Catégorie : Editorial

  • J’aime le CO2

    J’aime le CO2

    Oui, j’aime le CO2. J’en consomme chaque jour en respirant et même en buvant des boissons dites gazeuses. J’aime le CO2 que je rejette après avoir respiré comme n’importe qu’elle plante. J’aime le CO2 qui sort de l’échappement d’une voiture sportive !

    Imaginons un Etat qui ne serait plus capable de rembourser sa dette autrement qu’en accumulant de nouvelles dettes. Un Etat qui ne parviendrait pas à se réformer pour diviser ses dépenses. Imaginons un Etat qui recherchait tant de nouvelles taxes qu’il mettrait en application une loi sur la consommation de l’air par les humains. Face à la difficulté de calculer ce qu’un humain est en mesure d’absorber, un système serait imaginé pour évaluer la quantité de rejet d’une certaine molécule lors d’un effort donné. Chaque humain serait donc testé pour compter la masse de CO2 (par exemple) rejetée dans l’atmosphère. Et taxé en fonction des résultats. Délirant, non ?

    Relisons ce paragraphe, éliminons le conditionnel par de l’indicatif présent et le terme « humain » par « automobile ». Bienvenue en France !

    Oui, l’Etat français a décidé de taxer les véhicules selon leur rejet de CO2 à partir de 2008. N’importe quel élève de lycée trouverait ça d’une débilité profonde…

    Je ne vais pas tenter de faire croire à quiconque qu’une voiture ne pollue pas. Le green washing ne passera pas par moi. Une voiture pollue, point. Mais elle ne pollue pas en produisant du CO2 ! Pour les cancres du dernier rang des cours de Science de la Vie et de la Terre, une forêt à l’équilibre produit autant de CO2 qu’elle n’en consomme. D’ici à ce que l’on nous invente une taxe sur les arbres…

    Au lieu de s’attaquer aux particules fines (PM) ou au dioxyde d’azote (NO2), particulièrement dangereux et dont la concentration est en hausse, l’Etat a préféré compter le CO2.

    Pire, les nouvelles normes européennes visant à développer les filtres à particules sur les moteurs Diesel englobent un ensemble de NOx… Les catalyseurs transforment donc le NO relativement inoffensif en NO2 cancérigène pour passer ces tests.

    Résultat, on se retrouve avec des campagnes de publicité ventant les mérites d’une voiture qui ne rejetterait que 119 grammes, 99 grammes ou 89 grammes de CO2 par kilomètres. Une belle jambe quand le reste est savamment oublié !

    Ça me rend plus respectueux de l’environnement de rouler dans une voiture qui rejette 99 grammes de CO2 ? J’ai l’impression d’être super écolo ? 99 grammes de CO2, je ne sais pas ce que ça peut représenter. Je n’en ai pas la moindre idée. Et si je parcours 100 kilomètres, j’ai émis près de 10 kg de CO2 ? Je n’aimerais pas avoir à les porter ! Mais bon, comme je ne les porte pas.

    Je ne parviens pas à croire que l’on peut se sentir écolo en comptant des grammes de CO2. Mais je suis ouvert à toutes les explications possibles.

    Tout ce que je vois, c’est le bonus ou le malus que cela peut engendrer lors de l’achat. La mesure de CO2 n’a rien d’une valeur écologique, c’est simplement une échelle de taxes. Et quiconque communique sur une tendance « verte » et parlant d’émission de CO2 devrait être condamné à ce que l’on nomme encore le green washing !

    Note quand même importante : les émissions de toutes ces méchantes particules fines et dioxyde d’azote ne sont que minoritairement imputable à l’automobile. Le chauffage des foyers et la production industrielle sont majoritaires. Et c’est toujours utile de le rappeler.

  • Est-on prêt pour la voiture sans conducteur ?

    Est-on prêt pour la voiture sans conducteur ?

    Cette semaine, Google a frappé un grand coup à l’aide d’un communiqué particulièrement bien diffusé. Le géant de l’Internet fait (déjà) rouler un véhicule sans conducteur à Mountain View. La technique progresse. Mais sommes-nous prêts ?

    Présentée en août 2002, la Google Car (c’est en fait un parc de Toyota Pruis, Lexus RX450h et Audi TT) ne cesse d’être développée. D’abord expérimentée sur routes fermées, puis dans de grands espaces, ce véhicule sans conducteur se balade désormais sans intervention humaine dans les rues de Mountain View, non loin du siège de l’entreprise.

