Auteur/autrice : Rédaction

  • La plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile

    La plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile

    Quelle est la plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile ? Sans parler des manquements au règlement sportif, qui feront peut-être l’objet de futurs billets, quelques ingénieurs ont pensé à des solutions techniques visant à améliorer les performances des voitures, au mépris des lois.

    En F1, il y a eu les billes de plomb ajoutées lors des ravitaillements chez Tyrrell en 1984 pour maintenir un poids minimal en fin de course, le logiciel pirate (déjà !) de Benetton pour assurer une assistance électronique au pilotage en 1994, le double système d’amortisseurs de Brabham imaginé par Gordon Murray pour réinventer l’effet de sol en 1981, l’essence non conforme de Brabham (encore) en 1983 qui a coûté un premier titre à Renault (fraude démontrée, mais non jugée)… En rallye, un développement hors-norme a marqué l’histoire.

    Des performances trop remarquées en Australie

    Il y a vingt ans, à l’arrivée du Rallye de Catalogne 1995, les émissaires de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) procèdent aux vérifications d’usage. En ligne de mire : le moteur des Toyota Celica GT-Four. Les soupçons sont rapidement transformés en accusation, la marque japonaise avait développé un système de bride capable de faire entrer davantage d’air qu’il n’était permis tout en ayant une apparence très normale lorsqu’il n’était plus en fonction.

    Au début de cette saison 1995, la FIA décide d’imposer des brides sur les turbos. Cette restriction sur l’entrée d’air prive les moteurs d’une partie de la puissance potentielle. Tous les blocs à combustion interne produisent de l’énergie en combinant un carburant et de l’oxygène. Une étincelle allume ce mélange qui repousse le piston pour transférer l’énergie vers les roues. La limitation de la quantité d’oxygène entrant dans le moteur limite effectivement la puissance produite autour de 300 chevaux. Cette bride (34 mm) se présente sous la forme d’une pièce métallique qui conduit l’air vers l’entrée du turbo.

    Dans un monde parfait, il suffit d’entrer un tube d’un diamètre défini pour contrôler la taille de la bride. Face à cette méthode, le dispositif inventé par Toyota passe tranquillement toutes les vérifications. Car le travail des ingénieurs est allé beaucoup plus loin !

    On peut imaginer qu’il a fallu une réelle campagne de développements, des dessins au bureau d’études, des passages au banc puis des séances d’essais afin de valider une pièce révolutionnaire.

    Toyota avait produit une bride équipée de ressorts et d’attaches capables de faire entrer de l’air par l’extérieur. Et quand cette bride était désengagée du turbo, le système se débrayait automatiquement et ne laissait plus rien apparaître.

    Lorsque l’affaire a été révélée, il était question de faire entrer 25 % d’air supplémentaire dans le turbo, soit un surcroît de puissance estimé à une trentaine de chevaux : un gain de 10 % sur la concurrence !

    Pourquoi un tel développement ?

    Bras armé de Toyota en Championnat du Monde des Rallyes, l’équipe Toyota Castrol Europe avait reçu l’instruction d’aligner une Celica en compétition à partir de 1989. Au cœur du team mené par Ove Andersson, cette décision du Japon n’avait rien d’un cadeau, car le dessin de la Celica n’était pas le plus adapté aux rallyes des années 1990.

    Le point fort du coupé Toyota était son moteur. Plus coupleux et plus puissant que la concurrence, il permettait à Carlos Sainz de décrocher deux titres Pilotes en 1990 et 1992, avant Juha Kankkunen (1993) et Didier Auriol (1994), tandis que Toyota s’adjugeait deux titres constructeurs en 1993 et 1994.

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    Mais l’arrivée des brides en 1995 annulait l’avantage des Celica. Sur les sept premières épreuves de la saison, seul Didier Auriol parvenait à s’imposer lors du Tour de Corse. Et pourtant, la régularité de l’équipe permettait à Toyota d’être en tête du classement des constructeurs devant Mitsubishi et Subaru et à Kankkunen de mener le classement des pilotes devant Colin McRae et son équipier Didier Auriol avant le départ du Rallye de Catalogne, septième et avant-dernière manche de la saison.

    Pour beaucoup, la FIA avait été renseignée au moment de choisir de contrôler la Toyota Celica GT-Four de Didier Auriol, arrivé quatrième en Espagne derrière trois Subaru Impreza.

    Seulement deux heures après l’arrivée, le 25 octobre 1995, la décision de mettre les Toyota hors course était prise. Et tout le monde était invité à Paris le 3 novembre pour statuer sur d’éventuelles autres sanctions.

