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  • Espoir Echappement 2017 : votez Karl Pinheiro !

    Espoir Echappement 2017 : votez Karl Pinheiro !

    2017 est l’année d’élection de jeunes talents promis à un grand avenir, de jeunes talents qui n’avaient pas suivi les filières habituelles pour se révéler… Vainqueur d’une manche de 208 Rally Cup dès sa première saison en formule de promotion, Karl Pinheiro est le candidat rêvé pour succéder à Pierre-Louis Loubet au palmarès de l’Espoir Echappement, mais aussi Didier Auriol (1983), François Delecour (1986), Sébastien Loeb (1997) ou Sébastien Ogier (2007)…

    Gagner… Gagner était un objectif. Mais gagner en 208 Rally Cup dans l’ultime spéciale du Rallye Terre des Cardabelles dès une première saison dans la plus relevée des formules de promotion européennes n’était pas forcément dans les plans de Karl Pinheiro, le nouvel espoir des rallyes français.

    Self made driver

    Il n’avait qu’une dizaine d’années quand il a enfilé un casque pour la première fois. C’était sur une piste de karting de loisir dans l’Ain. Après quelques tours, les membres du club local ont tenté de convaincre ses parents de le mettre à la compétition, en vain. Mais Karl Pinheiro avait attrapé cette maladie qu’est le sport automobile… Avec un virus très rare : le talent.

    Et comme on ne réussit rien sans travail, Karl Pinheiro a travaillé. Encore travaillé. Il a appris directement dans un baquet en étant copilote dès ses 16 ans. Cette même année, il entame une formation de mécanicien automobile. À 18 ans, il achète une Peugeot 106 S16 de série et passe tout son temps libre à la transformer en Groupe A. Enfin, au Rallye du Pays de Faverge, il prend le départ de sa première course en tant que pilote… Et va chercher son premier trophée de vainqueur de classe.

    Karl possède le profil typique du vainqueur de Rallyes Jeunes FFSA… Mais pour la seconde fois en vingt ans, l’opération de détection n’est pas organisée en 2014, pas plus en 2015. Alors il fait ses classes et multiplie les victoires dans sa catégorie. On le voit triompher dans les finales de Coupe de France à Samer et Lunéville. Et c’est en 2016 que le premier déclic a lieu.

    « J’ai toujours eu la bougeotte », reconnait le jeune pilote. « Je ne voyais pas l’intérêt de rouler chez moi, alors je suis toujours allé découvrir de nouveaux horizons dans le cadre de la Coupe de France. Mais je savais aussi que je devais passer rapidement au niveau supérieur pour me faire remarquer. »

    Vainqueur du Challenge N2S organisé par Rallye Academy en 2016, on le voit arriver en 208 Rally Cup cette saison. La marche est immense. Une cinquantaine de concurrents, dont la moitié d’étrangers, et quelques-uns des plus sûrs espoirs de la discipline qui convoite le volant d’une Peugeot 208 T16 en Championnat d’Europe des Rallyes ou en WRC.

    Précision du pilotage et justesse technique

    Polyvalent, Karl Pinheiro s’est – à chaque fois – placé sur le podium provisoire de chaque épreuve disputée. Et son passage chez Saintéloc – équipe championne en titre en 208 Rally Cup – dès le Rallye Aveyron Rouergue n’a fait que renforcer son potentiel, confirmée par une toute première victoire lors du Terre des Cardabelles !

    « Je ne m’attendais pas à signer ma première victoire sur terre », s’étonnait Karl après ce premier succès. « J’aurais davantage parié sur l’asphalte, car je n’ai découvert la terre qu’il y a un an. J’aime rouler dans des conditions délicates, quand il faut faire preuve d’adaptation, voire d’improvisation. »

    De ses premières expériences, Karl a appris à améliorer son pilotage : « À mes débuts, j’avais tendance à beaucoup rouler sur le train avant. Mais j’ai largement évolué pour être de plus en plus précis et plus doux avec les pneumatiques. Aujourd’hui, j’ai des trajectoires typées circuit. Les bagarres en 208 Rally Cup m’ont endurci. En performances pures, je pense avoir montré ce dont je suis capable. »

    Seulement devancé par Laurent Pellier – pilote de l’Equipe de France FFSA qui avait déjà disputé une saison en DS 3 R3T – et l’Espagnol Efrén Llanera – redoublant en 208 Rally Cup qui poursuit un double programme en France et en Espagne – Karl Pinheiro est largement en tête des débutants de la formule proposée par Peugeot Sport. Une réussite qu’il partage avec son copilote Franck LeFloch

    « Nous avons connu des déboires avec la mécanique en début d’année », reconnaît Karl. « Mais ça a aussi forgé mon caractère. Au Rouergue, nous méritions la deuxième place. Aux Cardabelles, j’ai joué le rôle du chasseur derrière Tade Lario avant d’aller chercher la victoire dans le dernier chrono avec 1,5 seconde d’avance ! Ma formation de mécanicien m’apporte également beaucoup. J’ai construit toutes mes voitures de course et je sais transmettre les informations à l’équipe technique lorsque je ressens quelque chose au volant. L’automobile et la mécanique me passionnent. »

    L’objectif de l’hiver est de préparer la saison à venir, toujours en 208 Rally Cup, avec des stages de pilotage sur circuit – en berline et monoplace – et une préparation physique de premier plan, en conservant un œil sur le classement de l’Espoir Echappement, vingt ans après un certain Sébastien Loeb : « Pour moi, c’est l’image de la carrière parfaite. Il vient de nulle part et il a tout gagné pour devenir le meilleur pilote au monde. Ce n’est pas rien ! »

    Voilà qui tombe bien. Ils se retrouveront au départ du prochain Rallye du Var…

    COMMENT VOTER ?

    Vous êtes invités à voter pour élire l’Espoir Echappemment 2017. Des pass VIP sont à gagner pour la prochaine édition des 24 Heures du Mans parmi les votants… Votez en ligne pour Karl Pinheiro avant le 18 novembre et n’oubliez pas de faire passer le message autour de vous !

    VOTEZ KARL PINHEIRO

  • Arrivée : la deuxième place avec des « si » !

    Arrivée : la deuxième place avec des « si » !

    Et si, et si, et si… Et si ça s’était passé autrement, tout le monde serait champion du monde. La vérité de la compétition impose une implacable réalité : il n’y a qu’un unique vainqueur. Les autres ne peuvent que parler avec des « si ».

    Si j’extrais uniquement les résultats à partir du moment où j’ai pris le contrôle de tous les instruments mis à notre disposition dans la Toyota Mirai alignée par Air Liquide, je suis deuxième du classement général de l’eRallye Monte-Carlo 2017 derrière le vainqueur Didier Malga en Tesla Model S.

    Si je prends la moyenne des pénalités prises à chaque point de contrôle, je suis à 0,70. Le vainqueur est à 0,63 et le suivant (Piotr Moson en BMW i3) est à 0,79.