    Selon Google, des dizaines de milliers de kilomètres ont été parcourus. Le responsable du projet se félicite de cette prouesse. Car rouler en ville n’implique pas les mêmes difficultés que sur autoroute.

    « Nous avons amélioré notre logiciel afin qu’il puisse détecter des centaines d’objets différents en même temps, que ce soit des piétons, des bus, un panneau stop dans les mains d’un agent de la circulation ou un cycliste faisant des gestes pour indiquer qu’il veut tourner. Un véhicule sans conducteur peut prêter attention à toutes ces choses d’une manière qu’un être humain ne pourrait physiquement pas faire, et sans même être fatigué ou distrait », annonce Chris Urmson qui est à la tête de l’équipe qui développe la Google Car.

    Ce véhicule connaît désormais Mountain View et se montre capable de s’y déplacer. Il n’est toutefois pas envisageable de voir la Google Car être lâchée dans une autre ville. Urmson concède qu’il reste des problèmes à résoudre pour qu’elle puisse évoluer hors de ses bases.

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    De nombreux constructeurs travaillent sur des projets équivalents. Renault nous a fait la démonstration d’une ZOE (Next Two) capable de rouler sans intervention humaine. Mercedes, Nissan, Ford ou Volvo, qui vient de lancer dans Göteborg une centaine de voitures munies d’un système de pilotage automatique, communiquent sur des travaux similaires.

    Mais bien au-delà de la technique, c’est à la société que les véhicules autonomes vont être confrontés. Alors que l’on ne parvient toujours pas à multiplier les trains et les tramways automatiques, comment pourrait-on accepter que des véhicules puissent se mouvoir librement ? Et sans rail ?

    Alors que beaucoup se révoltent contre l’invasion du big data, tentent de créer des mouvements pour la protection des données personnelles, comment imaginer que des automobiles puissent gérer des octets (par giga, téra ou péta) pour nous conduire ?

    Les premières consultations montrent une quasi unanimité contre de tels projets. Pire, dans chaque pays, les envies peuvent être différentes. En France, certains conducteurs pourraient être convaincus par ces systèmes sur autoroute, mais surtout pas en ville. En Allemagne, c’est l’inverse. L’autoroute est un lieu où les conducteurs veulent maîtriser leur voiture. Les Allemands préféreraient des voitures autonomes dans les cités.

    Un casse-tête… Un casse-tête que nos (futurs) dirigeants vont avoir à débattre au cœur de nos plus prestigieuses institutions ces prochaines années. Ça promet une multiplication des commissions sur le sujet !

  • La Citroën C6 et l’Hydractive chez Dongfeng

    La Citroën C6 et l’Hydractive chez Dongfeng

    La Citroën C6 fut un emblème de la voiture haut-de-gamme à la française : une réalisation de très grande qualité avec des éléments perfectibles et un design très prononcé… Arrêtée il y a quelques mois après un échec commercial, elle revit en Chine sous l’appellation Dongfeng Numéro 1.

    En Europe, la Citroën C6 n’était jamais parvenue à se confronter aux Audi A6, BMW Série 5 ou Mercedes Classe E. En Chine, cette C6 redessinée a pour objectif de se frotter à l’Audi A6L et aux Toyota Crown et Hongqi H7…

    Cette fois, la Citroën C6 n’est plus aussi singulière. La face avant ressemble naïvement à une Volkswagen… Peut-être pour plaire aux notables locaux qui pourront ainsi délaisser Audi pour un constructeur chinois. Mais Dongfeng récupère surtout la suspension Hydractive conçue chez Citroën.

    L’avenir de la suspension hydropneumatique avait été scellé lors de la signature des accords entre PSA Peugeot Citroën et General Motors. Pour des questions de coûts, de masse et de rationalisation de gammes, l’historique innovation de Citroën avait été abandonnée. Impossible de justifier la différence de prix entre les sphères et quatre ressorts hélicoïdaux…

    Le retour du système chez Dongfeng va-t-il permettre de sauver la suspension Hydractive ? Et si les Chinois travaillaient sur son développement couplé à de nouvelles aides électroniques ? Il y a vraiment de quoi en (re)faire la référence mondiale.

