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  • Sébastien Loeb est-il un bad boy ?

    Sébastien Loeb est-il un bad boy ?

    Évidemment, vous pourrez retrouver de vieilles images d’un Sébastien Loeb au look très années 1990 (normal dans les années 1990) avec une cigarette au bec… Mais une fois enfilée sa belle combinaison Citroën, le plus grand pilote de rallye de tous les temps est devenu le gendre idéal. Comment, en 2008, a-t-on pu croire qu’il allait ternir l’image de son sport par son style ?

    Il aura fallu pas loin de 25 victoires et plusieurs titres de Champion du Monde des Rallyes pour que Sébastien Loeb commence à se faire un nom en France. Adoré par les amoureux de sport mécanique, il s’est enfin fait connaître du grand public en battant des records. Ses passages épisodiques au Grand Journal et son humilité ont conquis bien au-delà de la sphère sportive.

    En 2008, il est à un tournant de sa carrière. Sébastien Loeb vient d’égaler le record de Tommi Mäkinen en décrochant quatre titres consécutifs. Il compte 36 victoires en WRC (record), soit six de plus que Marcus Grönholm. Le géant finlandais, son plus grand rival depuis plusieurs années, vient de prendre sa retraite.

    Guy Fréquelin n’est plus là. Atteint par la limite d’âge, il a laissé la direction de Citroën Sport à Olivier Quesnel, choisi à la surprise générale. Sur le plan sportif, le WRC évolue également en 2008 avec l’arrivée de Pirelli comme fournisseur exclusif de pneumatiques et la désignation de l’ordre de départ selon le classement général de la veille.

    Malgré trois victoires lors des cinq premières manches, Sébastien Loeb n’est pas en tête du classement du championnat 2008. Mikko Hirvonen, plus régulier, compte cinq points d’avance.

    Fin avril, le WRC se découvre une affaire extrasportive qui ne touche d’habitude que les sports bien plus médiatisés. L’Équipe affirme que Citroën Sport a reçu une lettre de remontrance signée du plus haut représentant du WRC à la Fédération Internationale de l’Automobile concernant « le look de Sébastien Loeb ».

    Si l’existence de cette lettre n’a pu être établie selon d’autres journalistes, le look de Sébastien Loeb a bien été au cœur des débats à la FIA. Durant plusieurs semaines !

    Un premier mail est écrit par Surinder Thatti, président de la confédération africaine du sport automobile, adressé à Morrie Chandler, président de la commission rallye de la FIA, avec plusieurs personnes de la fédération en copie : « Je me dois d’exprimer mon opinion à propos du piètre passage de Sébastien Loeb à la TV lors de l’arrivée du rallye du Mexique. Il n’était pas rasé, dépenaillé avec une chevelure négligée ! Quand la FIA lui donne une couverture TV globale vers des millions de téléspectateurs et d’enfants dans le monde, il est un héros et un modèle. Je sais que chacun est autorisé à un degré de liberté personnelle, mais il me semble qu’il va trop loin et que quelqu’un devrait lui parler, ou parler à son équipe. »

    Le Néo-Zélandais Morrie Chandler répond en ajoutant Simon Long, patron d’ISC – le promoteur du WRC – en copie : « Malheureusement, ce n’est pas un problème propre à notre sport, vu que la même chose arrive dans le football et d’autres sports d’hommes. Bien sûr, ces personnes sont une insulte aux vrais hommes. Ma seule solution c’est que nous suggérions à ISC qu’ils aient la couverture à laquelle ils ont droit en tant que vainqueurs, mais sans gros plans et sur un laps de temps réduit. »

    Par sa réponse Morrie Chandler montre son agacement. En visant Sébastien Loeb, dont le look est une insulte aux « vrais hommes », il demande aux équipes de tournage de minimiser son exposition médiatique.

    C’est l’arrivée de Simon Long dans la conversation qui va calmer les esprits : « J’ai le sentiment que c’est précisément ce look débraillé qui a aidé Sébastien Loeb à devenir l’idole de tant de fans en France et autour du monde. Le rallye est un sport vrai et dur. Dans le cadre du repositionnement du produit et de la façon dont nous projetons nos héros, on ne peut pas demander aux pilotes d’être toujours propres sur eux. »

    Morrie Chandler, qui ne peut influer que sur la règlementation technique et sportive, se trouve bloqué par le détenteur des droits commerciaux : « Si, d’après votre expérience, son comportement et son apparence font vendre, qu’il en soit ainsi. »

    En Sardaigne, pour le sixième rallye de la saison, les questions sur le sujet usent Sébastien Loeb et son équipe. Seb répond : « J’ai appris le nouvelle par la presse comme tout le monde, donc à partir de là, ça ne me touche pas. Au contraire, ça me fait plaisir, on parle de moi. »

    Sur l’île italienne, le champion du monde s’empare de la tête du classement dès la seconde spéciale et résiste jusqu’au bout à Mikko Hirvonen et Jari-Matti Latvala. Au Japon, avant l’ultime manche du calendrier, il devient le premier pilote à décrocher cinq titres mondiaux.

    Un détail supplémentaire pour les hommes de la FIA ? Leur président Max Mosley est – au même moment – empêtré dans un scandale sexuel aux accents d’orgie nazie.

    À la fin, c’est bien Sébastien Loeb qui gagne…

  • Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Une obsession. Un Graal. Un morceau de routes entre terres et ciel… Quelle que soit sa forme, son nom résume l’excitation d’un pilote ou d’un copilote de rallye : Ouninpohja (Oy nine poy ahh). C’est le nom de l’épreuve spéciale qui fait figure de référence en Championnat du Monde des Rallyes, depuis des années et des années.

    Ouninpohja est le nom de ce que l’on pourrait définir comme un hameau situé entre Jyväskylä (base du Rallye de Finlande) et Tampere (troisième ville du pays), à quelques kilomètres au sud-ouest de la commune de Jämsä. À 180 mètres d’altitude, coordonnés 6146’0.120″N, 250’0.000″E : il ne se passe rien 360 jours par an. Seuls quelques pèlerins s’attachent à trouver les bons changements de direction, le nez rivé sur des cartes.