    Si ça s’était passé autrement, j’avais le potentiel d’être deuxième. Mais je reste convaincu qu’une poignée d’autres pilotes pourraient en dire autant.

    L’aventure était encore une fois extraordinaire. J’aime l’eRallye Monte-Carlo et je promets de travailler autant que possible pour aller le gagner un jour.

    Rouler avec un véhicule hydrogène est assez différent d’une épreuve au volant d’une voiture électrique « plug-in ». L’an passé, traverser la France avec une Renault ZOE avait impliqué un travail de recherche d’étapes pour assurer les recharges. C’est surtout un exercice qu’il faut préparer avant le départ. En hydrogène, on joue d’abord sur l’écoconduite pure pour atteindre les stations installées pour ce rallye à Magny-Cours, Onet-le-Château, Aix-en-Provence et Monaco. Le parcours qui faisait le plus peur était entre l’Aveyron et les Bouches-du-Rhône : 420 km. Il s’avère que cette « peur » est uniquement due au manque d’informations et de connaissance. Ma Toyota Mirai est capable de tenir 550 km en mode écoconduite, sans doute bien plus pour viser un record.

    Dès que l’on prend conscience de ces capacités, tout est plus facile et appréciable. Je prends l’exemple du mode « Power » de la Mirai qui émet des sons typiques d’un film de science-fiction. Je suis toujours aussi conquis par la conduite d’un véhicule à moteur électrique. C’est simple et suffisamment performant pour la ville et la Nuit du Turini !

    Cette nuit était encore incroyable. La montée du Col de Turini depuis Sospel est un morceau mythique, même si la route n’est pas exceptionnelle pour la région. Dans la zone de régularité, je me suis répété plusieurs fois que j’étais dans le Turini, mais la concentration était plus forte.

    Après la ZR5, il a fallu préparer rapidement le départ de la ZR6. Malheureusement, elle a été annulée à cause d’un accident de la circulation hors du rallye. Nous avons dû éviter la boucle autour de Luceram pour traverser la fin de la zone sans régularité. Et là, je me suis retrouvé dans un lieu magique : Col de l’Orme, Col de l’Ablé. On cite tout le temps le sommet du Turini et les épingles du Col de Braus. Mais au-delà des images, il y a le ruban, les bas-côtés, la nuit, l’ambiance. L’Orme, l’Ablé ! Un revêtement d’un autre âge, des gravillons, une largeur minimale, des appuis, un train avant calé, un train arrière enrouleur. De Twizy en Rolls, ce doit être toujours un même plaisir.

    Reste la grande question : et l’hydrogène ? La réponse d’octobre 2017 est très claire : l’écosystème n’est pas en place. Si vous êtes un particulier, non ! Si vous êtes une entreprise qui vise quelque chose de très innovant, que vous êtes à proximité de la poignée de stations déjà ouverte en France, les quelques modèles déjà proposés (dont la Toyota Mirai) peuvent vous intéresser.

    En imaginant le parc automobile de 2030, l’idée d’avoir des véhicules hybrides (une batterie lithium-ion ou tout autre composant qui sera applicable à ce moment-là + un réservoir de quelques kilogrammes d’hydrogène sous pression et une pile à combustible) pourrait être vraiment attirante. 2030 n’est pas choisi par hasard. On nous promet la fin des véhicules « thermiques », mais les craintes de surcharge des réseaux électriques (même si je n’en suis pas du tout convaincu) se multiplient. Ce système d’hybridation peut donc apporter une solution intéressante si la « fabrication » de l’élément le plus présent dans l’univers et son transport peuvent être assurés avec efficacité.

    Didier Malga et Anne-Valérie Bonnel gagnent cette édition 2018 avec une Tesla Model S avec 43 points de pénalité. Piotr Moson et Jérémie Delran suivent en BMW i3 (54 points), devant nos équipiers Frédéric Mlynarczyck et Christophe Marques en Toyota Mirai (57 points). Avec des si, j’aurais pu être sur le podium… Et avec des si, Guillaume Nedelec et Serge Lombard n’auraient pas rencontré autant d’obstacles sur les routes pour viser un top 10. Je leur donne déjà rendez-vous l’an prochain !

  • Etape 2b : potentiel et expérience

    Etape 2b : potentiel et expérience

    J’avoue que j’avais des ambitions… Même si la concurrence était présente avec cinq des six premiers du classement FIA au départ, l’objectif était d’aller chercher un podium. Avant même de m’élancer dans la première zone de régularité, j’étais plus mesuré.

    Un rallye, quel que soit le niveau, réclame du travail. On peut « avoir fait plus de 200 rallyes dans sa vie », si on ne travaille pas, on n’a trop peu de chances d’y arriver. À l’arrivée de la quatrième zone de régularité, j’ai décidé de m’occuper seul de la navigation et de la gestion des moyennes. Waze sur les parcours libres et l’œil sur Tripy sur les itinéraires obligatoires. Pour les zones de régularité, il faut configurer le système de navigation Crisartech, le regarder à chaque instant pour conserver sa moyenne (objectif de +/- 0,2 seconde), surveiller le Tripy pour avoir le roadbook à suivre, garder un œil sur l’écran de la Toyota Mirai pour avoir une idée des pièges à venir (épingles…) et parfois apercevoir la route pour éviter les véhicules qui arrivent en sens inverse, car nous restons sur des routes ouvertes.

    Après avoir géré tant bien que mal la ZR1 en prenant 3 points de pénalité, j’avais laissé le navigateur faire… 60, 152 et 118 points ! Dans la ZR5 que j’ai affrontée seul : seulement 5 points de pénalité en onze points de passage. Je suis enfin dans le match avec mes trois écrans, mon volant et ma route.

    C’est l’objet du titre du jour : potentiel et expérience. C’est quelque chose que l’on entend trop de la part de ceux qui ne gagnent pas… Montrer son potentiel et acquérir de l’expérience. J’en suis là.

    Sur le plan sportif, je suis miné et je remercie les autres équipages de leur soutien. J’ai vraiment eu de la peine d’être aussi loin hier. La voiture, le système de navigation et le pilote (j’en suis convaincu !) ont le potentiel d’être devant. Par la suite, et grâce à mes 5 points dans la ZR5, j’ai repris des couleurs. C’est une joie de piloter la Toyota Mirai. Assez simplement, il n’y en a que 10 en France et la technologie reste très inédite.

    On se posait beaucoup de questions sur l’autonomie, avec une barrière psychologique à 400 km. Je crois que je pourrais désormais partir pour un trajet de 550 km sans véritable appréhension.

    J’y retrouve tous les atouts d’une voiture électrique. Car même si la Mirai est une voiture « hydrogène », c’est un moteur électrique qui l’anime. L’hydrogène passe dans une pile à combustible pour fournir l’énergie électrique au moteur et rejeter de l’eau tiède que j’ai pu m’amuser à goûter !

    En mode « Power », la pile à combustible et une petite batterie, qui récupère l’énergie cinétique au freinage, donnent leur pleine mesure avec une ambiance sonore digne d’un film de science-fiction. J’ai adoré l’autoroute de nuit dans ces conditions.