  • Chez FIAT, il faut rouler FCA

    Chez FIAT, il faut rouler FCA

    Toute grande entreprise globale doit avoir un patron fort et charismatique, à la limite du gourou. Dans l’industrie automobile, celui qui incarne le plus cet idée est Sergio Marchionne. On ne serait pas surpris d’apprendre qu’il est directement concerné par l’action menée il y a quelques jours sur le parking de Mirafiori.

    Site emblématique de la marque FIAT, Mirafiori a été l’objet d’une campagne de communication interne. Les voitures garées sur le parking ne faisant pas partie du nouveau groupe FCA ont été emballées d’une bâche transparente avec un cœur brisé et le message « Mi spezzi il cuore ».

    A l’heure où la Vieille Europe appelle à des sursauts nationalistes pour consommer localement et sauver ses emplois, cette opération aurait pu (aurait dû ?) être un immense succès marketing.

    Mais voilà. Les syndicats ont créé un scandale. Selon La Repubblicca, cette campagne de marketing non conventionnelle, menée en interne sur un parking réservé aux employés de l’usine, a pourtant été accueillie avec le sourire, parfois un peu de gène, par les salariés pris en défaut.

    FIAT a même renouvelé son offre de 26 % de réduction pour l’achat d’une voiture neuve proposée par le nouveau groupe rassemblant les marques de FIAT et Chrysler… Ce qui rassemble tout de même FIAT, Lancia, Alfa Romeo, Abarth, Maserati, Chrysler, Dodge, Jeep, Ram Trucks, SRT et dans une moindre mesure Ferrari (à 90 %) et Zastava (à 70 %).

    Mais les syndicats ont une nouvelle fois voulu s’opposer à Marchionne. Ils ont multiplié les communiqués critiquant l’opération. Pour eux, c’est une intrusion dans la vie privée « qui dépasse toutes les limites ». « FIAT a toujours été convaincu de pouvoir contrôler la vie de ses salariés et de faire d’eux ce que l’entreprise voulait. »

    Alors, clin d’œil amusant et intelligent de communication interne ou réflexion scandaleuse ?

  • Quand on n’a pas de pétrole…

    Quand on n’a pas de pétrole…

    On a des idées. Mais quand on n’a pas d’idées, on n’avance à rien. En Norvège, on a un peu de tout. Et on profite de suffisamment de ressources pour conserver un état providence qui participe au développement de la société et des individus.

    Le mois dernier, une voiture neuve sur cinq vendues en Norvège était électrique. 20,3 % du marché ! Ce marché reste assez mince par rapport à d’autres pays (dont la France) mais ce sont quand même 3 048 véhicules électriques qui ont été immatriculés.

    Pour comparer, le même ratio en France nous ferait atteindre 36 000 véhicules électriques sur l’unique mois de mars. Dans la réalité, nous atteignons l’incroyable score de 709 voitures malgré des campagnes de communication sans fin.

    Y a-t-il une recette miracle ? Miracle ? Non, juste une politique incitative intelligente. En Norvège, rouler avec un véhicule électrique permet de profiter de nombreux petits avantages.

    Les parkings et les péages urbains sont gratuits, les recharges également. Il est possible de passer par les voies de bus. Et, plus simple qu’un bonus coté administratif, les véhicules électriques sont exemptés de TVA (ce qui n’est pas toujours favorable au consommateur par rapport à la France mais plus progressif).

    Tesla et Nissan se partagent une grande partie du marché. Renault débarque seulement pour proposer sa ZOE.

    Alors, quand va-t-on faciliter la vie des conducteurs de voitures électriques en France ?

    Le classement des ventes de voitures électriques en Norvège en mars 2014
    1 494 Tesla Model S
    581 Nissan LEAF
    379 Volkswagen e-up!
    336 BMW i3
    114 Citroën C-Zero
    144 autres modèles

  • Les Chinois pressent Dongfeng

    Les Chinois pressent Dongfeng

    La France met PSA Peugeot Citroën sous pression ? Ce n’est rien par rapport à la Chine au sujet de Dongfeng. La presse se déchaine autour de l’accord ratifié la semaine dernière autour du groupe sochalien. Les Echos ont réalisé une revue de presse.

    La presse chinoise s’interroge sur la prise de participation de Dongfeng dans PSA Peugeot Citroën. Les 800 millions d’euros déboursés sont chers payés pour ne récupérer que 14 % des bénéfices d’une entreprise qui n’en réalise pas.

