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  • Le Rallye d’Allemagne comme vous ne l’avez jamais vu

    Le Rallye d’Allemagne comme vous ne l’avez jamais vu

    Vous pensiez que l’on avait tout inventé en termes d’images en Championnat du Monde des Rallyes ? Les photos, les caméras embarquées, les hélicoptères, les drones… François Baudin, l’une des références du WRC depuis plusieurs décennies, a réinventé la beauté du rallye !

    Si vous aimez le sport automobile, a fortiori si vous aimez le rallye, vous avez forcément rêver devant ses photos, vues partout dans le monde depuis de nombreuses années. Malgré l’essor de la génération Instagram qui préfère appliquer les mêmes filtres dans tous les pays du monde sans s’approprier l’essence de chaque lieu, François Baudin demeure une référence avec l’Agence Austral.

    Accompagné par son fils Bastien, il a su mêler son immense expérience, son talent et les nouvelles technologies. François Baudin a toujours été un précurseur en WRC : appareils télécommandés, flash déportés, diffusion de photos 360°, photos en 3D diffusées dans la presse…

    Lorsque j’ai appris que François se lançait dans un nouveau projet à l’occasion du Rallye d’Allemagne, j’ai sauté sur l’occasion pour qu’il nous raconte son aventure. Attachez vos harnais et ouvrez bien vos yeux ! Jamais un photographe n’avait osé sortir une chambre grand format à l’époque de l’argentique…

    François Baudin lors du Rallye d’Allemagne 2017

    Le Rallye d’Allemagne vu au Leica et à la chambre en Noir et Blanc, par l’Agence Austral.

    Présentation

    30 ans se sont écoulés depuis son premier Rallye d’Allemagne, une occasion pour François Baudin de « couvrir » la manche WRC à l’ancienne, sans aucun appareil numérique.

    Le matériel

    Ne recherchant pas la facilité des derniers appareils argentiques, le choix du matériel s’est porté sur :

    • Une chambre grand format 4X5 inches, Arca Swiss, le même modèle que celle utilisée par Ansel Adams de 1964 à 1968, équipé d’un objectif Schneider Symmar 5,6/150 mm.
    • Un Leica M4 de 1968 avec un Summilux 1,4/35mm de 1974 et un Summicron 2/90mm de 1971.
    • Le Rolleiflex 3,5 E ne sera pas utilisé.
    • La mesure de lumière effectuée par une cellule Weston Master V.
    • Les films utilisés sont classiques : Kodak Tri-X, Ilford FP4 ; plus récents : Fuji Acros, Bergger Pancho 400 et aussi « expérimentaux » : plan films Washi. Ils seront développés dans du révélateur D-76.
    • Seule concession à l’esprit rétro un pied Gitzo carbone, beaucoup plus léger qu’un modèle d’époque. Equipé d’une rotule Arca Swiss fabriquée à Besançon par le repreneur de la marque Suisse.

    Sur le terrain

    Utiliser une chambre 4X5 impose une démarche différente lors d’un reportage sportif. Il faut anticiper chaque prise de vue. Une fois l’angle choisi la concentration est à son maximum pendant 5 à 10 minutes : Mise à niveau de la chambre, contrôles des bascules et décentrements. Mise au point sur dépoli. Mesure de la lumière, réglages de la vitesse et du diaphragme. Armement de l’obturateur. Installation du châssis contenant les plans films. Déclenchement. Le Leica M4 est utilisé en complément et aussi parce que seuls 10 plans films sont prévus chaque jour. Au millième de seconde, la sensation est semblable à la gâchette d’un revolver. Une seule photo, au bon moment.

    Les doutes du photographe, la tranquillité pendant le reportage et les émotions au labo

    Très rapidement les doutes d’avoir réussi la photo sont revenus. Il faudra attendre le retour pour savoir. Alors qu’en photographie numérique, un seul coup d’oeil à l’écran informe le photographe du résultat. Evidemment avec une démarche argentique, en fin de journée, quand le reportage st terminé, c’est plus drôle, pas de travail sur l’ordinateur. Même pas de batteries à charger. Mis à part le déchargement et le chargement des plans films dans les châssis dans le noir. La nostalgie des soirées de photographes revient vite.

    Au retour de déplacement, il faudra tout traiter. Retrouver les gestes d’un métier disparu. Développement des films, premières indications. Puis tirage des photos sous l’agrandisseur et l’émotion de voir monter l’image dans le révélateur.

    Le photographe explique le fonctionnement de la cellule Weston Master V utilisée en 1987 à Bruno Thiry qui participait au rallye d’Allemagne cette année là, dans le cadre du trophée Citroën Visa International. En 1987, l’épreuve qui s’appelait Hunsruck rally se déroulait déjà sur bords de la Moselle et dans le camp de Baumholder. La cellule Weston est un modèle sélénium particulièrement précis qui permet la mesure en lumière réfléchie et incidente avec un invercone largement dessiné. A la différence des modèles plus récents au cadmium nickel, plus sensibles en base lumière , la Weston fonctionne sans piles.
    Craig Breen s’est émerveillé devant le matériel ancien. Etonné de voir l’image inversée sur le dépoli de la chambre.
    Grand amateur de photo Dani Sordo fêtait son 150e départ en WRC. Il n’a pas souvent posé devant une chambre grand format.
    Cadrer une voiture de rallye avec une chambre 4X5 sans viseur sur pied est un exercice périlleux : la rotule n’est pas bloquée dans le sens horizontal pour suivre l’action.
    Le Leica M4 est utilisé en complément et aussi parce que seuls 10 plans films sont prévus chaque jour. Au millième de seconde la sensation est semblable à la gâchette d’un revolver. Une seule photo, au bon moment.
    Ott Tanak, avant la dernière boucle dimanche. La chambre grand format installée sur son pied, la mise au point est anticipée au niveau de son casque qui était posé sur le toit. Il s’est arrêté quelques secondes, concentré au maximum. Juste le temps d’une photo, puis il a mis son casque, s’est installé au volant et est parti en chauffant ses pneus en direction du départ.

    Laboratoire

    Le développement des 6 films 24X36 en cuve Paterson et des 40 plans films 4X5 en cuve Ilford prendra 2 jours. Après choix de 30 photos, il faudra compter au moins 40 heures de laboratoire pour les tirages.

    2 agrandisseurs sont utilisés :
    Pour le 24X36, un Durst D659 datant des années 60. Un modèle automatique bi-format 24X36 et 6X9 avec deux objectifs Schneider Componon 50 et 105 mm montés sur tourelle. Le 50 mm a perdu un peu de sa clarté sans trop d’incidence sur les tirages.

    Pour les plans films, un Metoer Siegen 13X18 mural équipé d’un objectif Schneider G-Claron 9/240 mm. Le support de plan films 4X5 est en bois sans verre. Son poids est estimé entre 120 et 150 kilos, il date des années 50.