    Sur les spéciales de Provence, en conduite beaucoup plus sportive quand il est question de sauter d’épingle en épingle, on est bien dans une grande berline de 1,8 tonne. Mais ce n’est fondamentalement pas dans ce style que l’on peut la juger.

    Départ de l’ultime étape dans quatre heures. Je vais terminer de préparer la longue boucle qui fait rêver les amateurs de rallye : Monaco, Castillon, Sospel, Moulinet, Col de Turini, Piera Cava, Col St Roch, Lucéram, Col de l’Orme, Col de l’Ablé, Col de Braus, Col de Castillon et retour à Monaco. L’objectif est d’aller chercher des places dans les trois premiers, même si ce sera vraiment compliqué de nuit et dans ces conditions assez inédites.

  • Etape 2a : confidence pour confidence

    Etape 2a : confidence pour confidence

    Les premiers résultats sont tombés. Sans vraiment de surprise, notre équipage est très rapidement sorti de la lutte pour la victoire, pour le podium et même pour le top 10 du classement général.

    Le rallye – quel que soit son type – est une histoire de confiance. Il faut avoir confiance en son véhicule, que l’équipage se comprenne et que tous les outils mis à la disposition du pilote et du copilote soient maîtrisés.

    Lorsque nous avons quitté Onet-le-Château pour entamer la deuxième étape de l’eRallye Monte-Carlo, il fallait encore construire cette confiance qui ne s’était pas installée. Certains copilotes avaient passé des heures à apprendre comment fonctionnait le système de navigation, des pilotes connaissaient leur voiture par cœur. Ce n’était pas notre cas.

    En pointant à 6h24 à Onet, l’objectif était d’atteindre Aix-en-Provence sans tomber en panne sèche. J’ai choisi un parcours long de 420 km (avec des points de passage obligé dans les zones de régularité) avec la certitude de pouvoir rouler « plus de 400 km » avec mon plein de 5 kg d’hydrogène.

    Le début de journée a donc ressemblé à une course contre la consommation avec des moyennes à 0,6 kg / 100 km. Comme je ne pensais vraiment pas atteindre ce score, le souci de l’autonomie a assez rapidement disparu.

    Partis avec une autonomie affichée à 399 km d’Onet-le-Château, nous étions sur le Pôle Mécanique d’Alès avec plus de 300 km d’autonomie au compteur… après 185 km parcourus !

    Le Circuit de Vitesse était le lieu de la première zone de régularité : un tour de circuit à 59,9 km/h de moyenne. J’ai regardé passer un maximum de concurrents depuis la terrasse des stands en prenant les données pour neuf points de passage en 2,540 kilomètres. J’ai tout transmis à mon copilote qui était resté à côté de la voiture la plupart du temps. Nous mettons un système au point pour qu’il me décompte le temps grâce à un minuteur…

    Au moment du départ, le déclenchement du minuteur rate. Panique dès le premier mètre. J’avais lancé le système de navigation doté d’un chrono. Je tente de m’en sortir pour boucler mon tour en 2’31’’45, sachant que l’on avait vu des pilotes passer à moins de 0’’2 du temps de référence… Résultat : nous sommes en 2’33’’6. Ça commence effectivement très mal, même si ce ne sont que trois points de pénalité. La victoire se jouera autour de 50 en fin de rallye. Six équipages font quand même le score parfait…

    Nous partons vers le départ de la ZR2 à 14h00 sans intégrer l’idée de déjeuner. Au départ de cette seconde ZR, encore un moment de panique. L’afficheur ne me montre pas les couleurs que je recherche. Si je suis trop en avance (on parle de deux ou trois dixièmes de seconde sur un instant donné), je veux avoir un écran rouge et vert si je suis en retard. Là, je n’ai rien.

    Je pense que ça a un peu crié dans l’habitacle au moment d’arriver dans une zone limitée à 30 km/h à respecter impérativement. Mon copilote m’indique bien de me mettre à la vitesse légale. Nous passons deux zones rapprochées avant d’être à nouveau lancés à allure normale. Le temps de se parler et de se recaler, on perd deux fois 18 points, puis on roule pour revenir dans la bonne seconde. Ensuite, nous sommes une à trois secondes trop lents à chaque point secret. Bilan : 23e de la ZR avec 60 points de pénalité.

    Pour la suite, mon copilote sort ses cartes, je file vers le prochain rendez-vous en faisant confiance à Waze. Le rallye est déjà perdu, mais il faut essayer de bien faire fonctionner le système pour se donner une chance d’être dans le coup rapidement, sachant que la moitié des leaders profitent exactement de la même installation…

    Dans la ZR3, mon copilote configure tout avant le départ, car la moyenne change en cours de zone de régularité. Lorsque nous partons, je n’ai toujours pas mes couleurs. Désespéré, j’appuie sur l’écran. L’affichage répond que j’ai une minute d’avance… Compliqué d’avoir confiance après 20 secondes de chrono. Dans l’analyse des treize points de contrôle, il s’avère que nous sommes 1 à trois secondes trop rapides sur les 10,58 km (jusqu’au changement de moyenne) puis que nous sommes 17 à 19 secondes trop rapides jusqu’au bout. Je pense donc que nous avons modifié la moyenne avec quelques centaines de mètres d’avance… Le bilan est encore plus lourd avec une 22e place et 152 points de pénalité.

    Au général, nous sommes 21e et 4e des véhicules à l’hydrogène. L’objectif est de remonter à la deuxième place de notre catégorie. À la régulière, nous pouvons remonter au 18e rang et un top 15 reste envisageable à l’arrivée…

  • Etape 1b : concentration maximale

    Etape 1b : concentration maximale

    Nous avions 26 heures pour aller de Fontainebleau à Onet-le-Château, terme de la concentration de cet eRallye Monte-Carlo. Tout le monde est bien arrivé, sauf les Kangoo hybride (électrique / hydrogène), dont l’autonomie empêche vraiment d’entamer d’aussi longues traversées.

    Depuis le départ, nous avons parcouru 624 km afin de rejoindre Onet-le-Château. Après la première charge du rallye à Magny-Cours, il était question de juger de l’autonomie réelle de notre Toyota Mirai. L’enjeu était de prendre conscience des capacités de notre réservoir de 5 kg d’hydrogène pour préparer la deuxième étape.

    Le parcours choisi nous a menés de Magny-Cours à Onet-le-Château en 378 km avec une autonomie restante à 89 km au moment de notre arrivée. De quoi imaginer pouvoir approcher les 450 km en conditions de course avec les liaisons et les zones de régularité.

    Cette information était capitale au moment de dessiner notre parcours entre Onet-le-Château et Aix-en-Provence, pour aller d’une station d’hydrogène à une autre. En suivant l’itinéraire obligatoire sur les zones de régularité, nous n’avons pas pu descendre sous les 420 km à parcourir…  De quoi passer un vendredi très stressant.

