Étiquette : Toyota

  • Etape 2b : potentiel et expérience

    Etape 2b : potentiel et expérience

    J’avoue que j’avais des ambitions… Même si la concurrence était présente avec cinq des six premiers du classement FIA au départ, l’objectif était d’aller chercher un podium. Avant même de m’élancer dans la première zone de régularité, j’étais plus mesuré.

    Un rallye, quel que soit le niveau, réclame du travail. On peut « avoir fait plus de 200 rallyes dans sa vie », si on ne travaille pas, on n’a trop peu de chances d’y arriver. À l’arrivée de la quatrième zone de régularité, j’ai décidé de m’occuper seul de la navigation et de la gestion des moyennes. Waze sur les parcours libres et l’œil sur Tripy sur les itinéraires obligatoires. Pour les zones de régularité, il faut configurer le système de navigation Crisartech, le regarder à chaque instant pour conserver sa moyenne (objectif de +/- 0,2 seconde), surveiller le Tripy pour avoir le roadbook à suivre, garder un œil sur l’écran de la Toyota Mirai pour avoir une idée des pièges à venir (épingles…) et parfois apercevoir la route pour éviter les véhicules qui arrivent en sens inverse, car nous restons sur des routes ouvertes.

    Après avoir géré tant bien que mal la ZR1 en prenant 3 points de pénalité, j’avais laissé le navigateur faire… 60, 152 et 118 points ! Dans la ZR5 que j’ai affrontée seul : seulement 5 points de pénalité en onze points de passage. Je suis enfin dans le match avec mes trois écrans, mon volant et ma route.

    C’est l’objet du titre du jour : potentiel et expérience. C’est quelque chose que l’on entend trop de la part de ceux qui ne gagnent pas… Montrer son potentiel et acquérir de l’expérience. J’en suis là.

    Sur le plan sportif, je suis miné et je remercie les autres équipages de leur soutien. J’ai vraiment eu de la peine d’être aussi loin hier. La voiture, le système de navigation et le pilote (j’en suis convaincu !) ont le potentiel d’être devant. Par la suite, et grâce à mes 5 points dans la ZR5, j’ai repris des couleurs. C’est une joie de piloter la Toyota Mirai. Assez simplement, il n’y en a que 10 en France et la technologie reste très inédite.

    On se posait beaucoup de questions sur l’autonomie, avec une barrière psychologique à 400 km. Je crois que je pourrais désormais partir pour un trajet de 550 km sans véritable appréhension.

    J’y retrouve tous les atouts d’une voiture électrique. Car même si la Mirai est une voiture « hydrogène », c’est un moteur électrique qui l’anime. L’hydrogène passe dans une pile à combustible pour fournir l’énergie électrique au moteur et rejeter de l’eau tiède que j’ai pu m’amuser à goûter !

    En mode « Power », la pile à combustible et une petite batterie, qui récupère l’énergie cinétique au freinage, donnent leur pleine mesure avec une ambiance sonore digne d’un film de science-fiction. J’ai adoré l’autoroute de nuit dans ces conditions.

    Sur les spéciales de Provence, en conduite beaucoup plus sportive quand il est question de sauter d’épingle en épingle, on est bien dans une grande berline de 1,8 tonne. Mais ce n’est fondamentalement pas dans ce style que l’on peut la juger.

    Départ de l’ultime étape dans quatre heures. Je vais terminer de préparer la longue boucle qui fait rêver les amateurs de rallye : Monaco, Castillon, Sospel, Moulinet, Col de Turini, Piera Cava, Col St Roch, Lucéram, Col de l’Orme, Col de l’Ablé, Col de Braus, Col de Castillon et retour à Monaco. L’objectif est d’aller chercher des places dans les trois premiers, même si ce sera vraiment compliqué de nuit et dans ces conditions assez inédites.

  • Etape 2a : confidence pour confidence

    Etape 2a : confidence pour confidence

    Les premiers résultats sont tombés. Sans vraiment de surprise, notre équipage est très rapidement sorti de la lutte pour la victoire, pour le podium et même pour le top 10 du classement général.

    Le rallye – quel que soit son type – est une histoire de confiance. Il faut avoir confiance en son véhicule, que l’équipage se comprenne et que tous les outils mis à la disposition du pilote et du copilote soient maîtrisés.

    Lorsque nous avons quitté Onet-le-Château pour entamer la deuxième étape de l’eRallye Monte-Carlo, il fallait encore construire cette confiance qui ne s’était pas installée. Certains copilotes avaient passé des heures à apprendre comment fonctionnait le système de navigation, des pilotes connaissaient leur voiture par cœur. Ce n’était pas notre cas.

    En pointant à 6h24 à Onet, l’objectif était d’atteindre Aix-en-Provence sans tomber en panne sèche. J’ai choisi un parcours long de 420 km (avec des points de passage obligé dans les zones de régularité) avec la certitude de pouvoir rouler « plus de 400 km » avec mon plein de 5 kg d’hydrogène.

    Le début de journée a donc ressemblé à une course contre la consommation avec des moyennes à 0,6 kg / 100 km. Comme je ne pensais vraiment pas atteindre ce score, le souci de l’autonomie a assez rapidement disparu.

    Partis avec une autonomie affichée à 399 km d’Onet-le-Château, nous étions sur le Pôle Mécanique d’Alès avec plus de 300 km d’autonomie au compteur… après 185 km parcourus !

    Le Circuit de Vitesse était le lieu de la première zone de régularité : un tour de circuit à 59,9 km/h de moyenne. J’ai regardé passer un maximum de concurrents depuis la terrasse des stands en prenant les données pour neuf points de passage en 2,540 kilomètres. J’ai tout transmis à mon copilote qui était resté à côté de la voiture la plupart du temps. Nous mettons un système au point pour qu’il me décompte le temps grâce à un minuteur…

    Au moment du départ, le déclenchement du minuteur rate. Panique dès le premier mètre. J’avais lancé le système de navigation doté d’un chrono. Je tente de m’en sortir pour boucler mon tour en 2’31’’45, sachant que l’on avait vu des pilotes passer à moins de 0’’2 du temps de référence… Résultat : nous sommes en 2’33’’6. Ça commence effectivement très mal, même si ce ne sont que trois points de pénalité. La victoire se jouera autour de 50 en fin de rallye. Six équipages font quand même le score parfait…

    Nous partons vers le départ de la ZR2 à 14h00 sans intégrer l’idée de déjeuner. Au départ de cette seconde ZR, encore un moment de panique. L’afficheur ne me montre pas les couleurs que je recherche. Si je suis trop en avance (on parle de deux ou trois dixièmes de seconde sur un instant donné), je veux avoir un écran rouge et vert si je suis en retard. Là, je n’ai rien.