    Les tirages 18X24 pour la presse sont effectués sur du papier Ilford Multigrade IV RC , les images de collection sur des papiers barytés, Foma et Ilford sont au format 30X40 cm.

    Les tirages seront scannés à plat pour numérisation.

    Conclusion

    Cette expérience aura le mérite d’avoir pu montrer de grosses différences en terme de temps passé sur les images. Alors que le rallye était terminé, les clichés de l’épreuve vues partout presque en temps réel. Il aura fallu 10 jours de laboratoire au photographe « argentique » pour montrer son travail.

    Le rendu des tirages sur papier est incomparable, chaque épreuve unique du fait du masquage manuel lors de l’exposition en chambre noire. Les tirages seront très bientôt proposés en édition limitée… Restez à l’écoute !

    Et n’hésitez pas à découvrir l’ensemble du travail déjà réalisé sur www.agenceaustral.fr

  • Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Une obsession. Un Graal. Un morceau de routes entre terres et ciel… Quelle que soit sa forme, son nom résume l’excitation d’un pilote ou d’un copilote de rallye : Ouninpohja (Oy nine poy ahh). C’est le nom de l’épreuve spéciale qui fait figure de référence en Championnat du Monde des Rallyes, depuis des années et des années.

    Ouninpohja est le nom de ce que l’on pourrait définir comme un hameau situé entre Jyväskylä (base du Rallye de Finlande) et Tampere (troisième ville du pays), à quelques kilomètres au sud-ouest de la commune de Jämsä. À 180 mètres d’altitude, coordonnés 6146’0.120″N, 250’0.000″E : il ne se passe rien 360 jours par an. Seuls quelques pèlerins s’attachent à trouver les bons changements de direction, le nez rivé sur des cartes.

    Mais quand approche la fin du mois de juillet, l’endroit se transforme en Mecque de la vitesse. Un lieu saint. En 16, 22 ou 33 kilomètres, dans un sens ou dans l’autre, le nom évoque la vitesse, la prise de risque, l’engagement maximum nécessaire à la performance. Il devient le synonyme du rallye. Tout doit être millimétré, le copilote doit envoyer des dizaines de pages dans l’intercom et le pilote doit passer à l’acte. L’improvisation est un bonus. Face à chaque bosse, le virage suivant est déjà anticipé. Les corps se raidissent avant chaque réception. Décollage, atterrissage, traction…

    Ces routes ne tutoient plus les limites depuis bien longtemps. Elles les repoussent. En 2007, le règlement établi par la FIA laissait apparaître ces lignes à l’article 2.2.4 : « La vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. » L’année suivante ? « Excepté pour le Championnat du Monde des Rallyes, la vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. »

    La raison de cette exception ? Marcus Grönholm avait traversé les 33 kilomètres du second passage dans Ouninpohja en 15’19’’8 lors du Rallye de Finlande 2007… À 129,16 km/h de moyenne. Pour ne pas mettre ce lieu mythique, la fédération a ajouté quelques mots adroitement. Ouninpohja est plus fort que le règlement !

    Selon les chiffres, Ouninpohja n’est pas la spéciale la plus rapide du championnat. Mais c’est la plus longue, la plus technique, celle qui réclame le plus d’engagement, tant du pilote, du copilote que de la voiture.

    La surface n’est pas particulièrement glissante. Dans cette région, la terre est presque aussi tassée que du bitume. Seules quelques pierres parviennent à sortir des cordes. Ce qui écrit l’histoire d’Ouninpohja, c’est sa troisième dimension. Le terrain est fait de bosses de tailles différentes. Pas de dos d’âne, non. De vraies bosses, comme dans un grand huit dans lequel le tonneau et la vrille seraient interdits.

    Dans la version 33 kilomètres, un équipage de WRC décolle des quatre roues plus de 70 fois. En 2003, Markko Märtin a fait un saut de 57 mètres à 171 km/h. Il faut rappeler que l’on n’est pas dans une émission de télévision ou dans une opération destinée à entrer dans le Livre des Records. Cette année-là, l’Estonien pilotait la même voiture qu’il allait mener à la victoire sur le plus cassant Rallye du Mexique quelques mois plus tard…

    Kai Tarkainen, Directeur de Course depuis des années, résume simplement : « Ouninpohja attire toujours beaucoup de spectateurs. Au fil des années, c’est quasiment devenu l’épitomé du Rallye de Finlande. Pour beaucoup, Ouninpohja est le Rallye de Finlande. »

    Marcus Grönholm en avait dit : « Je me souviens m’être assis avant le départ, en attendant le pointage. Je ne suis généralement pas nerveux avant les spéciales, mais j’ai toujours un trac avant de partir dans Ouninpohja. J’étais anxieux, car je savais ce qui se profilait. »

    Retraite prise, le double Champion du Monde a même avoué que les quarante secondes de pleine charge du milieu du chrono – et pas de la ligne droite ! – avaient participé à sa décision de raccrocher le casque. En lutte avec son équipier Mikko Hirvonen en 2007, il avait eu le déclic du pilote qui a pris trop de risques.

    Si l’on met de côté les ambitions de titre mondial de quelques pilotes, Ouninpohja est – et ça n’existe nulle part ailleurs, pas même le Turini – la spéciale qu’il faut gagner. Un scratch suffit à réussir un été. Par ses différentes options de départ et arrivée, il est difficile d’établir les vrais records. Timo Mäkinen y avait roulé à 99,2 km/h de moyenne en 1970 avec une Ford Escort TC, bien avant qu’Hannu Mikkola ne virevolte à 127,3 km/h avec son Audi Quattro Sport S1. Les moyennes étaient tombées à 121,0 km/h lorsque Juha Kankkunen signait des meilleurs temps en Lancia Delta HF Integrale, avant que les WRC ne fassent oublier les Groupe B. En 2002, Marcus Grönholm avale la spéciale à 132,3 km/h de moyenne en Peugeot 206WRC.

    Mikkola garde un souvenir très ému de son passage en 1985 avec la Quattro : « Là, je me suis mis en colère. C’est la seule fois de ma carrière que j’ai eu l’impression de ne plus être assis dans la voiture. C’est comme si j’étais dehors. On m’a dit que les pilotes de chasse pouvaient ressentir la même chose. L’Audi générait beaucoup d’appui aérodynamique. Plus on osait aller vite, plus elle collait à la route. Il était très difficile de trouver la limite. »

    Un an après le record de Grönholm, dans une version un peu plus longue après le village de Kakaristo, le Finlandais était en quête d’un nouveau meilleur temps avant d’y arracher une roue et de laisser Colin McRae inscrire son nom au palmarès. L’année suivante encore, Petter Solberg n’avait plus rien à jouer au classement après être passé par le SupeRally. Le Norvégien – en Subaru Impreza WRC – n’avait qu’une seule idée en tête : battre le record de cette version d’Ouninpohja. Objectif atteint.

