Auteur/autrice : Rédaction

  • Fake news signée France 2…

    Fake news signée France 2…

    Il paraît que l’idée de dénoncer les « fake news » est à la mode, qu’il est nécessaire de connaitre le média qui publie les informations pour pouvoir lui accorder l’importance qu’il mérite. Alors, soyons généreux, partageons de morceau de désinformation diffusé par France 2.

    Je pense ne pas avoir à présenter France 2. La deuxième chaine historique fut la plus regardée dans les années 1980 – juste avant la privatisation de TF1 – avant de voir son audience baisser continuellement (46,2 % de part de marché en 1983, 26 % en 1994, 19,8 % en 2005 et 13,0 % en 2017).

    Samedi soir, lors du Journal de 20 Heures présenté par Laurent Delahousse, un reportage de 2’36 » signé par « M. Boisseau, J. Devambez, S. Guillemot, M. Dreujou et N. Sadok » justifie le passage de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires à 80 km/h.

    Il n’est pas question de débattre sur le bienfondé de cette nouvelle loi. En revanche, je veux souligner le caractère fâcheux du reportage présenté à environ 5 millions de personnes.

    L’équipe de France 2 a fait un test sur un parcours de 100 kilomètres avec des Peugeot 308 HDi, afin de comparer les trajets à 80 et 90 km/h.

    Le parcours choisi va du village des Grandes Ventes en Seine-Maritime à Marines dans le Val d’Oise, sur la D915 « l’une des routes où dès le 1er juillet la vitesse sera réduite ».

    Sur le papier, et c’est très bien expliqué en début de reportage, le véhicule qui roule à 80 km/h devrait mettre 8 minutes de plus pour boucler ses 100 kilomètres.

    « Après 100 kilomètres très exactement, Joséphine lance le chronomètre et me voici déjà, bien avant les 8 minutes de retard théorique. »

    En effet : trois minutes d’écart entre les deux Peugeot 308. Alors, pourquoi s’offusquer ? Il est évident qu’une voiture lancée à 80 km/h ira moins vite qu’une autre qui roule à 90 km/h.

    Justement, le secteur choisi ne permet pas (avant le 1er juillet 2018) de rouler « pleinement » à 90 km/h. Le parcours de 100 km à 90 km/h devrait être terminé en un peu plus de 68 minutes. Faisons un tour sur une application d’aide à la conduite… Quel est le résultat dans des conditions de circulation parfaite ? 96 minutes !

    Par rapport au temps idéal à 90 km/h, on perd donc 28 minutes (en roulant pourtant à 90 km/h selon France 2). Ce trajet est plein de passages à 70 km/h et 50 km/h. Il n’est donc pas du tout représentatif. Selon l’application, la vitesse moyenne maximale sur ce trajet est de 64 km/h. Face à de tels résultats, le reportage aurait dû être refait sur une autre route plus conforme avant d’être diffusé.

    Mais il y a pire. Vraiment, vraiment pire quelques secondes plus tard.

    « L’autre changement majeur, c’est la distance de freinage. À 90 km/h, il faut 40 mètres pour s’arrêter. À 80, beaucoup moins. »

    Un instructeur mesure alors la différence entre les deux véhicules. Résultat 8,50 mètres. Encore une fois, je ne conteste pas qu’un véhicule lancé à 90 km/h puisse avoir besoin d’une plus grande distance pour s’arrêter. Ce que je conteste, c’est la réalisation tronquée du test. Le conducteur de la Peugeot 308 lancée à 90 km/h appuie sur la pédale de frein comme s’il n’y avait aucun danger. Les feux de détresse ne s’allument pas, les amortisseurs avant ne s’écrasent pas… Tandis que l’ABS et les feux de détresse sont très clairement en fonction sur le freinage à 80 km/h. C’est une escroquerie pure et simple.

    Ce dimanche, Jean-Luc Moreau donnait une leçon de freinage dans Votre Auto sur RMC. Voilà qui était bien plus intelligent et formateur…

    Je me tiens évidemment à la disposition de France 2 pour refaire ces tests de freinage…

    À visionner à partir de la 18e minute…

  • Gérald Welter : à 400 km/h

    Gérald Welter : à 400 km/h

    Dans le monde automobile, il nous arrive de croiser beaucoup, beaucoup de gens passionnés. Gérard Welter en était un. Il est mort à l’âge de 73 ans.

    Ancré chez Peugeot depuis ses 18 ans, il avait  » créé  » la Peugeot 205 avant de devenir le Directeur du Centre de Style de Peugeot entre 1998 et 2007 et d’être à l’initiative de nombreux concepts : Proxima, Oxia, Asphalte, Touareg, RC Pique et RC Carreau, Féline, 907…

    Mais Gérard Welter, c’était aussi une aventure complètement folle menée dans le cadre des 24 Heures du Mans. Un délire on-ne-peut-plus sérieux qui fait aujourd’hui passer les tentatives de records en tout genre et sans homologation (que ce soit les records de vitesse ou les temps au tour sur la Nordschleife) pour des conneries d’ados attardés devenus marketeux. Welter, avec son compère Michel Meunier, a voulu – dans un cadre très réglementé – passer la barrière des 400 km/h sur le Circuit des 24 Heures du Mans.

    Depuis 20 ans, les deux compères avaient pris leurs habitudes sur le circuit sarthois. D’innombrables abandons, une victoire de classe en GTP et même un passage en tête du général au début des années 1980… Mais  » WM  » n’avait pas pour vocation de jouer la victoire. En 1988, l’idée était de marquer les esprits.

    L’année précédente, l’une des voitures avait atteint 379 km/h dans les Hunaudières. En 1988, il fallait faire mieux et pulvériser le record détenu par une Porsche avec 391 km/h. Tout a été mis en œuvre pour passer les 400 km/h en course.