    Je pense que ça a un peu crié dans l’habitacle au moment d’arriver dans une zone limitée à 30 km/h à respecter impérativement. Mon copilote m’indique bien de me mettre à la vitesse légale. Nous passons deux zones rapprochées avant d’être à nouveau lancés à allure normale. Le temps de se parler et de se recaler, on perd deux fois 18 points, puis on roule pour revenir dans la bonne seconde. Ensuite, nous sommes une à trois secondes trop lents à chaque point secret. Bilan : 23e de la ZR avec 60 points de pénalité.

    Pour la suite, mon copilote sort ses cartes, je file vers le prochain rendez-vous en faisant confiance à Waze. Le rallye est déjà perdu, mais il faut essayer de bien faire fonctionner le système pour se donner une chance d’être dans le coup rapidement, sachant que la moitié des leaders profitent exactement de la même installation…

    Dans la ZR3, mon copilote configure tout avant le départ, car la moyenne change en cours de zone de régularité. Lorsque nous partons, je n’ai toujours pas mes couleurs. Désespéré, j’appuie sur l’écran. L’affichage répond que j’ai une minute d’avance… Compliqué d’avoir confiance après 20 secondes de chrono. Dans l’analyse des treize points de contrôle, il s’avère que nous sommes 1 à trois secondes trop rapides sur les 10,58 km (jusqu’au changement de moyenne) puis que nous sommes 17 à 19 secondes trop rapides jusqu’au bout. Je pense donc que nous avons modifié la moyenne avec quelques centaines de mètres d’avance… Le bilan est encore plus lourd avec une 22e place et 152 points de pénalité.

    Au général, nous sommes 21e et 4e des véhicules à l’hydrogène. L’objectif est de remonter à la deuxième place de notre catégorie. À la régulière, nous pouvons remonter au 18e rang et un top 15 reste envisageable à l’arrivée…

  • Etape 1a : le premier élément

    Etape 1a : le premier élément

    La première étape de l’eRallye Monte-Carlo est un parcours de concentration à effectuer en 26 heures entre Fontainebleau et Onet-le-Château. Premiers kilomètres, premiers réglages…

    Voyager avec un véhicule hydrogène reste une découverte. Une découverte car il n’existe qu’une dizaine de Toyota Mirai et quelques dizaines de Hyundai ix35. L’écosystème « H » a encore besoin d’être déployé pour s’avérer pleinement fonctionnel. Dans les faits, nous serions proche de ce qui existait pour les véhicules électriques il y a quinze ans.

    Le parcours nous imposait un itinéraire unique pour quitter la Seine-et-Marne, avant de nous laisser toute liberté pour rallier Onet.

    Après avoir fait le plein d’hydrogène à Orly et couvert quelques kilomètres pour préparer notre départ à Fontainebleau (et quelques interviews), nous avions rendez-vous à Magny-Cours pour une halte avec Air Liquide pour faire un nouveau plein. Avec un itinéraire assez hasardeux pour commencer, nous avons parcouru 345 kilomètres entre les deux stations.

    L’objectif de ce premier trajet était de jauger l’autonomie de notre Mirai en roulant tout à fait normalement. Autoroute : 130 km/h. Le résultat est équivalent à ce que l’on connait avec tous les véhicules à moteur électrique. La vitesse fait très mal à l’autonomie. En levant un peu le pied à Nemours, nous arrivons face au tracé nivernais avec une trentaine de kilomètres de marge. Ça peut sembler peu, mais lorsque le trajet est bien calculé, ça ne provoque pas la moindre interrogation.

    Pour avoir un ordre d’idée, il faudrait consommer autour d’un kilogramme d’hydrogène (le réservoir en contient cinq) tous les cents kilomètres. Lors de mes premiers courts trajets entre l’Essonne et le Val-de-Marne, j’avais tenu un 0,9 kg / 100 km. Sur autoroute, nous avons fait passer la moyenne à 1,3 kg / 100 km, quasiment 50 % de plus.

    À Magny-Cours, Air Liquide avait placé une aire de charge itinérante, capable de faire le plein d’hydrogène pour tous les concurrents engagés, un par un. Pour nous, ce fut l’occasion de laisser notre Mirai pour aller diner à la Grande Chaumière, haut-lieu des diners de Magny-Cours, avec une belle table où furent encore racontées de grandes histoires du sport automobile… Mais en hydrogène, l’esprit perdure !

    Nous avons quitté Magny-Cours à minuit pour continuer notre parcours avec une pause nocturne à Riom. Aujourd’hui, nous devons atteindre Onet-le-Château à 16h25 pour pointer. Les premiers classements ne tomberont que demain.

  • Toyoda ou Toyota ?

    Toyoda ou Toyota ?

    Toyota est un empire. Premier constructeur automobile mondial depuis 2007 – même si la lutte est serrée avec le Groupe Volkswagen, Daimler ou l’Alliance Renault Nissan selon les paramètres pris en compte – il est implanté dans une ville qui porte son nom, il a inventé un système de production qui reprend son nom. Mais d’où vient ce nom, si proche du patronyme de son fondateur Kiichiro Toyoda ?

    C’est un peu la semaine Toyota… Après avoir appris ce qui était à l’origine de la fondation du Toyota Gazoo Racing, je m’en vais explorer cette petite nuance qui change tout : pourquoi la marque fondée par Kiichiro Toyoda s’appelle Toyota ?

    Remontons à la fin du XIXe siècle. Sakichi Toyoda invente un métier à tisser mécanique et automatique dans lequel il insère le principe « Jidoka » qui arrête seul la production à la détection d’un problème. Ce fils d’un charpentier n’est pas qu’un inventeur. Il imagine également l’avenir de la société industriel par des réflexions philosophiques. Sakichi Toyoda met au point le concept des 5 « pourquoi ». Lorsqu’un problème apparait, il faut se poser cinq fois la question « pourquoi » afin de trouver une solution. Ensuite, il est nécessaire de mettre en place une parade qui empêchera le problème de devenir récurant. Cette idée est toujours utilisée dans les contrôles qualité et la réduction des coûts.

    Durant un voyage aux Etats-Unis en 1910, il prend conscience du potentiel de son invention. La Première guerre mondiale lui donne raison. Ses deux cents métiers tournent à plein régime et la fortune arrive.

    Aujourd’hui surnommé le « Roi des Inventeurs Japonais », Sakichi Toyoda est à la tête de Toyoda Automatic Loom Works, devenu au fil du temps « Toyota Industries Corporation ». De Toyoda à Toyota, quelque chose s’est passé et c’est à cause de la branche automobile.