    Pour Xinhua, l’accord actuel ressemble davantage « à un crédit qu’à un investissement ». Afin de profiter de ce rapprochement, le site Sina Automobile affirme que Dongfeng doit « effectuer des percées technologiques grâce à PSA Peugeot Citroën pour que cet accord soit une réussite ».

    Même façon de voir dans les colonnes du quotidien économique Chutian Jin Bao qui souligne que Dongfeng doit profiter des technologies du groupe français mais aussi des méthodes de gestion et de management… Tout en rappelant que « les Européens et les Américains sont généralement extrêmement vigilants lorsqu’ils coopèrent avec les Chinois ».

    Et de conclure sèchement : « la meilleure opportunité pour prendre la mer est d’emprunter un bateau ».

    Dongfeng n’est pas là que pour ouvrir des lignes de crédit à PSA Peugeot Citroën. Et la Chine sera vraiment vigilante sur ce point. Est-ce que la France et le groupe aura la volonté et les moyens de ne pas s’offrir à cet actionnaire minoritaire ?

  • Voiture du siècle : FIAT Multipla

    Voiture du siècle : FIAT Multipla

    Le collectif PDA a nommé le FIAT Multipla « voiture du siècle » pour son extraordinaire contribution au développement de l’industrie automobile.

    Dès 1998, FIAT avait senti la mode vintage qui allait s’emparer du XXIe siècle en baptisant un monospace Multipla, nom d’un modèle produit entre 1956 et 1965. Son design lui permettait de faire tourner bien des têtes…

    Reprenant l’idée du monospace, le Multipla parvenait à offrir six places en seulement 4,089 mètres grâce à deux rangées de trois places. Malgré cette compacité, le coffre proposait un volume de 430 litres et jusqu’à 1 900 litres, sans les sièges arrière.

    Autre grande avancée, le Multipla était disponible en version essence, Diesel et gaz naturel.

    Le FIAT Multipla connut un véritable succès en étant le monospace compact le plus vendu en 2002 en Italie.

    Le constructeur italien a également contribué à la progression de l’industrie chinoise en vendant une licence à Zotye pour permettre la construction de Multipla de seconde génération.

  • Un constructeur sort ses griffes

    Un constructeur sort ses griffes

    Peugeot est une marque résolument sportive. Il n’y a qu’en France que le Lion a perdu de cette image malgré un engagement quasiment continu en rallye, rallye-raid, endurance, F1, encore rallye, encore endurance et j’en passe. Avec sa nouvelle définition R et l’annonce de son retour au Dakar, Peugeot ressort les griffes.

    18 janvier 2012… Annonce au cœur de l’usine Peugeot Sport de Vélizy. Dans quelques minutes, un communiqué va officialiser l’arrêt du programme 908 en endurance. Alors que la nouvelle voiture est prête, celle de la revanche, celle qui doit faire oublier 13,8 secondes… Tout s’arrête.

    PSA Peugeot Citroën traverse une grave crise. Moins de six mois plus tard, le groupe annonce la fin de la production sur le site d’Aulnay-sous-Bois. A Vélizy, on s’occupe avec les modèles de compétition-clients. On se concentre sur les développements de 208 Rally Cup et de la 208 T16 en rallye et sur la RCZ Peugeot Sport en circuit. Mais il faut se diversifier.

    L’absence de grand programme officiel permet de réfléchir à de nouvelles idées. Peugeot Sport s’empare du développement de la RCZ R, le modèle de série le plus puissant de la marque avec 270 chevaux sur les roues avant. Et on cherche à faire des coups à défaut de se relancer à la conquête de titres mondiaux.

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    Le projet idéal se dessine en 2013. Pour accompagner le lancement de la Peugeot 208 GTi, pourquoi ne pas concevoir une nouvelle voiture de course ? Avec un budget limité et des pièces de 908, Peugeot Sport conçoit une voiture pour Pikes Peak. Total, Red Bull, Michelin sont conquis. Un moteur de 875 chevaux est installé dans un châssis pour une masse total de 875 kilogrammes. Et surtout, logique de groupe, l’icône Sébastien Loeb est enrôlé.

    L’absence de rivalité dans le Colorado n’est pas un problème. Peugeot avait gagné Pikes Peak avec Ari Vatanen et Robby Unser en 1988 et 1989, Peugeot gagne à nouveau en 2013 avec Sébastien Loeb. Et l’extraordinaire 208 T16 Pikes Peak part faire une tournée des usines et des salons pour faire perdurer le rêve. Le coup marketing est un cas d’école.