    Sur la route, la Toyota Mirai s’avère bien plus confortable que les citadines électriques avec une insonorisation supérieure. En revanche, la régénération d’énergie semble très inférieure. Une petite batterie récupère l’énergie cinétique à la décélération et redonne son potentiel lors des accélérations suivantes. Ce détail nous a forcés à modifier légèrement notre parcours de la deuxième étape.

    Le départ de l’hôtel était programmé à 5h10 pour une sortie de parc fermé à 6h24. Le prochain rendez-vous est au Pôle Mécanique d’Alès, à près de 200 km, à partir de 11h00. Le premier classement devrait être disponible vers 14h00.

  • Etape 1a : le premier élément

    Etape 1a : le premier élément

    La première étape de l’eRallye Monte-Carlo est un parcours de concentration à effectuer en 26 heures entre Fontainebleau et Onet-le-Château. Premiers kilomètres, premiers réglages…

    Voyager avec un véhicule hydrogène reste une découverte. Une découverte car il n’existe qu’une dizaine de Toyota Mirai et quelques dizaines de Hyundai ix35. L’écosystème « H » a encore besoin d’être déployé pour s’avérer pleinement fonctionnel. Dans les faits, nous serions proche de ce qui existait pour les véhicules électriques il y a quinze ans.

    Le parcours nous imposait un itinéraire unique pour quitter la Seine-et-Marne, avant de nous laisser toute liberté pour rallier Onet.

    Après avoir fait le plein d’hydrogène à Orly et couvert quelques kilomètres pour préparer notre départ à Fontainebleau (et quelques interviews), nous avions rendez-vous à Magny-Cours pour une halte avec Air Liquide pour faire un nouveau plein. Avec un itinéraire assez hasardeux pour commencer, nous avons parcouru 345 kilomètres entre les deux stations.

    L’objectif de ce premier trajet était de jauger l’autonomie de notre Mirai en roulant tout à fait normalement. Autoroute : 130 km/h. Le résultat est équivalent à ce que l’on connait avec tous les véhicules à moteur électrique. La vitesse fait très mal à l’autonomie. En levant un peu le pied à Nemours, nous arrivons face au tracé nivernais avec une trentaine de kilomètres de marge. Ça peut sembler peu, mais lorsque le trajet est bien calculé, ça ne provoque pas la moindre interrogation.

    Pour avoir un ordre d’idée, il faudrait consommer autour d’un kilogramme d’hydrogène (le réservoir en contient cinq) tous les cents kilomètres. Lors de mes premiers courts trajets entre l’Essonne et le Val-de-Marne, j’avais tenu un 0,9 kg / 100 km. Sur autoroute, nous avons fait passer la moyenne à 1,3 kg / 100 km, quasiment 50 % de plus.

    À Magny-Cours, Air Liquide avait placé une aire de charge itinérante, capable de faire le plein d’hydrogène pour tous les concurrents engagés, un par un. Pour nous, ce fut l’occasion de laisser notre Mirai pour aller diner à la Grande Chaumière, haut-lieu des diners de Magny-Cours, avec une belle table où furent encore racontées de grandes histoires du sport automobile… Mais en hydrogène, l’esprit perdure !

    Nous avons quitté Magny-Cours à minuit pour continuer notre parcours avec une pause nocturne à Riom. Aujourd’hui, nous devons atteindre Onet-le-Château à 16h25 pour pointer. Les premiers classements ne tomberont que demain.

  • Numéro atomique 1 pour AUTOcult !

    Numéro atomique 1 pour AUTOcult !

    Deux podiums consécutifs au classement général du eRallye Monte-Carlo ne pouvaient pas rester sans suite… Air Liquide fait confiance à AUTOcult pour l’édition 2018 de l’épreuve reine des rallyes sans émission de CO2. Je serai au départ aux commandes d’une Toyota Mirai.

    J’ai une passion pour Mendeleïev… Peut-être que je m’ennuyais trop durant les cours de chimie. Je ne cessais de regarder un tableau sans équilibre géométrique. Hydrogène en haut à gauche, Hélium en haut à droite. Lithium, Béryllium, Bore, Carbone, Azote, Oxygène, Fluor, Néon sur la deuxième ligne… Et plein d’autres ensuite, de quoi fabriquer un univers. Avec son numéro atomique 1, le H de l’hydrogène faisait figure de leader. Le 6 du C (carbone), le 8 du O (oxygène) étaient les autres têtes d’affiche… Et, plus loin, le 60 du Nd (néodyme) qui m’a offert la base de mon pseudo de mes études scientifiques. Oui, je comprends les blagues de Big Bang Theory.

    L’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers. Plus de 90 % des atomes sont des H. Le corps humain est également constitué d’une majorité d’atomes d’hydrogène. Et c’est un formidable objet de recherches : par définition, c’est le plus simple de tous les atomes avec un proton et un électron. De quoi s’amuser avec l’équation de Schrödinger. Là aussi, c’est très personnel. Erwin Schrödinger a précipité ma chute entre son équation et son chat. Sa physique quantique m’a fait prendre conscience que la suite de ma carrière prendrait la route des rallyes automobiles. Moi qui rêvait d’une maîtrise de mathématiques, je suis parti suivre Sébastien Loeb.

    Quinze ans plus tard, je vais réunir Schrödinger, l’hydrogène et les rallyes ! Air Liquide, spécialiste des gaz industriels, m’a demandé de conduire l’une de ses Toyota Mirai lors de l’eRallye Monte-Carlo, une voiture « hydrogène ».

    Une Toyota Mirai est une berline de série avec un moteur électrique de 155 chevaux couplé aux roues avant pour 1 800 kg. L’énergie n’est pas stockée dans des batteries. C’est une pile à combustible qui transforme de l’air et de l’hydrogène en électrique et en eau.

    Cette technologie lui permet de parcourir environ 500 kilomètres et de repartir en moins de 5 minutes, le temps de faire le plein du réservoir d’hydrogène.

    Le départ du rallye est programmé ce mercredi à 14h00 de Fontainebleau, direction Onet-le-Château, lieu de passage du Rallye Aveyron Rouergue. La deuxième étape nous mènera à Monaco via le circuit d’Alès et quatre zones de régularité avant de terminer par la nuit du Turini entre samedi et dimanche. Mon copilote sera Eric Bresson.

    Je vous en dirai plus sur l’évolution de la numéro 26 au fil de la semaine !

  • Colin McRae

    Colin McRae

    Il y a les professionnels, les grands champions et les légendes… Parfois, il y a même un peu plus. Colin McRae était de la race des personnalités qui étaient encore plus que des légendes. Rares sont ceux qui ont autant révolutionné leur discipline.

    C’est peut-être une histoire de timing. Colin McRae est arrivé à une époque de profondes mutations en Championnat du Monde des Rallyes. La montée en puissance du Groupe A vers le WRC après un large passage à vide, des épreuves plus courtes et plus rapides, le retour d’une ambition médiatique et les premiers jeux vidéo ont accompagné la carrière de ce vrai virtuose.