    La maison de la famille Toyoda

    Fils aîné de Sakichi, Kiichiro Toyoda apprend aux côtés de son père. L’objectif est de diversifier l’entreprise. Après des passages aux Etats-Unis et en Europe, il rêve de fonder une marque automobile et reçoit l’assentiment familial peu avant le décès du patriarche qui l’encourage à suivre ses rêves.

    Kiichiro Toyoda commence à produire ses premiers véhicules en 1933 au sein d’un département de Toyoda Automatic Loom Works avant de fonder « Toyota Motor Corporation » en 1937.

    Les premières réalisations, les A1, G1 puis AA, étaient donc commercialisées sous l’appellation Toyoda. L’inspiration américaine est notable et l’obsession de la fiabilité, déjà, héritée de Sakichi. En septembre 1936, Kiichiro travaille déjà sur la création de sa marque automobile indépendante. Il lance un grand concours destiné à trouver un logo. 27 000 participants envoient leurs créations.

    Le design vainqueur montre les trois lettres katakana (écriture syllabique en japonais) TOYODA disposée verticalement et entourées d’un simple cercle. Au Japon, il est possible d’écrire de quatre façons : en kanji qui est l’alphabet de base, en katakana qui est une option syllabique, en hiragana qui est une abréviation cursive du kanji et en romaji qui reprend l’alphabet « romain ».

    L’option romaji aurait été très osée à l’époque, peut-être vue comme beaucoup trop progressiste. C’est donc le katakana qui a rassemblé les suffrages. Mais, une fois le logo désigné, le beau-frère de Kiichiro Toyoda se mêle de l’affaire.

    Rizaburo Toyoda s’est pleinement intégré dans la famille. Né Kodama, il a pris le patronyme de sa femme Aiko, la fille de Sakichi et sœur de Kiichiro (c’est traçable, même sans arbre généalogique).

    Sans doute moins attaché au nom « Toyoda » que les autres, il tente d’apporter des modifications. Toyoda réclame dix coups de crayon, quand Toyota n’en a besoin que de huit (retrait de deux « apostrophes »). Le logo s’en trouve simplifié, le nom modifié met une distance entre la famille et la nouvelle entreprise aux ambitions internationales, le « da » en écriture kanji signifie également champ de riz et donne une connotation trop secteur primaire et « vieilles fermes ».

    Et comment s’assurer du soutien total de ses pairs ? Rizaburo Toyoda souligne qu’avec ses huit traits, Toyota aura davantage de chances de prospérer. Le chiffre 8 est un symbole de bonne fortune au Japon.

    Quelques mois plus tard, Kiichiro Toyoda fonde Toyota Motor Corporation. Tout Toyoda devient Toyota et même la ville de Koromo – où sont installées les usines Toyota – est rebaptisée Toyota en 1959 !

  • Le pilote d’essais de la Lexus LFA Nürburgring Edition est mort

    Le pilote d’essais de la Lexus LFA Nürburgring Edition est mort

    Le 24 juin 2010, l’information du décès du pilote-essayeur de la Lexus LFA Nürburgring Edition est passée sur de nombreux sites internet, allant bien au-delà du monde purement automobile. Les photos de la collision frontale avec une BMW Série 3 sont encore visibles. Ce jour-là, derrière le sensationnel de cette actu, le groupe japonais a fait plus que vaciller…

    47 ans. 47 ans c’est assez pour avoir de l’expérience. 47 ans de carrière, c’est suffisant pour prendre des décisions au sein du Groupe Toyota. Cette matinée du 23 juin, Hiromu Naruse venait de faire son dernier tour de circuit sur la Nordschleife, sans le savoir. À ce moment-là, aucun japonais n’avait accumulé autant de kilomètres sur ce que Jackie Stewart avait surnommé « The Green Hell ».

    Tous ces tours – depuis tant d’années – n’avaient qu’un objectif : concevoir le modèle de ses rêves, devenue Lexus LF-A Nürburgring Edition. Dans sa robe orange, elle était plus puissance que « sa » LFA d’origine, avec un aileron fixe et des suspensions spécifiques. Tout ce que Hiromu Naruse avait appris en mettant au point l’AE86, la Celica, la MR2 et, surtout, la Supra, était dans cette LFA.

    Au terme de ce dernier tour, Hiromu Naruse se tourne vers Yohinobu Katsumata pour lui affirmer que la voiture est quasiment prête. Quasiment. Enfin, il touche son Graal : développer une voiture capable de rivaliser avec les meilleures productions européennes.

    Yohinobu Katsumata est l’un des pilotes de pointe de Toyota. Il travaille avec Naruse depuis des années et ne prend le relais que lorsque tout est prêt. Et quand Naruse lui propose de prendre le volant pour faire un tour, il décline poliment et sort de l’habitacle. La séance de travail en piste est terminée. Dans le box, l’équipe Toyota range et prépare la session suivante, tandis que l’on entend dire que les amortisseurs doivent être vérifiés.

    Hiromu Naruse avait constitué une petite équipe d’ingénieurs pour travailler sur cette supercar modelée selon ses goûts, selon ses dizaines d’années d’expérience.

    Quand il se prépare à quitter le circuit pour rejoindre l’atelier de Toyota, on appelle un assistant pour ramener la voiture. Et les amortisseurs ont besoin d’être vérifiés. Naruse prend le dessus. Il conduira seul. Il n’y a que trois kilomètres, trois kilomètres qu’il a parcourus des centaines de fois avec toutes les Toyota imaginables. Il remonte la vitre et démarre. Son histoire s’arrête là.

    Idole au sein de la maison Toyota, Hiromu Naruse était un quasi-inconnu, comme beaucoup d’essayeurs et de metteurs au point des plus grands constructeurs. Son nom est apparu et disparu en quelques heures, sans que l’on puisse mesurer à quel point le Toyota de 2010 portait son héritage.

    Depuis près d’un demi-siècle, avec une marque aussi généraliste que Toyota, il avait mis sa propre marque sur les Sports 800, 1600GT, 2000GT, AE85 Sports Trueno, Corona, Celica, MR2, Supra, Lexus IS…

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    Katsumata en parlait comme d’un « docteur en pilotage. Il conduisait vraiment différemment. Il parlait avec ses quatre roues. Un dialogue s’installait entre la machine et lui. Il la comprenait. »

    Parmi ses anciens collègues, les souvenirs sont émus. Lors des séances de développement, il formatait ses équipes pour qu’elles ne pensent qu’au véhicule sur lequel elles travaillaient. Ne jamais être distrait par autre chose. Durant les dîners, la mise au point était l’unique sujet de conversation.