    Dans les bureaux de la FIA, la décision était unanime auprès des 19 membres du Conseil Mondial : Toyota Castrol Europe perdait les points marqués durant la saison 1995 et était suspendu de licence durant 12 mois.

    « C’est une grosse tricherie, la plus grosse que j’ai vue dans ma vie », commentait alors Gabriele Cadringher, Directeur Technique de la FIA. « Nous avions des suspicions depuis le Rallye d’Australie. Les performances des Celica et leur décision de changer tout le système nous ont forcés à nous poser des questions. Le tuyau avait été modifié et l’extérieur de la bride également. En accord avec le Président de la Commission des Rallyes, nous avons donc décidé de faire des contrôles sur toutes les voitures durant le Rallye d’Espagne. »

    À l’époque, il s’est dit que des membres de l’équipe Toyota avaient eux-mêmes donné cette idée à la FIA, chose qui a toujours été démentie par la Fédération.

    Lors de la révélation de la tricherie, Max Mosley – alors président de la FIA – affichait un large sourire pour avoir attrapé le contrevenant : « Nous ne pouvions pas tirer d’autres conclusions. Un système très sophistiqué a été développé pour contourner le règlement, le plus sophistiqué que nous ayons pu voir. Toyota Castrol Europe est exclu du championnat 1995 et reçoit une suspension de licence pour une année. »

    Chez Toyota, le système mis en place a réclamé un réel développement. Plusieurs membres de l’équipe étaient donc à la manœuvre. La question de l’implication des pilotes s’est aussi posée. Avec l’arrivée des brides en 1995, chaque constructeur apportait des développements réguliers. Les pilotes devaient tester ces évolutions. Didier Auriol, qui s’est toujours défendu d’avoir été dans la confidence, a avoué avoir senti un surcroit de couple avant le Rallye d’Australie et une amélioration de la puissance moteur entre 6 000 et 7 000 tours / minute. « Nous l’avons pris comme une évolution et c’est tout à fait logique quand on travaille avec une équipe comme Toyota. Dans la voiture que j’ai conduite, il y a avait un petit peu plus de puissance, mais ce n’était phénoménal… De là à se douter qu’il y avait suspicion de tricherie ! »

    Interrogés à l’époque, Carlos Sainz et François Delecour, alors pilotes Subaru et Ford, avaient garanti qu’ils pouvaient sentir l’apport d’une trentaine de chevaux.

    « On peut très bien raconter des conneries, mais je crois qu’il y a des choses qui se passent », lâchait François Delecour. « La pièce passe dans la main d’ingénieurs, passe dans la main de mécaniciens… À partir du moment où il y a deux ou trois personnes qui le savent, ce n’est plus un secret. Avec un tel gain, alors que l’on nous répète qu’il n’y a pas de possibilité de surcroit de puissance avec cette bride, c’est qu’il y a réellement quelque chose. Il n’y a pas de miracle ! »

    Toyota Castrol Europe avait fait appel de la décision. Mais la FIA ne s’est pas déjugée. La sanction ne visait que l’équipe dirigée par Ove Andersson, pas Toyota en tant que marque. Des Celica ont continué de rouler en 1996, notamment pour Kankkunen, Grönholm ou Loix. Carlos Sainz, qui avait un contrat avec Toyota, a rebondi chez Ford et Auriol n’a été vu qu’à deux reprises. À mi-saison 1997, l’équipe (toujours) menée par Ove Andersson revenait en course avec une Toyota Corolla WRC. En 1998, Carlos Sainz et le Toyota Team Europe perdaient les titres mondiaux dans la dernière spéciale de la saison… La marque prendra sa revanche en 1999 avec le titre constructeur conquis par Auriol et Sainz.

    Cette affaire Toyota n’avait pas été le seul sujet du Rallye de Catalogne 1995. Après la sortie de route de Juha Kankkunen, avec l’une des Celica incriminées, Subaru récupérait les trois premières places du classement. David Richards, alors patron de l’équipe, figeait les positions pour donner la victoire à Carlos Sainz, devant Colin McRae et Piero Liatti. Cette décision, qui permettait à Subaru de passer en tête du championnat des constructeurs à égalité avec Mitsubishi, laissait Sainz et McRae s’affronter pour le titre lors de la huitième et dernière épreuve de la saison, avec un léger avantage pour Sainz, 70 points chacun et 3 victoires à une pour l’Espagnol.

    Mais Colin McRae n’a pas levé le pied. Il a continué d’attaquer pour terminer la dernière spéciale en tête, manquant de renverser David Richards qui s’était placé au milieu de la route, les bras en croix, en pleine spéciale, pour faire ralentir son pilote ! L’Écossais, forcé de suivre les ordres, prenait une pénalité en fin de course pour s’exécuter. Quatre semaines plus tard, il devançait Carlos Sainz de 36 secondes à l’arrivée du Rally GB et gagnait le titre mondial… Que l’on croyait être le premier d’une longue série.