    Dix ans après, Sébastien Ogier se présentait au départ du second passage, avant-dernier chrono du rallye, avec une trentaine de secondes d’avance au classement général… Et une idée en tête : faire tomber ce fameux record. 15’08’’9 pour 33 kilomètres avec la Volkswagen Polo R WRC ! Sur aucune autre spéciale du monde, le futur Champion du Monde n’aurait autant attaqué en étant si près d’une victoire historique… Et pendant qu’Ogier sautait, Ostberg y perdait la deuxième place du rallye en heurtant une pierre et Kris Meeke s’offrait quatre tonneaux. Ouninpohja est décidément à part. « Un must » résume Sébastien Ogier.

    Un endroit est mythique sur cette spéciale légendaire : la bosse de la maison jaune. « À la vitesse à laquelle on arrive, c’est incroyable. On est à fond bien avant d’aborder le saut », raconte Jari-Matti Latvala. Nous sommes à 7,1 kilomètres du départ. Après une très légère courbe à droite située devant une maison jaune, les voitures décollent au son du rupteur. Aucun angle n’autorise les photographes à rendre compte de l’engagement des équipages et de l’ambiance du lieu. C’est là que Richard Burns a perdu son duel face à Marcus Grönholm en 2002.

    Car Ouninpohja est aussi une fierté nationale pour un pays qui a produit plus de Champions du Monde qu’aucun autre, mais qui se fait parfois déborder. Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Ari Vatanen, Hannu Mikkola et Timo Salonen totalisent treize titres quand la France est aujourd’hui à quatorze avec seulement Sébastien Loeb, Sébastien Ogier et Didier Auriol. En nombre de rallyes remportés, la France est également devant 186 contre 177. La troisième nation, la Suède, n’est qu’à 43 !

    La Finlande est un bastion avec 54 victoires des locaux en 66 éditions. Pendant longtemps, seuls les Suédois étaient également invités au palmarès… Jusqu’à ce que Carlos Sainz ne casse cette habitude très nordique en 1990. Depuis, seuls Auriol, Martin, Loeb (3 fois), Ogier et Meeke ont aussi battu les Finlandais.

    Alors, Ouninpohja, c’est comment en vrai ? 5 – 4 – 3 – 2 – 1 – 0.

    100 mètres gauche 130 mi-long tard…

  • Le rallye vu du ciel

    Le rallye vu du ciel

    Il y a un peu plus d’une décennie, Jean-Marc Pastor avait eu l’idée de suivre la saison 2004 du Championnat du Monde des Rallyes en hélicoptère. Seize manches, du Monte-Carlo à l’Australie en passant par la Suède, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou la Corse, à photographier les exploits des Petter Solberg, Sébastien Loeb, Marcus Grönholm, Carlos Sainz ou Markko Martin à une époque où six constructeurs étaient officiellement engagés. Si l’aventure n’a pas pu se poursuivre pour différentes raisons, elle a souligné l’extraordinaire relation qui existe entre les hélicoptères et le rallye.

    C’était le cas en 2004, c’est encore le cas en 2017, surtout pour suivre le Rallye de Sardaigne. Difficile d’accès par des vols réguliers avec un passage obligé par Milan ou Rome en partant de Paris, l’île devient plus accessible en partant de Figari à bord d’un Ecureuil.

    sardaigne-helico1

     

    Décollage au bout du petit aéroport du sud de la Corse, passage au-dessus des falaises de Bonifacio avant de passer par les Bouches… Une dizaine de kilomètres plus loin, l’hélicoptère survole déjà la Sardaigne. En restant à basse altitude, afin d’éviter de gêner le trafic aérien, l’île italienne dévoile un paysage bien plus aride que sa voisine française.

    Atterrissage au milieu de nulle part, face au départ de la sixième épreuve spéciale. Au terme du décompte, accélération de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes pour un gros freinage sur asphalte et un 90 gauche étroit entre deux murets. L’accélération sur terre qui suit permet de se lancer réellement pour les quatorze kilomètres qui suivent. Le temps de voir les WRC passer toutes les trois minutes, avec un meilleur temps pour Esapekka Lappi devant Hayden Paddon, retour dans l’hélicoptère pour le chrono suivant…

    Quelques dizaines de secondes plus tard, l’oiseau de plus de 700 chevaux se pose avant l’arrivée de Sébastien Ogier qui ouvre la route dans Monte Olia. L’environnement est fantastique avec un virage à droite serré dans une descente puis deux bosses avant une montée à pleine charge. Leader du championnat, Ogier balaie, sa Ford Fiesta RS WRC peine à trouver de la motricité. Derrière, les Toyota et les Hyundai semblent plus à l’aise. Notamment Thierry Neuville sur cette courte portion. Le chrono donne à nouveau l’avantage à Lappi devant Latvala et Neuville ex-aequo.

    Le trajet suivant est un peu plus long avec le survol de montagnes et d’un lac pour se poser au cœur d’un champ d’éoliennes. Les 380 chevaux des nouvelles WRC parlent dans ce passage très rapide avec une trajectoire tendue. Dani Sordo, qui venait de perdre des minutes à cause d’une durite, devance ses rivaux de plus d’une demi-seconde au kilomètre !

    De retour au parc d’assistance basé à Alghero, la première journée se termine avec Hayden Paddon au premier rang, devant son équipier Thierry Neuville. Les deux Hyundai devancent alors Ott Tanak (Ford), Jari-Matti Latvala (Toyota), Mads Ostberg (Ford), Juho Hänninen (Toyota) et Sébastien Ogier (Ford)…

    A suivre.

  • El Condor pasa

    El Condor pasa

    J’ai passé quelques années à traverser le monde à la poursuite des équipages du Championnat du Monde des Rallyes. Des milliers de souvenirs, des dizaines de victoires, quelques titres… Et lorsque l’on me demande où il faut aller pour vivre les plus belles épreuves du WRC, je réponds à chaque fois : Argentine et Finlande !

    La Finlande, évidemment… Le pays du rallye par ses routes, son ambiance et ses pilotes : Mikko Hirvonen, Jari-Matti Latvala, Juha Kankkunen et même Kimi Räikkonen ! Pour sa ville de Jyväskylä, dédiée à l’épreuve durant une semaine. J’ai toujours entendu que le Rallye de Finlande coïncidait avec la fin de leurs vacances scolaires et que c’était l’occasion de célébrer une grande fête. Une fête pleine de vitesse… Et pas mal d’alcool !

    L’Argentine est un déplacement bien plus lointain, dans une culture très différente. Contrairement à la Finlande, il n’a pas compliqué de trouver un bon restaurant pas trop cher.