    Hiromu Naruse était entré chez Toyota en 1963, dans le Département n°7 dédié aux sports mécaniques. À cette époque, il a œuvré sur la 2000GT et la Toyota 7 qui préfigurait les voitures de sport prototype à venir. C’est en multipliant les tours sur la piste d’essais maison qu’il a fait de l’un des douze principes de Toyota le sien : Genchi Genbutsu. Sa traduction serait : « Avance et vois par toi-même ».

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    En 1973, le Département n°7 est fermé et Naruse est muté au développement des véhicules. Il y apporte sa science et son habitude de toucher les voitures. Au fil des années, il rend fous les ingénieurs avec lesquels il travaille. Durant de longues séances d’essais, il n’hésite pas à changer des pièces sans prévenir ses collègues. Il parvient également à modifier les spécificités d’un modèle après les ultimes validations, en usant de son énorme influence au plus haut de la hiérarchie.

    Cette influence, il s’en est servi pour inculquer sa vision de la mise au point auprès de ses collègues : donner un parfum au véhicule. L’objectif était de rendre la voiture confortable et stable. Et, en conservant ces caractéristiques essentielles, commencer à lui donner ce parfum, ce goût…

    Dans les faits, il conduisait à n’en plus finir et quittait le circuit pour enfermer le véhicule dans un conteneur. Là, il passait des heures sous le châssis à tout vérifier, sans air conditionné. Il donnait ses instructions pour améliorer le freinage ou demander un renforcement des suspensions. Les autres prenaient des notes. L’exercice pouvait durer si longtemps que son équipe avait inventé des codes pour pouvoir quitter l’irrespirable conteneur. Lui était dans son élément.

    Mais celui qui parle le mieux d’Hiromu Naruse est peut-être Akio Toyoda en personne. En 2012, il a déclaré « La route modèle notre forme. Nous produisons des voitures selon ce que nous apprenons des routes. » Cette poésie était celle de Naruse.

    Leur première rencontre date de 2000. Akio Toyoda rentre des États-Unis pour rejoindre son père Soichiro et terminer sa formation afin d’assurer la succession. Au passage du millénaire, Toyota met toute sa puissance au service de la Prius, une option que Naruse goûte assez peu, autant que la passion du futur patron qui préfère jouer au golf plutôt que de tenir un volant…

    Au Japon, on dit qu’Hiromu Naruse a osé dire ces mots à Akio Toyoda : « Je ne veux pas que quelqu’un qui ne sait pas conduire vienne me parler de voiture. » L’invitation était lancée. Naruse est devenu le coach en pilotage de l’héritier Toyota. Les deux hommes sont devenus inséparables.

    Akio Toyoda a appris à freiner, à braquer, à contrôler un survirage avec Naruse… Ils ont roulé sur tous les circuits japonais et profitaient de l’hiver pour aller s’exercer sur les routes enneigées d’Hokkaido. Akio Toyoda construisait ainsi sa capacité à comprendre la production de son entreprise et Hiromu Naruse distillait ses idées au futur patron.

    Le board de Toyota voyait ça d’un autre œil. Même casqué, le fils de Soichiro prenait trop de risques. Et la femme d’Hiromu Naruse finissait même par donner l’unique conseil de sa vie professionnelle : « Assure-toi que tu protèges le président ! »

    En 2002, Naruse vient de terminer des séances d’essais pour la Prius, la MR Spyder et la Lexus IS. À bientôt 60 ans, sa carrière touche à sa fin. Sauf que Toyota lui fait un cadeau en lui confiant le projet LFA et les pleins pouvoirs.

    Depuis la fin des années 1980, Hiromu Naruse se bat pour que chacun des modèles sportifs de la marque soit testé et validé sur la Nordschleife. La première à recevoir cette autorisation est la Supra de troisième génération. Le succès du modèle ouvre la voie à la création de l’équipe Naruse : un commando de pilotes d’essais destiné à torturer des prototypes.

    L’une des règles de l’équipe Naruse est de parcourir un tour de Nordschleife pour chaque cheval délivré par le moteur. Pour la Supra, ce fut 235 tours. Pour la LFA, ce sera 560 tours. Cette Lexus est justement mise au point exclusivement sur le tracé allemand. Il engage KYB pour concevoir les amortisseurs et guide les ingénieurs. Il choisit Bidgestone pour les pneumatiques et passe ses instructions pour les mélanges. Hiromu Naruse construisait son rêve, celui pour lequel il était entré chez Toyota dans les années 1960.

    Porsche, Audi ou BMW étaient dans le viseur. Yamaha s’est occupé du moteur V10 4,8 litres. L’écurie de F1 a conçu les métiers à tisser la fibre de carbone afin de s’assurer que la masse globale n’allait pas pâtir de la recherche de rigidité. Naruse était obsédé par son projet.

    Et il en voulait encore plus. Il a demandé un budget supplémentaire à Akio Toyoda pour fonder une écurie de course spécifiquement dédiée à la mise au point de la LFA. C’est cette demande qui a mené à la création de Gazoo Racing. En 2007, deux Lexus Altezza (IS) ont participé aux 24 Heures du Nürburgring pour enregistrer des données… Avec Hiromu Naruse au volant. Deux ans plus tard, le Gazoo Racing envoyait deux LFA de préproduction sur ces 24 Heures. Akio Toyoda venait de prendre les commandes du groupe familial et la LFA était présentée officiellement au Salon de Tokyo en octobre 2009.

    Toujours désireux d’aller plus loin, Hiromu Naruse avait envie de capitaliser sur les centaines de tours de Nordschleife avec une LFA encore plus spécifique : la Nürburgring Edition, limitée à 50 exemplaires. À quelques kilomètres de figer les spécifications, son travail s’est arrêté.

    Aujourd’hui, l’une des LFA engagées sur les 24 Heures du Nürburgring est exposée dans son jus dans le Musée Toyota devant deux trophées et la combinaison d’Hiromu Naruse accrochée au mur. Plus encore, le Gazoo Racing est désormais le nom officiel des équipes engagées par Toyota tout autour du monde et chaque essayeur du groupe connaît l’histoire et le dévouement d’Hiromu Naruse…

  • En avant Toyota !

    En avant Toyota !

    Soyons très terre à terre : depuis des années, Toyota produit des véhicules bien fades. De la Corolla à l’Auris, jusqu’au nouveau Rav4, le numéro 1 japonais ne joue pas franchement sur un design excitant pour vendre ses véhicules.

    Pourtant, il y a de vrais contre-exemples. Sur le plan technique, la Prius est une révolution… Qui s’accompagne d’un choix stylistique on-ne-peut-plus marqué.

