire les spectateurs. Reste à voir si ce film renforcera encore l’engouement pour la F1 ou s’il divisera les puristes.

    5. Comment les équipes géreront-elles la transition vers 2026 ?

    Avec l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement en 2026, les écuries doivent jongler entre leur saison 2025 et le développement de leur prochaine monoplace. La réduction de l’effet de sol et l’introduction de l’aérodynamique active constituent des défis majeurs.

    Les équipes comme Williams ou Sauber (futur Audi) peuvent espérer rebattre les cartes, mais elles doivent équilibrer leur investissement entre la saison en cours et l’avenir.

    6. Quelle évolution sur le front politique FIA/F1 ?

    Le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, termine son premier mandat et devrait être réélu sans opposition. Cependant, sa gestion, marquée par plusieurs polémiques (sanctions, relations avec les pilotes, gestion du règlement), a suscité des tensions.

    En 2025, la FIA a introduit de nouvelles règles, notamment des sanctions plus sévères pour des infractions comme les propos déplacés en public. Ces mesures seront-elles bien acceptées par les pilotes et les équipes ?

    7. Cadillac va-t-elle réussir son entrée en F1 ?

    Cadillac, soutenue par General Motors, poursuit son projet d’entrée en F1 pour 2026. L’écurie, issue d’Andretti Global et basée à Silverstone, doit encore franchir plusieurs étapes : recrutement de pilotes, développement du châssis et intégration de son unité de puissance.

    L’arrivée d’un constructeur américain en F1 marque une étape importante dans la mondialisation du championnat. Reste à savoir si Cadillac sera compétitive face aux géants déjà en place.

  • Senna sur Netflix : un portrait romancé

    Senna sur Netflix : un portrait romancé

    Ayrton Senna, le triple champion du monde de Formule 1, a-t-il besoin d’être encore plus mythifié ? C’est la question que pose la nouvelle série biographique de Netflix qui lui est consacrée.

    Intitulée sobrement « Senna », cette série réalisée par Julia Rezende et produite par le studio brésilien Gullane avec la participation de la famille du pilote, retrace son parcours depuis ses débuts en karting jusqu’à son tragique décès en 1994.

    Si la série est immersive et riche en détails, couvrant notamment ses années de formation en Formule Ford et F3, elle prend le parti de la fictionnalisation. On y retrouve de nombreuses personnalités marquantes du paddock, de Ron Dennis à Frank Williams, en passant par Gordon Murray et Neil Oatley, croqués avec plus ou moins de justesse. Les reconstitutions des courses, de la Toleman TG183B de ses débuts à la Williams FW16, sont également réussies sur le plan cinématographique et offrent une certaine immersion dans le monde de la F1.

    Cependant, le scénario prend certaines libertés avec la réalité historique. La réalisatrice, Julia Rezende, promettait de nous faire découvrir « l’homme derrière le mythe ». Mais on peut en douter. La série semble plutôt mettre en avant l’image que la famille souhaite véhiculer, gommant les aspects plus controversés de la personnalité de Senna.

    Personnage complexe et parfois insaisissable, Ayrton Senna est ici présenté de manière lisse et aseptisée. Dans ses dialogues avec son rival de karting Terry Fullerton (lui-même un personnage fictif), on glorifie son audace au volant, quitte à frôler la dangerosité et à forcer ses adversaires à céder le passage quitte à risquer le crash.

    Cette prise de risque excessive était d’ailleurs une source de tensions avec Alain Prost, qui déclarait un jour : « Ayrton a un petit problème : il pense qu’il ne peut pas se tuer, car il croit en Dieu. » Ce genre d’ambiguïté est totalement absent de la série.

    De même, la fin de la série, qui culmine avec le tragique accident d’Imola en 1994, appuie lourdement sur la rumeur d’un contrôle de traction illégal sur la Benetton de Schumacher. Si cela peut s’expliquer par la volonté de dramatiser le récit, on ne peut s’empêcher d’y voir une tentative de la famille d’utiliser la série comme tribune pour défendre sa version des faits.