  • Une Ferrari 290 MM pour un nouveau record ?

    Une Ferrari 290 MM pour un nouveau record ?

    Et si la Ferrari 250 GTO vendue l’an passée se faisait déposséder du record de la voiture la plus chère cédée lors d’une vente aux enchères ? La Ferrari 290 MM présentée par RM Sotheby’s lors d’une prochaine vente à New York est une solide candidate à ce titre.

    Seuls quatre exemplaires de Ferrari 290 MM ont été assemblés. Et ce châssis particulier a été mené à la quatrième place des Mille Miglia 1956 par le grand Juan Manuel Fangio, sous la supervision d’Enzo Ferrari.

    Après avoir été pilotée par l’Argentin, cette voiture est passée entre les mains de Phil Hill et quelques autres pilotes réputés de l’époque.

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    Au terme de sa carrière sportive avec la Scuderia Ferrari, cette 290 MM a été achetée par Temple Buell pour l’aligner pour des pilotes privés jusqu’en 1964, avant d’apparaître durant 34 ans dans la Collection Pierre Bardinon au Mas du Clos.

    Cette Ferrari 290 MM a été vue lors de l’Hommage à Ferrari de la Fondation Cartier en 1987 et lors de plusieurs concours d’élégance.

    Certifiée par Ferrari Classiche, elle est parfaitement matching numbers, châssis, moteur, boîte de vitesses et carrosserie Scaglietti. Et mieux : elle est éligible pour participer au Mille Miglia qui fêtera son 60e anniversaire l’an prochain.

    Selon quelques experts, elle pourrait battre le record des 28,45 millions d’euros réclamés pour une Ferrari 250 GTO en août 2014 !

  • Une nuit au musée

    Une nuit au musée

    Envie d’aller voir de belles voitures, mais avec une incroyable flemme d’organiser un tour du monde ? AUTOcult.fr ressort quelques trouvailles de ses archives pour re-visiter quelques jolis musées ouverts au public par l’intermédiaire de Google Street View.

    C’est parti… Et ne vous perdez pas dans les couloirs !

    Lamborghini à Sant’Agata Bolognese

    McLaren à Woking

    Mazda à Hiroshima

    Honda à Motegi

    Pagani à San Cesario sul Panaro

    Toyota à Nagoya

    Skoda à Mlada Boleslav

    Corvette à Bowling Green

  • L’Evoque après le Murano

    L’Evoque après le Murano

    Il y a quatre ans, Land Rover donnait une idée du design de son Evoque à l’aide de sculptures filaires. La marque britannique recommence pour présenter sa version cabriolet qui va bientôt succéder au Nissan Murano Cross Cabriolet.

    Le Nissan Murano CrossCabriolet est un modèle très rare. Lancé en 2011 en Amérique du Nord, le premier SUV Cabriolet n’a jamais trouvé son public, mais il était terriblement dans l’esprit de Nissan. La marque japonaise tente beaucoup. Ce sont parfois des échecs (je pleure le Cube), d’autres fois d’énormes réussites (Qashqai, Juke, GT-R…).

    Proposé avec l’unique motorisation essence V6 3,5 litres de 265 chevaux et une transmission CVT, le Murano CrossCabriolet avait été élu voiture la moins aimée de l’année 2011 dans une consultation organisée par Fortune.

    En quatre ans, les ventes étaient trop faibles pour maintenir ce Murano un peu spécial au catalogue.

    Un an plus tard, le Range Rover Evoque se transforme à son tour en cabriolet. Autant que pour le Murano, c’est une pure folie. C’est aussi franchement dans l’esprit « crossover » où l’on mélange plusieurs types de carrosseries. Voici donc la berline, tout-terrain, coupé, cabriolet…

    Comme toutes les voitures aussi différentes, j’espère qu’elle trouvera son public… Histoire de prouver aux autres constructeurs qu’ils doivent, eux aussi, inventer !

  • Affaire Volkswagen : que risque-t-on ?

    Affaire Volkswagen : que risque-t-on ?

    Ce n’est pas ici que vous apprendrez ce que pourraient être les risques pour la santé de la tricherie avouée du Groupe Volkswagen. Les experts s’en chargeront. De mon côté, je ne peux que craindre que l’annonce de la baisse des investissements pourrait nous priver de belles choses ! En voici un top 5.