    Le même exemple s’applique à la conduite des Toyota. Sa gamme hybride réclame une nouvelle façon d’aborder la route, très calme… Encore un contre-exemple : la GT86 est – d’après les collègues qui ont pu l’essayer – un petit morceau de plaisir de conduite.

    Cette GT86 justement vient d’être dévoilée sous une nouvelle forme. L’équipe de Toyota Australie a imaginé le coupé sous la forme d’un shooting brake, suffisamment convainquant pour que l’ingénieur responsable de la GT86 – Tetsuya Tada – décide de donner forme au concept.

    Cette voiture unique est une vraie Toyota GT86, pourvue du moteur turbo de 197 chevaux. Elle roule, même si ce shooting brake n’est pas destiné à être produit. Pour l’instant, il est uniquement dédié à tester les réactions du public. La transformation n’est pas incroyable. Seul le dernier quart de la carrosserie a été modifié. La forme change et le coffre s’agrandit. Selon les Australiens, il permet de transporter des planches de surf.

    Je ne vois pas ce que je ferais avec des planches de surf dans un coffre, mais je soutiens totalement toutes les initiatives qui viseront à remettre un shooting brake sur le marché !

    Toyota sait faire des véhicules pour aller d’un point A à un point B… Et s’offre aussi quelques traits de génie. La marque des grands !

  • Essai Toyota Prius : Moi, Moche et Ecolo

    Essai Toyota Prius : Moi, Moche et Ecolo

    Comment est-il possible que chaque étude marketing autour de l’automobile affirme que le design est l’un des trois premiers critères d’achat et que Toyota puisse installer la Prius dans ses concessions du monde entier ?

    Comment est-il possible que les possesseurs de Toyota Prius puissent être si fiers de leur acte d’achat, autant que ceux qui auront claqué plus de 70 000 euros dans une Tesla Model S ?

    Et si c’était justement grâce ce design différenciant (qui va jusqu’à rendre la Model S « belle ») ! Si cette fierté n’était pas forcément d’être écolo et de rouler « propre », mais surtout de le montrer, de l’afficher ?

    Parmi ces véhicules « à énergie alternative », les marques jouent la même partition. Toyota a lancé la mode des hybrides avec sa Prius, en même temps que la Honda Insight… Pour les électriques, la Nissan Leaf et la BMW i3 ont suivi le même mode de pensée. Il n’y a guère que Renault qui réussit à ne pas trop « marquer » sa ZOE, avant de voir une nouvelle génération d’hybrides se fondre dans les gammes existantes.

    Rouler en électrique – ou en hybride – reste un acte revendicatif. Et comment mieux revendiquer qu’être à contre-courant ? Qu’un automobiliste roule dans une belle voiture, il sera toujours dans une « belle » voiture… Qu’il roule dans une voiture moche (disons différenciante), il sera un vrai écolo : capable de faire des concessions sur le design si c’est bon pour l’avenir de l’humanité !

    Pour la Prius de quatrième génération, chaque élément trouve une cause. Les feux arrière « étranges » visent à accompagner l’air pour réduire le Cx jusqu’à un quasi-record de 0,24. Le score est impressionnant. Mais Audi – avec une berline dans l’air du temps – tombe à 0,23 grâce à son A4 et Mercedes fait encore mieux avec certaines versions de la (vraiment) magnifique CLA à 0,22. Il n’est donc pas nécessaire d’inventer des formes encore inconnues pour gagner en performance.

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    Et pourtant, une Toyota Prius possède intrinsèquement des qualités inégalables par les berlines classiques. Inutile d’afficher une large bouche béante pour faire entrer tant d’air dans le moteur… Dommage, car les énormes calandres sont plutôt à la mode ! Et Toyota ne casse pas tant les codes. Pour vendre une voiture, il faut poser un gros logo bien visible au bout du capot : celui du constructeur japonais est immanquable. Même chose pour les roues livrées en 17 pouces dès le modèle de base. Il faut demander une option minorante pour passer au 15 pouces, plus confortable et plus économique à l’usage.

    L’habitacle est aussi différenciant… Dans un espace digne d’un grand monospace, les écrans se chevauchent. A tel point qu’on se sait plus sur quel bouton appuyer pour trouver son kilométrage ou la température extérieure. Pourtant, des astuces comme le chargeur de téléphone à induction me comblent…

    Toyota a produit de très gros efforts pour améliorer la sécurité de sa Prius. Sur la route, l’habitacle résonne de bips. Pour un essai de deux jours, c’est très déroutant : impossible d’identifier réellement le message que veut transmettre la voiture !

    Et puis, comme beaucoup d’autres modèles, cette Prius souffre du développement des smartphones et des tablettes auprès du grand public. Les efforts des professionnels de l’électronique pour s’adapter aux exigences du plus grand nombre a permis l’émergence de systèmes d’exploitation très intuitifs… Je reconnais m’être un peu battu avec les boutons et les différents écrans pour trouver mes infos dans la Prius, quand d’autres essayeurs ont vraiment avoué avoir abandonné toute ambition d’utiliser la navigation ou les pages de données… Pas un bon point pour une clientèle moins prête à se plonger dans un système trop compliqué.

    La meilleure voiture du monde

    Comment est-il possible d’affirmer qu’une Toyota Prius puisse être la meilleure voiture du monde avec un design qui ne me plait pas, un système d’info-divertissement peu convaincant (en deux jours) et des bips pas tous compris (toujours en deux jours) ?

    Simplement pour tout le reste ! L’hybridation est aujourd’hui l’exemple le plus marquant de la révolution attendue dans l’industrie automobile depuis un siècle. Toyota se paie le luxe de diminuer la puissance cumulée de ses moteurs avec des performances (ou des sensations de performances) en hausse, un comportement routier supérieur et une insonorisation sans commune mesure avec l’ancienne génération !

    Si les possesseurs de Prius avaient auparavant besoin d’un réapprentissage complet de la conduite pour « savoir » se servir de leur voiture entre les gestions de l’énergie, des moteurs et de la transmission, cette quatrième génération pardonne presque tout.

    Sur le papier, la consommation (NDEC) baisse de 18 % par rapport à la version précédente. Pour beaucoup de conducteurs, le volume de carburant à ajouter dans le réservoir pourrait tomber de 30 % ! Les meilleurs viseront 3,0 litres / 100 km et les 5,0 litres de moyenne deviendront la norme haute.

    En résumé, je veux conduire une Toyota Prius… Mais je n’ai pas besoin de le montrer à mes voisins. C’est peut-être pour ça que Toyota ne vise que 2 000 ventes en France en 2016, tandis qu’environ 10 000 Toyota Auris Hybrid ont été immatriculées en France l’an passé !

