Étiquette : Facel Vega

  • Le missile Facel Vega

    Le missile Facel Vega

    Les Trente Glorieuses permettent de relever le pays après la Seconde Guerre mondiale. À partir de 1955, la France passe à la production de masse et devient un leader de l’industrie automobile européenne… Mais le haut de gamme disparait complètement. Et l’aventure Facel Vega s’éteint rapidement.

    Citroën, Peugeot, Renault et Simca profitent de l’accession du plus grand nombre à la consommation automobile. Panhard est racheté par Citroën et Facel Vega vend ses premières voitures. Mais tout va mal pour d’autres. Talbot Lago coule et se fait absorber par Simca. Hotchkiss renonce à la production d’automobiles pour se consacrer aux Jeep et aux utilitaires.

    Le très haut de gamme français, référence de l’entre-deux guerres, n’existe plus. La DS emportera tout sur son passage…

    Pourtant, Jean Daninos y croit. Il crée Facel et conçoit, puis réalise la Ford Comète. D’abord équipée du moteur 2,2 litres 66 chevaux de la Vedette, elle reçoit un V8 de 2,3 litres 68 chevaux en 1952, puis un 3,9 litres 105 chevaux pour la version Monte-Carlo. Malgré son gros moteur, elle n’atteint que 150 km/h en vitesse de pointe. Chère et trop peu performante, la Comète Monte-Carlo est abandonnée en 1955. Cette décision ouvre la voie à la production de la Facel-Vega.

    D’abord carrossier, Jean Daninos comprend que les dessins sur-mesure sont trop artisanaux et onéreux pour la nouvelle industrie automobile. Saoutchik, Franay et d’autres continuent d’œuvrer pour une poignée de très riches collectionneurs. Mais l’avenir n’est plus là.

    Jean Daninos est le frère de Pierre, écrivain devenu célèbre lors de la publication des Carnets du Major Thompson. Il entame sa carrière à 22 ans dans l’atelier carrosserie de Citroën. Et lorsque Michelin prend le contrôle du quai de Javel, il change de voie et s’intéresse à l’industrie aéronautique.

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    Durant la guerre, il fonde la société des Forges et Ateliers de Constructions d’Eure-et-Loir (FACEL). Son usine produit des gazogènes jusqu’à la Libération. Enfin, il peut revenir à l’automobile en 1946. Panhard lui confie la production de sa petite Dyna et une association avec Métallon lui ouvre les portes de Simca. Durant plusieurs années, Facel-Métallon assemble les coupés et les cabriolets dérivés de l’Aronde, d’abord selon les traits de Farina, puis selon son propre dessin.

    Daninos est un artiste. Il avait tenté de donner vie à une Traction cabriolet pour Citroën avant de créer un coupé Bentley avec Pininfarina. Mais les Simca Sport et les Ford Comète ne sont qu’une étape…

    Au salon 1954, il redonne à la France une marque de prestige : Facel-Vega. Une étoile est née. Présentée comme une marque d’avant-garde très française, la Facel-Vega repose sur un V8 Chrysler. Qu’importe, il fallait un vrai moulin au niveau de ce nouveau fleuron de l’industrie française.

    Le châssis est inédit avec une suspension développée spécifiquement et des longerons tubulaires. En 1959, le coupé devient HK 500. Son moteur 5,9 litres de 360 chevaux le propulse à 240 km/h !

    Une berline est en dérivée avec un habitacle sans pilier central. Les portes s’ouvrent en sens inverse. Tout au long des 5,23 mètres, l’Excellence affiche son hyper-luxe dans la lignée des Hispano K6 et Delage D8… Surtout, elle coûte quatre fois le prix d’une Citroën DS 19. 200 exemplaires sortent de la chaine d’assemblage.

    L’initiative est un succès. Facel-Vega trouve son public, tant en France qu’à l’étranger. En 1958, Jean Daninos tente de démocratiser davantage sa marque avec la Facellia. Il choisit un 1600 cm3 Pont-à-Mousson. Mais les premiers moteurs sont fragiles et la réputation de la marque est largement entachée. La marque ne s’en remettra pas malgré la Facel II. L’usine ferme ses portes en 1964 quand le Ministère des Finances plonge la marque vers sa perte. 3 033 Facel-Vega ont été produites.