    Le Championnat du Monde des Rallyes a produit des as du volant. De Jean-Luc Thérier à Sébastien Loeb en passant par Walter Röhrl, nous pourrions débattre durant des années du réel potentiel de chacun et du « plus grand de tous les temps ». Tous les champions ont marqué, d’une manière ou d’une autre, leur catégorie. Mais ils sont si peu nombreux à être allé au-delà du petit monde du sport auto.

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    J’ai des souvenirs très personnels de Colin McRae… Pour mon premier rallye de Championnat du Monde « travaillé », il m’avait claqué la portière de sa Ford Focus WRC au nez alors que j’essayais d’obtenir une déclaration à un point-stop. Ça marque un débutant même si, à l’époque, les pilotes pouvaient encore échapper au nouveau rituel de la déclaration obligatoire après chaque chrono.

    L’autre grand souvenir reste le 15 septembre 2007. Je m’occupais de la gestion éditoriale du site officiel du Championnat du Monde des Rallyes lorsque j’ai reçu un message pour me dire que l’hélicoptère du pilote s’était écrasé et que l’on ne savait pas encore s’il était à l’intérieur. Une soirée à écrire, attendre, craindre, accepter la fatalité. Je lui devais bien ça après avoir titré Le Seigneur des Tonneaux en suivant ses excès lors du Rallye de Chypre 2003 !

    colin-mcrae-ford-focus-chypre

    Depuis, j’ai intégré Citroën Racing pour suivre le Championne du Monde des Rallyes. Evoquer Colin McRae dans cette équipe qui ne l’a fait rouler qu’une seule saison – avec un unique podium au palmarès commun – met des étoiles dans les yeux de ceux qui l’ont côtoyé. Tous se rappellent d’un grand monsieur, d’un équipier dévoué et d’un homme bon. Et inutile de parler du regard de David Richards ou de Malcolm Wilson lorsque Colin entre dans la conversation.

    If in doubt, flat out!

    Colin McRae était aussi le nom d’un jeu vidéo qui a révolutionné le style. Même si l’idée de vendre son nom avait entraîné quelques quiproquos. Je me souviens avoir entendu une personne très surprise d’apprendre que Colin McRae existait vraiment, pas comme Lara Croft… C’est aussi grâce à ces jeux que Colin McRae est devenu plus qu’un pilote.

    Plus que les autres, Colin McRae avait un style flamboyant… Un virtuose du volant, de l’attaque, de la trajectoire. Une ambition démesurée aussi, jusqu’à prendre le risque de perdre des doigts pour se donner une chance de jouer un titre mondial.

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    Je profite de l’occasion pour rappeler une vérité statistique qui me tient à coeur. Colin McRae n’était pas un casseur de voitures. Durant des années, il a détenu le record du nombre de victoires en Championnat du Monde des Rallyes. A l’époque, gagner 25 courses en une carrière était un énorme exploit… Et s’il n’a pas atteint l’arrivée à 60 reprises (41 % de ses départs), son plus grand rival Tommi Mäkinen possède des statistiques très équivalentes avec 24 victoires et 59 abandons (40 % de ses départs). L’unique réelle différence est le nombre de titres… Le Finlandais en a gagné quatre consécutifs entre 1996 et 1999, juste après la consécration de l’Ecossais en 1995.

    Plus encore que le pilote, Colin McRae était un amoureux du sport automobile. Le Mans, le Dakar, il faisait partie de ces pilotes qui avaient envie de tout tester. Il aimait aussi partager sa passion. Il avait accompagné Kris Meeke pour l’emmener vers le plus haut niveau, il avait poussé Travis Pastrana à découvrir le rallye. Il avait aussi su éviter les pièges des journalistes britanniques désireux de créer un duel entre lui et le regretté Richard Burns hors des spéciales. Et il avait même fini par concevoir sa propre voiture de course…

    On t’aime Colin. Merci pour tous les souvenirs que tu nous as laissés !

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  • Le Rallye d’Allemagne comme vous ne l’avez jamais vu

    Le Rallye d’Allemagne comme vous ne l’avez jamais vu

    Vous pensiez que l’on avait tout inventé en termes d’images en Championnat du Monde des Rallyes ? Les photos, les caméras embarquées, les hélicoptères, les drones… François Baudin, l’une des références du WRC depuis plusieurs décennies, a réinventé la beauté du rallye !

    Si vous aimez le sport automobile, a fortiori si vous aimez le rallye, vous avez forcément rêver devant ses photos, vues partout dans le monde depuis de nombreuses années. Malgré l’essor de la génération Instagram qui préfère appliquer les mêmes filtres dans tous les pays du monde sans s’approprier l’essence de chaque lieu, François Baudin demeure une référence avec l’Agence Austral.

    Accompagné par son fils Bastien, il a su mêler son immense expérience, son talent et les nouvelles technologies. François Baudin a toujours été un précurseur en WRC : appareils télécommandés, flash déportés, diffusion de photos 360°, photos en 3D diffusées dans la presse…

    Lorsque j’ai appris que François se lançait dans un nouveau projet à l’occasion du Rallye d’Allemagne, j’ai sauté sur l’occasion pour qu’il nous raconte son aventure. Attachez vos harnais et ouvrez bien vos yeux ! Jamais un photographe n’avait osé sortir une chambre grand format à l’époque de l’argentique…

    François Baudin lors du Rallye d’Allemagne 2017

    Le Rallye d’Allemagne vu au Leica et à la chambre en Noir et Blanc, par l’Agence Austral.

    Présentation

    30 ans se sont écoulés depuis son premier Rallye d’Allemagne, une occasion pour François Baudin de « couvrir » la manche WRC à l’ancienne, sans aucun appareil numérique.

    Le matériel

    Ne recherchant pas la facilité des derniers appareils argentiques, le choix du matériel s’est porté sur :

    • Une chambre grand format 4X5 inches, Arca Swiss, le même modèle que celle utilisée par Ansel Adams de 1964 à 1968, équipé d’un objectif Schneider Symmar 5,6/150 mm.
    • Un Leica M4 de 1968 avec un Summilux 1,4/35mm de 1974 et un Summicron 2/90mm de 1971.
    • Le Rolleiflex 3,5 E ne sera pas utilisé.
    • La mesure de lumière effectuée par une cellule Weston Master V.
    • Les films utilisés sont classiques : Kodak Tri-X, Ilford FP4 ; plus récents : Fuji Acros, Bergger Pancho 400 et aussi « expérimentaux » : plan films Washi. Ils seront développés dans du révélateur D-76.
    • Seule concession à l’esprit rétro un pied Gitzo carbone, beaucoup plus léger qu’un modèle d’époque. Equipé d’une rotule Arca Swiss fabriquée à Besançon par le repreneur de la marque Suisse.