    Nouveau président du directoire du Groupe Volkswagen, Matthias Müller a été très clair devant les salariés de Wolfsburg : « Nous allons revoir tous les investissements, ce qui n’est pas absolument vital sera repoussé ou annulé. Je vais être très clair : ce ne sera pas sans douleur. »

    Volkswagen Phaeton

    La très grande berline badgée Volkswagen n’avait pas bouleversé le marché lors de son arrivée, mais la marque allemande était sur le point de lancer une nouvelle Phaeton. Reste à savoir si Volkswagen va poursuivre ce projet.

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    Bugatti

    Bugatti était l’un des rêves de Ferdinand Piëch… Le grand chambardement à la tête du directoire du groupe redonne la main au petit-fils de Ferdinand Piëch. Mais la remplaçante de la Veyron, attendue depuis des mois, est encore loin d’être commercialisée. Et dans le pire des cas, Bugatti pourrait – avec Scania et MAN – faire partie des marques à vendre pour accumuler un peu de cash.

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    Sports mécaniques

    C’est souvent la décision la plus facile à prendre… Au lieu de remettre en cause les choix industriels du groupe, l’arrêt d’un ou plusieurs programmes de sports mécaniques est malheureusement une option, quitte à mettre encore plus de personnel à la porte. Le premier programme visé devrait être celui d’Audi en Endurance qui repose en partie sur la technologie TDI. Porsche, vainqueur au Mans cette année, devrait être sauvé. Volkswagen est aussi engagé en WRC. L’affaire a également permis d’étouffer les rumeurs d’arrivée du groupe en F1… Et si le groupe en profitait pour faire de la communication en renforçant son implication dans une discipline comme la Formula E ?

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    Les modèles de niche

    Quelques versions un peu spéciales étaient attendues dans les prochains mois : une Volkswagen Golf R400, une petite Bentley V8… A oublier, pour l’instant.

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    Das Dacia

    Depuis des années, le groupe Volkswagen imagine une nouvelle marque pour concurrencer Dacia. Mais à chaque proposition, la direction repousse un projet qui n’a jamais été suffisamment abouti. Il se pourrait donc que la marque low-cost doive encore attendre quelques années pour arriver sur le marché.

  • Tesla Model X : sauver le monde ou s’en sauver ?

    Tesla Model X : sauver le monde ou s’en sauver ?

    On a souvent présenté l’automobile comme un cocon, un lieu pour se protéger des éléments extérieurs, une cage de Faraday symbole du transport individuel. Tesla pousse encore un peu plus loin ce concept avec Model X… De quoi survivre à une attaque bactériologique.

    Loin des bunkers et de la vie souterraine, la Tesla Model X pourrait bien être le plus sûr moyen de survivre à l’attaque bactériologique organisée par l’armée des douze singes… (Enfin presque, car la propagation du virus qui a tué 5 milliards d’humains a débuté en 1996).

    Beaucoup de constructeurs travaillent sur l’assainissement de l’air à l’intérieur des habitacles. Il faut rappeler que l’air y est encore plus pollué qu’à l’extérieur (et qu’il ne faut donc quasiment jamais utiliser le recyclage de l’air interne). J’avais – il y a déjà quelques mois – assisté à une telle démonstration chez PSA Peugeot Citroën.

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    Tesla va encore un peu plus loin avec la Model X. Evidemment, l’ouverture des portes arrière en ailes de faucon a marqué le public lors de la présentation, mais il faut bien admettre que le point le plus intéressant de cette nouvelle voiture est le « Bioweapon Defense ».

    Ce système de filtration de l’air est actionnable par un simple bouton sur le tableau de bord. Elon Musk, fondateur de la marque, promet ainsi une atmosphère aussi saine que « dans une chambre d’hôpital » et parfait « s’il y a un scénario apocalyptique quelqu’en soit le genre ».

    Ça me rappelle que j’ai passé mon enfance à envier mes parents… Impossible de croire à une guerre thermonucléaire totale pour éviter de faire mes devoirs ! #wargame

    Le filtre de cette Tesla est dix fois plus gros que dans n’importe quelle autre voiture. Selon Tesla, il est capable de résultats 300 fois supérieurs contre les bactéries, 500 fois supérieurs contre les allergènes, 700 fois supérieurs contre le brouillard de pollution et 800 fois supérieurs contre les virus.

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    Toujours prompt à jouer avec son auditoire, Elon Musk s’était même amusé à déclarer : « Nous essayons d’être leaders dans les scenarios de défense apocalyptique. »

    Reste à savoir s’il pensait vraiment à cette Model X pour se protéger ou à Space X pour s’évader de la Terre !