    Car si la Prius établit des records de vente au Japon, qu’elle s’est forgée une belle place sur le marché américain, elle ne décolle pas vraiment en Europe et surtout en France. Il faut néanmoins défendre sa place au catalogue comme un véhicule d’image. Et que chacun puisse se dire, en la croisant dans la rue : Toyota a créé l’avenir de l’automobile et ce n’est pas fini !

    FICHE TECHNIQUE

    Toyota Prius
    Tarif : à partir de 30 400 euros
    Moteur : 4 cylindres en ligne
    Cylindrée : 1 798 cm3
    Puissance : 98 ch
    Couple : 142 Nm à 3 600 tr/mn
    Machine électrique : moteur synchrone à aimants permanents
    Puissance : 72 ch (53 kW)
    Couple : 163 Nm
    Transmission : roues avant motrices
    Boîte : train épicycloïdal
    Pneumatiques Av-Ar : 215/45 R 17
    Dimensions (Lxlxh) : 4,54 x 1,76 x 1,47
    Volume du coffre : 502/1 633 dm3
    Poids : 1 375 kg
    Réservoir : 43 litres
    Vitesse maxi : 180 km/h
    0 à 100 km/h : 10,6 s
    Consommations urbain/extra-urbain/mixte/essai : 3,3/3,3/3,3/4,2 l/100 km
    CO2 : 76 g/km

  • Et si les voitures défilaient sur des podiums ?

    Et si les voitures défilaient sur des podiums ?

    Pour le numéro de février du magazine BASIC, le photographe Viktorija Pahuta a imaginé quelques modèles marquants de voiture sous la forme de créations de prêt-à-porter proposées à des mannequins.

    Cette photographe avait déjà conceptualisé des projets similaires avec des hommes « habillés » comme des réseaux sociaux et des femmes « déguisées » en navigateurs internet.

    « De nos jours, dans un environnement aussi matérialiste, les gens sont tellement attachés aux objets qu’il n’est pas compliqué de les imaginer comme des humains », explique-t-elle. « Le plus important était de combiner des accessoires de mode et le caractère de chaque modèle. »

    Le travail a été effectué en collaboration avec les stylistes Jesse J et Kim Sheree.

    « Pour la Jeep Wrangler, nous avons choisi une Indiana Jones féminine, une femme qui aime l’aventure et les voyages. LaFerrari est une brune sexy qui aime le luxe. Le Hummer est une fille très musclée et entraînée. La Tesla S est une fille haut de gamme du futur. La Mercedes Classe S est une femme classique très élégante. La Rolls-Royce Phantom est une diva glamour et chic. La Kia Optima est une fille simple et fun. Le Volkswagen Combi est une hippie fêtarde. La Corvette est une pin-up coquette. L’Aston Martin est une James Bond Girl. L’Impala est une dure à cuire rebelle et la Toyota Camry est la fille d’à côté. »

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  • Essai Toyota Prius : la voiture de la double décennie

    Essai Toyota Prius : la voiture de la double décennie

    Des générations que l’on attendait ça… À désespérer de voir des cylindres alignés, des boîtes de vitesses mécaniques avec cette antédiluvienne pédale d’embrayage. Les constructeurs automobiles nous ont fait rêver d’avenir avec de maigres évolutions. Il aurait fallu attendre 1997 pour assister à la seconde révolution automobile.

    Depuis l’invention de l’automobile, que l’on remonte à Cugnot ou Daimler, les vraies révolutions sont rares. La Ford T en est sans doute une par la réflexion entamée par Henry Ford pour la produire et surtout la vendre du plus grand nombre.

    La technologie que nous connaissons actuellement est un peu plus récente, mais elle équipe la majorité de nos voitures depuis bien trop longtemps. Évidemment, l’Europe est à la traine en termes de boîte de vitesses et se trouve ancrée dans un marché diésélisé. Le monde avait besoin d’une nouvelle révolution.

    Merci Toyota !

    En 1994, Toyota commence à travailler sur un projet (G21) révolutionnaire… Sous son capot, il cache une technologie à deux motorisations : un petit bloc essence accompagné par un moteur électrique. D’abord imaginée à l’état de prototype, comme chez beaucoup d’autres constructeurs, la Prius est rapidement commercialisée, en 1997.

    L’étrange, mais ambitieuse, voiture japonaise est vivement critiquée à son lancement. Une campagne affirme que Toyota perd 23 000 euros par voiture vendue… Et puis le 11 septembre 2001, une nouvelle Guerre du Golfe, la flambée des prix du pétrole. Dix-huit mois plus tard, le concessionnaire d’Hollywood réussit l’un des plus beaux coups marketing de l’histoire. Il vend des Prius à quelques stars et leur conseille de se présenter à la soirée des Oscar en son volant. Tout le monde se souvient de Leonardo di Caprio qui se gare devant le Kodak Theatre.

    toyota-prius-leonardo-dicaprio

    Leonardo di Caprio n’est pas le seul à s’afficher dans cette voiture qui n’a pas la ligne ni le pédigrée d’un modèle de stars… Jessica Alba, Natalie Portman, Jennifer Aniston, Miley Cyrus, Cameron Diaz, Salma Hayek, Gwyneth Paltrow, Julia Roberts, Demi Moore, Sarah Jessica Parker, Tom Hanks, Harrison Ford, Matt Damon, Orlando Bloom, Bradley Cooper, Claudia Schiffer, Owen Wilson, Dustin Hoffman, David Duchovny et des dizaines d’autres. Quelle autre voiture peut aligner une telle liste d’influenceurs ? 

    La surprise est de taille chez Toyota USA… Et la réaction est immédiate. Si la marque n’avait pas initié ce coup marketing, elle en profite un maximum. La moche Prius devient la voiture la plus hype du moment. Et du hype classe, écolo, réfléchi.

    En 2004, la seconde génération de Prius arrive et elle se vend… Toyota décline sa technologie sur d’autres modèles, tandis que Honda plafonne avec ses propres hybrides. Mieux, d’autres constructeurs comme Ford achètent les brevets du Hybrid Synergy Drive !

    L’arrivée des voitures 100 % électriques n’a même pas fait vaciller la force de la Prius. Au contraire, l’autonomie étant un problème majeur pour de nombreux nouveaux clients, le système hybride marque encore des points.

    Une vraie voiture révolutionnaire

    Depuis 1997, Toyota a vendu plus de huit millions de voitures hybrides, la Prius en tête avec plus de cinq millions d’exemplaires au Japon d’abord, puis aux États-Unis et en Europe. Le dernier million a été accumulé en seulement dix mois !