    L’opération  » Projet 400  » fait appel au savoir-faire d’Heuliez, avec de longs tests dans la soufflerie Jules Verne de Nantes. L’objectif est de réduire la résistance en minimisant les entrées d’air. Mais pour ne pas mettre en danger le moteur Peugeot, un extracteur est placé sur le toit. Le V6 PRV est poussé à 910 chevaux par deux turbos, avec un couple de 1020 Nm.

    La Groupe C n’est pas fiable et loin d’être taillée pour s’imposer. Le début de course est d’ailleurs un rappel des défauts de l’auto… Mais, alors que la température baisse sur le circuit, Roger Dorchy reçoit la consigne de se servir de toute la puissance du moteur. Au bout de la ligne droite, le radar du circuit indique 407 km/h !

    Pour accompagner le lancement de la Peugeot 405, le record est annoncé à 405 km/h. Le pari est gagné, l’équipage abandonne (encore) et l’installation de ralentisseurs pour couper les Hunaudières en trois portions protège à jamais ce record historique.

  • Lamborghini Urus : le Super SUV

    Lamborghini Urus : le Super SUV

    Face à ce nouveau SUV signé Lamborghini, le constat est simple. Jamais un véhicule de ce segment n’avait présenté une telle fiche technique. Si l’Urus ne nie pas l’héritage de l’historique LM002, il est davantage une supercar d’un nouveau type…

    Quinze ans après Porsche

    2002, le Cayenne arrive sur le marché. Porsche lance ce qui s’appelle alors un 4×4. Lors de la présentation à Leipzig, le scepticisme emporte de nombreux experts. Un Australien lance « this thing is uglier than a hatful of busted arse’oles ». Traduction non autorisée.

    Et pourtant, le Cayenne s’est installé dans les concessions pour porter les ventes d’une marque sportive qui ne peut pas uniquement vivre de 911 et de 918. De quoi devenir une référence en termes de profitabilité.

    Un nouveau concept

    Lamborghini ne vient pas chasser sur les routes de Porsche. Si, comme les Allemands, les Italiens cherchent à doubler la taille du carnet de commande (record de 3 800 immatriculations en 2017), Lamborghini ne veut rien vendre en dessous des 180 000 euros de la plus accessible des Huracán. Le nouveau SUV se place donc au-delà des 200 000 euros, dans une fourchette assez semblable à celle du Bentley Bentayga.

    Le Super SUV de Lamborghini

    Ce Super SUV s’est longuement fait attendre… Mais les différences entre l’Urus et le concept car dont il dérive sont minimes. C’est un nouveau fer de lance pour Sant’Agata Bolognese.

    Deux configurations sont possibles : quatre ou cinq places. Mais les quatre roues motrices et la ligne angulaire tirée d’un Huracan qui aurait avalé une pilule bleue sont bien de série. L’Urus est la première Lamborghini dotée d’un moteur turbocompressé, un V8 Twin-turbo 4 litres capable de libérer 650 chevaux pour un couple de 650Nm, pour une masse de près de 2 200 kg.

    Couplé à la boîte de vitesses automatique à 8 rapports, le moteur de l’Urus promet des accélérations de 0 à 100 km/h en seulement 3,6 secondes… Et une vitesse de pointe de 305 km/h.

    Un vecteur de couple gérera au mieux la puissance sur toutes les roues simples, pour assurer une adhérence maximale lorsque vous êtes confrontés à des terrains glissants. Comme pour l’Aventador S, ce Rambo-Lambo est également équipé de roues arrière directrices.

    La suspension propose une garde au sol variable (ressorts pneumatiques et barres antiroulis actives). Mais les pneus Pirelli PZero spécifiques ne vont pas forcément inviter aux manœuvres de franchissement avec des tailles jusqu’au 23 pouces !

    Un nouveau lieu en région parisienne

    Lamborghini s’est associé avec le Groupe Schumacher pour ouvrir un site 100 % Lamborghini au pied des tours de La Défense. Le site a été inauguré hier en présence du patron de la marque, Stefano Domenicali.

  • On ne contrôle pas ses sentiments

    On ne contrôle pas ses sentiments

    C’est en suivant un lien posté sur Twitter par @adeprun que je viens de lâcher un flot de larmes : devant le top 10 des campagnes les plus créatives de l’industrie automobile de l’année 2017 selon adforum. Toutes très bien, forcément, et l’une d’elles totalement bouleversante.

    L’industrie automobile pèse plus de 2 000 milliards d’euros. Un gigantesque budget qui permet – au-delà de garantir la liberté de déplacement à des milliards d’humains – de s’intéresser à d’autres problématiques.

    Réalisé pour Volvo, ce film de près de douze minutes a reçu des prix tout autour du monde. Loin des thèmes habituellement abordés par la marque, avec une dose de pathos parfois un peu trop importante,  » Alice’s Wedding  » traite de la maladie d’Alzheimer, une perte progressive des neurones incurable et irréversible. En 2007, 800 000 personnes étaient atteintes en France.

    J’ai donc pleuré durant une bonne partie du film. Mais surtout : merci Volvo d’investir sur des thèmes qui ne sont pas à proprement parler lié à la mobilité et à la vente de véhicules.

  • Essai Volvo XC40 : faire son marché

    Essai Volvo XC40 : faire son marché

    SUV par ci, SUV par-là, SUV partout. Le modèle d’un véhicule surélevé, qui inspire la solidité et la sécurité, est bien plus qu’une mode. Cette définition, qui sied si bien à la marque Volvo, entraine une expansion des gammes. Pour le constructeur suédois, c’est l’occasion de dévoiler XC40 et de s’engager pleinement sur le marché des SUV compacts premium.

    Un tout nouveau modèle

    Qu’il est compliqué de s’imposer sur le segment des berlines compactes. Entre 4,20 et 4,50 mètres, le marché européen a longtemps été imprenable face aux Volkswagen, Ford, Peugeot ou Renault… Pour des acteurs de seconde zone, il fallait se démarquer. Volvo l’a fait avec sa V40 (la lettre V désigne un break). Mieux encore, Nissan a mis au parking son Almera pour tenter le Qashqai.