    L’histoire ne dure que quelques semaines. Quelques semaines qui permettent de laisser passer la crise. Désormais, PSA Peugeot Citroën ne regarde plus vers le bas. PSA Peugeot Citroën accueille de nouveaux actionnaires, un nouveau patron-pilote. Il est temps d’avoir davantage d’ambitions.

    Ambition oui, mais victoire assurée

    Il n’existe pas une infinité de disciplines en sport automobile. Avec Pikes Peak, Peugeot avait déjà joué à la marge. F1, WRC, WEC, WTCC, les quatre championnats du monde actifs en 2013 n’étaient pas envisageables. Le retour sur investissement du nouveau calendrier de rallycross n’est pas quantifiable. Reste le Dakar.

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    Avec une gamme de plus en plus « crossover » et des marchés importants en Amérique du Sud, le Dakar est une épreuve incontournable pour Peugeot. Et une course sans constructeur officiellement engagé.

    Et si la marque lance tardivement son programme pour l’édition 2015, les moyens sont réels. Total, Red Bull et Michelin, les partenaires de Pikes Peak sont encore là. La 2008 DKR va profiter de toute l’expérience et de l’expertise des quatre fois vainqueurs du Dakar, des cinq fois Champions du Monde des Rallyes et des trois fois vainqueurs au Mans.

    Surtout, ce qu’il se fait de mieux en matière d’équipages est engagé. Deux pilotes sont déjà annoncés. Avec Carlos Sainz, Peugeot a la star hispanophone et le metteur au point. Cyril Despres est un pari. Mais avec cinq Dakar gagnés à moto, le Catalan d’adoption connaît parfaitement l’épreuve et se sent prêt à suivre les traces de Stéphane Peterhansel.

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    Un troisième, l’actuelle référence, devrait arriver le 1er juin, dès la fin de son contrat avec MINI. On le murmure, on l’attend.

    La voiture sera dévoilée lors du Salon de Pekin lorsque la 2008 de série entrera dans les concessions chinoises. Et elle sera en course en janvier en Argentine, en Bolivie et au Chili, quand les bons de commandes seront ouverts en Amérique Latine.

    Décidément, Peugeot joue parfaitement sa partition marketing et communication autour de ses projets sportifs. Reste à gagner en course. Mais ça, ce ne devrait être qu’une formalité.

  • La stratégie gagnante de Ferrari

    La stratégie gagnante de Ferrari

    Il n’est pas question de critiquer les envies d’expansion de marques telles que Porsche ou Maserati (voire BMW à une autre échelle)… Mais la stratégie appliquée aujourd’hui par Ferrari est une vraie réussite et le meilleur moyen d’entretenir un mythe.

    En seulement quelques années, Enzo Ferrari a placé sa marque au rang de référence mondiale en termes de voitures de sport. Profitant de très « hauts », résistant à de très « bas » en se laissant acheté par le Groupe FIAT, Ferrari est resté en vie et a su conserver une image exclusive.

    Alors que de nombreux patrons cherchent à augmenter leur chiffre d’affaires pour croître et améliorer leur rentabilité, Luca di Montezemolo a clairement annoncé vouloir réduire la production de Ferrari.

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    Entre 2012 et 2013, Ferrari est passé sous la barre des 7 000 voitures vendues. Montezemolo cherche à renforcer l’image d’exclusivité de la marque en continuant une légère inflexion de la production, de 1 à 2 %.

    Malgré cette baisse de production, Montezemolo est convaincu de pouvoir accentuer ses marges : « Ceux qui achètent une Ferrari achètent du rêve. Ils doivent être assurés que leur rêve d’exclusivité va perdurer. »

    En renforçant l’exclusivité de chaque modèle, Ferrari cherche à rendre chaque véhicule unique. En faisait du « sur-mesure », la marque italienne veut revenir à son positionnement initial en – encore – monter en gamme.

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    Brand Finance a fait de Ferrari « la marque la plus forte au monde ». Et Businessweek ajoute : « Toute entreprise se doit de se développer. Toutefois, la croissance d’une entreprise ne se réduit pas à son accroissement. Si vos volumes augmentent trop rapidement, vous augmentez le risque de faire face à des problèmes de qualité et à des conflits culturels internes. En mettant l’accent sur l’instauration d’une fidélité client sans faille, il vous sera possible de créer non seulement un cercle vertueux de profits et de réinvestissements, mais également un sentiment de fierté et de satisfaction grandissant. »

    Comme l’affirme Luca di Montezemolo, « La qualité des ventes revêt une plus grande importance que leur volume. »

    Volume, marges… Voilà qui ne s’applique pourtant pas qu’à Ferrari dans l’industrie automobile !