  • Essai Ford Mustang : l’abondance et la facilité

    Essai Ford Mustang : l’abondance et la facilité

    Le XXe siècle a transformé notre planète… A force de guerres, l’Europe a été submergée par une nouvelle force bien plus jeune, inventive et conquérante. Et la Seconde Guerre Mondiale a entérinée un ordre nouveau : les Etats-Unis dominaient le monde. La Mustang est un enfant de cette prise de pouvoir, un symbole de l’American Way of Life.

    L’American Way of Life est né dans les années 1950. Au cœur d’un baby boom, une nation s’est mise à rêver d’abondance, de consommation de masse et de renouvellement continu des marchés.

    Il a fallu créer de nouveaux besoins pour une population avide de découvertes et de possessions. Et pendant que le monde s’appropriait le Coca-Cola, le chewing-gum, les Lucky et les bas nylon, les Etats-Unis se réinventaient déjà à travers une overdose de biens de consommation.

    Cette folle poussée a également été orchestrée par le Big Three qui a cherché à faire rêver le nouvel Américain. Parmi d’autres, la Mustang est l’un des plus sûrs symboles de l’American Way of Life. L’abondance et la facilité.

    Le rêve engendre le marketing qui engendre le rêve

    Président de Ford à l’époque de la création de la Mustang, Lee Iacocca ne cache pas qu’il s’est inspiré des rêves des soldats américains pour concevoir la première Pony Car. Les voitures de sport européennes avaient marqué ces futurs clients durant leur passage en Angleterre, en France, en Italie ou en Allemagne.

    Iacocca a donc reproduit, à l’américaine, cette idée de voiture sportive, avec un long capot et un coffre court, destinée à être vendue en masse à de jeunes adultes. La société a fait le reste.

    Favorisée par le goût du gain et de la réussite sociale, la prospérité matérielle trouvait l’un de ses premiers échelons : être propriétaire d’une Mustang, la récompense du mérite personnel.

    Et ce qui était vrai pour les Américains du baby boom l’était encore plus pour les immigrants. En arrivant aux Etats-Unis, ces nouveaux clients adoptaient encore plus facilement la Déclaration d’Indépendance de 1776 et la « recherche du bonheur » comme droit inaliénable… Dans cette société de consommation, la recherche du bonheur est aussi l’achat d’une Ford Mustang.

    Présentée en avril 1964, la Mustang est diffusé à un million d’exemplaires en seulement deux ans. Les Américains rêvaient d’une Mustang. Ford leur a vendu !

    La meilleure voiture du nouveau monde

    En partant du principe que le marché fonctionne autour de l’abondance, de la facilité et du renouvellement, la Mustang devait être économique, facile à conduire et constamment améliorée.

    Au fil des années (parfois au fil des mois), Ford modifiait les données techniques de sa Pony Car. Small block (cylindrée inférieure à 6 litres), big block, coupé, fastback, cabriolet, teintes de carrosserie. Et pour s’intégrer à cette idée de récompense du mérite personnel, des versions plus chères ont été ajoutées au catalogue (aussi pour répondre aux Muscle Cars concurrentes). Shelby, Mach, Boss, toujours plus, l’abondance.

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    Pour nous, Européens, la Mustang n’a rien d’une excellence voiture techniquement parlant. Le châssis est celui d’une berline basique, le 6 cylindres de base et sa boîte de vitesses à 3 rapports sont loin des standards du Vieux Continents.

    Mais cette facilité permet de proposer une voiture à la carrosserie sportive pour moins de 2 400 dollars. Les ventes explosent et le panier moyen des options atteint 1 000 dollars. L’abondance !

    Toujours la même

    A travers les décennies, même avec des versions moins craquantes, mais toujours portées par une image indélébile, la Mustang est restée un modèle de l’American Way of Life.

    Lors de mon dernier passage en Floride, j’ai loué une Mustang Convertible. Non pas qu’elle était nécessaire pour aller de Miami à Key West… Mais j’avais envie de cette abondance, de cette américanité qu’une Fusion ou un C-MAX (à des prix équivalents) ne transmettent pas.

    La Mustang est un rêve, un morceau de culture américaine, une pièce du culte automobile. On la regarde, on la touche, on l’identifie à des souvenirs, à des envies.

    Au volant, c’est la même chose. Ce n’est pas une muscle car, juste une pony car. Même avec le V8 de 5,0 litres (donc un small block dans sa définition américaine), il est possible d’être discret au niveau sonore, jamais au niveau visuel. En jouant sur les modes, les huit cylindres s’activent davantage.

    Et on retombe dans tous les travers américains. La Mustang est lourde (1 741 kg) et le couple maximal de 524 Nm doit être cherché à plus de 4 200 tours / minute. La boîte automatique est aussi US quand on la compare aux bijoux produits actuellement en Europe. Et lorsque l’on passe tous les modes au max, il faut avoir des bras de trucky pour l’emmener d’un virage à l’autre.