    Aujourd’hui, tout le monde suit la voie tracée par le constructeur japonais. Et si la vieillissante V40 reste au catalogue, c’est le SUV XC40 qui va désormais être le fer de lance de Volvo pour faire du volume. Un volume réfléchi, car si un tiers du marché est désormais réservé aux SUV, 15 % sortent des marques premium, à fortes marges.

    Un Suédois débridé

    Volvo ne serait plus suédois ? Rien ne permet de l’affirmer. Son design prend ses grands frères XC60 et XC90 pour références. On est très loin des traits uniformes d’autres stylistes conformistes qui se contentent de quelques détails pour expliquer leurs sources. Les angles prononcés sont assumés, comme s’il n’avait pas été question de compromis pour se rapprocher de tel ou tel modèle à succès.

    Le XC40 est produit dans l’usine de Gand, propriété de la marque depuis 1965 et la sortie de l’Amazon. Alors oui, c’est bien Geely – l’actionnaire chinois – qui a apporté les capitaux pour développer la nouvelle plateforme  » CMA  » qui sera aussi bientôt utilisée par la nouvelle marque Link & Co. Mais rien d’autre ne vient de Chine.

    La nouvelle ère – 2 ans

    En 2014, le patron de Volvo promettait l’éradication des accidents mortels à bord des Volvo en 2020. Deux ans avant cette date fatidique, le XC40 montre les efforts de la marque pour tendre vers cet incroyable objectif.

    Une conduite semi-autonome de niveau 2 est déjà opérationnelle sur autoroute et une batterie de capteurs se met en route dès 4 km/h pour éviter ou prévenir les collisions avec d’autres véhicules (même venant de l’arrière), cyclistes et piétons en ville. J’irais même jusqu’à dire que l’image du nuage d’airbags prêt à encercler les occupants (Volvo a inventé l’airbag latéral en 1994 et a été le premier à lancer les rideaux gonflables) me donne envie de tester cette sécurité passive (!).

    Un esprit de conquête

    Jamais Volvo n’a vendu autant de véhicules dans le monde. 571 000 unités en 2017, soit un nouveau record pour la quatrième année consécutive. L’élan est le même en France avec plus de 16 000 immatriculations l’an passé. Et le XC40 – qui doit permettre à de nouveaux clients de découvrir la marque de Göteborg – est pensé pour ajouter 7 000 nouvelles ventes dans le réseau français.

    Il faut dire que le renouvellement de la gamme a été entamé par le haut. Aujourd’hui, il faut débourser 42 700 euros pour la première berline S90 ou 47 200 euros pour l’entrée de gamme du nouveau XC60. Avec le XC40, le prix d’appel des  » nouvelles  » Volvo va tomber à 31 000 euros, dès la commercialisation du petit 3 cylindres essence de 150 chevaux.

    Plus que votre véhicule

    Volvo présente quelques options d’un nouveau genre avec ce XC40. En particulier, la capacité de prêter son véhicule à un proche sans être présent. En laissant une clé spéciale dans l’habitacle, vous pourrez déverrouiller votre voiture à distance pour laisser un autre conducteur s’en servir, tout en suivant sa progression via une application et en limitant son rayon d’action.

    Le XC40 a aussi la capacité de servir de lieu de livraison avec un déverrouillage automatique du coffre pour les livreurs, mais cette option n’a pas été retenue pour la commercialisation en France.

    La cible du Volvo XC40 : le BMW X1

    Avec plus de 12 000 exemplaires vendus en France en 2017, le BMW X1 est clairement présenté comme la cible du nouveau XC40. A terme, le XC40 profitera d’un prix d’appel légèrement inférieur et d’une image différente pour ceux qui veulent  » autre chose qu’une voiture allemande « . Dans cette catégorie Premium, l’image fait énormément et – sans forcément marcher sur les platebandes de BMW – Volvo possède un exceptionnel réservoir de ce côté-là.

    Les Mercedes GLA, Audi Q3 et Range Rover Evoque sont d’autres concurrents.

    Votre dernière voiture !

    Plus jeune, mon grand-père avait acheté une Volvo en étant convaincu que ce serait sa dernière voiture… C’était une blague tant il lui restait longtemps à vivre, mais sa Volvo 440 – datée d’une époque compliquée d’une alliance avec Renault – n’a pas rempli son office. Pourtant, il se pourrait bien que je puisse conseiller ce XC40 pour dernière voiture.

    Le temps que ce XC40 arrive en fin de vie, le marché aura très, très largement évolué. Conduite autonome, motorisations PHEV (prévue sur XC40 en 2019) ou 100 % électrique (également annoncée sur XC40) et nouvelles méthodes d’acquisition d’un véhicule, le monde automobile change et ce XC40 sera peut-être votre dernière voiture  » du temps d’avant « .

    Comme une Volvo

    Et au volant ? C’est une généralisation de l’image que vous vous faites de la conduite d’une Volvo. C’est solide, ça avance avec suffisamment de chevaux pour grimper les côtes les plus rudes. Ça n’a pas pour vocation d’enrouler les courbes sur le train avant. La masse de 1 733 kilogrammes avec le D5 4 roues motrices (plus de cent kg d’écart avec un X1 équivalent par exemple) n’aide pas.

    Mais c’est confortable, neutre, technologique, plaisant pour de simples trajets. La monte spécifique (homologation VOL) des Pirelli PZero participe à cette neutralité en minimisant les bruits de roulement entendus dans l’habitacle. La voiture est plus bruyante à l’extérieur.