    L’ambiance est moins cosmopolite. Les étrangers présents sur le rallye sont exclusivement importés par la course. Le public est 100 % argentin, avec ses propres habitudes. Nous sommes en présence de fans de sport automobile, pas forcément de spécialistes du rallye. Ils aiment la course, le sport et mettre l’ambiance !

    wrc-argentine

    Des voitures sont garées un peu partout sur le bord des routes en terre toujours cassante, entre des pierres parfois aussi grosses que les Corsa. On trouve des tentes et des groupes d’amis partout, sur des dizaines de kilomètres, sur des centaines de kilomètres. Quelle que soit l’heure, les grillades sont en cours. Asado et Fernet Branca.

    Côté météo, il faut s’attendre à avoir très froid le matin et beaucoup plus chaud l’après-midi. Villa Carlos Paz ne m’a pas laissé un souvenir dingue en termes d’intérêt touristique. Mais les routes et le paysage valent bien plus pour les amoureux des rallyes.

    Il y a le Col de Turini pour le Monte-Carlo, Ouninpohja en Finlande… Et il y a El Condor en Argentine. Ce n’est pas forcément là que le rallye se joue. En Argentine, les routes sont si cassantes que l’écrémage est souvent fait dès le début de course, entre ceux qui veulent frapper un grand coup d’entrée et qui s’éliminent rapidement et ceux qui, trop prudents, prennent une valise dès le vendredi.

    Cette année, Elfyn Evans a profité des conditions pour prendre une minute d’avance sur la concurrence avec sa Ford Fiesta WRC équipée de pneumatiques chinois Dmack… Jusqu’à ce que les favoris de la course pour le titre mettent la machine en route. Et c’est bien dans El Condor que Thierry Neuville est allé gagner son quatrième rallye mondial avec sa Hyundai i20 Coupé WRC chaussée en Michelin.

    Dans la configuration 2017, El Condor est une longue descente de 2 136 à 1 389 mètres d’altitude en 16 kilomètres. Le paysage est lunaire… Mais comme si des dizaines de milliers de personnes pouvaient faire griller du bœuf au bord d’une route sur la Lune !

    C’est lent, c’est tortueux. Ce n’est pas forcément le plus excitant pour les équipages, mais c’est un vrai plaisir pour les spectateurs et les photographes qui parcourent le monde à la recherche de la photo qui marquera la saison.

    Cette fois, Thierry Neuville a gagné. 0,7 seconde devant Elfyn Evans… Le troisième écart le plus faible de l’histoire après deux manches qui restent bien ancrées dans ma mémoire : le 0,2 seconde entre Sébastien Ogier et Jari-Matti Latvala lors du Rallye de Jordanie (il faudra que je redemande à Julien Ingrassia de raconter cette dernière spéciale) et le 0,3 seconde entre Marcus Grönholm et Sébastien Loeb lors du Rallye de Nouvelle-Zélande 2007.

    Attention, l’Argentine représente bien d’autres souvenirs… Le décalage horaire, les longueurs, la soirée du dimanche soir au Zebra, voir des collègues se faire voler leur matériel. J’y ai même égaré un passeport durant un dimanche un peu trop long. Et je peux vous assurer qu’il est parfaitement possible de rentrer en France après avoir perdu son passeport. Même si c’est une sacrée mission de monter dans un avion pour un vol intérieur, passer à l’ambassade de France, dans un commissariat sans vraiment parler espagnol, puis au consulat avant d’attraper le vol du retour vers l’Europe. Sacrée expérience ce Rallye d’Argentine !

  • Certaines victoires marquent plus que d’autres  : Thierry Neuville & Nicolas Gilsoul, Tour de Corse 2011

    Certaines victoires marquent plus que d’autres : Thierry Neuville & Nicolas Gilsoul, Tour de Corse 2011

    Certaines victoires marquent plus que d’autres.

    Après le Terre des Causses il y a quelques semaines, le Volant 207 faisait sa halte du côté de Calvi, Corte et Ajaccio pour le célébrissime Tour de Corse. Un Germain Bonnefis tacticien, un Cyril Audirac en grand revenant et vainqueur, un Rémi Jouines des plus rapides et un Ghislain De Mevius surprenant, telle fut la recette d’une manche Volant 207 de toute beauté, sur l’île du même nom.

    Devant les 207 RC Rallye, d’autres Peugeot 207 étaient en course, Super 2000 celles là. Au sein de l’Intercontinental Rally Challenge la bataille faisait rage. Là, deux petits belges, Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul n’amusaient pas la galerie. Ils dominaient, de la tête et des épaules, ce rallye depuis la première spéciale. Durant le rallye, les mauvaises langues parlaient… « Ils ne tiendront pas » … « Il va se sortir » mais pas moi. Pour une fois, je n’étais pas de celles là. Je suis pourtant spécialiste au rayon grande gueule, à moins que mon âge m’ait calmé. Bref. Pour moi, Thierry et Nicolas étaient sur la bonne voie. Leurs huit meilleurs temps sur les quatorze possibles en étaient l’illustration parfaite, pas besoin d’un dessin pour cela.

    Dernière ES. Sarrola-Plage du Liamone. 26,70 kilomètres. 26,70 les plus longs de la carrière de notre duo d’outre-Quiévrain. 26,70 kilomètres des plus longs pour la poignée de suiveurs dont j’avais la chance de faire partie. Bryan Bouffier sort de la route, et nous remet une couche de pression. Pierre Campana crève, et nous remet deux bar de pression dans la figure. Ou Bryan sort après que Pierre ne crève, je ne sais plus. Puis il y eut les kilomètres en onboard. Thierry est au volant, Nicolas aux notes. J’adore son phrasé, j’en écoute chaque mot, concentré, je m’en délecte. On doit être une paire de passionnés à suivre chacune de ses notes, chacune de ses intonations. On doit être une paire à être avec eux, dans cette 207 Super 2000 aux couleurs des drapeaux belge et luxembourgeois. Une paire à imiter la valse de la 207 comme si nos mimes allaient les aider.