    A l’intérieur, on est dans la plus sympa des Ford (j’attends de découvrir la Vignale). Et la qualité de l’habitacle est en relation avec le tarif demandé. Là encore, tout rappelle que nous sommes dans une vraie voiture américaine. Différence de culture : aux Etats-Unis, on prête moins attention à la qualité perçue des matériaux et à leur présentation. Ce qui surprend surtout, c’est le manque d’habitabilité arrière. Mais le coffre est bien profond.

    Dernier détail américain ? J’ai englouti une moyenne de plus de 12 litres d’essence tous les 100 kilomètres… Mais bon, c’est l’abondance qui prime !

    Aux Etats-Unis, la première Mustang est affichée au tarif de 23 895 dollars (hors taxe) en Fastback avec un V6 de 300 chevaux… C’est moins cher que le premier C-MAX disponible en motorisation hybride (188 chevaux) à 24 170 dollars.

    En France, le premier prix est à 37 000 euros TTC avec le 4 cylindres EcoBoost de 317 chevaux, bien moins sonore que le V8… Le small block est disponible à 42 000 euros, soit quasiment ce qui est demandé pour un Galaxy Titanium. Je sais, ça n’a rien à voir. Et c’est bien là que je voulais en venir. Une Mustang, ça n’a rien à voir ! Ce n’est pas une voiture, c’est une relique constamment renouvelée pour les amoureux de l’automobile et des Etats-Unis.

    Et je ne peux qu’espérer que les Etats-Unis conserveront ces objets de culte et une grande partie de LEUR culture. La campagne d’Obama avait fait pensé à une profonde mutation dès 2008… Elle n’a (heureusement et malheureusement) pas du tout eu lieu, porté qu’il fut par un engouement mondial et rappelé à l’ordre par ses propres électeurs.

    La Mustang a donc pu fêter son cinquantième anniversaire en 2014, toujours avec sa calandre, son cheval et sa paire de trois petits feux arrière. Long Live the Mustang !

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  • Des chiffres et des lettres : F12tdf

    Des chiffres et des lettres : F12tdf

    Quoi ? Qu’apprends-je ? Je m’absente quelques jours et Ferrari balance les premières infos de sa nouvelle voiture prévue pour le 8 novembre !

    En dehors du miracle que peut être cette voiture, qu’est-ce que c’est que ce nom ? Qui donc joue à inventer des appellations qui ne seront jamais utilisées ? F12tdf… Tout le monde sait qu’on l’appellera Tour de France. Alors pourquoi jouer sur une série de minuscules attachées à F12 pour sa dénomination officielle ? Ce n’était déjà pas très heureux avec F12berlinetta !

    Car Ferrari rend hommage au Tour de France automobile (encore une partie de notre patrimoine perdu) que les modèles de Maranello ont dominé 1950 et 1960. Les Ferrari 250 GT et 250 GTO s’étaient imposées neuf fois consécutivement avec, entre autres, Lucien Bianchi.

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    Cette version « tdf » est donc une évolution de la berlinetta avec le V12 6,3 litres porté de 740 et 780 chevaux et un couple de 705 Nm. Au-delà des travaux sur la boîte de vitesses, le châssis et l’aéro, c’est le nouveau système de rayon de braquage des roues arrière variable qui promet beaucoup.

    Car soyons réalistes : un tel modèle est uniquement conçu pour les gentlemen drivers. Un vrai pilote y trouverait tous les défauts d’un modèle qui n’a pas été pensé pour la compétition et ceux qui n’imaginent même pas en découvrir les limites n’ont que faire des données techniques.

    Donc pour ceux qui voudront se forcer à rouler de plus en plus vite, Ferrari a imaginé un essieu arrière actif. Les roues arrière sont capables de pivoter autour d’un axe vertical. C’est une façon de réinventer un pouvoir directionnel sur le train arrière (et autrement qu’en jetant la voiture !).

    Cette Ferrari F12tdf sera produite à 799 exemplaires. Première apparition officielle programmée pour le 8 novembre lors des finales mondiales Ferrari sur le Mugello.

  • Le culte Mustang

    Le culte Mustang

    La Ford Mustang n’est en vente que depuis quelques mois… Et déjà, un cabriolet blanc s’affiche dans Goldfinger, le troisième James Bond. Wilson Pickett chante Mustang Sally en 1966 et Steve McQueen fera bientôt le reste. La Mustang n’est pas qu’une voiture, elle est un élément de la culture populaire américaine.