    Mais quand approche la fin du mois de juillet, l’endroit se transforme en Mecque de la vitesse. Un lieu saint. En 16, 22 ou 33 kilomètres, dans un sens ou dans l’autre, le nom évoque la vitesse, la prise de risque, l’engagement maximum nécessaire à la performance. Il devient le synonyme du rallye. Tout doit être millimétré, le copilote doit envoyer des dizaines de pages dans l’intercom et le pilote doit passer à l’acte. L’improvisation est un bonus. Face à chaque bosse, le virage suivant est déjà anticipé. Les corps se raidissent avant chaque réception. Décollage, atterrissage, traction…

    Ces routes ne tutoient plus les limites depuis bien longtemps. Elles les repoussent. En 2007, le règlement établi par la FIA laissait apparaître ces lignes à l’article 2.2.4 : « La vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. » L’année suivante ? « Excepté pour le Championnat du Monde des Rallyes, la vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. »

    La raison de cette exception ? Marcus Grönholm avait traversé les 33 kilomètres du second passage dans Ouninpohja en 15’19’’8 lors du Rallye de Finlande 2007… À 129,16 km/h de moyenne. Pour ne pas mettre ce lieu mythique, la fédération a ajouté quelques mots adroitement. Ouninpohja est plus fort que le règlement !

    Selon les chiffres, Ouninpohja n’est pas la spéciale la plus rapide du championnat. Mais c’est la plus longue, la plus technique, celle qui réclame le plus d’engagement, tant du pilote, du copilote que de la voiture.

    La surface n’est pas particulièrement glissante. Dans cette région, la terre est presque aussi tassée que du bitume. Seules quelques pierres parviennent à sortir des cordes. Ce qui écrit l’histoire d’Ouninpohja, c’est sa troisième dimension. Le terrain est fait de bosses de tailles différentes. Pas de dos d’âne, non. De vraies bosses, comme dans un grand huit dans lequel le tonneau et la vrille seraient interdits.

    Dans la version 33 kilomètres, un équipage de WRC décolle des quatre roues plus de 70 fois. En 2003, Markko Märtin a fait un saut de 57 mètres à 171 km/h. Il faut rappeler que l’on n’est pas dans une émission de télévision ou dans une opération destinée à entrer dans le Livre des Records. Cette année-là, l’Estonien pilotait la même voiture qu’il allait mener à la victoire sur le plus cassant Rallye du Mexique quelques mois plus tard…

    Kai Tarkainen, Directeur de Course depuis des années, résume simplement : « Ouninpohja attire toujours beaucoup de spectateurs. Au fil des années, c’est quasiment devenu l’épitomé du Rallye de Finlande. Pour beaucoup, Ouninpohja est le Rallye de Finlande. »

    Marcus Grönholm en avait dit : « Je me souviens m’être assis avant le départ, en attendant le pointage. Je ne suis généralement pas nerveux avant les spéciales, mais j’ai toujours un trac avant de partir dans Ouninpohja. J’étais anxieux, car je savais ce qui se profilait. »

    Retraite prise, le double Champion du Monde a même avoué que les quarante secondes de pleine charge du milieu du chrono – et pas de la ligne droite ! – avaient participé à sa décision de raccrocher le casque. En lutte avec son équipier Mikko Hirvonen en 2007, il avait eu le déclic du pilote qui a pris trop de risques.

    Si l’on met de côté les ambitions de titre mondial de quelques pilotes, Ouninpohja est – et ça n’existe nulle part ailleurs, pas même le Turini – la spéciale qu’il faut gagner. Un scratch suffit à réussir un été. Par ses différentes options de départ et arrivée, il est difficile d’établir les vrais records. Timo Mäkinen y avait roulé à 99,2 km/h de moyenne en 1970 avec une Ford Escort TC, bien avant qu’Hannu Mikkola ne virevolte à 127,3 km/h avec son Audi Quattro Sport S1. Les moyennes étaient tombées à 121,0 km/h lorsque Juha Kankkunen signait des meilleurs temps en Lancia Delta HF Integrale, avant que les WRC ne fassent oublier les Groupe B. En 2002, Marcus Grönholm avale la spéciale à 132,3 km/h de moyenne en Peugeot 206WRC.

    Mikkola garde un souvenir très ému de son passage en 1985 avec la Quattro : « Là, je me suis mis en colère. C’est la seule fois de ma carrière que j’ai eu l’impression de ne plus être assis dans la voiture. C’est comme si j’étais dehors. On m’a dit que les pilotes de chasse pouvaient ressentir la même chose. L’Audi générait beaucoup d’appui aérodynamique. Plus on osait aller vite, plus elle collait à la route. Il était très difficile de trouver la limite. »

    Un an après le record de Grönholm, dans une version un peu plus longue après le village de Kakaristo, le Finlandais était en quête d’un nouveau meilleur temps avant d’y arracher une roue et de laisser Colin McRae inscrire son nom au palmarès. L’année suivante encore, Petter Solberg n’avait plus rien à jouer au classement après être passé par le SupeRally. Le Norvégien – en Subaru Impreza WRC – n’avait qu’une seule idée en tête : battre le record de cette version d’Ouninpohja. Objectif atteint.

    Dix ans après, Sébastien Ogier se présentait au départ du second passage, avant-dernier chrono du rallye, avec une trentaine de secondes d’avance au classement général… Et une idée en tête : faire tomber ce fameux record. 15’08’’9 pour 33 kilomètres avec la Volkswagen Polo R WRC ! Sur aucune autre spéciale du monde, le futur Champion du Monde n’aurait autant attaqué en étant si près d’une victoire historique… Et pendant qu’Ogier sautait, Ostberg y perdait la deuxième place du rallye en heurtant une pierre et Kris Meeke s’offrait quatre tonneaux. Ouninpohja est décidément à part. « Un must » résume Sébastien Ogier.

    Un endroit est mythique sur cette spéciale légendaire : la bosse de la maison jaune. « À la vitesse à laquelle on arrive, c’est incroyable. On est à fond bien avant d’aborder le saut », raconte Jari-Matti Latvala. Nous sommes à 7,1 kilomètres du départ. Après une très légère courbe à droite située devant une maison jaune, les voitures décollent au son du rupteur. Aucun angle n’autorise les photographes à rendre compte de l’engagement des équipages et de l’ambiance du lieu. C’est là que Richard Burns a perdu son duel face à Marcus Grönholm en 2002.