    Si elle ne possède pas une ligne inscrite dans les canons de la beauté, surtout dans sa version ‘+’ essayée, son design permet de se démarquer. Au volant, la Prius est vraiment révolutionnaire. Révolutionnaire, car elle réclame de réapprendre à conduire.

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    Il m’a fallu des années avant de me mettre au volant d’une Toyota Prius. Pourtant, je suis une vraie cible à jouer avec la consommation de toutes les voitures que j’essaie. Mais avec deux petits moteurs et une boîte CVT, j’avais été refroidi par beaucoup de commentaires…

    Et bien je répète que cette voiture est révolutionnaire… À tel point qu’il faut la conduire comme une voiture différente et apprendre à se servir de cette transmission à variation continue. Si vous avez l’habitude de boîtes courtes, il faut remettre à zéro votre propre logiciel.

    On appuie différemment sur l’accélérateur, on profite énormément du moteur électrique… Et on se retrouve à s’appliquer sur l’écoconduite.

    Le plus simplement du monde : depuis sa commercialisation, la Toyota Prius est la plus belle chose qui soit arrivée à l’industrie automobile. Merci Toyota !

  • Petit tour du Salon de Tokyo

    Petit tour du Salon de Tokyo

    J’ai toujours été fasciné par Tokyo… Lors de mon premier voyage au Japon, j’avais la sensation de revivre Lost in Translation. Nos cultures sont si différentes que les interactions sont très rares. Mais quand elles arrivent, les situations sont toujours cocasses.

    Mon second passage dans la capitale japonaise m’avait toutefois remis les pieds sur terre. En plein décalage horaire, je m’étais pris à rêver d’une ville qui vivait 24 heures / 24… En plein Shibuya, dans les rues piétonnes bondées la journée, j’ai vu des magasins fermés à perte de vue dès minuit. Juste bon à terminer dans un McDo qui accueillait des commerçants fatigués et affamés. Même impression à Ginza, dans des rues sans personne à l’heure du déjeuner, pire qu’à La Defense !

    Même depuis la découverte d’une certaine normalité, Tokyo reste une ville fascinante et ça transparaît lors de l’ouverture du salon automobile. Paris, Genève, Francfort ou Detroit ont tous leur style et leurs spécificités. Tokyo encore plus. Aucun autre rendez-vous ne propose autant de concepts autour de la mobilité urbaine sous toutes ses formes.

    mercedes-vision-tokyo-2015

    C’est dans cet esprit que Mercedes a dévoilé le Vision Tokyo (aussi beau qu’un Citroën Tubic), Honda a montré Wander Stand et Wander Walker (en plus de Clarity) et Toyota a sorti son Kikai (et le petit cabriolet S-FR déjà connu depuis plusieurs semaines).

    Mais Tokyo s’est aussi une certaine image de la voiture sportive. Mazda a frappé un grand coup avec le concept RX-Vision à moteur rotatif (la star du jour) et Lexus dévoile son LF-FC…

    La présentation du concept de Subaru Impreza à cinq portes devient quasiment trop normal…

    A suivre : un passage chez Yamaha qui présente une voiture de sport réalisée en collaboration avec Gordon Murray !

  • La plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile

    La plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile

    Quelle est la plus grande tricherie de l’histoire du sport automobile ? Sans parler des manquements au règlement sportif, qui feront peut-être l’objet de futurs billets, quelques ingénieurs ont pensé à des solutions techniques visant à améliorer les performances des voitures, au mépris des lois.

    En F1, il y a eu les billes de plomb ajoutées lors des ravitaillements chez Tyrrell en 1984 pour maintenir un poids minimal en fin de course, le logiciel pirate (déjà !) de Benetton pour assurer une assistance électronique au pilotage en 1994, le double système d’amortisseurs de Brabham imaginé par Gordon Murray pour réinventer l’effet de sol en 1981, l’essence non conforme de Brabham (encore) en 1983 qui a coûté un premier titre à Renault (fraude démontrée, mais non jugée)… En rallye, un développement hors-norme a marqué l’histoire.

    Des performances trop remarquées en Australie

    Il y a vingt ans, à l’arrivée du Rallye de Catalogne 1995, les émissaires de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) procèdent aux vérifications d’usage. En ligne de mire : le moteur des Toyota Celica GT-Four. Les soupçons sont rapidement transformés en accusation, la marque japonaise avait développé un système de bride capable de faire entrer davantage d’air qu’il n’était permis tout en ayant une apparence très normale lorsqu’il n’était plus en fonction.

    Au début de cette saison 1995, la FIA décide d’imposer des brides sur les turbos. Cette restriction sur l’entrée d’air prive les moteurs d’une partie de la puissance potentielle. Tous les blocs à combustion interne produisent de l’énergie en combinant un carburant et de l’oxygène. Une étincelle allume ce mélange qui repousse le piston pour transférer l’énergie vers les roues. La limitation de la quantité d’oxygène entrant dans le moteur limite effectivement la puissance produite autour de 300 chevaux. Cette bride (34 mm) se présente sous la forme d’une pièce métallique qui conduit l’air vers l’entrée du turbo.

    Dans un monde parfait, il suffit d’entrer un tube d’un diamètre défini pour contrôler la taille de la bride. Face à cette méthode, le dispositif inventé par Toyota passe tranquillement toutes les vérifications. Car le travail des ingénieurs est allé beaucoup plus loin !

    On peut imaginer qu’il a fallu une réelle campagne de développements, des dessins au bureau d’études, des passages au banc puis des séances d’essais afin de valider une pièce révolutionnaire.

    Toyota avait produit une bride équipée de ressorts et d’attaches capables de faire entrer de l’air par l’extérieur. Et quand cette bride était désengagée du turbo, le système se débrayait automatiquement et ne laissait plus rien apparaître.

    Lorsque l’affaire a été révélée, il était question de faire entrer 25 % d’air supplémentaire dans le turbo, soit un surcroît de puissance estimé à une trentaine de chevaux : un gain de 10 % sur la concurrence !

    Pourquoi un tel développement ?

    Bras armé de Toyota en Championnat du Monde des Rallyes, l’équipe Toyota Castrol Europe avait reçu l’instruction d’aligner une Celica en compétition à partir de 1989. Au cœur du team mené par Ove Andersson, cette décision du Japon n’avait rien d’un cadeau, car le dessin de la Celica n’était pas le plus adapté aux rallyes des années 1990.

    Le point fort du coupé Toyota était son moteur. Plus coupleux et plus puissant que la concurrence, il permettait à Carlos Sainz de décrocher deux titres Pilotes en 1990 et 1992, avant Juha Kankkunen (1993) et Didier Auriol (1994), tandis que Toyota s’adjugeait deux titres constructeurs en 1993 et 1994.