    Nous étions là, dans cette salle de presse, quelques représentants de chez Peugeot Sport. Les mots ne sortaient pas, mais nos gestes révélaient une certaine tension. Les onglés rongés, je m’entendais souffler. Nous regardions sans cesse le grand écran du live puis le classement en direct. Nicolas annonçait, Thierry s’appliquait. Je reconnais les derniers kilomètres d’ES, repérés lors des passages des précédents concurrents. Les notes défilaient, défilaient… « Gauche 10 de suite en frein, 60 droite 30 surtout pas corde. » D’un coup d’œil, j’observe la trajectoire prise par la 207 jaune, on ne sait jamais, la corde… Et Nicolas annonce les dernières notes, dernières lignes de cette page quadrillée. « Et gauche 30+ dur … pour sommet / droite 127+ 80 gauche 30- dur tenir… et OK ! » Le OK libérateur. Ca y est, notre duo passe la ligne d’arrivée, on peut souffler les 12 bar emmagasinés ! L’émotion est palpable à l’instant, la pression retombe… On ferme les yeux quelques centièmes de secondes, on reprend notre souffle… Ils l’ont fait. Un regard s’échange entre nous, une tape dans le dos. Je suis un peu expansif, l’adrénaline qui réside en moi depuis des mois ressort ici… Les représentants du meilleur ennemi du monde, Skoda, témoignent et nous félicitent, nous, qui n’avons pas fait grand chose dans la victoire du duo belge, au final. C’est ce qu’on appelle une victoire… en équipe.

    Ce weekend, j’ai pu assister aux premières loges à la première victoire de Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul au niveau mondial. Voilà un bout de temps que je suivais le duo, qui n’existait pas encore il y a quelques semaines. Thierry, le jeune pilote fou, doté d’un talent d’autant plus fou. Nicolas, le copilote des plus sympathiques qu’il soit, pro et passionné comme pas deux, toujours le sourire aux lèvres.

    Un regard, un clin d’œil, un pouce en l’air, une poignée de main… C’est pour des moments pareils qu’on aime notre sport… Des moments à hauteur humaine, tout simplement.

    Un article originellement publié chez DinoRallyTeam.

    Tour de Corse 2011 - Thierry Neuville Nicolas Gilsoul Peugeot 207 S2000
    Tour de Corse 2011 – Thierry Neuville Nicolas Gilsoul Peugeot 207 S2000
    Tour de Corse 2011 - Thierry Neuville Nicolas Gilsoul Peugeot 207 S2000
    Tour de Corse 2011 – Thierry Neuville Nicolas Gilsoul Peugeot 207 S2000
  • Les plus belles photos de la saison 2016 du WRC

    Les plus belles photos de la saison 2016 du WRC

    WRC.com, un magnifique site sur lequel j’ai oeuvré entre 2002 et 2014, organise une consultation pour distribuer ses WRC Awards en cette fin de saison 2016. C’est l’occasion de nous arrêter sur la catégorie photographie de l’année. Quatre de nos amis y participent !

    Pour voter, vous n’avez plus que quelques heures, rendez-vous sur cette page.

    J’ai demandé à nos quatre photographes de nous raconter leur photo…

    Bastien Baudin (Page Facebook)

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    14 Khalid Al Qassimi, Chris Pattersson, DS3 WRC, action during the 2016 WRC World Rally Car Championship, Finland rally from July 29 to 31, at Jyvaskyla, Finland – Photo Bastien Baudin / DPPI

    C’était le dernier reportage d’une série – sans repasser par la case départ – qui avait commencé près de deux mois plus tôt. Je revenais tout juste du Silk Way Rally et, même si je connaissais bien le Rallye de Finlande, j’avais un peu l’impression de vivre quelque chose de nouveau…

    Il n’y a peut-être pas de rapport entre notre traversée de la route de la soie par le désert de Gobi et l’inattendue domination de Kris Meeke et de son équipe sur les Volkswagen, mais ce fut donc relativement normal pour moi.

    C’était le vendredi, premier jour de course, où l’on est arrivé au lac. On, car je partageais la voiture pour la journée avec Sarah Vessely, de l’équipe adverse. Je travaillais pour DPPI et elle était là pour Mcklein. Ici, de toute façon, arriver seul ou à deux n’aurait rien changé. Même si nous étions arrivés tôt, il y avait déjà quelques photographes présents et beaucoup d’autres nous ont rejoints.

    À ce moment-là, il devenait clair que j’allais tenter de faire une image différente. J’ai donc commencé par photographier les « premiers » cadré serré en vitesse lente à l’entrée du lac. Puis, au fur et à mesure, je me suis déplacé autour du lac en cadrant naturellement de plus en plus large. L’avantage avec cette technique, c’est qu’il n’y a aucune post production ou recadrage à faire sur l’image, une fois faite, il suffit de la légender et de l’envoyer !

    Romain Thuillier (Page Facebook)

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    Cette photo a été prise non loin de la fin de la Power Stage du Rallye de Finlande, Oittila. Vu en reconnaissances le mardi, cet endroit ne nous avait pas fait forte impression : les tournesols semblaient en piteux état, totalement fanés, et il ne s’agissait que d’une simple portion de ligne droite en montée. Bref, pas de quoi s’enflammer.

    À l’issue des reconnaissances, le plan du dimanche était donc d’aller sur l’autre spéciale de la boucle, la première de la matinée. Le dimanche venu, après avoir dormi en moyenne 3 heures par nuit sur les 3 premiers jours du rallye, nous avons changé de plan pour gagner 30 précieuses minutes de sommeil supplémentaires !

    Nous nous sommes retrouvés sans grande conviction sur ces deux derniers kilomètres de la Power Stage. Sauf que cette fois-ci, le soleil semblait bien vouloir pointer le bout de son nez et les fleurs de tournesol étaient ouvertes. Il ne manquait plus qu’un drapeau finlandais et de cette pancarte « Oittila, the village of happy people » déposés par le villageois du coin pour compléter à merveille et de manière si inattendue l’ambiance hippie de l’endroit !

    Tous les ingrédients étaient là pour une composition « au millimètre ». Même si les autos passaient très vite à cet endroit et la fenêtre de tir était très étroite, la rafale à 12 images/sec du Nikon D5, emprunté sur ce rallye, faisait des merveilles ! Il ne restait plus qu’à figer suffisamment le mouvement grâce à une vitesse d’obturation élevée pour rassembler le tout dans le même cadre et repartir satisfait d’avoir ramené une image originale tout en ayant gagné 30 minutes de sommeil !

    Vincent Thuillier (Page Facebook)

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    Thierry Neuville / Nicolas Gilsoul, Hyundai i20 WRC, Rallye du Portugal 2016

    La spéciale de Marao est un spot incontournable du rallye du Portugal, notamment avec ce fameux enchainement étroit entre d’immenses rochers. Cette chicane naturelle a été tant de fois photographiée, au détriment du panorama spectaculaire qui s’offre à nous, du haut de cette montagne. J’ai donc décidé de chercher un cadrage un peu différent, plus en amont de la fameuse chicane.

    Après quelques dizaines de minutes d’escalade et de contorsion entre les rochers, je trouve ce « perchoir de pierre », abrité du vent puissant et glacial. Le surplomb de la route donne un point de vue habituellement réservé aux photographes utilisant une perche. La brume dans la vallée complète parfaitement la scène. Je peux profiter du spectacle offert par les pilotes pour négocier le long gauche rapide qui les amène jusqu’à nous…

    Sarah Vessely (Page Facebook)

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    Kris Meeke / Paul Nagle, Citroën DS3 WRC, Rallye de Finlande 2016

    En arrivant sur place avec des collègues français, on découvre que le point stop a été aménagé façon F1 par le promoteur. Le podium est au-dessus de la voiture et sauf à prendre de la hauteur, on aura une rambarde en plein milieu de l’image. Bien sûr, les gars de la TV ont un élévateur, mais pas nous.