    Car Ouninpohja est aussi une fierté nationale pour un pays qui a produit plus de Champions du Monde qu’aucun autre, mais qui se fait parfois déborder. Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Ari Vatanen, Hannu Mikkola et Timo Salonen totalisent treize titres quand la France est aujourd’hui à quatorze avec seulement Sébastien Loeb, Sébastien Ogier et Didier Auriol. En nombre de rallyes remportés, la France est également devant 186 contre 177. La troisième nation, la Suède, n’est qu’à 43 !

    La Finlande est un bastion avec 54 victoires des locaux en 66 éditions. Pendant longtemps, seuls les Suédois étaient également invités au palmarès… Jusqu’à ce que Carlos Sainz ne casse cette habitude très nordique en 1990. Depuis, seuls Auriol, Martin, Loeb (3 fois), Ogier et Meeke ont aussi battu les Finlandais.

    Alors, Ouninpohja, c’est comment en vrai ? 5 – 4 – 3 – 2 – 1 – 0.

    100 mètres gauche 130 mi-long tard…

  • Le rallye vu du ciel

    Le rallye vu du ciel

    Il y a un peu plus d’une décennie, Jean-Marc Pastor avait eu l’idée de suivre la saison 2004 du Championnat du Monde des Rallyes en hélicoptère. Seize manches, du Monte-Carlo à l’Australie en passant par la Suède, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou la Corse, à photographier les exploits des Petter Solberg, Sébastien Loeb, Marcus Grönholm, Carlos Sainz ou Markko Martin à une époque où six constructeurs étaient officiellement engagés. Si l’aventure n’a pas pu se poursuivre pour différentes raisons, elle a souligné l’extraordinaire relation qui existe entre les hélicoptères et le rallye.

    C’était le cas en 2004, c’est encore le cas en 2017, surtout pour suivre le Rallye de Sardaigne. Difficile d’accès par des vols réguliers avec un passage obligé par Milan ou Rome en partant de Paris, l’île devient plus accessible en partant de Figari à bord d’un Ecureuil.

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    Décollage au bout du petit aéroport du sud de la Corse, passage au-dessus des falaises de Bonifacio avant de passer par les Bouches… Une dizaine de kilomètres plus loin, l’hélicoptère survole déjà la Sardaigne. En restant à basse altitude, afin d’éviter de gêner le trafic aérien, l’île italienne dévoile un paysage bien plus aride que sa voisine française.

    Atterrissage au milieu de nulle part, face au départ de la sixième épreuve spéciale. Au terme du décompte, accélération de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes pour un gros freinage sur asphalte et un 90 gauche étroit entre deux murets. L’accélération sur terre qui suit permet de se lancer réellement pour les quatorze kilomètres qui suivent. Le temps de voir les WRC passer toutes les trois minutes, avec un meilleur temps pour Esapekka Lappi devant Hayden Paddon, retour dans l’hélicoptère pour le chrono suivant…

    Quelques dizaines de secondes plus tard, l’oiseau de plus de 700 chevaux se pose avant l’arrivée de Sébastien Ogier qui ouvre la route dans Monte Olia. L’environnement est fantastique avec un virage à droite serré dans une descente puis deux bosses avant une montée à pleine charge. Leader du championnat, Ogier balaie, sa Ford Fiesta RS WRC peine à trouver de la motricité. Derrière, les Toyota et les Hyundai semblent plus à l’aise. Notamment Thierry Neuville sur cette courte portion. Le chrono donne à nouveau l’avantage à Lappi devant Latvala et Neuville ex-aequo.

    Le trajet suivant est un peu plus long avec le survol de montagnes et d’un lac pour se poser au cœur d’un champ d’éoliennes. Les 380 chevaux des nouvelles WRC parlent dans ce passage très rapide avec une trajectoire tendue. Dani Sordo, qui venait de perdre des minutes à cause d’une durite, devance ses rivaux de plus d’une demi-seconde au kilomètre !

    De retour au parc d’assistance basé à Alghero, la première journée se termine avec Hayden Paddon au premier rang, devant son équipier Thierry Neuville. Les deux Hyundai devancent alors Ott Tanak (Ford), Jari-Matti Latvala (Toyota), Mads Ostberg (Ford), Juho Hänninen (Toyota) et Sébastien Ogier (Ford)…

    A suivre.

  • El Condor pasa

    El Condor pasa

    J’ai passé quelques années à traverser le monde à la poursuite des équipages du Championnat du Monde des Rallyes. Des milliers de souvenirs, des dizaines de victoires, quelques titres… Et lorsque l’on me demande où il faut aller pour vivre les plus belles épreuves du WRC, je réponds à chaque fois : Argentine et Finlande !

    La Finlande, évidemment… Le pays du rallye par ses routes, son ambiance et ses pilotes : Mikko Hirvonen, Jari-Matti Latvala, Juha Kankkunen et même Kimi Räikkonen ! Pour sa ville de Jyväskylä, dédiée à l’épreuve durant une semaine. J’ai toujours entendu que le Rallye de Finlande coïncidait avec la fin de leurs vacances scolaires et que c’était l’occasion de célébrer une grande fête. Une fête pleine de vitesse… Et pas mal d’alcool !

    L’Argentine est un déplacement bien plus lointain, dans une culture très différente. Contrairement à la Finlande, il n’a pas compliqué de trouver un bon restaurant pas trop cher.

    L’ambiance est moins cosmopolite. Les étrangers présents sur le rallye sont exclusivement importés par la course. Le public est 100 % argentin, avec ses propres habitudes. Nous sommes en présence de fans de sport automobile, pas forcément de spécialistes du rallye. Ils aiment la course, le sport et mettre l’ambiance !

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    Des voitures sont garées un peu partout sur le bord des routes en terre toujours cassante, entre des pierres parfois aussi grosses que les Corsa. On trouve des tentes et des groupes d’amis partout, sur des dizaines de kilomètres, sur des centaines de kilomètres. Quelle que soit l’heure, les grillades sont en cours. Asado et Fernet Branca.

    Côté météo, il faut s’attendre à avoir très froid le matin et beaucoup plus chaud l’après-midi. Villa Carlos Paz ne m’a pas laissé un souvenir dingue en termes d’intérêt touristique. Mais les routes et le paysage valent bien plus pour les amoureux des rallyes.