    Sur le terrain

    Utiliser une chambre 4X5 impose une démarche différente lors d’un reportage sportif. Il faut anticiper chaque prise de vue. Une fois l’angle choisi la concentration est à son maximum pendant 5 à 10 minutes : Mise à niveau de la chambre, contrôles des bascules et décentrements. Mise au point sur dépoli. Mesure de la lumière, réglages de la vitesse et du diaphragme. Armement de l’obturateur. Installation du châssis contenant les plans films. Déclenchement. Le Leica M4 est utilisé en complément et aussi parce que seuls 10 plans films sont prévus chaque jour. Au millième de seconde, la sensation est semblable à la gâchette d’un revolver. Une seule photo, au bon moment.

    Les doutes du photographe, la tranquillité pendant le reportage et les émotions au labo

    Très rapidement les doutes d’avoir réussi la photo sont revenus. Il faudra attendre le retour pour savoir. Alors qu’en photographie numérique, un seul coup d’oeil à l’écran informe le photographe du résultat. Evidemment avec une démarche argentique, en fin de journée, quand le reportage st terminé, c’est plus drôle, pas de travail sur l’ordinateur. Même pas de batteries à charger. Mis à part le déchargement et le chargement des plans films dans les châssis dans le noir. La nostalgie des soirées de photographes revient vite.

    Au retour de déplacement, il faudra tout traiter. Retrouver les gestes d’un métier disparu. Développement des films, premières indications. Puis tirage des photos sous l’agrandisseur et l’émotion de voir monter l’image dans le révélateur.

    Le photographe explique le fonctionnement de la cellule Weston Master V utilisée en 1987 à Bruno Thiry qui participait au rallye d’Allemagne cette année là, dans le cadre du trophée Citroën Visa International. En 1987, l’épreuve qui s’appelait Hunsruck rally se déroulait déjà sur bords de la Moselle et dans le camp de Baumholder. La cellule Weston est un modèle sélénium particulièrement précis qui permet la mesure en lumière réfléchie et incidente avec un invercone largement dessiné. A la différence des modèles plus récents au cadmium nickel, plus sensibles en base lumière , la Weston fonctionne sans piles.
    Craig Breen s’est émerveillé devant le matériel ancien. Etonné de voir l’image inversée sur le dépoli de la chambre.
    Grand amateur de photo Dani Sordo fêtait son 150e départ en WRC. Il n’a pas souvent posé devant une chambre grand format.
    Cadrer une voiture de rallye avec une chambre 4X5 sans viseur sur pied est un exercice périlleux : la rotule n’est pas bloquée dans le sens horizontal pour suivre l’action.
    Le Leica M4 est utilisé en complément et aussi parce que seuls 10 plans films sont prévus chaque jour. Au millième de seconde la sensation est semblable à la gâchette d’un revolver. Une seule photo, au bon moment.
    Ott Tanak, avant la dernière boucle dimanche. La chambre grand format installée sur son pied, la mise au point est anticipée au niveau de son casque qui était posé sur le toit. Il s’est arrêté quelques secondes, concentré au maximum. Juste le temps d’une photo, puis il a mis son casque, s’est installé au volant et est parti en chauffant ses pneus en direction du départ.

    Laboratoire

    Le développement des 6 films 24X36 en cuve Paterson et des 40 plans films 4X5 en cuve Ilford prendra 2 jours. Après choix de 30 photos, il faudra compter au moins 40 heures de laboratoire pour les tirages.

    2 agrandisseurs sont utilisés :
    Pour le 24X36, un Durst D659 datant des années 60. Un modèle automatique bi-format 24X36 et 6X9 avec deux objectifs Schneider Componon 50 et 105 mm montés sur tourelle. Le 50 mm a perdu un peu de sa clarté sans trop d’incidence sur les tirages.

    Pour les plans films, un Metoer Siegen 13X18 mural équipé d’un objectif Schneider G-Claron 9/240 mm. Le support de plan films 4X5 est en bois sans verre. Son poids est estimé entre 120 et 150 kilos, il date des années 50.

    Les tirages 18X24 pour la presse sont effectués sur du papier Ilford Multigrade IV RC , les images de collection sur des papiers barytés, Foma et Ilford sont au format 30X40 cm.

    Les tirages seront scannés à plat pour numérisation.

    Conclusion

    Cette expérience aura le mérite d’avoir pu montrer de grosses différences en terme de temps passé sur les images. Alors que le rallye était terminé, les clichés de l’épreuve vues partout presque en temps réel. Il aura fallu 10 jours de laboratoire au photographe « argentique » pour montrer son travail.

    Le rendu des tirages sur papier est incomparable, chaque épreuve unique du fait du masquage manuel lors de l’exposition en chambre noire. Les tirages seront très bientôt proposés en édition limitée… Restez à l’écoute !

    Et n’hésitez pas à découvrir l’ensemble du travail déjà réalisé sur www.agenceaustral.fr

  • Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Ouninpohja, lieu saint du sport automobile

    Une obsession. Un Graal. Un morceau de routes entre terres et ciel… Quelle que soit sa forme, son nom résume l’excitation d’un pilote ou d’un copilote de rallye : Ouninpohja (Oy nine poy ahh). C’est le nom de l’épreuve spéciale qui fait figure de référence en Championnat du Monde des Rallyes, depuis des années et des années.

    Ouninpohja est le nom de ce que l’on pourrait définir comme un hameau situé entre Jyväskylä (base du Rallye de Finlande) et Tampere (troisième ville du pays), à quelques kilomètres au sud-ouest de la commune de Jämsä. À 180 mètres d’altitude, coordonnés 6146’0.120″N, 250’0.000″E : il ne se passe rien 360 jours par an. Seuls quelques pèlerins s’attachent à trouver les bons changements de direction, le nez rivé sur des cartes.

    Mais quand approche la fin du mois de juillet, l’endroit se transforme en Mecque de la vitesse. Un lieu saint. En 16, 22 ou 33 kilomètres, dans un sens ou dans l’autre, le nom évoque la vitesse, la prise de risque, l’engagement maximum nécessaire à la performance. Il devient le synonyme du rallye. Tout doit être millimétré, le copilote doit envoyer des dizaines de pages dans l’intercom et le pilote doit passer à l’acte. L’improvisation est un bonus. Face à chaque bosse, le virage suivant est déjà anticipé. Les corps se raidissent avant chaque réception. Décollage, atterrissage, traction…

    Ces routes ne tutoient plus les limites depuis bien longtemps. Elles les repoussent. En 2007, le règlement établi par la FIA laissait apparaître ces lignes à l’article 2.2.4 : « La vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. » L’année suivante ? « Excepté pour le Championnat du Monde des Rallyes, la vitesse moyenne maximale autorisée dans les épreuves spéciales d’un rallye ne peut être supérieure à 130 km/h. »

    La raison de cette exception ? Marcus Grönholm avait traversé les 33 kilomètres du second passage dans Ouninpohja en 15’19’’8 lors du Rallye de Finlande 2007… À 129,16 km/h de moyenne. Pour ne pas mettre ce lieu mythique, la fédération a ajouté quelques mots adroitement. Ouninpohja est plus fort que le règlement !