    À venir : Volvo V60

    Le renouvellement de la gamme va se poursuivre. Très prochainement – avec une première mondiale à Genève – Volvo présentera ses V60, puis S60 et V60 CC. En dehors des V40, toute la gamme aura ainsi totalement été renouvelée… Et il sera déjà temps de rêver à la suivante. En route vers les promesses de 2020.

    L’AUTO est-elle cult ?

    Imaginé pour prendre une part de l’appétissant gâteau que représentent les SUV compact premium, le XC40 n’a pas pour vocation d’entrer dans l’histoire de l’automobile. En revanche, la politique menée par Volvo depuis l’entrée à son capital de Geely est un exemple qui fera date. Et ce petit SUV est une parfaite porte d’entrée pour en profiter en tant que propriétaire d’un véhicule à la mode.

    Modèle essayé : Volvo XC40 D4 AWD First Edition.
    Invitation de Volvo Car France au Portugal.

    Tarif : 51 150 euros
    Moteur : 4 cylindres en ligne, double turbo, 16 soupapes
    Cylindrée : 1 969 cm3
    Puissance : 190 chevaux à 4 000 tours/min.
    Couple : 400 Nm à 1 750 tours/min.
    Transmission : 4 roues motrices
    Boîte de vitesses : automatique Geartronic, 8 vitesses
    0 à 100 km/h : 7,9 secondes
    Vitesse maxi : 210 km/h
    Consommations (route, ville, moyenne, essai) : 4,6, 5,7, 5,0, 8,0 litres / 100 km
    CO2 : 131 grammes / km
    Réservoir de carburant : 54 litres
    Masse à vide : 1 733 kg
    Coffre : 460 dm3
    L/l/h : 4 425 / 1 863 / 1 652 mm

  • Une autre idée du luxe

    Une autre idée du luxe

    Alors que les marques généralistes pensent de plus en plus premium, les premiums parlent aussi régulièrement que possible de « luxe ». Mais qu’y a-t-il de luxe dans l’industrie automobile ?

    Définition Larousse : caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux. Coûteux, certainement. L’automobile est un objet coûteux. Mais l’est-il « vraiment » ? Dans les allées du Salon International de la Haute-Horlogerie qui s’est tenu cette semaine à Genève, j’ai – encore une fois – mesuré l’écart qui existe entre le luxe et l’automobile.

    Objet de luxe, la montre s’affiche sans tarif. À un tel niveau, on n’achète plus un modèle sur catalogue… On se le fait fabriquer, parfois pour un million d’euros.

    Vous imaginiez que Lamborghini était une marque de luxe ? Pensez donc à Roger Dubuis, son partenaire horloger. D’un côté, une Lamborghini Aventador S (280 000 euros) ; de l’autre, une montre Roger Dubuis Excalibur Aventador S en série limitée pour une facture équivalente… D’autres exemples sont à prendre chez Richard Mille, IWC ou Audemars Piguet.

    Evidemment, vous entendrez toujours parler des « valeurs » du luxe. Mais au-delà de l’idée marketing qui règne dans les couloirs des constructeurs, il y a la réalité du terrain. Et plus encore, la réalité financière.

    Lorsque la bourse s’intéresse à ces valeurs, les données sont différentes. Les valorisations des marques de luxe se situent entre 20 et 45 fois les bénéfices annuels. Dans l’industrie automobile, on ne dépasse pas 10 fois les bénéfices… Seul Ferrari (34 %) sort du lot et s’inscrit pleinement dans cette idée du luxe, de la rareté et des produits – comme des services – coûteux.

    Pour 2017, les PER prévus par les analystes (vu sur Boursorama) au sujet des groupes automobiles européens :
    FCA 8,54
    BMW 8,13
    Daimler 8,13
    Peugeot 8,01
    Volkswagen 7,66
    Renault 5,62

    A comparer à :
    Hermes 38,91
    Kering 25,88
    LVMH 24,86

    Non, l’automobile n’est pas du luxe, c’est une industrie et seules quelques marques menées par Ferrari peuvent – aujourd’hui – s’inscrire dans cette logique.

  • La nature efface Fordlândia

    La nature efface Fordlândia

    À la recherche de caoutchouc naturel si difficile à dénicher, Henry Ford a eu une idée de génie (encore !)… En 1927, il s’offre 10 000 km2 en forêt amazonienne pour bâtir une cité ouvrière dédiée à l’exploitation de cette ressource nécessaire à la fabrication des pneumatiques. L’idée était de s’affranchir de la matière première importée de Malaisie britannique, elle s’est soldée par un cuisant échec.

    La forêt amazonienne a raison de tout élément laissé à l’abandon. C’est sa force et sa revanche contre la déforestation qui l’attaque et l’amoindrit avec une constance déroutante. La parfaite cité de Fordlândia est en train d’être reprise. Le golf est déjà conquis, comme le cimetière. Le reste a été volé par de pillards.

    Fordlândia était la ville parfaite imaginée par Henry Ford. Un SimCity dans la réalité avec une immense manufacture accompagnée de logements, des pavillons pour les cadres et des corons pour les ouvriers, un hôpital parmi les plus évolués de l’époque, une école, une centrale électrique et tout ce qui pouvait sembler nécessaire au divertissement avec une règle simple : faire venir le meilleur des Etats-Unis pour « fixer » les travailleurs.

    Sur le papier, la ville du caoutchouc est aussi géniale que réelle. Ford a énormément investi pour récupérer une matière première de qualité. Et pourtant, rien n’a fonctionné.

    L’hôpital imaginé par l’architecte de Detroit Albert Kahn a fait le bonheur des pillards. Les squatteurs ont pris possession de luxueuses demeures de « Palm Avenue ». Aujourd’hui, il manque les meubles et les poignées de porte de dizaines de maison.

    Beaucoup d’autres choses ont simplement été reprises par la nature, qui a effacé une bonne partie de cette copie rêvée du Midwest américain, transplanté au cœur de la jungle brésilienne.