    Il y a le Col de Turini pour le Monte-Carlo, Ouninpohja en Finlande… Et il y a El Condor en Argentine. Ce n’est pas forcément là que le rallye se joue. En Argentine, les routes sont si cassantes que l’écrémage est souvent fait dès le début de course, entre ceux qui veulent frapper un grand coup d’entrée et qui s’éliminent rapidement et ceux qui, trop prudents, prennent une valise dès le vendredi.

    Cette année, Elfyn Evans a profité des conditions pour prendre une minute d’avance sur la concurrence avec sa Ford Fiesta WRC équipée de pneumatiques chinois Dmack… Jusqu’à ce que les favoris de la course pour le titre mettent la machine en route. Et c’est bien dans El Condor que Thierry Neuville est allé gagner son quatrième rallye mondial avec sa Hyundai i20 Coupé WRC chaussée en Michelin.

    Dans la configuration 2017, El Condor est une longue descente de 2 136 à 1 389 mètres d’altitude en 16 kilomètres. Le paysage est lunaire… Mais comme si des dizaines de milliers de personnes pouvaient faire griller du bœuf au bord d’une route sur la Lune !

    C’est lent, c’est tortueux. Ce n’est pas forcément le plus excitant pour les équipages, mais c’est un vrai plaisir pour les spectateurs et les photographes qui parcourent le monde à la recherche de la photo qui marquera la saison.

    Cette fois, Thierry Neuville a gagné. 0,7 seconde devant Elfyn Evans… Le troisième écart le plus faible de l’histoire après deux manches qui restent bien ancrées dans ma mémoire : le 0,2 seconde entre Sébastien Ogier et Jari-Matti Latvala lors du Rallye de Jordanie (il faudra que je redemande à Julien Ingrassia de raconter cette dernière spéciale) et le 0,3 seconde entre Marcus Grönholm et Sébastien Loeb lors du Rallye de Nouvelle-Zélande 2007.

    Attention, l’Argentine représente bien d’autres souvenirs… Le décalage horaire, les longueurs, la soirée du dimanche soir au Zebra, voir des collègues se faire voler leur matériel. J’y ai même égaré un passeport durant un dimanche un peu trop long. Et je peux vous assurer qu’il est parfaitement possible de rentrer en France après avoir perdu son passeport. Même si c’est une sacrée mission de monter dans un avion pour un vol intérieur, passer à l’ambassade de France, dans un commissariat sans vraiment parler espagnol, puis au consulat avant d’attraper le vol du retour vers l’Europe. Sacrée expérience ce Rallye d’Argentine !

  • Citroën au Rallye Monte-Carlo : la quête de l’héritage

    Citroën au Rallye Monte-Carlo : la quête de l’héritage

    Le week-end prochain, le WRC ouvrira une nouvelle page de son histoire. En effet, la catégorie reine World Rally Car verra arriver une nouvelle génération de voitures, plus imposantes, plus puissantes, plus rapides aussi.

    Après avoir quitté le WRC pour se consacrer au WTCC, c’est le retour cette année de Citroën au haut niveau du rallye mondial. Un retour préparé nous en sommes sûrs de main de maître, tant Citroën n’a jamais réellement quitté le rallye et tant les hommes et femmes de Story savent créer, développer, une voiture de course.

    A Monaco, la marque aux chevrons alignera deux C3 WRC, confiées au Britannique Kris Meeke et au Français Stéphane Lefebvre. Le duo sera complété du troisième pilote des quatre pilotes Citroën, en la personne de Craig Breen, qui disposera d’une DS3 WRC ancienne génération.

    Pour ce retour, Citroën sera très certainement l’équipe la plus observée, son retour étant historique. Car à Monte-Carlo, Citroën connait les lieux, y étant la deuxième marque la plus titrée de l’histoire, avec 9 victoires, derrière Lancia qui en revendique 13. Sept des neufs ont d’ailleurs été remportées par l’infatigable duo Sébastien Loeb / Daniel Elena, faisant du duo l’équipage le plus titré à Monaco. Force à eux !

    De la force, c’est ce qu’il va falloir à Kris Meeke, Paul Nagle, Stéphane Lefebvre, Gabin Moreau sur les routes alpines. Car il se peut que l’héritage soit lourd à porter. Suivre Loeb/Elena et leurs sept victoires, honorer les neuf victoires Citroën, faire les premiers kilomètres en course de la C3 WRC et peut en ouvrir le palmarès, voilà un sacré programme, sans oublier les quatre jours de course du rallye le plus difficile au monde. Les épaules ont intérêt à être larges, d’autant qu’avec la liste des adversaires, personne ne sera là pour enfiler les perles. M-Sport a recruté Ogier, Latvala se retrouve chez Toyota et Hyundai aligne son trio Neuville/Paddon/Sordo, annonçant là une équipe des plus hétéroclites, entre jeunesse, fougue et sagesse. Dans tous les cas, c’est sûrement Kris Meeke qui résume le mieux ce que pourrait être le millésime 2017 du Monte-Carlo, 85ème du nom :

    « On dit, à raison, que tout peut arriver au Monte-Carlo. »

    Alors, si tout peut arriver, pourquoi pas la victoire ? Cela me plairait tellement.

    Citroën au Rallye Monte-Carlo 2017 c’est en chiffres : 

    • 12 Citroën (& DS) engagées, entre les deux C3 WRC et la DS3 WRC officielles et dix C2 R2, DS3 R3, DS3 R5 privées
    • 17 spéciales totalisant 382,65 km chronométrés
    • 76 engagés dont 10 WRC génération 2017
    • 41 pneus maximum par équipage, à choisir parmi 72 enveloppes réparties en 4 types de gomme
    • 22 corps de métiers représentés au sein de l’équipe Citroën Racing : ingénieurs, mécaniciens spécialisés, motoristes, ouvreurs, météorologistes, attachés de presse, cuisiniers, chauffeurs…
    • Citroën au Monte-Carlo, c’est 9 victoires acquises entre 1959 et 2013, sur ID 19, DS 21, Xsara WRC, C4 WRC et DS3 WRC. Cela fait de la marque aux chevrons la deuxième marque le plus titrée en terres monégasques,

    Au fait ! Vous saviez qu’en 1934, Citroën engageait un bus au Rallye Monte-Carlo ? Et qu’en 1959, Coltelloni remportait le Rallye Monte-Carlo avec la Citroën DS de sa femme ? Bonne lecture et bon Monte-Carl’ !