    Avec les frères Thuillier, on remarque un photographe sur le toit d’une petite maison rouge. Ça pourrait le faire… Je me risque à demander, et bingo, le mec me dit de monter, qu’il y a une échelle. On se retrouve à 7 ou 8 sur le petit toit. On cherche un peu les longerons, histoire de ne pas se casser la figure.

    Kris arrive, l’équipage monte sur le capot pour célébrer la victoire. J’ai le temps d’alterner 40mm et 70-200mm, et une intuition me dit de rester soudée sur Kris. Bam, deuxième bingo de la journée : le mec nous fait un saut d’un mètre en l’air. Forcément, d’un coup, le podium pour la TV qui s’est déroulé juste après est devenu beaucoup moins intéressant…

  • Abarth 124 rally : Fiat de retour à la compétition

    Abarth 124 rally : Fiat de retour à la compétition

    Voilà un bout de temps que nous attendions cela : être surpris par Fiat. C’est chose faite avec cette Fiat 124 Abarth Rallye. Et entre nous, il y avait bien longtemps que je n’avais pas vu un communiqué de presse introduit par un « Left 4 cut, 30 caution jump, right 5 left 3 close, 100, right 2 don’t cut ».

    Nous voici dans le bain, 40 ans après l’introduction de la Fiat 124 Spider lors du Rallye Monte-Carlo 1976.

    A Genève, lors du GIMS, le Geneva International Motor Show, Abarth a révélé ce matin cette Fiat 124 Abarth Rallye, en même temps que la version de série, une première pour Fiat et Abarth. C’est un réel retour à la compétition et au rallye pour Abarth, après les engagements officiels puis officieux Fiat Punto S2000 puis Fiat 500 Abarth R3.

    Mécaniquement, on retrouve le moteur 4 cylindres 1800cm3 à injection directe sous le capot, délivrant 300 chevaux. Une boîte de vitesses 6 rapports est prévue avec palettes au volant, propulsant les roues arrières bien entendu, avec un différentiel autobloquant. Cette 124 Rally répond aux normes FIA-GT, et sera donc directement dérivée du modèle de série.

    Avec la Toyota GT86 R3, cette Fiat 124 Abarth engagée en GT tout comme les nombreuses Porsche GT3 présentes en rallye, on attend maintenant Alpine. Rien de plus, si ce n’est l’engagement officiel ou la commercialisation de cette 124 GT. J’ai déjà imprimé mon bon de commande.

    Fiat Abarth 124 Rally 2017
    Fiat Abarth 124 Rally 2017, révélée lors du Salon de Genève 2016
    Fiat Abarth 124 Rally 2017
    Fiat Abarth 124 Rally 2017, révélée lors du Salon de Genève 2016
    Fiat Abarth 124 Rally 2017
    Fiat Abarth 124 Rally 2017, révélée lors du Salon de Genève 2016
    Fiat Abarth 124 Rally 2017
    Fiat Abarth 124 Rally 2017, révélée lors du Salon de Genève 2016
    Fiat Abarth 124 Rally 2017
    Fiat Abarth 124 Rally 2017, révélée lors du Salon de Genève 2016

     

  • Quand Sébastien Loeb s’étonne lui-même !

    Quand Sébastien Loeb s’étonne lui-même !

    Celle-ci, je peux en parler car je l’ai vécue de l’intérieur (et je n’avais jamais eu aussi froid de ma vie avec un -29°C au thermomètre) ! Nous étions installés dans le Vikingskipet de Hamar, construit pour les JO de Lillehammer en 1994… Trois jours de course à suivre les performances exceptionnelles de Sébastien Loeb et Daniel Elena en route vers une nouvelle victoire sur la neige.

    Avant l’ultime spéciale du Rallye de Norvège 2009, l’équipage Champion du Monde est impliqué dans un duel avec Mikko Hirvonen et Jarmo Lehtinen. La Citroën C4 WRC est en tête avec 7,7 secondes d’avance sur la Ford Focus RS WRC… Après avoir compté 15,8 secondes d’avance quelques heures auparavant.

    Sur la ligne de départ de l’ES23, Loeb et Elena n’ont plus de 19,74 kilomètres à parcourir pour remporter leur premier Rallye de Norvège. A la régulière, ils ne devraient plus être rejoints…

    Sur la belle neige norvégienne, Sébastien Loeb attaque, attaque vraiment ! A tel point qu’il parvient à s’étonner et à le partager avec son copilote.

    Dans cette vidéo, certaines portions sont purement ahurissantes (autour de la deuxième minute, notamment)… Mais je ne serais trop vous conseiller d’écouter attentivement la réaction du pilote lors du freinage qui suit l’infinie allonge à partir de 4’20 »… « Popopopopo » et « Là, il ne freinera pas plus tard ». Entendre Loeb partager son plaisir à l’intérieur de la C4 WRC, ça reste jubilatoire !

  • La Coupe des Alpes, vous dites ?

    La Coupe des Alpes, vous dites ?

    Bien que lancée en 1931 sous le nom de Rallye des Alpes françaises, la Coupe des Alpes fut un grand rallye international de l’après guerre. Découverte d’un mythe du rallye européen.

    La Coupe des Alpes est à l’époque une des plus longues compétitions automobiles au monde, établie entre 3000 et 4000 kilomètres selon les années. Son parcours est tracé à travers les Alpes, passant par la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, la Yougoslavie et l’Autriche. La course est disputée sur quelques jours, autant dire que le rythme est élevé. Après guerre, les villes de départ et d’arrivée étaient Marseille et Cannes, contrairement au rallye Monte-Carlo, son grand rival, dont les villes de départ sont différentes selon le choix des équipages, avec Reims, Glasgow, Hambourg ou encore Manchester, et d’autres. Les plus grands cols alpins et villes transalpines sont alors visités par la course : Chamonix, Saint Moritz, Monza, Milan, Megève, Munich, Aoste, Grand Saint Bernard, l’Isoard, le Galibier, le Stevio, le Ventoux.

    Cette Coupe des Alpes, aussi appelée Alpine Rally n’était pas la seule compétition internationale organisé dans les Alpes. Le Rallye alpin d’Autriche nommé Österreichische Alpenfahrt, le Sestriere Rally, le Jugoslavanska Alpska Voznja, la Coppa delle Alpi, le Rallye Monte-Carlo ou encore le Critérium Neige et Glace étaient aussi de grands rallyes alpins.