    Ce qui a été sauvé appartient désormais à des chercheurs d’or, des descendants de travailleurs de plantation ou des fermiers. Huit cents personnes vivent aujourd’hui dans une ville abandonnée, dans une carte postale qu’ils n’essaient même pas d’entretenir.

    Après avoir acheté cette bande de la forêt amazonienne, Ford fait planter des hectares et des hectares d’hévéa. La main d’œuvre est bon marché et heureuse de vivre dans une ville du futur… Cinq mille personnes équipées de machines à laver et de réfrigérateurs, des détails inconcevables au cœur d’une jungle.

    À l’époque, la vie est réglée selon le mode de pensée très puritain du fondateur de la marque Ford. Une brigade de la propreté avait le droit d’entrer dans chaque propriété pour vérifier la bonne tenue des maisons et il a fallu attendre plusieurs années pour qu’une église puisse être édifiée.

    Henry Ford pensait pouvoir produire du caoutchouc en Amazonie pour déstabiliser un marché centré sur l’Asie. Mais un nuisible inconnu de l’autre côté du monde les a fait échouer. Et même si Henry Ford était convaincu de prendre le dessus sur la nature grâce à des techniques modernes, il a sous-estimé sa capacité de résistance.

    Pour maximiser la production, Henry Ford ne comptait pas sur l’hévéa brasiliensis local. Il misait sur l’hévéa de Santarem asiatique, conseillé par le botaniste Henry Wickham.

    À plusieurs reprises, il fait abattre la forêt, mais les arbres pourrissent avant d’être exploités. Trois fois, il fait replanter des milliers d’arbres. Et alors qu’il faut un hectare d’hévéa pour récolter entre 0,7 et 1,5 tonne de caoutchouc naturel (pour 740 pneumatiques), les champignons et les chenilles se régalent. Dans toute l’histoire de Fordlândia, pas un seul litre de latex n’est récolté.

    Les révoltes commencent. Les milices américaines ripostent avec l’appui des forces brésiliennes. Chaque jour, un ouvrir meurt d’une morsure de serpent ou du paludisme. Moins de vingt ans après le lancement du projet, le petit-fils d’Henry Ford cède la ville au gouvernement brésilien.

    Et vous savez quoi ? Dans les années 1960, un autre industriel – Daniel Ludwig – a lancé le projet Jari avec l’ambition de produire de la pâte à papier au Brésil. Quinze ans plus tard, il a tout abandonné en laissant quelques centaines de millions de dollars de dettes et de gros dégâts écologiques…

    À Fordlândia, on dit « Il s’avère que Detroit n’est pas le seul endroit où Ford a produit des ruines ».

    Photos : Flickr – creative commons

  • La tragédie de Gourma-Rharous

    La tragédie de Gourma-Rharous

    Des cendres ont été dispersées quelque part dans le Ténéré, pour se mélanger au sable qu’il chérissait. Ces cendres sont celles de Thierry Sabine, dont le cruel destin s’est mêlé à celui de Daniel Balavoine, Nathalie Odent, Jean-Paul Le Fur et François-Xavier Bagnoud, tous morts dans un accident d’hélicoptère au Mali.

    Pris dans une tempête, l’engin s’est écrasé sans qu’une cause précise ne puisse être établie. Charles Belvèze, l’un des concurrents, a été témoin de l’accident : « On a vu l’hélicoptère décoller. Il s’est mis au-dessus de nous et il nous suivait. Son phare balayait le toit de la voiture et les bas-côtés. Et puis, sur l’avant-droit, on a vu passer les lumières de l’hélicoptère avec une vitesse horizontale très élevée. On a entendu un ‘Wouuuuffff’ très important et une gerbe d’étincelles. On a pensé qu’il nous envoyait une balise pour nous avertir que l’on n’était pas sur la bonne piste… Et puis on s’est immédiatement dit que l’hélicoptère venait de se crasher. On a fait demi-tour pour y aller. Avec les phares, on voyait tous les débris au sol. On s’est arrêté, on s’est approché à pied, mais on s’est dit que tout allait péter à cause de la forte odeur de kérosène. On n’avait rien dans la voiture pour les aider médicalement. On a décidé de partir vers l’arrivée pour chercher du secours… »

    La présence de Daniel Balavoine, chanteur au sommet de sa carrière, n’est pas due au hasard. Le Rallye Paris-Dakar 1986 est un immense évènement. Un million de personnes passent le 1er janvier à Versailles pour saluer le départ des concurrents vers l’Afrique. Les meilleurs spécialistes de la discipline sont au rendez-vous, comme certaines stars déjà piquées par le virus du rallye-raid : le comédien Claude Brasseur, le cycliste Jacques Anquetil ou le Prince Albert de Monaco.

    Très impliqué, avec deux participations en 1984 et 1985, Daniel Balavoine a répondu à l’appel de Thierry Sabine pour une opération baptisée « Paris Dakar – Pari du Cœur », destinée à installer des pompes à eau au Sahel. Le chanteur regrette de ne pas être à nouveau un concurrent sur la route de Dakar, mais son emploi du temps médiatique s’avère bien trop chargé pour quitter la France durant trois semaines.

    Il rejoint la caravane à Niamey, pour la journée de repos. L’ambiance est pesante dans la capitale du Niger. Les trois quarts des concurrents manquent à l’appel, la faute à une épreuve bien trop difficile.

    Pour contrer l’arrivée des équipes d’usine, Thierry Sabine a concocté le Dakar le plus dur jamais dessiné. Son idée était de plonger chacun dans la même galère pour faire oublier les budgets engagés par quelques partants et laisser la « débrouille » faire son œuvre. Ce pari est un échec.

    À Agadez, les leaders bouclent l’étape de nuit à 4h00 du matin et repartent dès 8h00. À Agadem et à Niamey, des dizaines et des dizaines de pilotes abandonnent, incapables de boucler des étapes de 1 000 kilomètres.