    2013, le dernier podium en date de Citroën au Rallye Monte-Carlo, avec Loeb & Elena.
    2013, le dernier podium en date de Citroën au Rallye Monte-Carlo, avec Loeb & Elena.

     

  • WRC6 : le casque et le canapé

    WRC6 : le casque et le canapé

    Le Championnat du Monde des Rallyes va très bientôt redémarrer. C’est l’occasion de se remettre au volant grâce à WRC6 et une PS4.

    Premier rendez-vous dans un baquet avec le test de conduite. Le système profite d’une super-spéciale pour évaluer le niveau du postulant. L’objectif est donc d’aller aussi vite que possible sans subir (trop) de dommages.

    Dans un parc australien, me voici donc aux commandes de la Ford Fiesta RS WRC de Mads Ostberg. L’exercice est des plus délicats sur un tracé excessivement étroit, bordé de murs en béton.

    Là, il n’est pas encore question de trouver ses sensations avec la voiture (ou avec le jeu). Impossible de bien sentir les freinages ou de doser la glisse. Il faut juste passer ce test et voir.

    Je me laisse deux chances. La première me permet d’atteindre un score de 66 avec un style de conduite « Pro » et une difficulté « Intermédiaire ». Comme je m’offre un second passage, j’améliore de 8 secondes en 1’16’’67 et le système m’indique un style de conduite « Pro » et une difficulté « Difficile ».

    Il existe quatre styles de conduite : amateur, semi-pro, pro et simulation et quatre niveaux de difficultés : facile, intermédiaire, difficile et expert. Selon les options choisies, ils influencent les aides à la conduite, les aides à la performance, les performances des adversaires, les dommages et les risques de crevaison.

    J’entame donc une carrière en Pro / Difficile. Trois contrats me sont proposés pour entamer mes deux premières saisons en JWRC, dont deux équipes françaises : Sébastien Loeb Racing et Trajectoire Racing. La stratégie d’équipe du SLR étant la sécurité (contre équilibre à Trajectoire Racing), je pars chez Sébastien Loeb Racing pour débuter avec la DS 3 R3.

    Le premier rendez-vous de la saison est donné au Portugal. L’objectif qui m’est fixé est de terminer parmi les quatre premiers du rallye sur onze partants. La première étape est composée d’une super-spéciale, puis de deux « vrais » chronos.

    Première blague : j’appuie que R2 de la manette pour accélérer en étant sur la ligne de départ… Mais la voiture part et l’écran affiche une pénalité de dix secondes pour départ anticipé. Malgré un tout-droit, j’arrive à battre Terry Folb dans ce premier duel, mais je me retrouve bon dernier du classement général avec quinze secondes de retard et à 13’’5 de la quatrième place occupée par Vincent Dubert. Les galères commencent !

    ES2 : Fafe. Et là, ça recommence. Mon doigt appuie sur la gâchette et encore un faux-départ. Mauvaise habitude et 10 secondes. La spéciale est assez courte et la fameux saut (assez large je trouve) se situe juste avant l’arrivée. Résultat : encore le dernier temps à 21’’1. J’aurais, de toute façon, été dernier même sans le faux-départ.

    Point positif, la voiture est en très bon état pour affronter la troisième et dernière spéciale de l’étape. J’essaie de me remettre en confiance pour un chrono qui fait plus de kilomètres que les deux premières réunies… Mais cette ES3 (Ponte de Lima) est disputée de nuit. Et bing, meilleur temps !

    Me voilà donc remonté au dixième rang à 33’’ du leader Frédéric Hauswald. Sans mes deux faux-départs, je serais sixième… Il reste donc trois spéciales pour, c’est l’objectif, décrocher la quatrième position. Il faut donc enfiler les scratches jusqu’au bout.

    Avant de repartir à l’abordage, il faut réparer les dommages de la journée à l’assistance. Tout ne peut pas être remis à neuf, mais le moteur, la boîte et les trains sont visés.

    Deux spéciales composent la deuxième étape. Cette fois, je roule au petit matin. Le pilotage de la DS 3 R3 commence à venir. Même si j’ai le sentiment que ça manque terriblement de puissance quand on n’est pas dans la zone rouge, j’arrive enfin à jouer avec la voiture et à la placer comme je voudrais. Dans l’ES4, je colle 14’’6 au deuxième et je récupère la cinquième place du classement général. Sans les pénalités, je serais déjà en tête ! La voiture est encore en bon état, direction l’ES5.

    Il y aura toujours à redire sur les notes d’un jeu de rallye. Là, je réclame des distances avant les épingles. Sans info, on tente de voir au loin pour inventer un point de freinage. Et ça se termine parfois par des tout-droits. C’est le cas dans cette ES5 et je ne fais que le deuxième temps. Je reste donc 5e à 8 secondes de la quatrième place de Vincent Dubert… Et il ne reste que la Power Stage !

    Surprise : cette dernière spéciale est disputée dans un épais, très épais, brouillard. Je découvre qu’en prenant des cordes un peu trop tendues, on écope de pénalités qui s’ajoutent directement au chrono réalisé dans la spéciale. Les 9,67 kilomètres sont longs et difficiles… À l’arrivée, c’est un soulagement. Et le chrono : 8’00’’ est à 50’’ du temps de référence. Une grosse claque en mode Pro !

    Je termine donc ce premier rallye à la huitième place, loin de l’objectif d’être dans les 4. J’ai donc une belle croix rouge pour entamer ma carrière avec le Sébastien Loeb Racing, alors que je dois remplir trois de ces objectifs durant la saison. Des reconnaissances n’auraient pas été de trop dans ce premier rallye.

    Deuxième manche en Pologne. Cette fois, l’objectif est de se classer au moins 3e dans une spéciale. Avec deux meilleurs temps et une deuxième place au Portugal, je suis plutôt confiant.

    Comme dans la réalité, le parcours est très différent. La spéciale est bien plus rapide et les virages « 4 » passent beaucoup plus vite que lors du premier rallye de la saison. Hormis un tout-droit qui m’oblige à passer la marche arrière entre deux arbres, je m’en sors plutôt bien. Les seuls alertes sont des passages très près des cordes – quand le copilote annonce pas corde – qui fait apparaître le dessin de la voiture sur le bord droit de l’écran. Plus les éléments s’approchent du rouge, plus ils sont endommagés. Après cette première spéciale, on reste dans des tendances de vert… Mais le temps est encore mauvais : 3’45’’ quand Frédéric Hauswald termine en 3’28’’. Dernière place ! Et je n’ai clairement pas perdu 17 secondes avec une marche arrière.