    Selon les chiffres, Ouninpohja n’est pas la spéciale la plus rapide du championnat. Mais c’est la plus longue, la plus technique, celle qui réclame le plus d’engagement, tant du pilote, du copilote que de la voiture.

    La surface n’est pas particulièrement glissante. Dans cette région, la terre est presque aussi tassée que du bitume. Seules quelques pierres parviennent à sortir des cordes. Ce qui écrit l’histoire d’Ouninpohja, c’est sa troisième dimension. Le terrain est fait de bosses de tailles différentes. Pas de dos d’âne, non. De vraies bosses, comme dans un grand huit dans lequel le tonneau et la vrille seraient interdits.

    Dans la version 33 kilomètres, un équipage de WRC décolle des quatre roues plus de 70 fois. En 2003, Markko Märtin a fait un saut de 57 mètres à 171 km/h. Il faut rappeler que l’on n’est pas dans une émission de télévision ou dans une opération destinée à entrer dans le Livre des Records. Cette année-là, l’Estonien pilotait la même voiture qu’il allait mener à la victoire sur le plus cassant Rallye du Mexique quelques mois plus tard…

    Kai Tarkainen, Directeur de Course depuis des années, résume simplement : « Ouninpohja attire toujours beaucoup de spectateurs. Au fil des années, c’est quasiment devenu l’épitomé du Rallye de Finlande. Pour beaucoup, Ouninpohja est le Rallye de Finlande. »

    Marcus Grönholm en avait dit : « Je me souviens m’être assis avant le départ, en attendant le pointage. Je ne suis généralement pas nerveux avant les spéciales, mais j’ai toujours un trac avant de partir dans Ouninpohja. J’étais anxieux, car je savais ce qui se profilait. »

    Retraite prise, le double Champion du Monde a même avoué que les quarante secondes de pleine charge du milieu du chrono – et pas de la ligne droite ! – avaient participé à sa décision de raccrocher le casque. En lutte avec son équipier Mikko Hirvonen en 2007, il avait eu le déclic du pilote qui a pris trop de risques.

    Si l’on met de côté les ambitions de titre mondial de quelques pilotes, Ouninpohja est – et ça n’existe nulle part ailleurs, pas même le Turini – la spéciale qu’il faut gagner. Un scratch suffit à réussir un été. Par ses différentes options de départ et arrivée, il est difficile d’établir les vrais records. Timo Mäkinen y avait roulé à 99,2 km/h de moyenne en 1970 avec une Ford Escort TC, bien avant qu’Hannu Mikkola ne virevolte à 127,3 km/h avec son Audi Quattro Sport S1. Les moyennes étaient tombées à 121,0 km/h lorsque Juha Kankkunen signait des meilleurs temps en Lancia Delta HF Integrale, avant que les WRC ne fassent oublier les Groupe B. En 2002, Marcus Grönholm avale la spéciale à 132,3 km/h de moyenne en Peugeot 206WRC.

    Mikkola garde un souvenir très ému de son passage en 1985 avec la Quattro : « Là, je me suis mis en colère. C’est la seule fois de ma carrière que j’ai eu l’impression de ne plus être assis dans la voiture. C’est comme si j’étais dehors. On m’a dit que les pilotes de chasse pouvaient ressentir la même chose. L’Audi générait beaucoup d’appui aérodynamique. Plus on osait aller vite, plus elle collait à la route. Il était très difficile de trouver la limite. »

    Un an après le record de Grönholm, dans une version un peu plus longue après le village de Kakaristo, le Finlandais était en quête d’un nouveau meilleur temps avant d’y arracher une roue et de laisser Colin McRae inscrire son nom au palmarès. L’année suivante encore, Petter Solberg n’avait plus rien à jouer au classement après être passé par le SupeRally. Le Norvégien – en Subaru Impreza WRC – n’avait qu’une seule idée en tête : battre le record de cette version d’Ouninpohja. Objectif atteint.

    Dix ans après, Sébastien Ogier se présentait au départ du second passage, avant-dernier chrono du rallye, avec une trentaine de secondes d’avance au classement général… Et une idée en tête : faire tomber ce fameux record. 15’08’’9 pour 33 kilomètres avec la Volkswagen Polo R WRC ! Sur aucune autre spéciale du monde, le futur Champion du Monde n’aurait autant attaqué en étant si près d’une victoire historique… Et pendant qu’Ogier sautait, Ostberg y perdait la deuxième place du rallye en heurtant une pierre et Kris Meeke s’offrait quatre tonneaux. Ouninpohja est décidément à part. « Un must » résume Sébastien Ogier.

    Un endroit est mythique sur cette spéciale légendaire : la bosse de la maison jaune. « À la vitesse à laquelle on arrive, c’est incroyable. On est à fond bien avant d’aborder le saut », raconte Jari-Matti Latvala. Nous sommes à 7,1 kilomètres du départ. Après une très légère courbe à droite située devant une maison jaune, les voitures décollent au son du rupteur. Aucun angle n’autorise les photographes à rendre compte de l’engagement des équipages et de l’ambiance du lieu. C’est là que Richard Burns a perdu son duel face à Marcus Grönholm en 2002.

    Car Ouninpohja est aussi une fierté nationale pour un pays qui a produit plus de Champions du Monde qu’aucun autre, mais qui se fait parfois déborder. Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Ari Vatanen, Hannu Mikkola et Timo Salonen totalisent treize titres quand la France est aujourd’hui à quatorze avec seulement Sébastien Loeb, Sébastien Ogier et Didier Auriol. En nombre de rallyes remportés, la France est également devant 186 contre 177. La troisième nation, la Suède, n’est qu’à 43 !

    La Finlande est un bastion avec 54 victoires des locaux en 66 éditions. Pendant longtemps, seuls les Suédois étaient également invités au palmarès… Jusqu’à ce que Carlos Sainz ne casse cette habitude très nordique en 1990. Depuis, seuls Auriol, Martin, Loeb (3 fois), Ogier et Meeke ont aussi battu les Finlandais.

    Alors, Ouninpohja, c’est comment en vrai ? 5 – 4 – 3 – 2 – 1 – 0.

    100 mètres gauche 130 mi-long tard…

  • Le rallye vu du ciel

    Le rallye vu du ciel

    Il y a un peu plus d’une décennie, Jean-Marc Pastor avait eu l’idée de suivre la saison 2004 du Championnat du Monde des Rallyes en hélicoptère. Seize manches, du Monte-Carlo à l’Australie en passant par la Suède, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou la Corse, à photographier les exploits des Petter Solberg, Sébastien Loeb, Marcus Grönholm, Carlos Sainz ou Markko Martin à une époque où six constructeurs étaient officiellement engagés. Si l’aventure n’a pas pu se poursuivre pour différentes raisons, elle a souligné l’extraordinaire relation qui existe entre les hélicoptères et le rallye.