    La situation est complexe… Comme sur chaque Paris-Dakar, les concurrents cherchent à faire passer des messages à Thierry Sabine. En 1986, le maître-mot est toujours le même : impossible. Même chez Porsche, qui domine très, très largement la course, les difficultés sont telles que les équipages ne font qu’assurer leur position, malgré des pointes à 250 km/h. L’ambiance est aussi pesante après la mort du motard japonais Yasuo Kaneko (renversé par un chauffard en France), l’accident de Véronique Anquetil (défigurée) et celui de Jean-Michel Baron (sauvé par une opération sur l’aéroport de Zinder, il ne se réveillera jamais de son coma avant de mourir en 2010).

    Journaliste pour France 2, diffuseur de l’épreuve, Jean-Louis Calmejane raconte un autre accident : « C’était une boucle autour de Tamanrasset. Le pilote de notre hélicoptère nous informe que les turbulences sont trop importantes pour se poser. Je demande alors à mon caméraman s’il a enregistré suffisamment d’images, mais il préfère faire un autre tour pour cadrer sous un angle différent. Le pilote amorce un virage et on se fait prendre par un vent rabattant. On a vu les rochers arriver… On a tous pu sortir de l’hélicoptère. Le pilote, qui était un Allemand, court vers moi et me prend dans ses bras en me disant : ‘We are alive! We are alive!’ Il me serait très, très fort. J’ai eu Thierry Sabine à la radio et je lui dis que nous avons un petit problème d’hélicoptère. Il arrive à son tour et parvient à se poser. Il me prend à son tour dans ses bras et il me dit : ‘Jean-Louis, sache qu’à partir d’aujourd’hui tu fais du rab’. »

    Cette expression n’est pas inconnue de l’organisateur du Dakar. Perdu durant trois jours lors du Rallye Abidjan-Nice, il avait été secouru par un pilote d’avion qui lui avait assener les mêmes mots…

    Mais était-ce le Rallye Paris-Dakar de trop ? A posteriori, les mots de son père Gilbert ou de son Directeur Technique Marc Ducrocq sont lourds de sens. Pour Gilbert Sabine, qui fera perdurer l’aventure, l’idée que son fils ait pu déposer un testament à un mois du départ de cette édition reste un mystère. Quant à Marc Ducrocq, ce sont de longues discussions sur l’intérêt de continuer à gérer un tel barnum et l’envie de faire d’autres voyages qui montraient une fin de cycle.

    Depuis Niamey, Thierry Sabine briefe ses équipes. Le lendemain, l’organisation sera en comité restreint à Gourma-Rharous. Faute de piste d’atterrissage, seules six personnes s’y rendront en hélicoptère, tandis que le reste de la troupe ira à Bamako pour y attendre les concurrents.

    Le 14 janvier, à 6h00 du matin, les mots de Thierry Sabine sont très forts. Face à la tempête de sable qui souffle, il annonce : « Vous avez vécu quelque chose de très difficile. Aujourd’hui, ce sera l’enfer. »

    Le premier secteur emmène les concurrents à Gao. Andrew Cowan et son Mitsubishi Pajero trouvent rapidement la sortie du labyrinthe. René Metge, leader avec sa Porsche 959, cède plus de quinze minutes, mais il conserve une large avance après avoir demandé sa route à des chameliers. Il se souvient : « Lorsque nous sommes arrivés, Thierry nous attendait avec son petit sourire narquois. Il nous a dit : ‘Je vous ai bien eus, vous en avez bien bavé !’ »

    Jean-Luc Roy est présent. Plusieurs fois concurrent lors des précédentes éditions, il est à Gao pour s’entretenir avec Thierry Sabine afin d’écrire un livre sur le Dakar : « Nous nous sommes isolés quinze ou vingt minutes pour qu’il me raconte les journées précédentes. Je lui dis qu’il n’était pas nécessaire qu’il m’emmène à Gourma comme il me l’avait promis. Je savais que Daniel avait envie de monter avec Thierry même s’il redoutait les engins aériens. J’aurai d’autres occasions de monter dans l’hélico… »

    Thierry Sabine quitte rapidement l’arrivée de la spéciale pour assister à un match de football organisé par les autorités maliennes en l’honneur du Rallye Paris-Dakar. Les festivités s’éternisent… Puis l’équipe du Dakar fonce vers l’aéroport de Gao dans un taxi brousse après avoir suivi les dix premières minutes de la rencontre. C’est à cet instant que Thierry Sabine propose à Daniel Balavoine de monter avec lui dans l’hélicoptère en direction de Gourma. Le chanteur n’hésite pas.

    À l’aéroport, le pilote François-Xavier Bagnoud – cousin du Prince Albert de Monaco – attend pour décoller immédiatement et éviter un vol de nuit. Nicolas Mathieu, attaché de presse de l’épreuve, court vers l’avion pour récupérer les bagages de Daniel Balavoine et les place dans l’hélico. Thierry Sabine, Daniel Balavoine et Jean-Paul Le Fur s’installent avec hâte avec un simple ‘au revoir’ destiné à Jean-Luc Roy et Nicolas Mathieu présents pour fermer les portes.

    Le premier trajet les emmène à Gossi, point de départ de la seconde spéciale du jour. Même si la nuit approche, Thierry Sabine veut donner le départ de cette portion. Sur place, il croise Nathalie Odent et lui propose d’occuper le cinquième siège de l’hélico, en direction de Gourma-Rharous.

    À 18h50, ils survolent la course, malgré une très mauvaise visibilité. Avec l’arrivée de la nuit, un terrible vent de sable se lève. Au sol, on ne voit pas à 50 mètres. Face à ces conditions, l’hélicoptère se pose à 21 kilomètres de l’arrivée. Pierre Lartigue et Bernard Giroux arrivent sur les lieux avec leur Lada Niva : « J’ai vu Thierry faire de grands signes au milieu de la piste pour nous arrêter. Je lui demande s’il y a quelque chose et il me dit qu’il faut que Didelot vienne les chercher, qu’ils attendent. J’ai refermé la porte et je suis reparti d’un seul coup. »

    À 19h20, l’hélicoptère blanc s’est crashé.