    ES2, cette fois je décide de prendre plus de risques. Même si je suis un peu à contretemps dans des enchainements de virages et que je m’oblige encore à passer la marche arrière en sortant de la route, je ne fais que le 10e temps. L’apprentissage est bien difficile.
    Cette fois, c’est attaque totale. La voiture est en bon état, à part des pneus très oranges. Le premier tiers de la spéciale se passe parfaitement, même si les dérives sont très prononcées. Mais je sors un peu trop de la route et les pénalités tombent. 17 secondes en tout ! A l’arrivée : 9e temps à 40’’ de Vincent Dubert. Je suis loin de tous les objectifs.

    Aucun réglage possible à la fin de cette étape. Je répare donc et directement la super-spéciale de Mikolajki pour essayer d’aller chercher le top 3 demandé par l’équipe. Pour bien connaître cette spéciale en étant allé plusieurs fois sur place, je peux dire que ça manque excessivement de terre et de poussière dans le jeu !

    Je gagne encore mon duel, mais je ne termine que 7e à 1’’8… Objectif raté ! Il ne reste que deux spéciales à parcourir, mais je repars avec une DS 3 R3 à 100 % !

    Encore à fond, je freine de plus en plus tard, même si les sorties de virage ne sont pas toujours très académiques… Typiquement Playstation, j’ai même un trophée pour une glisse de plus de 30 mètres. Et encore un 7e temps qui me fait tomber à la dernière place du classement général avant la Power Stage. L’unique objectif est d’être dans le 3 premiers dans le dernier chrono de nuit. Bonne nouvelle, c’est exactement la même spéciale que la précédente. J’attaque encore plus fort grâce à certains repères… Et un tête-à-queue dans la partie la plus rapide + 4’’ de pénalité pour avoir déplacé une botte de paille. Fin du rallye avec la dernière place du classement et encore un objectif non atteint. Saison calvaire !

    Rendez-vous en Finlande. Cette fois, l’objectif est de terminer dans le top 5 de la super-spéciale, la première du rallye. Encore raté… Et la suite du rallye est aussi difficile. Je ne sais plus si les annonces du copilote sont vraiment trop tardives ou si je suis vraiment décalé, mais je visite la moitié des arbres dans Ouninpohja. La voiture est en morceau, j’abandonne dans le chrono suivant.

    Quatrième rallye en Allemagne… Je sens que les objectifs sont en relation avec ma très mauvaise saison. Désormais, il ne faut pas abandonner dans plus de deux spéciales !

    Sur asphalte, les conditions changent radicalement. J’ai peur de trop plonger dans les cordes pour ne pas prendre autant de pénalités qu’en Pologne. La première spéciale se passe bien avec le 8e temps à 8’’9 du premier. Rien de fabuleux, mais c’est beaucoup mieux qu’en Finlande. J’assure des top 10 jusqu’au bout et je remplis enfin mes objectifs en Allemagne, puis sur toutes les dernières manches de la saison.

    Du coup, le mode carrière me propose de passer en WRC2. L’année prochaine, je piloterai une Peugeot 208 T16 ! À suivre…

  • Les plus belles photos de la saison 2016 du WRC

    Les plus belles photos de la saison 2016 du WRC

    WRC.com, un magnifique site sur lequel j’ai oeuvré entre 2002 et 2014, organise une consultation pour distribuer ses WRC Awards en cette fin de saison 2016. C’est l’occasion de nous arrêter sur la catégorie photographie de l’année. Quatre de nos amis y participent !

    Pour voter, vous n’avez plus que quelques heures, rendez-vous sur cette page.

    J’ai demandé à nos quatre photographes de nous raconter leur photo…

    Bastien Baudin (Page Facebook)

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    14 Khalid Al Qassimi, Chris Pattersson, DS3 WRC, action during the 2016 WRC World Rally Car Championship, Finland rally from July 29 to 31, at Jyvaskyla, Finland – Photo Bastien Baudin / DPPI

    C’était le dernier reportage d’une série – sans repasser par la case départ – qui avait commencé près de deux mois plus tôt. Je revenais tout juste du Silk Way Rally et, même si je connaissais bien le Rallye de Finlande, j’avais un peu l’impression de vivre quelque chose de nouveau…

    Il n’y a peut-être pas de rapport entre notre traversée de la route de la soie par le désert de Gobi et l’inattendue domination de Kris Meeke et de son équipe sur les Volkswagen, mais ce fut donc relativement normal pour moi.

    C’était le vendredi, premier jour de course, où l’on est arrivé au lac. On, car je partageais la voiture pour la journée avec Sarah Vessely, de l’équipe adverse. Je travaillais pour DPPI et elle était là pour Mcklein. Ici, de toute façon, arriver seul ou à deux n’aurait rien changé. Même si nous étions arrivés tôt, il y avait déjà quelques photographes présents et beaucoup d’autres nous ont rejoints.

    À ce moment-là, il devenait clair que j’allais tenter de faire une image différente. J’ai donc commencé par photographier les « premiers » cadré serré en vitesse lente à l’entrée du lac. Puis, au fur et à mesure, je me suis déplacé autour du lac en cadrant naturellement de plus en plus large. L’avantage avec cette technique, c’est qu’il n’y a aucune post production ou recadrage à faire sur l’image, une fois faite, il suffit de la légender et de l’envoyer !

    Romain Thuillier (Page Facebook)

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    Cette photo a été prise non loin de la fin de la Power Stage du Rallye de Finlande, Oittila. Vu en reconnaissances le mardi, cet endroit ne nous avait pas fait forte impression : les tournesols semblaient en piteux état, totalement fanés, et il ne s’agissait que d’une simple portion de ligne droite en montée. Bref, pas de quoi s’enflammer.

    À l’issue des reconnaissances, le plan du dimanche était donc d’aller sur l’autre spéciale de la boucle, la première de la matinée. Le dimanche venu, après avoir dormi en moyenne 3 heures par nuit sur les 3 premiers jours du rallye, nous avons changé de plan pour gagner 30 précieuses minutes de sommeil supplémentaires !