    De par son exigence et son haut niveau de compétition, d’endurance et de régularité, la Coupe des Alpes devient en 1953 une des principales manches du nouveau Championnat d’Europe des Rallyes, aujourd’hui appelé FIA ERC.

    Coupe des Alpes - Citroen DS

    Coupe des Alpes - Ambiance

    De grands noms ont remporté ce rallye, la Coupe des Alpes étant d’ailleurs particulière du point de vue des prix et donations. Outre les habituelles victoires « scratch » ou de classes, deux coupes étaient spécialement offertes aux triples vainqueurs de l’épreuve et aux triples vainqueurs consécutifs. Pour la première variante, la Coupe d’Argent était offerte. Huit pilotes ont eu cette récompense, entre autres René Trautmann (1959-1962-1963, Citroën DS) ou Paddy Hopkirk (1956-1959-1965). Pour la seconde variante, seuls trois pilotes ont eu la chance d’être primés d’une Coupe d’Or : les Anglais Ian Appleyard (1950-1951-1952, Jaguar), Stirling Moss (1952-1953-1954, Sunbeam) et le Français Jean Vinatier (1968-1969-1971, l’édition 1970 n’ayant pas lieu) sur Alpine-Renault A110.

    Ce rallye disparait en 1971 face à la difficulté d’organiser ce rallye sur routes ouvertes. Oui, sur routes ouvertes, autant dire que ce rallye était vraiment extraordinaire… Toute une époque.

    La Coupe des Alpes est aujourd’hui un rallye de régularité organisé par RallyStory, nous y étions en juin dernier. Il est bien moins ambitieux qu’à l’époque, se suffisant d’une boucle tracée dans les Alpes françaises. Cette année, la Coupe des Alpes est découpée en deux jours de course et 6 villes étapes : Evian > Megève > Col de la Madeleine > Serre Chevalier > Haute Provence > Cannes.

    Coupe des Alpes - Alpine Renault

    Coupe des Alpes - Austin Healey

    Coupe des Alpes - BMW

    Coupe des Alpes 1954 - Jean Redele - Renaut 4CV

    Coupe des Alpes 1956 Stelvio

    Coupe des Alpes 1962 - Austin Healey

    Coupe des Alpes 1966

    Coupe des Alpes 1967 - Paddy Hopkirk

    Coupe des Alpes 1967 - Renault 8 Gordini

    Coupe des Alpes 1969 -

    Coupe des Alpes 1969 - Jean-Pierre Nicolas - Alpine Renault

  • L’affiche du Rallye Monte-Carlo

    L’affiche du Rallye Monte-Carlo

    Depuis plus de 100 ans, le Rallye Monte-Carlo ouvre la saison des rallyes internationaux. Il s’agit là du plus beau, du plus spécifique, du plus prestigieux des rallyes mondiaux. Son nom et son palmarès ont toujours fait rêver, mêlant glamour monégasque et difficulté du parcours enneigé et verglacé des Alpes. Chaque année, l’affiche du rallye est présenté, toujours très recherchée, tout en étant classique. A quelques jours de l’ouverture du Championnat du Monde des Rallyes, il est temps de revenir sur les plus belles affiches de ce rallye créé en 1911 dans le but d’amener le jet-set européenne à Monaco.

    Avant d’entamer l’inventaire à la Prévert des affiches du Monte-Carl’, zoom sur la plaque du rallye, qui est elle encore plus prestigieuse, pour une bonne raison : elle n’a quasi pas changé depuis 1911. Forme classique, elle fut d’abord fond blanc à lettrage rouge et est devenue depuis 1931 à fond rouge et lettrage blanc. Cette plaque du rallye Monte Carlo est inimitable et reconnaissable entre toutes. Elle est par ailleurs très recherchée par les collectionneurs.

    Retour à l’affiche. Quatre types d’affiche ont fait et font l’histoire : l’affiche du Rallye Monte-Carlo, celle du rallye historique, celle du rallye dédié aux énergies nouvelles et les affiches promotionnelles, découlant des résultats des équipes et constructeurs.

    Rallye Monte-Carlo moderne

    Rallye Monte-Carlo historique

    Rallye Monte-Carlo des énergies nouvelles

    Affiches promotionnelles du Rallye Monte-Carlo

    Rendez-vous le 18 janvier prochain pour le départ du Rallye Automobile Monte-Carlo.

  • Avez-vous gagné des jeux vidéo WRC 5 ?

    Avez-vous gagné des jeux vidéo WRC 5 ?

    Tout juste élu meilleur jeu sur console de salon à l’occasion des Ping Awards 2015, le jeu WRC 5 est à gagner sur AUTOcult.fr !

    Développé par le studio français Kylotonn Games, WRC 5 est le jeu officiel du Championnat du Monde des Rallyes. Les treize manches de la saison et 51 équipages régulièrement engagés dans la compétition sont accessibles via une multitude de modes de jeux (carrière, course simple, en ligne…).

    Voici les noms des cinq gagnants. Les lots seront envoyés cette semaine !

    Emmanuel S. de Meurthe-et-Moselle
    Jérôme R. des Hauts-de-Seine
    Thierry O. du Val-de-Marne
    Frédéric N. des Bouches-du-Rhône
    Benoît T. de Meurthe-et-Moselle

    Zone-concours.com

    Découvrez toutes les vidéos qui buzz du moment!

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  • Il y a 20 ans : Colin McRae Champion du Monde !

    Il y a 20 ans : Colin McRae Champion du Monde !

    Il y a une semaine, j’étais à Chester. Pour quelques passionnés de rallye, c’est là que Colin McRae et Derek Ringer ont célébré leur premier titre mondial, celui qui devait être le premier d’une très longue série…

    Chester, c’est tout ce qui ne ressemble pas au rallye. A quelques kilomètres au sud de Liverpool, à un jet de pierre de la frontière galloise, cette petite cité anglaise est un repère très posh. Un restaurant étoilé, aucun théâtre, mais une multitude de magasins en centre-ville, Chester est le lieu de résidence préféré des femmes de footballeurs de la région, des Reds, des voisins d’Everton, comme des deux clubs de Manchester.

    Pourtant, il y a vingt ans, Chester est devenu la capitale d’un sport de fermiers déjantés. C’est au cœur de l’hippodrome, alors baigné par le soleil qu’une Subaru Impreza bleue et jaune s’est mise à tourner sur elle-même. A bord, Colin McRae et Derek Ringer venaient d’accomplir un rêve : devenir Champions du Monde des Rallyes et le fêter par des donuts.

    Ce jour-là, Colin McRae a cessé d’être un espoir. Ce jour-là, l’Ecossais a créé sa légende, lancé l’ère McRae dans sa discipline, en sport automobile et bien au-delà.