  • Circulation alternée : et ?

    Circulation alternée : et ?

    Nous vivons une crise profonde. Notre démocratie est contrôlée par une classe politique professionnelle qui cherche, avant tout, à gagner des élections pour avoir un emploi stable. Les sondages et statistiques dictent leur stratégie.

    Les Français veulent un monde plus propre, moins pollué. Ce n’est pas le résultat des urnes mais celui de différentes consultations. Chaque décision allant dans le sens d’un avenir plus vert est très souvent bien accueillie.

    Lors du pic de pollution de la semaine dernière, nous aurions pu croire que notre gouvernement serait resté impassible. Comme souvent. Mais, pour une fois, Matignon a bougé alors que le Président de la République était au Stade de France pour voir perdre une France qui lui ressemble. Samedi, en fin d’après-midi, il est décidé de mettre en place un système de circulation alternée à Paris et dans la petite couronne.

    Jeudi et vendredi, l’indice européen faisait état d’un pic de pollution « très élevé » (supérieur à 100) à Paris, après trois jours « élevés ». La faute à un anticyclone et à l’absence de vents. Le ciel aidant, l’indice citeair descend à « élevé » (limite « moyen ») le samedi avant de passer à faible le dimanche.

    Quelle belle initiative d’instaurer une journée de circulation alternée dans 23 communes alors que la météo promet déjà d’éliminer le pic de pollution. Lundi, sans surprise, l’indice pointe à 50, entre « faible » et « moyen ». C’était une donnée attendue, sur laquelle le gouvernement a pu capitaliser.

    Cette circulation alternée (et sa folle réglementation) a eu un effet bénéfique sur la circulation dans Paris… Et un effet inverse sur l’A86. Elle a aussi permis de montrer que le métro et le RER n’étaient pas si engorgés car le STIF a pu ajouter un million de places supplémentaires pour absorber l’afflux programmé de voyageurs.

    Et pourtant, aucun progrès n’est à enregistrer. Une nouvelle fois, un pansement a été placé sur une jambe de bois. Si un anticyclone reprend la même position, nous subirons un nouveau pic de pollution. On remettra en place la circulation alternée, on mobilisera la police et on alignera ces contrevenants révolutionnaires libertaires.

    Quand va-t-on enfin se concentrer sur les vrais problèmes du Diesel, de l’absence de parking aux abords de Paris, des manques de transports en commun, tant en quantité qu’en qualité. Quand le STIF va-t-il enfin réaliser quelque chose de grand pour une région de moins en moins vivable ? Le Grand Paris va-t-il enfin naître ?

    Parfois, je me dis que nos « politiques » devraient davantage chercher à entrer dans l’histoire qu’à rester sur leur siège.

  • Formule E : la F1 du green washing

    Formule E : la F1 du green washing

    Depuis de nombreuses années, des organismes plus ou moins sérieux dénoncent le green washing qui sévit dans le monde automobile. Les mensonges, les promesses exagérées, les labels inventés sont combattus pour que la publicité et le marketing ne fassent plus croire qu’une voiture puisse être « verte »… Et voici qu’est inventée la Formule E, une F1 écolo ! Autant dire que nous atteignons le niveau mondial du green washing.

    La Formule E, c’est quoi ?

    Pour commencer, c’est une pure et simple invention. Les créateurs sont partis d’une feuille blanche pour proposer un nouveau concept. L’idée est d’avoir un championnat de monoplaces (comme en F1) disputé de septembre à juin sur des circuits tracés dans dix grandes villes (Pékin, Putrajaya, Rio, Punta del Este, Buenos Aires, Los Angeles, Miami, Monaco, Berlin et Londres).

    L’aérodynamique de la monoplace n’est pas travaillée pour tirer le meilleur de la voiture mais pour favoriser les dépassements. Le moteur, en mode course, pourra délivrer 133 kW (soit 180 chevaux). Durant les essais, la puissance sera poussée à 270 chevaux. Toute cette puissance sera également mise à disposition durant la course par un système push-to-pass qui permet d’avoir un afflux de puissance très limité dans le temps pour dépasser (ou défendre sa position).