    Selon Ford, des Mustangs tiennent des rôles plus ou moins importants dans plus de 500 films. Steve McQueen, Will Smith, Jack Nicholson, Kevin Costner, Sean Connery, Clint Eastwood et Nicolas Cage se passent le volant à travers les décennies.

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    La toute première apparition d’une Mustang dans une grande production est l’œuvre de James Bond. Dans Goldfinger, le cabriolet blanc se fait découper par les gadgets de l’Aston Martin DB5 de 007.

    Trois ans plus tard, le préparateur George Barris produits de modèles très spéciaux, or et rose, pour le film Good Times de Sonny and Cher.

    Une scène mythique

    En 1968, Steve McQueen veut une Mustang pour Bullitt. Deux Fastback big block sont confiés à Max Balchowsky. Pour résister aux rues de San Francisco, les chapelles d’amortisseurs sont modifiées, le châssis est relevé et des traverses sont installées. Le résultat est inscrit dans le patrimoine du cinéma. En dix minutes, dans une course-poursuite historique face à une Dodge Charger, Franck Bullitt et la Ford Mustang Highland Green deviennent des symboles.

    Ford en a même profité pour lancer des Mustang « Bullitt » en 2001 et 2008.

    Dès lors, la Mustang multiplie les apparitions. Une Mach 1 se montre dans Les Diamants sont éternels en 1971 avec l’un des faux raccords les plus connus de l’histoire du cinéma (un deux roues commencé d’un côté et terminé de l’autre). La Grande Casse (1974), Duo à trois (1988), Jugé Coupable (1999), 60 Secondes Chrono (2000) ou Je suis une Légende (2007) restent dans les mémoires.

    En musique, la Mustang devient un sujet. Depuis Wilson Pickett et Mustang Sally, des centaines de chansons se sont emparés du thème de la Pony Car… Chuck Berry, Vanilla Ice, Bob Dylan, Sheryl Crow, Mark Knopfler, Keith Urban, tous ont joué sur les mots avec la Ford.

  • Tesla accélère sur l’autonomie

    Tesla accélère sur l’autonomie

    Autonomie, Tesla, j’espère que vous l’avez ! Car il va falloir oublier, un jour, de lier directement l’idée de voiture électrique et celle d’autonomie… Ce soir, lors d’une conférence à laquelle j’ai assisté, Tesla a pourtant encore parlé d’autonomie, mais d’une autre manière.

    Demain, une mise à jour Over the Air va faire passer le software des Model S en version 7.0. Ce 15 octobre marque un update majeur avec l’ajout de nouvelles fonctionnalités de pilotage automatique… La fameuse autonomie !

    J’avais abordé le sujet lors de l’essai de la Model S P85D… Tesla procède à des mises à jours des logiciels de ses voitures pour offrir de nouvelles fonctionnalités aux propriétaires.

    En utilisant les capteurs déjà présents sur la voiture (radar et caméra avant + 12 capteurs à ultrasons), il est possible de continuer à développer de nouvelles capacités. Dès demain, les Model S pourront faire fonctionner leur panoplie de caméras et de radars d’une nouvelle façon.

    Pas de voiture autonome, mais un conducteur assisté

    Cette mise à jour ne transforme pas les Tesla en vraie voiture autonome destinée à vous transporter comme un vulgaire voyageur. La loi ne le permet pas.

    En revanche, elle offre de nouveaux attributs au désormais connu (et efficace) régulateur adaptatif. Cette beta publique, c’est ainsi que Tesla la présente, est le résultat d’une année de tests.

    Baptisé Autosteer (j’attends de connaître la traduction officielle en français), cette fonctionnalité permet de rester sur sa ligne en agissant sur la vitesse et la direction. Ce n’est pas forcément une nouveauté et la voiture requiert que le conducteur garde les mains sur le volant.

    Là où Tesla innove, c’est qu’en utilisant l’Autosteer, il est possible de changer de file en actionnant (manuellement) le clignotant. La voiture va alors calculer la faisabilité de la manœuvre et suivre l’ordre dès qu’il sera possible de déboiter en toute sécurité grâce à l’Auto Lane Change.

    tesla-autopilot

    Cette mise à jour intègre également une fonction de parking automatique (direction et vitesse) ainsi qu’une nouvelle forme de visualisation de la route sur l’écran du tableau de bord avec, entre autres choses, un avertisseur de collision latérale.

    Pas de quoi concurrencer le TGV (électrique aussi !), mais c’est un nouveau pas vers une autre forme de conduite. Et cette autre forme de conduite, la vraie autonomie du véhicule, est promise pour dans trois ans par Elon Musk ! D’ici là, la prochaine mise à jour devrait permettre à la Model S de repérer les panneaux Stop et les feux tricolores.