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    Mais l’arrivée des brides en 1995 annulait l’avantage des Celica. Sur les sept premières épreuves de la saison, seul Didier Auriol parvenait à s’imposer lors du Tour de Corse. Et pourtant, la régularité de l’équipe permettait à Toyota d’être en tête du classement des constructeurs devant Mitsubishi et Subaru et à Kankkunen de mener le classement des pilotes devant Colin McRae et son équipier Didier Auriol avant le départ du Rallye de Catalogne, septième et avant-dernière manche de la saison.

    Pour beaucoup, la FIA avait été renseignée au moment de choisir de contrôler la Toyota Celica GT-Four de Didier Auriol, arrivé quatrième en Espagne derrière trois Subaru Impreza.

    Seulement deux heures après l’arrivée, le 25 octobre 1995, la décision de mettre les Toyota hors course était prise. Et tout le monde était invité à Paris le 3 novembre pour statuer sur d’éventuelles autres sanctions.

    Dans les bureaux de la FIA, la décision était unanime auprès des 19 membres du Conseil Mondial : Toyota Castrol Europe perdait les points marqués durant la saison 1995 et était suspendu de licence durant 12 mois.

    « C’est une grosse tricherie, la plus grosse que j’ai vue dans ma vie », commentait alors Gabriele Cadringher, Directeur Technique de la FIA. « Nous avions des suspicions depuis le Rallye d’Australie. Les performances des Celica et leur décision de changer tout le système nous ont forcés à nous poser des questions. Le tuyau avait été modifié et l’extérieur de la bride également. En accord avec le Président de la Commission des Rallyes, nous avons donc décidé de faire des contrôles sur toutes les voitures durant le Rallye d’Espagne. »

    À l’époque, il s’est dit que des membres de l’équipe Toyota avaient eux-mêmes donné cette idée à la FIA, chose qui a toujours été démentie par la Fédération.

    Lors de la révélation de la tricherie, Max Mosley – alors président de la FIA – affichait un large sourire pour avoir attrapé le contrevenant : « Nous ne pouvions pas tirer d’autres conclusions. Un système très sophistiqué a été développé pour contourner le règlement, le plus sophistiqué que nous ayons pu voir. Toyota Castrol Europe est exclu du championnat 1995 et reçoit une suspension de licence pour une année. »

    Chez Toyota, le système mis en place a réclamé un réel développement. Plusieurs membres de l’équipe étaient donc à la manœuvre. La question de l’implication des pilotes s’est aussi posée. Avec l’arrivée des brides en 1995, chaque constructeur apportait des développements réguliers. Les pilotes devaient tester ces évolutions. Didier Auriol, qui s’est toujours défendu d’avoir été dans la confidence, a avoué avoir senti un surcroit de couple avant le Rallye d’Australie et une amélioration de la puissance moteur entre 6 000 et 7 000 tours / minute. « Nous l’avons pris comme une évolution et c’est tout à fait logique quand on travaille avec une équipe comme Toyota. Dans la voiture que j’ai conduite, il y a avait un petit peu plus de puissance, mais ce n’était phénoménal… De là à se douter qu’il y avait suspicion de tricherie ! »

    Interrogés à l’époque, Carlos Sainz et François Delecour, alors pilotes Subaru et Ford, avaient garanti qu’ils pouvaient sentir l’apport d’une trentaine de chevaux.

    « On peut très bien raconter des conneries, mais je crois qu’il y a des choses qui se passent », lâchait François Delecour. « La pièce passe dans la main d’ingénieurs, passe dans la main de mécaniciens… À partir du moment où il y a deux ou trois personnes qui le savent, ce n’est plus un secret. Avec un tel gain, alors que l’on nous répète qu’il n’y a pas de possibilité de surcroit de puissance avec cette bride, c’est qu’il y a réellement quelque chose. Il n’y a pas de miracle ! »

    Toyota Castrol Europe avait fait appel de la décision. Mais la FIA ne s’est pas déjugée. La sanction ne visait que l’équipe dirigée par Ove Andersson, pas Toyota en tant que marque. Des Celica ont continué de rouler en 1996, notamment pour Kankkunen, Grönholm ou Loix. Carlos Sainz, qui avait un contrat avec Toyota, a rebondi chez Ford et Auriol n’a été vu qu’à deux reprises. À mi-saison 1997, l’équipe (toujours) menée par Ove Andersson revenait en course avec une Toyota Corolla WRC. En 1998, Carlos Sainz et le Toyota Team Europe perdaient les titres mondiaux dans la dernière spéciale de la saison… La marque prendra sa revanche en 1999 avec le titre constructeur conquis par Auriol et Sainz.

    Cette affaire Toyota n’avait pas été le seul sujet du Rallye de Catalogne 1995. Après la sortie de route de Juha Kankkunen, avec l’une des Celica incriminées, Subaru récupérait les trois premières places du classement. David Richards, alors patron de l’équipe, figeait les positions pour donner la victoire à Carlos Sainz, devant Colin McRae et Piero Liatti. Cette décision, qui permettait à Subaru de passer en tête du championnat des constructeurs à égalité avec Mitsubishi, laissait Sainz et McRae s’affronter pour le titre lors de la huitième et dernière épreuve de la saison, avec un léger avantage pour Sainz, 70 points chacun et 3 victoires à une pour l’Espagnol.

    Mais Colin McRae n’a pas levé le pied. Il a continué d’attaquer pour terminer la dernière spéciale en tête, manquant de renverser David Richards qui s’était placé au milieu de la route, les bras en croix, en pleine spéciale, pour faire ralentir son pilote ! L’Écossais, forcé de suivre les ordres, prenait une pénalité en fin de course pour s’exécuter. Quatre semaines plus tard, il devançait Carlos Sainz de 36 secondes à l’arrivée du Rally GB et gagnait le titre mondial… Que l’on croyait être le premier d’une longue série.

  • Une nuit au musée

    Une nuit au musée

    Envie d’aller voir de belles voitures, mais avec une incroyable flemme d’organiser un tour du monde ? AUTOcult.fr ressort quelques trouvailles de ses archives pour re-visiter quelques jolis musées ouverts au public par l’intermédiaire de Google Street View.

    C’est parti… Et ne vous perdez pas dans les couloirs !

    Lamborghini à Sant’Agata Bolognese

    McLaren à Woking

    Mazda à Hiroshima

    Honda à Motegi

    Pagani à San Cesario sul Panaro

    Toyota à Nagoya

    Skoda à Mlada Boleslav

    Corvette à Bowling Green