  • Une Facel pour fêter le 400e Autoretro

    Une Facel pour fêter le 400e Autoretro

    En ce mois de septembre, Autoretro fête sa 400e publication. Trente-cinq ans d’histoires célébrées par une série de reportages autour du nombre 400… 400 bornes en Vespa 400, 400 cm3 par cylindre de la Ferrari 400 Automatic, acheter une ancienne pour 400 euros (!), les 400 cubic inches de la Pontiac Firebird Formula 400, les 400 km/h de la WR engagée au Mans en 1988, les 400 kg de charge utile d’une Citroën 2CV AKS, les 400 mètres départ arrêté en moins de dix secondes d’une Ultima GTR et les 400 000 km d’une Mazda MX-5… pour entourer un magnifique clin d’œil sur la Facel II de la toute première une !

    Pour son numéro 1, en juillet/aout 1980, Autoretro arrivait dans les kiosques. Sur sa première couverture, le magazine affichait un dossier exclusif (déjà, à l’époque, on faisait des exclusivités avec tout !) sur les Facel Vega V8 avec une somptueuse Facel II en couverture.

    Trente-cinq ans plus tard, la rédaction d’Autoretro s’est lancée le défi de retrouver la Facel II « 131 HJ 95 » qui avait marqué sa naissance. Jean-Claude Amilhat a été missionné pour mener l’enquête jusqu’à la GT grise désormais installée en Bourgogne après avoir été vendue à un membre de l’Amicale Facel en 1995.

    L’extraordinaire modèle de 1964, dont la cote peut dépasser aujourd’hui les 300 000 euros, est l’un des derniers produits par la marque avant sa disparition officielle le 31 octobre 1964.

    A retrouver dans le numéro 400 d’Autoretro de septembre 2015.

    autoretro-400

  • Comment l’Etat français a tué Facel Vega

    Comment l’Etat français a tué Facel Vega

    En quelques mois, avec l’appui de stars hollywoodiennes et grâce à des modèles d’exception, Facel Vega s’est forgé la réputation de marque automobile de luxe. Et des considérations politiques ont détruit l’extraordinaire création de Jean Daninos…

    Facel Vega, c’est d’abord l’histoire d’un homme. Ancien ingénieur de Citroën, Jean Daninos se voit confier la direction de la société des Forges et Ateliers de Constructions d’Eure-et-Loir (FACEL) après la seconde guerre mondiale. Il en fait une société dédiée à l’automobile et produit des Simca, des Ford et même des Bentley.

    En 1954, Jean Daninos décide de produire sa propre voiture. Convaincu du potentiel de modèles très luxueux à l’image des Bugatti, Delayahe ou Talbot d’avant-guerre, il crée la Vega.

    En quête d’un moteur suffisamment noble pour accompagner son coupé, Daninos ne trouve aucune solution en France. Il se tourne vers les Etats-Unis et opte pour un V8 Chrysler.

    Les FV puis HK 500 sont de grands succès d’estime. 70 % de la production est destinée à l’exportation. L’accueil réservé à ses coupés et à la berline Excellence à moteur V8, concurrentes des Aston Martin, Maserati ou Ferrari, donne de nouvelles ambitions à Jean Daninos.

    Il rêve d’un modèle plus abordable pour prendre des parts de marché à Alfa Romeo. Lorsque le développement est lancé, l’Etat français refuse l’importation d’un moteur étranger pour ce qui sera la Facellia. Facel Vega doit alors se tourner vers Pont-à-Mousson.

    facel-vega-interieur

    Les motoristes français décident d’utiliser des chemises de cylindres chromées. Le résultat est sans appel. Le rodage nécessaire n’est plus de 500 kilomètres, il passe à 5 000 kilomètres. De nombreux clients impatients cassent les blocs.

    Les 350 premiers modèles sont déjà vendus lorsque le problème est découvert. L’image de Facel Vega est durablement ternie. Surtout, Facel Vega prend à sa charge le changement des moteurs cassés. L’année suivante, Jean Daninos obtient enfin l’autorisation de monter un moteur Volvo emprunté au Coupé P1800.

    Au bord du gouffre financier, Daninos se voit imposer de nouveaux partenaires financiers par le Ministère des Finances. Malgré le succès de la Facel II, la marque ne parvient pas à effacer ses pertes. Les nouveaux actionnaires s’écartent et un administrateur judiciaire est nommé, puis un système de location-gérance est établi, contre l’avis de Jean Daninos, alors Directeur Technique et Directeur Commercial.

    La Facel III et son moteur Volvo permet à nouveau de générer des revenus. Un nouveau modèle à six cylindres en ligne est alors développé. Daninos trouve un accord avec British Motor Corporation (BMC) pour monter des moteurs d’Austin Healey dans une Facel III modifiée.