  • Carroll Shelby à l’œuvre

    Carroll Shelby à l’œuvre

    Avec différents travaux en cours, Ford et Carroll Shelby étaient destinés à travailler ensemble sur la Mustang… Et si l’ancien pilote n’était pas du tout convaincu par la Pony Car de son partenaire, il a accepté de se pencher sur son cas pour ne pas mettre à mal ses relations avec Detroit.

    A cette époque, Carroll Shelby travaille sur sa propre réalisation. A travers l’AC Cobra, il tente de mettre au point sa propre voiture de sport avec un châssis britannique et un moteur américain.

    Ses travaux mèneront au développement de la GT40… Mais aussi à une version plus musclée de la Mustang. Car ce modèle n’a rien de sportif et Ford essuie de nombreuses critiques sur le sujet.

    Bien des années plus tard, Carroll Shelby a avoué qu’il n’avait eu aucune envie de s’occuper de la Mustang. Mais la pression venant directement de Lee Iacocca, il a dû s’impliquer et trouver des prestataires capables de donner du tonus à cette Ford.

    Un nom venu d’ailleurs

    Shelby American étant en pleine effervescence, il confie l’élaboration d’un prototype à Sports Car Club of America. La recette est simple : retirer la banquette arrière, modifier les suspensions, installer de gros freins et porter la puissance du moteur à 300 chevaux.

    Les réunions s’enchainent et la Mustang Shelby commence à prendre forme. Les jantes passent à 15 pouces avec des pneus GoodYear Blue Dot, le capot est remplacé par de la fibre de verre avec une prise d’air et un pont arrière autobloquant est ajouté.

    Mais il reste un point délicat pour la direction de Ford : le nom à donner à cette version musclée… Au bout de trois rendez-vous, Carroll Shelby s’emporte : « Une armée de types est venue de Detroit pour essayer de choisir un nom. J’ai dit : ‘un nom ne fait pas une voiture ; c’est la voiture qui fait le nom’. Nous étions tous assis autour de la table et j’ai dit à un gars de mon équipe : ‘Quelle est la distance jusqu’au bâtiment là-bas ?’ Il me répond : ‘Mais qu’est-ce que tu racontes ?’ Et je lui dis : ‘Vas-y et compte les pas.’ Au bout d’un moment, il revient et m’annonce : ‘348 pas’. Alors j’ai dit : ‘Nous allons l’appeler GT 350 et vous pouvez tous rentrer à Detroit !’ »

    Et voici comment la Mustang devient enfin une voiture sportive. Une version compétition est également proposée au catalogue.

    Shelby en vend un millier au loueur Hertz qui découvre que des clients louent une GT 350 et la ramène avec le moteur 289 de base !

    Ce sera le premier pas vers des Mustang plus performantes qui répondront à une concurrence de plus en plus puissante… Les Mach et Boss arrivent.

    Et le plus extraordinaire ? Dans sa version actuelle, la Mustang reste proposée en version GT 350… comme 348 pas jusqu’au bâtiment d’à côté !

  • Où est passée la première Mustang ?

    Où est passée la première Mustang ?

    Submergée par les bons de commandes, Ford livre à tout va ses Mustang dès le mois d’avril 1964. L’excitation de la réussite de ce lancement fait perdre la trace de la toute première Mustang de série.

    Pour Ford, les modèles de présérie ne sauraient pas prendre la place de la vraie première Mustang commercialisée. Celle qui porte le numéro 100 001 n’avait pas été protégée par la marque.

    Au contraire, en étant l’une des premières voitures produites, cette Mustang a été envoyée dans l’une des concessions les plus lointaines…

    Et voici notre Mustang 100 001 à Saint-Jean de Terre-Neuve, au bout du Canada. Le 17 avril, le cabriolet « Wimbledon White » est en vente dans la concession. Stanley Tucker, un commandant de bord, parvient se mettre d’accord avec George Parsons, le propriétaire de la concession.

    Sans le savoir, il devient le propriétaire d’une pièce unique !

    En 1966, Ford s’inquiète du sort de la première Mustang et retrouve la trace de Stanley Tucker.

    « Pendant longtemps, j’ai été le seul propriétaire d’une Mustang à Terre-Neuve. C’était une expérience intéressante. A plusieurs reprises, d’autres automobilistes m’ont forcé à m’arrêter sur le bord de la route pour m’interroger sur la voiture. »

    ford-mustang-million-echange

    Invité à Dearborn, le Canadien accepte de « rendre » sa Mustang 100 001… Et en remerciement, il est reparti avec un cabriolet Silver Frost équipé de toutes les options possibles. Et pas n’importe lequel… le cabriolet 1 000 001 : la millionième Mustang produite !