    C’était le cas en 2004, c’est encore le cas en 2017, surtout pour suivre le Rallye de Sardaigne. Difficile d’accès par des vols réguliers avec un passage obligé par Milan ou Rome en partant de Paris, l’île devient plus accessible en partant de Figari à bord d’un Ecureuil.

    sardaigne-helico1

     

    Décollage au bout du petit aéroport du sud de la Corse, passage au-dessus des falaises de Bonifacio avant de passer par les Bouches… Une dizaine de kilomètres plus loin, l’hélicoptère survole déjà la Sardaigne. En restant à basse altitude, afin d’éviter de gêner le trafic aérien, l’île italienne dévoile un paysage bien plus aride que sa voisine française.

    Atterrissage au milieu de nulle part, face au départ de la sixième épreuve spéciale. Au terme du décompte, accélération de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes pour un gros freinage sur asphalte et un 90 gauche étroit entre deux murets. L’accélération sur terre qui suit permet de se lancer réellement pour les quatorze kilomètres qui suivent. Le temps de voir les WRC passer toutes les trois minutes, avec un meilleur temps pour Esapekka Lappi devant Hayden Paddon, retour dans l’hélicoptère pour le chrono suivant…

    Quelques dizaines de secondes plus tard, l’oiseau de plus de 700 chevaux se pose avant l’arrivée de Sébastien Ogier qui ouvre la route dans Monte Olia. L’environnement est fantastique avec un virage à droite serré dans une descente puis deux bosses avant une montée à pleine charge. Leader du championnat, Ogier balaie, sa Ford Fiesta RS WRC peine à trouver de la motricité. Derrière, les Toyota et les Hyundai semblent plus à l’aise. Notamment Thierry Neuville sur cette courte portion. Le chrono donne à nouveau l’avantage à Lappi devant Latvala et Neuville ex-aequo.

    Le trajet suivant est un peu plus long avec le survol de montagnes et d’un lac pour se poser au cœur d’un champ d’éoliennes. Les 380 chevaux des nouvelles WRC parlent dans ce passage très rapide avec une trajectoire tendue. Dani Sordo, qui venait de perdre des minutes à cause d’une durite, devance ses rivaux de plus d’une demi-seconde au kilomètre !

    De retour au parc d’assistance basé à Alghero, la première journée se termine avec Hayden Paddon au premier rang, devant son équipier Thierry Neuville. Les deux Hyundai devancent alors Ott Tanak (Ford), Jari-Matti Latvala (Toyota), Mads Ostberg (Ford), Juho Hänninen (Toyota) et Sébastien Ogier (Ford)…

    A suivre.

  • El Condor pasa

    El Condor pasa

    J’ai passé quelques années à traverser le monde à la poursuite des équipages du Championnat du Monde des Rallyes. Des milliers de souvenirs, des dizaines de victoires, quelques titres… Et lorsque l’on me demande où il faut aller pour vivre les plus belles épreuves du WRC, je réponds à chaque fois : Argentine et Finlande !

    La Finlande, évidemment… Le pays du rallye par ses routes, son ambiance et ses pilotes : Mikko Hirvonen, Jari-Matti Latvala, Juha Kankkunen et même Kimi Räikkonen ! Pour sa ville de Jyväskylä, dédiée à l’épreuve durant une semaine. J’ai toujours entendu que le Rallye de Finlande coïncidait avec la fin de leurs vacances scolaires et que c’était l’occasion de célébrer une grande fête. Une fête pleine de vitesse… Et pas mal d’alcool !

    L’Argentine est un déplacement bien plus lointain, dans une culture très différente. Contrairement à la Finlande, il n’a pas compliqué de trouver un bon restaurant pas trop cher.

    L’ambiance est moins cosmopolite. Les étrangers présents sur le rallye sont exclusivement importés par la course. Le public est 100 % argentin, avec ses propres habitudes. Nous sommes en présence de fans de sport automobile, pas forcément de spécialistes du rallye. Ils aiment la course, le sport et mettre l’ambiance !

    wrc-argentine

    Des voitures sont garées un peu partout sur le bord des routes en terre toujours cassante, entre des pierres parfois aussi grosses que les Corsa. On trouve des tentes et des groupes d’amis partout, sur des dizaines de kilomètres, sur des centaines de kilomètres. Quelle que soit l’heure, les grillades sont en cours. Asado et Fernet Branca.

    Côté météo, il faut s’attendre à avoir très froid le matin et beaucoup plus chaud l’après-midi. Villa Carlos Paz ne m’a pas laissé un souvenir dingue en termes d’intérêt touristique. Mais les routes et le paysage valent bien plus pour les amoureux des rallyes.

    Il y a le Col de Turini pour le Monte-Carlo, Ouninpohja en Finlande… Et il y a El Condor en Argentine. Ce n’est pas forcément là que le rallye se joue. En Argentine, les routes sont si cassantes que l’écrémage est souvent fait dès le début de course, entre ceux qui veulent frapper un grand coup d’entrée et qui s’éliminent rapidement et ceux qui, trop prudents, prennent une valise dès le vendredi.

    Cette année, Elfyn Evans a profité des conditions pour prendre une minute d’avance sur la concurrence avec sa Ford Fiesta WRC équipée de pneumatiques chinois Dmack… Jusqu’à ce que les favoris de la course pour le titre mettent la machine en route. Et c’est bien dans El Condor que Thierry Neuville est allé gagner son quatrième rallye mondial avec sa Hyundai i20 Coupé WRC chaussée en Michelin.

    Dans la configuration 2017, El Condor est une longue descente de 2 136 à 1 389 mètres d’altitude en 16 kilomètres. Le paysage est lunaire… Mais comme si des dizaines de milliers de personnes pouvaient faire griller du bœuf au bord d’une route sur la Lune !

    C’est lent, c’est tortueux. Ce n’est pas forcément le plus excitant pour les équipages, mais c’est un vrai plaisir pour les spectateurs et les photographes qui parcourent le monde à la recherche de la photo qui marquera la saison.

    Cette fois, Thierry Neuville a gagné. 0,7 seconde devant Elfyn Evans… Le troisième écart le plus faible de l’histoire après deux manches qui restent bien ancrées dans ma mémoire : le 0,2 seconde entre Sébastien Ogier et Jari-Matti Latvala lors du Rallye de Jordanie (il faudra que je redemande à Julien Ingrassia de raconter cette dernière spéciale) et le 0,3 seconde entre Marcus Grönholm et Sébastien Loeb lors du Rallye de Nouvelle-Zélande 2007.

    Attention, l’Argentine représente bien d’autres souvenirs… Le décalage horaire, les longueurs, la soirée du dimanche soir au Zebra, voir des collègues se faire voler leur matériel. J’y ai même égaré un passeport durant un dimanche un peu trop long. Et je peux vous assurer qu’il est parfaitement possible de rentrer en France après avoir perdu son passeport. Même si c’est une sacrée mission de monter dans un avion pour un vol intérieur, passer à l’ambassade de France, dans un commissariat sans vraiment parler espagnol, puis au consulat avant d’attraper le vol du retour vers l’Europe. Sacrée expérience ce Rallye d’Argentine !