    Nous nous sommes retrouvés sans grande conviction sur ces deux derniers kilomètres de la Power Stage. Sauf que cette fois-ci, le soleil semblait bien vouloir pointer le bout de son nez et les fleurs de tournesol étaient ouvertes. Il ne manquait plus qu’un drapeau finlandais et de cette pancarte « Oittila, the village of happy people » déposés par le villageois du coin pour compléter à merveille et de manière si inattendue l’ambiance hippie de l’endroit !

    Tous les ingrédients étaient là pour une composition « au millimètre ». Même si les autos passaient très vite à cet endroit et la fenêtre de tir était très étroite, la rafale à 12 images/sec du Nikon D5, emprunté sur ce rallye, faisait des merveilles ! Il ne restait plus qu’à figer suffisamment le mouvement grâce à une vitesse d’obturation élevée pour rassembler le tout dans le même cadre et repartir satisfait d’avoir ramené une image originale tout en ayant gagné 30 minutes de sommeil !

    Vincent Thuillier (Page Facebook)

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    Thierry Neuville / Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Rallye du Portugal 2016

    La spéciale de Marao est un spot incontournable du rallye du Portugal, notamment avec ce fameux enchainement étroit entre d’immenses rochers. Cette chicane naturelle a été tant de fois photographiée, au détriment du panorama spectaculaire qui s’offre à nous, du haut de cette montagne. J’ai donc décidé de chercher un cadrage un peu différent, plus en amont de la fameuse chicane.

    Après quelques dizaines de minutes d’escalade et de contorsion entre les rochers, je trouve ce « perchoir de pierre », abrité du vent puissant et glacial. Le surplomb de la route donne un point de vue habituellement réservé aux photographes utilisant une perche. La brume dans la vallée complète parfaitement la scène. Je peux profiter du spectacle offert par les pilotes pour négocier le long gauche rapide qui les amène jusqu’à nous…

    Sarah Vessely (Page Facebook)

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    Kris Meeke / Paul Nagle, Citroën DS3 WRC, Rallye de Finlande 2016

    En arrivant sur place avec des collègues français, on découvre que le point stop a été aménagé façon F1 par le promoteur. Le podium est au-dessus de la voiture et sauf à prendre de la hauteur, on aura une rambarde en plein milieu de l’image. Bien sûr, les gars de la TV ont un élévateur, mais pas nous.

    Avec les frères Thuillier, on remarque un photographe sur le toit d’une petite maison rouge. Ça pourrait le faire… Je me risque à demander, et bingo, le mec me dit de monter, qu’il y a une échelle. On se retrouve à 7 ou 8 sur le petit toit. On cherche un peu les longerons, histoire de ne pas se casser la figure.

    Kris arrive, l’équipage monte sur le capot pour célébrer la victoire. J’ai le temps d’alterner 40mm et 70-200mm, et une intuition me dit de rester soudée sur Kris. Bam, deuxième bingo de la journée : le mec nous fait un saut d’un mètre en l’air. Forcément, d’un coup, le podium pour la TV qui s’est déroulé juste après est devenu beaucoup moins intéressant…

  • J’aurais aimé t’aimer, Polo WRC 2017

    J’aurais aimé t’aimer, Polo WRC 2017

    Déception, cataclysme, tremblement de terre. Voici le résumé de ces derniers jours dans le microcosme du rallye mondial. La rumeur courait depuis début 2016 mais si nous étions au courant, la rumeur s’est amplifiée le 31 octobre dernier.

    Le board de Volkswagen en a décidé ainsi : c’en est fini de VW en championnat du monde des rallyes. Il faut le dire, la Polo WRC 2017 était là une des voitures les plus développées, Volkswagen Motorsport était une des équipes les plus prêtes pour la saison prochaine. Mais non, nous n’aurons rien de cela à se mettre sous la dent. Nous aurons droit à un duel Citroën vs Hyundaï, car, j’espère me tromper, Toyota et Ford ne seront pas dans le coup.

    Je suis tout simplement déçu. Déçu de la marque VW, qui, prenant l’excuse du dieselgate, quitte le WRC par la petite porte. Une drôle de stratégie, tellement financière, dénuée de tout investissement, sans esprit de compétition, sans amour du sport. En odeur de lâcheté des investissements personnels de chacun des salariés, des fournisseurs, des équipiers.

    Le futur, VW le voit dans la compétition client. Au programme, une Polo R5, car la Fabia R5 est déjà développée, du green-washing en rallycross car VW veut se racheter une image. Enfin, Wolfsburg prévoit l’évolution de la Golf GTI TCR, destinée aux championnats Tourisme. Wait and see, attendons de voir.

    Je vous l’accorde, on n’apprend rien en lisant cet article, mais j’avais tellement envie d’en parler. Sans doute suis-je trop passionné. Tu avais quand même une sacrée gueule et j’aurais aimé t’aimer, Polo WRC 2017…

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    Dieter Depping, Erwin Mombaerts Volkswagen Polo R WRC (2017) Test Baumholder 2016

    Dieter Depping, Erwin Mombaerts Volkswagen Polo R WRC (2017) Test Baumholder 2016

    Dieter Depping, Erwin Mombaerts Volkswagen Polo R WRC (2017) Test Baumholder 2016

     

     

     

  • Le WRC avec la plus petite auto engagée

    Le WRC avec la plus petite auto engagée

    Si on ne parle que des Latvala, Ogier, Neuville, Meeke et Lefebvre, le WRC et les rallyes en général ont la particularité d’accueillir toutes sortes de voitures. Bien qu’il faille qu’elles soient homologuées, tout est possible : du WRC à la R1, la plus petite voiture peut être engagée.

    A ce petit jeu, une équipe japonaise a choisi de disputer quelques rallyes du WRC avec une originale Toyota Yaris, dont cette année le Rallye de Finlande. Flanquée du numéro 114, cette Yaris, nommée Vitz au Japon, est engagée au sein de la classe RC4. A son volant, nous retrouverons le Nippon Kohei Izuno, secondé par Osamu Yoda.

    Cette semaine donc ils disputeront l’un des plus beaux, si ce n’est le plus des rallyes du Championnat du Monde des Rallyes WRC, le Rallye de Finlande. Une chose bien rare, d’autant que pour des citoyens japonais, ce rallye se révèle être une véritable aventure. Bravo !