    Si les scènes du terrible accident d’Imola sont bouleversantes, l’émotion suscitée par la série reste superficielle, tant le portrait d’Ayrton Senna proposé est lisse et enjolivé. On est loin de la complexité du personnage et on peut regretter cette vision « Disney-ifiée » qui laissera un goût de trop peu aux puristes.

  • Bernie Ecclestone vend sa collection de monoplaces de F1 : un pan d’histoire à saisir

    Bernie Ecclestone vend sa collection de monoplaces de F1 : un pan d’histoire à saisir

    Bernie Ecclestone, figure emblématique de la Formule 1, se sépare de sa collection de monoplaces accumulée pendant plus de 50 ans. Pas moins de 69 monoplaces de Grand Prix et de F1 issues de son écurie privée sont proposées à la vente.

    Parmi les joyaux de cette collection, on retrouve des Ferrari pilotées par des légendes telles que Mike Hawthorn, Niki Lauda et Michael Schumacher. La marque Brabham, qui a propulsé Ecclestone au sommet du sport automobile, est également bien représentée. Plusieurs de ces Brabham n’ont jamais été vendues auparavant, et la pièce maîtresse sera sans aucun doute la monoplace unique « fan car » Brabham-Alfa Romeo BT46B conçue par Gordon Murray. Victorieuse à son unique participation au Grand Prix de Suède à Anderstorp en 1978, elle s’était imposée avec plus de 30 secondes d’avance.

    La collection s’étend bien au-delà de la Formule 1. On y trouve notamment des Maserati 250F, des ex-Chiron 4/CLT, une paire de 6CM, une réplique de Lancia-Ferrari D50, une Bugatti Type 54 « Tiger Two » de 1931, l’une des trois survivantes, ainsi que deux Talbot-Lago T26C, une Delahaye importante et une Connaught.

    À 94 ans, Bernie Ecclestone explique sa décision : « Cela fait plus de 50 ans que je collectionne ces voitures, et je n’ai jamais acheté que les meilleurs exemplaires. Alors que de nombreux collectionneurs se sont tournés vers les voitures de sport, ma passion a toujours été les monoplaces de Grand Prix et de Formule 1. Une monoplace de Grand Prix, et en particulier de Formule 1, est bien plus importante que n’importe quelle voiture de route ou autre type de voiture de course. Ce sont les fleurons du sport automobile, et toutes les voitures que j’ai achetées au fil des années ont un fantastique historique de course et sont de rares œuvres d’art. »

    « J’aime toutes mes voitures, mais le moment est venu pour moi de commencer à réfléchir à ce qu’il en adviendra si je ne suis plus là. C’est pourquoi j’ai décidé de les vendre… Je voudrais savoir où elles se trouvent et ne pas laisser ma femme s’en occuper. »

    « Après avoir rassemblé ce qui constitue la crème des monoplaces de Formule 1 originales, remontant aux débuts du sport, j’ai décidé de les confier à de nouveaux propriétaires qui les traiteront comme je l’ai fait et en prendront soin comme de précieuses œuvres d’art. »

    Pour mener à bien cette vente exceptionnelle, Ecclestone a fait appel à Tom Hartley Jr, spécialiste de renommée mondiale qui table sur un chiffre d’affaires de plus de 350 millions de dollars cette année, hors collection Ecclestone.

    « C’est tout simplement la collection de voitures de course la plus importante au monde », déclare Tom Hartley Jr. « Il n’y a jamais eu et il n’y aura probablement jamais une collection de ce genre proposée à la vente. Je me sens très privilégié que Bernie ait confié la vente de ses voitures à mon entreprise. Les monoplaces de Formule 1 sont des voitures que je connais particulièrement bien, ce ne sont pas seulement des voitures qui m’intéressent personnellement, mais nous en achetons et en vendons activement chez Tom Hartley Jr. Cependant, une collection comme celle-ci n’a jamais été proposée à la vente, et personne au monde n’a une collection de voitures de course qui se rapproche de celle de Bernie. C’est une formidable occasion pour un collectionneur averti d’acquérir des voitures qui n’ont jamais été mises en vente auparavant, et ce serait formidable de les revoir sur la piste. Cette collection est l’histoire de la Formule 1. »