    Avec le titre britannique en poche, il avait intéressé les connaisseurs. Lors du Rallye de Finlande 1992, il avait accroché les spectateurs. L’année suivante, en Nouvelle-Zélande, il était devenu un réel espoir en remportant son premier rallye mondial. Et en quelques mois, en l’espace de quatre rallyes, il est devenu le numéro 1.

    Cette année 1995 est sans doute la plus incroyable de l’histoire du rallye. A mi-saison, avec un calendrier restreint à huit manches, Colin McRae compte 20 points. Il n’est que septième du classement derrière son équipier Carlos Sainz, Juha Kankkunen, Didier Auriol, François Delecour, Tommi Mäkinen et Kenneth Eriksson.

    L’Ecossais, qui avait promis de batailler pour le titre mondial cette année-là, paraît encore bien trop jeune pour briser l’hégémonie de la génération Groupe A.

    Une bombe nucléaire n’aurait pas pu m’empêcher de gagner

    Pourtant, il gagne en Nouvelle-Zélande et termine deuxième en Australie, tandis que Carlos Sainz alignent deux résultats nuls (forfait en Nouvelle-Zélande après une chute de vélo). En Espagne, les Toyota sont mises hors course et David Richards, alors patron du team Subaru, ordonne à ses pilotes de terminer aux deux premiers rangs, Sainz devant McRae. Le jeune ne s’exécute qu’au terme du rallye, après avoir contraint son équipe à lui barrer physiquement la route en pleine spéciale !

    Jimmy McRae, le père de Colin, se souvient encore de cet instant. Le championnat venait de prendre une nouvelle tournure. Toyota out, Sainz et McRae étaient les deux seuls candidats au titre. Mathématiquement, ils étaient à égalité avec un léger avantage pour l’Espagnol qui comptait trois victoires, contre une seule à son équipier. Mais en arrivant sur le Front de Mer de Lloret de Mar, lorsque les deux Impreza se sont garées pour préparer le podium du Rallye d’Espagne, la saison était déjà jouée…

    « C’est à ce moment-là que Colin a gagné le RAC », se remémore papa McRae. Tout ce petit monde s’est retrouvé à Banbury, dans le triangle magique du sport automobile britannique. La discussion fut franche et la promesse directe : la guerre se jouerait simplement sur une dernière bataille, en Grande-Bretagne !

    Carlos Sainz a toujours été très fier, toujours sûr de lui. Il restait convaincu qu’il pouvait s’imposer face à son équipier. Mais rien n’aurait pu lui donner l’avantage. Dans l’hebdomadaire britannique Motorsport News, on retrouve une phrase simple qui permet de cerner le contexte : « Une bombe nucléaire n’aurait pas pu m’empêcher de gagner ce rallye. » Ce sont les mots de Colin McRae à l’arrivée.

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    Durant une semaine, il a pourtant été bien proche de l’enfer. Il crève dans la plus longue spéciale du rallye, il casse un bras de suspension, il est ralenti par un problème hydraulique dans la transmission de sa Subaru. Mais même une bombe nucléaire…

    Il y a vingt ans, Colin McRae était programmé pour gagner son rallye. N’importe lequel de ces problèmes aurait dû l’éliminer de la course à la victoire en temps normal. Pas en cette fin novembre.

    Début de la deuxième étape : dans Hamsterley, il devance Sainz de 29 secondes. A la radio, Luis Moya, le copilote de l’Espagnol, demande confirmation du temps de McRae. Redemande. Redemande de confirmer la minute, persuadé que l’Ecossais a perdu 31 secondes. Non, il leur a collé plus d’une seconde au kilomètre, à la régulière.

    Tommi Mäkinen, précédent leader, casse une suspension et abandonne. Eriksson est surclassé. McRae pointe en tête !

    Dans la forêt de Kielder, on annonce des flocons de neige. C’est à ce moment-là que le rallye doit se jouer. Les équipages entre dans un juge de paix : les 59 kilomètres de Pundershaw. Ce chrono résume l’état de grâce de McRae.

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    Il crève en heurtant une pierre dès les premiers kilomètres. A haute-vitesse, la mousse anti-crevaison de ses Pirelli se désagrège. L’équipage se gare dans un carrefour. Ni Colin, ni Derek ne sont encore sortis de l’Impreza que la voiture est déjà soulevée par les spectateurs. Ils changent la roue et terminent le chrono à moins de deux minutes de Sainz.

    A l’arrivée, il confie : « Pas de chance, mais je ne m’en fais pas. Le rallye vient juste de commencer. »

    Les spectateurs jouent leur rôle. Ils s’agitent et font le plus de bruit possible à chaque passage de la Subaru Impreza numéro 4. Meilleur temps, meilleur temps… L’écart passe déjà sous la minute.

    Dans Kershope, il reprend entre deux secondes à Carlos Sainz, mais sa suspension est pliée et le pneu frotte. Séance de bricolage pour prendre l’autoroute et rentrer à l’assistance. Encore deux spéciales nocturne et la journée se termine avec un écart de 39 secondes.

    Courte nuit, réveil à 4h30. La nuit, encore, le brouillard et la pluie de Dyfnant. Les Anglais ont l’habitude de dire que deux choses sont immuables dans le monde : on mourra un jour et il pleut au Pays de Galles…

    El Matador n’a plus ses armes. Le taureau qu’est devenu McRae charge !

    Toute la journée, il mange des secondes à l’Espagnol jusqu’à lui planter une banderille définitive dans Hafren Sweet Lamb à la fin de la troisième étape pour récupérer la première place du classement.

    Durant quatre jours, les journaux télévisés remplaçaient le football par le rallye. Alan Shearer et Eric Cantona passaient au second plan face à cet Ecossais volant.

    Ce 22 novembre 1995, la journée commence dans un pub. Nous sommes un mercredi. A l’époque, il était commun d’organiser les rallyes en pleine semaine pour éviter l’afflux trop important de spectateurs. Colin McRae vient de se garer aux abords du départ de la première spéciale de l’ultime étape de la saison. En avance pour pointer, il entre dans un pub et commence à jouer au billard. Les autres travaillent leurs notes. Colin est définitivement dans un autre monde.

    Scratch, scratch, scratch à travers le Pays de Galles… Sainz est résigné. On imagine même qu’il dépose les armes pour s’assurer de conserver son volant chez Subaru en 1996 (après avoir signé chez Toyota). Mais l’Espagnol ne pouvait simplement pas contrer McRae.

    Et encore un pour terminer la 28e et dernière spéciale. 36 secondes d’avance au classement général. Il arrive à Chester : des donuts, le Champagne, les embrassades avec son père. Nous en sommes tous sûrs, le plus jeune Champion du Monde des Rallyes va bientôt avoir plus d’un titre à célébrer. Juha Kankkunen n’a qu’à bien se tenir !