    Suivez toute l’actu du team sur leur site, sur leur compte twitter The zero car et leur page facebook.

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  • Quand Sébastien Loeb s’étonne lui-même !

    Quand Sébastien Loeb s’étonne lui-même !

    Celle-ci, je peux en parler car je l’ai vécue de l’intérieur (et je n’avais jamais eu aussi froid de ma vie avec un -29°C au thermomètre) ! Nous étions installés dans le Vikingskipet de Hamar, construit pour les JO de Lillehammer en 1994… Trois jours de course à suivre les performances exceptionnelles de Sébastien Loeb et Daniel Elena en route vers une nouvelle victoire sur la neige.

    Avant l’ultime spéciale du Rallye de Norvège 2009, l’équipage Champion du Monde est impliqué dans un duel avec Mikko Hirvonen et Jarmo Lehtinen. La Citroën C4 WRC est en tête avec 7,7 secondes d’avance sur la Ford Focus RS WRC… Après avoir compté 15,8 secondes d’avance quelques heures auparavant.

    Sur la ligne de départ de l’ES23, Loeb et Elena n’ont plus de 19,74 kilomètres à parcourir pour remporter leur premier Rallye de Norvège. A la régulière, ils ne devraient plus être rejoints…

    Sur la belle neige norvégienne, Sébastien Loeb attaque, attaque vraiment ! A tel point qu’il parvient à s’étonner et à le partager avec son copilote.

    Dans cette vidéo, certaines portions sont purement ahurissantes (autour de la deuxième minute, notamment)… Mais je ne serais trop vous conseiller d’écouter attentivement la réaction du pilote lors du freinage qui suit l’infinie allonge à partir de 4’20 »… « Popopopopo » et « Là, il ne freinera pas plus tard ». Entendre Loeb partager son plaisir à l’intérieur de la C4 WRC, ça reste jubilatoire !

  • WRC – Victor Bellotto, petit nouveau du haut niveau

    WRC – Victor Bellotto, petit nouveau du haut niveau

    Depuis les débuts de AUTOcult.fr, Victor est un de nos collaborateurs réguliers. Il nous offrait dernièrement son Rally Legend, disputé à bord d’une rutilante et mythique Lancia 037. Comme quoi, il est un homme de goût, mais aussi de travail. Ainsi, après bien des sacrifices au nom de la passion, après bien des rallyes à travers la France et l’Europe, à tous niveaux, des formules de promotion aux manches du WRC2 ou du FIAERC, Victor accède au graal, le WRC.

    Si WRC il y a pour « World Rally Championship », il y aura aussi cette fois WRC pour « World Rally Car ». Notre cher copilote à l’accent chantant disputera le Monte-Carl’ en une Fiesta RS WRC, aux côtés d’un pilote de renom en la personne de Bryan Bouffier.

    Vainqueur du Rallye Monte-Carlo 2011, deuxième du même rallye en 2014 derrière un certain Sébastien Ogier, Bryan n’en est pas à son coup d’essai. Avec Victor, ils auront un objectif commun : la victoire, ou le « joué placé » du podium. Disputant le rallye avec l’équipe MSport/Ford, ils seront bien entourés, sous un régime quasi officiel. Nul doute qu’ensemble, ils auront les outils et l’expérience pour briller lors de cette 84e édition du Rallye Automobile Monte-Carlo.

    Bonne route Victor, nous sommes fiers de t’avoir à nos côtés chez AUTOcult et comme ami. On garde un œil sur toi !

    Bryan Bouffier, Ford Fiesta WRC, lors du Rallye Monte-Carlo 2014, au passage du Col du Turini. - Photo : McKlein/Red Bull Content Pool
    Bryan Bouffier, Ford Fiesta WRC, lors du Rallye Monte-Carlo 2014, au passage du Col du Turini.

    A écouter aussi, la longue interview de Victor chez nos confrères de chez World Rally is Free.

    PS: un autre Français arrive en WRC, Gabin Moreau, copilote du Nordiste Stéphane Lefebvre, chez Citroën.

     

    Photos : Romain Thuillier/Eyes of Rally –  McKlein/Red Bull Content Pool.

  • Paddy Hopkirk décoré par la Reine

    Paddy Hopkirk décoré par la Reine

    Plus de 50 ans après sa victoire au Rallye Monte-Carlo 1964, le pilote britannique Paddy Hopkirk reçoit une des plus prestigieuses décorations de l’empire britannique : la MBE. MBE, pour Most Excellent Order of the British Empire, ou « l’excellentissime ordre de l’Empire britannique ». Il est décoré pour ses victoires en rallyes et pour son investissement auprès des jeunes de la fondation SKIDZ, qui permet l’accès aux véhicules aux personnes à mobilité réduite.

    Pour mémoire, en 64, face aux monstrueuses Ford Falcon ou Mercedes-Benz 300 SE, aux rapides Saab 96 Sport et Volvo PV544, Hopkirk a su remporter avec son copilote Henry Liddon un Monte-Carlo difficile, grâce à l’agilité de sa BMC MINI Cooper S. Il ouvrait ainsi le palmarès de la MINI à Monaco, rallye qu’elle allait remporter par deux fois ensuite en 1965 avec Timo Mäkinen et 1967 avec Rauno Aaltonen.

    Membre à vie du BRDC, Hopkirk n’est pas seulement décoré de la MBE, il fait aussi partie du Rally Hall of Fame, classement des meilleurs pilotes du rallye mondial. Hopkirk fait partie de la première promotion de ce classement, datant de 2010. Il y siège aux côtés de Rauno Aaltonen, Erik Carlsson, Timo Mäkinen. Ce classement est édité par la Mobilia Foundation, exploitante du musée de l’automobile et de la route Mobilia, installé à Kangasala, en Finlande.

    Colin McRae est lui aussi décoré MBE, tout comme David Coulthard. Malcolm Wilson est quant à lui décoré de la OBE, Ordre de l’Empire britannique.

    Paddy Hopkirk in the Mini Cooper at the Rallye Monte Carlo 1964
    Paddy Hopkirk, Mini Cooper, Rallye Monte Carlo 1964
    Paddy Hopkirk:Henry Liddon in the Mini Cooper at the Rallye Monte Carlo 1964
    Paddy Hopkirk & Henry Liddon, Mini Cooper, podium du Rallye Monte Carlo 1964