    Après avoir passé la ligne, l’équipage prévient immédiatement Bernard Didelot, le patron d’Africa Tours, qui part avec une voiture… Il effectue 23 kilomètres à contre-sens, mais ne trouve aucune trace de Thierry Sabine et de ses invités.

    Dans le même temps, les premiers concurrents témoins de l’accident racontent l’horreur… Durant plusieurs minutes, c’est l’incompréhension. Au bivouac, on assure que l’hélicoptère est posé et que ses occupants attendent Bernard Didelot. Face à eux, des concurrents sont certains que le même hélicoptère s’est crashé.

    Plus de trente minutes après l’accident, Dominique Fillon et Gérard Jouany, d’Europe 1, embarquent un copilote témoin du drame. Ils retrouvent la carcasse de l’engin, des corps ocres dispersés autour. Bernard Didelot arrive dix minutes plus tard. Ils savaient que Jean-Paul Le Fur, François-Xavier Bagnoud et Thierry Sabine étaient à bord et ils identifient Daniel Balavoine par son passeport laissé dans sa poche. Ils restent 45 minutes sur place avant de prendre la route du bivouac pour annoncer la nouvelle.

    La caravane est abasourdie. Cyril Neveu, vainqueur de trois des quatre premières éditions à moto, annonce d’emblée qu’il arrête la course.

    Les médecins du rallye vont récupérer les corps et les ramènent, cachés, à Gourma-Rharous. Le reste de l’équipe organisatrice est à Gao. Ils sont avertis vers 23h00 par ces simples mots criés à travers les ondes gênées par la tempête de sable : « On vient de recevoir un message que je vous transmets : ‘À Patrick Verdoy, l’organisateur du rallye, le pire est arrivé.’ »

    Le message est aussi énigmatique qu’inquiétant. Marc Ducrocq prend un avion pour rejoindre la caravane : « En survolant le bivouac, je compte les hélicoptères et je vois qu’il en manque un, le blanc, celui de Thierry. On tournait pour trouver une piste et on aperçoit l’épave de l’hélico au sol. Notre pilote a commencé à crier : ‘C’est l’hélico de Thierry, Thierry s’est tué, Thierry s’est tué !’. »

    Peu après cinq heures du matin, avec le lever du soleil, des silhouettes commencent à errer dans le bivouac. Thierry Sabine n’est plus là pour donner le départ.

    Marc Ducrocq réunit l’équipe pour s’occuper des corps afin de les transférer à Bamako. À Gao, l’information reste toujours aussi énigmatique. Ce n’est qu’au retour de l’avion que l’annonce de l’accident et des cinq victimes est connue. Patrick Verdoy ordonne un rassemblement sous forme de neutralisation vers Bamako.

    Problème, la route passe à quelques mètres des restes de l’hélicoptère. Certains concurrents continuent à rouler, d’autres s’arrêtent, sous forme d’hommage. C’est dans la journée du 15 janvier que l’information se propage en France.

    À Bamako, le rallye se retrouve à l’Hôtel de l’Amitié. Patrick Verdoy prend la décision que Thierry Sabine aurait prise : « On continue, on va à Dakar ».

    Cyril Neveu, leader du classement des motos et premier pilote à annoncer son intention d’arrêter la course, reçoit la visite de Suzanne, la compagne de Thierry Sabine et de René Metge, le leader des autos. Au bout d’une heure, il est convaincu qu’il doit poursuivre jusqu’au Sénégal.

    Le 16 janvier, les corps sont rapatriés en France. La disparition soudaine de Thierry Sabine et, surtout, de Daniel Balavoine touche le pays. Le chanteur est enterré le 18 à Biarritz. Les obsèques de Thierry Sabine sont organisées à Epernon en Seine-et-Marne. Ses cendres seront bientôt dispersées au pied de l’arbre du Ténéré.

    Le 22, sur les bords du Lac Rose, les concurrents terminent ce Rallye Paris-Dakar. Jean-Louis Calmejane qualifie alors l’arrivée de « sereine et digne pour une édition du Dakar pas comme les autres. Les sourires crispés des vainqueurs, uniquement pour satisfaire aux exigences des photographes. »

    Gilbert Sabine était présent. Il ne pratiquera plus jamais la moindre intervention chirurgicale et il prendra le relais de son fils en 1987 avec l’aide de Patrick Verdoy et de René Metge.

    Thierry Sabine était Jésus dans un hélicoptère blanc. Il était celui qui sauvait des vies. Il repose désormais au coeur de son Ténéré.

  • Jurassic Park : la renaissance de la Mercedes Classe G

    Jurassic Park : la renaissance de la Mercedes Classe G

    En 1997, ce fut l’un des accords entre le cinéma et l’industrie automobile les plus commentés. Des Mercedes Classe G apparaissaient dans Le Monde Perdu, deuxième épisode de la série Jurassic Park. Plus récemment, c’est un GLE qui a pu compter sur cette promotion dans Jurassic World. La marque allemande continue de se servir de ce partenariat pour lancer son « nouveau » Classe G.

    Pour ouvrir le salon de Detroit 2018, un Classe G datant de la première année de production – 1979 – a été coulé dans 44,4 tonnes de résine synthétique, à l’image du moustique emprisonné dans l’ambre de la canne de John Hammond dans Jurassic Park.

    Il a fallu 90 jours pour concevoir ce bloc de 5,50 mètres de longueur, 2,55 mètres de largeur et 3,10 mètres de hauteur autour du Mercedes 280 GE.