    Les premières Facel 6 sortent des ateliers de Colombes lorsque le Ministre des Finances décide, sans préavis, de refuser tout nouvel investissement dans l’entreprise et ne renouvelle pas le contrat de location-gérance concédé à la SFERMA, filiale de Sud-Aviation. L’idée du gouvernement était surtout de dissoudre la SFERMA dans le cadre de la réorganisation de Sud-Aviation et de ne pas permettre le dédommagement des créanciers de Facel autrement que par de nouveaux investissements personnels de la part de Jean Daninos.

    Facel Vega expose ses plus belles réalisations au Salon de l’Auto 1964 avec l’interdiction de prendre des commandes. A l’issue du rendez-vous parisien, l’usine ferme après la production de 3033 voitures.

    Le prestige automobile français venait, encore une fois, de disparaître.

  • Vu au cinéma : la Facel Vega Facellia de « OSS 117 : Le Caire, nid d’espions »

    Vu au cinéma : la Facel Vega Facellia de « OSS 117 : Le Caire, nid d’espions »

     À l’occasion, je vous mettrai un petit coup de polish…

    N’ayez crainte, je ne comptais pas me lancer dans une critique profonde et sensée de ce chef d’œuvre (oui!) qu’est le film OSS 117 : Le Caire, nid d’espions. Je ne comptais pas non plus me lancer à trouver les raisons qui ont poussé les producteurs et réalisateurs à produire ou réaliser le second opus de la série, Rio ne répond plus. Non. Je ne suis pas critique cinématographique. D’ailleurs, jusqu’ici vous n’avez rien appris et il est temps de passer au deuxième paragraphe.

    Cela dit, j’ai beaucoup aimé ces deux films, et c’est sur le premier des deux que je reviendrais ici. On y retrouve Jean Dujardin dans le rôle de Hubert Bonisseur de la Bath, agent espion français ainsi que Bérénice Béjo, son assistante au Caire, nommée Larmina El Akmar Betouche. Durant le film, ils se déplacent dans Le Caire, Larmina au volant, ce qui déplait à Hubert. Ils sont à bord d’une Facel Vega, de modèle Facellia (type FA). Cette Facel représente à elle seule une jolie part de la culture automobile française des années 50/60, entre sport et trente glorieuses, petits constructeurs et savoir faire automobile.

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    Mais la présence de cette majesté Facellia est un anachronisme*. Dans les faits, la Facellia n’a été produite qu’à partir de 1960 alors que le film se situe en 1955.
    Pour l’Histoire, la Facellia fut donc produite de 1960 à 1963, en l’usine de Colombes, au Nord-Ouest de Paris et avait comme concurrence directe les Porsche, Alfa Roméo et Triumph. Elle était équipée d’un 4 cylindres 1600cm3, accouplé à une boîte mécanique Pont-à-Mousson à 4 rapports.

    Autre anachronisme*, l’avion La Caravelle n’a été mise en service qu’en mai 1959 (sous les couleurs d’Air France), soit quatre ans après l’action du film. Autre erreur.

    OSS117_FacelVega_Facellia_2

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    Mais si ces deux coquilles se sont glissées dans ce chef d’oeuvre de l’humour franchouillard, on y retrouve là l’antique Le Caire de l’époque, avec ses véhicules d’époque, dont le joli scooter Lambretta LD de Slimane. On l’aperçoit plusieurs fois dans le film, dont une fois dans la scène où Jean Dujardin crie un aujourd’hui célèbre : « Fonce Slimane, fonce ! » Un régal.

    Lambretta_OSS117_2

    Bon film !
    Jean-Charles

    * : source Wikipedia et vérifiée AutoCult.fr.

  • Commissaire-Priseur : Facel Vega II Coupé

    Commissaire-Priseur : Facel Vega II Coupé

    Facel Vega n’a eu qu’une très courte vie. Moins de 3 000 voitures ont été produites mais elles sont restées parmi les références de la carrosserie française. L’un de ces modèles est en vente à Londres le 1er décembre. Et il a appartenu au Beatle Ringo Starr !

    Dans les années 60, posséder une Facel Vega était une signature, une envie de se démarquer. A cette époque, la marque française visait clairement le grand luxe avec des prix comparables à ceux de Rolls-Royce.

    Les Forges et Ateliers de Construction d’Eure-et-Loir (FACEL) ont choisi le nom d’une étoile « Vega » pour réaliser une grande routière. Cette Vega II, produite en octobre 1964, a été livrée à Ringo Starr. Le châssis 160 est équipé d’un moteur 6,7 litres, V8 de 390 chevaux emprunté à Chrysler.

    Quatre ans après l’avoir achetée, le Beatle s’était séparée de sa Facel. Jeune papa, il avait avoué vouloir une berline plus ordinaire, « comme une Mercedes »…

    Estimation : entre 360 et 420 000 euros. En vente chez Bonhams à Londres le 1er décembre.