    La masse est annoncée à 800 kilogrammes pour une vitesse de pointe estimée à 225 km/h. Les performances seront comprises entre celles de Formule 4 (premières monoplaces après le karting) et la Formule Renault 2.0 (premier échelon international où les pilotes sont encore mineurs). 180 chevaux pour 800 kg, c’est un rapport poids-puissance digne d’une Lotus Elise S.

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    Deux voitures par pilote pour finir la course

    Chaque week-end se déroulera selon le même schéma. Après une heure d’essais (contre 4 heures en F1), les pilotes auront deux tours pour se qualifier (contre 3 sessions en F1). Dix équipes engageront deux pilotes.

    Les courses dureront une heure (contre environ 1h30 en F1) avec deux arrêts obligatoires aux stands… pour changer de monoplace !

    Avec la Formule E, on nous promettait une révolution technologique. Pour la révolution, il faudra surtout se concentrer sur l’installation électrique nécessaire à recharger la moitié des voitures alors que l’autre moitié sera en course. Car aucune batterie n’a été dimensionnée pour tenir une heure. Toutes les vingt minutes, les pilotes passeront donc aux stands pour quitter leur baquet et sauter dans une autre voiture afin de continuer… Bel exemple !

    Et pourtant, le concept prend. Renault est partenaire technique. Audi a inscrit une équipe, comme Venturi et même Super Aguri, toujours proche de Honda. Côté pilotes, on retrouve tous les recalés de la F1 comme Alguersuari, Buemi, Klien, Liuzzi ou Senna (Bruno !) et quelques Français (Sébastien Bourdais, Nicolas Minassian, Franck Montagny et Adrien Tambay…

    Et la presse multiplie les articles plus que positifs. Green washing de niveau mondial !

  • Dongfeng et PSA : un loup dans la bergerie

    Dongfeng et PSA : un loup dans la bergerie

    Présenté comme un grand partenariat stratégique, l’arrivée de Dongfeng au capital de PSA Peugeot Citroën n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la survie – à long-terme – du groupe français.

    En ouvrant près d’un septième de son capital à Dongfeng, une entreprise nationale chinoise, PSA Peugeot Citroën crée un précédent. Jamais une entreprise publique chinoise ne s’était ainsi invitée dans un grand groupe industriel français.

    Futur patron opérationnel des marques, Carlos Tavares va devoir composer avec des actionnaires aux intérêts très différents. La famille Peugeot va vouloir défendre son image et renouer avec les bénéfices. L’Etat français va exclusivement se concentrer sur l’aspect social des usines françaises et Dongfeng aura certainement l’objectif d’apprendre le savoir-faire européen.

    Car ce n’est pas une simple société qui investit dans PSA Peugeot Citroën. Dongfeng étant une entreprise publique, la décision d’entrer au capital a été prise par l’Etat. Et, en Chine, l’Etat s’appelle le bureau politique du Parti Communiste. C’est la raison pour laquelle la signature définitive de l’accord se fera lors de la visite du président Xi Jinping en mars.

    Evidemment, PSA Peugeot Citroën va largement profiter des millions d’euros (ou yuans) mis à disposition par Dongfeng. Et si les Chinois jouent vraiment le jeu, le marché local pourrait être un formidable terrain d’expansion pour Peugeot et Citroën…

    Pourrait car ce point-là est vraiment discutable. PSA et Dongfeng ont déjà une coentreprise en Chine. Les usines produisent 550 000 véhicules par an avec une capacité de 800 000 unités. Sur le papier, l’accord capitalistique entre les deux groupes ne modifie pas ce programme. Il sera primordial de voir si Dongfeng, déjà impliqué dans des coentreprises avec Honda, Nissan, Infiniti, Renault ou Kia, fera de vrais efforts sur son marché national pour porter les ventes de PSA.

    Si Dongfeng (et l’Etat chinois) fait tous ces efforts, ce ne sera sans doute pas uniquement pour récupérer 14 % des dividendes. L’un des grands enjeux de cet accord sera – à moyen-terme – le transfert des technologies. Comment la Grande Armée va-t-elle défendre son savoir-faire contre l’un de ses principaux actionnaires ?

    Dans moins de vingt ans, les marques chinoises s’attaqueront à tous les marchés avec leurs propres réalisations. PSA Peugeot Citroën n’a d’autre choix que de s’ouvrir à Dongfeng pour se sauver… Tout en craignant que son principal soutien en 2014 ne devienne son bourreau en 2030.