  • Fantasy garage : janvier 2018

    Fantasy garage : janvier 2018

    Voici une nouvelle rubrique qui va beaucoup m’amuser cette année sur AUTOcult.fr. Je vais me créer un garage virtuel de véhicules très réels. Premier épisode, rendez-vous sur La Centrale pour trouver quatre voitures d’occasion, disons autour au prix moyen d’achat 2016, soit 25 828 euros.

    Au menu, je dois ramener une sportive, une voiture capable d’aller partout, une caisse passe-partout et une bagnole très voyante… avec quatre fois 25 828 euros.

    Pour commencer, je me réserve des choix très, très simples. Il faut que la voiture soit visiblement en état de marche.

    La sportive tombe quasiment sous le sens. À 26 000 euros, voici une Porsche 911 Carrera de 2001 (996) et 102 000 km avec une boîte Tiptronic. Assurément un très bon choix pour une « première » Porsche, histoire de se tester soi-même avant de passer rapidement à des modèles plus sérieux ou de vite arrêter les bêtises sans trop de frais.

    La voiture capable d’aller partout est aussi une option d’une facilité déconcertante… Un bon gros Range Autobiography V8 TD de 272 chevaux qui a déjà fait ses preuves sur 147 600 km. A 25 900 euros, vous aurez le plaisir de franchir quelques dizaines de milliers de kilomètres avec tous les équipements possibles (en 2008).

    La caisse passe-partout doit avoir un avantage : celui de ne pas éveiller le moindre soupçon chez vos voisins. Aucun ne remarquera que vous aurez changé de voiture… A 25 990 euros, vous voici avec un SUV noir muni d’un TDI 140 couplé à une boîte DSG et une belle finition Carat : voici le très banal et compétitif Volkswagen Tiguan de 2015 avec 47 840 km au compteur.

    L’ultime défi doit être l’exact inverse du précédent. Il faut que toute la ville sache que vous êtes là, que vous êtes l’audace et la fougue. Et comme vous n’avez pas peur de balancer 25 990 euros par la custode, voici une très jaune Chevrolet Nova de 1972. Un coupé qui cache un V8 de 5,7 litres, histoire de se faire voir et entendre…

  • Jaguar C-X75 : la supercar abandonnée

    Jaguar C-X75 : la supercar abandonnée

    L’histoire commence comme pour n’importe quel nouveau modèle haut de gamme. Jaguar présente un concept incroyable lors du Mondial de l’Automobile de Paris 2010. Le public l’adore et le projet est lancé en 2011 au cœur du méga plan d’investissement de Jaguar Land Rover… Et puis patatras.

    Vendre une supercar est un pari risqué. Si le modèle reçoit un accueil favorable, il peut s’écouler à quelques dizaines, quelques centaines d’exemplaires à des tarifs parfois exorbitants… Mais si sa conception s’avère compliquée, l’initiative peut coûter très cher. C’est ce point qui a refroidi Jaguar.

    En 2010, la C-X75 trône sur le stand du Mondial de Paris… Supercar hybride, elle cache une paire de moteurs à réaction capables de générer de l’électricité pour suppléer une batterie. Le concept est fou !

    L’accueil du public et de clients potentiels est tel que Jaguar demande à Williams F1 de réfléchir à une production limitée de ce véhicule inédit. Face au potentiel de développement, le gouvernement britannique débloque même un budget pour participer aux recherches.

    Par un jeu de participations, les moteurs à réaction étaient réalisés par Bladon Jets, dont l’actionnaire principal s’appelle Tata, le même que Jaguar Land Rover… Mais, très vite, Williams a abandonné l’idée pour proposer un 4 cylindres turbo de 1,6 litre développé par Cosworth et destiné à produire 500 chevaux à 10 000 tours/minute. Les turbines auraient enregistré des émissions de CO2 hors-norme pour les homologations.

    Début 2011, le projet semble sur la bonne voie. Jaguar laisse entendre que 250 exemplaires entreront en production à un tarif autour de 940 000 euros HT. Côté performances, on annonce une vitesse de pointe à 330 km/h, le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, des émissions de CO2 sous la barre des 100 g/km et 65 km d’autonomie 100 % électrique.

    Puis, le développement a débuté. Williams a passé le concept dans une soufflerie. L’installation des moteurs électriques, de la batterie et du moteur 4 cylindres réclamait bien plus d’air que le dessin original ne pouvait laisser entrer. Le nez, le toit et les flancs de la voiture ont été redessinés pour attirer un maximum d’air et dix-sept radiateurs ont été installés un peu partout.

    Après de longues séances de modélisation, cinq prototypes fonctionnels ont été produits en 2012. Le développement a pu être commencé jusqu’à ce que Jaguar décide de tout arrêter à la fin de l’année 2012 avec l’ambition de transférer l’expérience acquise à d’autres modèles du groupe…

    Une centaine de clients s’était fait connaître, sans qu’aucun ne dépose un acompte.

    Au moment de l’annonce de l’arrêt du programme, il avait été envisagé de vendre aux enchères trois des cinq prototypes. Ils n’ont jamais été proposés. En revanche, deux de ces voitures ont été utilisées dans 007 Spectre, le 24e épisode de la série de films James Bond.

  • Audi Shooting Brake Concept : maintenant !

    Audi Shooting Brake Concept : maintenant !

    Audi a toujours réussi à présenter des concepts très inspirants (Avus, Nuvolari, Rosemeyr, Prologue…). L’un d’eux, datant du Salon de Tokyo 2005, mériterait d’être ressorti du garage pour notre plus grand bonheur.

    L’Audi Shooting Brake Concept a servi à dévoiler le style de la seconde génération d’Audi TT. La face avant, les feux ou les flancs se dévoilaient sous cette œuvre des équipes de Walter de Silva.

    Rien de manque dans ce dérivé presque familial avec quatre places et un large coffre. Surtout, une ligne distinctive qui pourrait être très à la mode aujourd’hui.

    Avouez que ça mériterait une place au catalogue !