Catégorie : Essais

  • Numéro atomique 1 pour AUTOcult !

    Numéro atomique 1 pour AUTOcult !

    Deux podiums consécutifs au classement général du eRallye Monte-Carlo ne pouvaient pas rester sans suite… Air Liquide fait confiance à AUTOcult pour l’édition 2018 de l’épreuve reine des rallyes sans émission de CO2. Je serai au départ aux commandes d’une Toyota Mirai.

    J’ai une passion pour Mendeleïev… Peut-être que je m’ennuyais trop durant les cours de chimie. Je ne cessais de regarder un tableau sans équilibre géométrique. Hydrogène en haut à gauche, Hélium en haut à droite. Lithium, Béryllium, Bore, Carbone, Azote, Oxygène, Fluor, Néon sur la deuxième ligne… Et plein d’autres ensuite, de quoi fabriquer un univers. Avec son numéro atomique 1, le H de l’hydrogène faisait figure de leader. Le 6 du C (carbone), le 8 du O (oxygène) étaient les autres têtes d’affiche… Et, plus loin, le 60 du Nd (néodyme) qui m’a offert la base de mon pseudo de mes études scientifiques. Oui, je comprends les blagues de Big Bang Theory.

    L’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers. Plus de 90 % des atomes sont des H. Le corps humain est également constitué d’une majorité d’atomes d’hydrogène. Et c’est un formidable objet de recherches : par définition, c’est le plus simple de tous les atomes avec un proton et un électron. De quoi s’amuser avec l’équation de Schrödinger. Là aussi, c’est très personnel. Erwin Schrödinger a précipité ma chute entre son équation et son chat. Sa physique quantique m’a fait prendre conscience que la suite de ma carrière prendrait la route des rallyes automobiles. Moi qui rêvait d’une maîtrise de mathématiques, je suis parti suivre Sébastien Loeb.

    Quinze ans plus tard, je vais réunir Schrödinger, l’hydrogène et les rallyes ! Air Liquide, spécialiste des gaz industriels, m’a demandé de conduire l’une de ses Toyota Mirai lors de l’eRallye Monte-Carlo, une voiture « hydrogène ».

    Une Toyota Mirai est une berline de série avec un moteur électrique de 155 chevaux couplé aux roues avant pour 1 800 kg. L’énergie n’est pas stockée dans des batteries. C’est une pile à combustible qui transforme de l’air et de l’hydrogène en électrique et en eau.

    Cette technologie lui permet de parcourir environ 500 kilomètres et de repartir en moins de 5 minutes, le temps de faire le plein du réservoir d’hydrogène.

    Le départ du rallye est programmé ce mercredi à 14h00 de Fontainebleau, direction Onet-le-Château, lieu de passage du Rallye Aveyron Rouergue. La deuxième étape nous mènera à Monaco via le circuit d’Alès et quatre zones de régularité avant de terminer par la nuit du Turini entre samedi et dimanche. Mon copilote sera Eric Bresson.

    Je vous en dirai plus sur l’évolution de la numéro 26 au fil de la semaine !

  • Škoda 130 RS 1981 : au commencement

    Škoda 130 RS 1981 : au commencement

    « Au commencement de Skoda Motorsport » ou « J’ai essayé la Skoda 130 RS ! »

    Dans nos essais et pérégrinations automobiles, nous avons parfois la chance d’essayer des voitures les plus en vogue du moment, les plus sportives, les plus tendance. Cette fois, en plus de l’Octavia RS 245 qui m’a fait envie, Skoda France m’a permis d’essayer une voiture hors normes, j’ai nommé la Skoda 130 RS, ici dans sa version Circuit. Son nom ne vous dit peut être rien, mais elle fut l’une des armes de Skoda Motorsport dans les années 70/80, qui en était ses grands débuts, son commencement.

    Cette Skoda 130 RS fut produite entre 1975 et 1980 à près de 200 exemplaires, première véritable « voiture de course » créée par Skoda. Elle remporte de nombreuses courses en Tchèquie et en Europe de l’Est, si bien que son surnom de « La Porsche de l’Est » ne se fait pas attendre. Son plus grand fait d’arme arrive en 1981, lorsqu’elle remporte du Championnat d’Europe de Super Tourisme (European Touring Car Championship, ETCC), le premier titre international de la marque tchèque, rien que ça ! A l’époque, de nombreux teams et pilotes tchèques optent pour cette Skoda 130 RS. Enge, Šenkýř, Vojtěch, Bervid, Fešárek, Sivík, des pilotes aux noms tous aussi inconnus que les teams qui les engageaient : ÚAMK ČSSR Praha, AMK Stavby silnic a zeleznic (SSZ) Praha, Skoda GB Ltd., Barum ou encore Bohemian Crystal. Ca nous en bouche un coin.

    Engagée en groupe 2, la 130 RS est imaginée pour la compétition. Sa force c’est son poids plume de 720 kilos ainsi que son moteur en porte à faux arrière, façon Porsche. Le tout lui fournissant une aisance et une facilité de pilotage.

    Joli coupé 2 portes et deux places, la 130 RS est longue de 4020 mm, large de 1720 mm, haute de 1340mm, pour un empattement : 2400 mm. Mécaniquement, le moteur en porte à faux est un 4 cylindres de 1289 cm3, fort de 140 chevaux à 8000 tours/minute et gavé par un double carburateur Weber. Bien entendu propulsion, cette 130 RS a une boîte 4, avec embrayage sec simple disque et différentiel bloqué. L’ensemble s’avère très simple, mais diablement efficace. La magie d’une voiture de course…

    Une fois à bord de la 130 RS, on ne retrouve qu’un seul siège baquet, l’arceau et la batterie, située en lieu et place de la banquette arrière, à même la caisse, dans le but d’abaisser au maximum le centre de gravité. Cette caisse est dépouillée, déshabillée de toute fioriture, de toute moquette, de tout chrome. L’intérieur est noir mat et comme toute voiture de course qui se respecte ou presque. Tout est sommaire, avec quelques boutons sur le tableau de bord, des manomètres en tous genres. Un détail nous fait tiquer et sourire : les tubes de l’arceau sont épais comme des tuyaux de chauffage ! Les normes de sécurité ont bien évolué depuis 1975…

    Une fois à bord, on se fait vite à notre environnement presque soviétique par sa dureté. Le baquet est d’une autre époque, les harnais ne sont pas mieux et le levier de vitesse est aussi fin que la taille d’une danseuse étoile du Bolchoï.

    Dès les premiers mètres, il faut monter assez haut dans les tours pour avoir un peu de puissance. Les 140 chevaux sont « hauts », à 8000 trs/minute, il ne faut donc pas hésiter à avoir un peu le pied délicat pour lancer la bête. La boîte est un peu spéciale, avec un long levier fin, se montrant pas très précise mais il faut dire qu’il y a plus de 30 ans, la technique était différente. L’ensemble est très atypique, mêlant voiture ancienne et voiture de course. Je m’amuse vraiment à son volant, jouant du pédalier qui est un peu décalé par rapport à l’assise, du train arrière un peu joueur et de la direction plutôt précise, alors que la pédale de frein est bien dur, grâce à l’assistance du Mastervac. Les kilomètres s’enchainent vite, et sans entrer dans des glisses incommensurables, le train arrière de la belle Tchèque dodeline avec plaisir ! L’effet sac à dos se montre bien mais nous nous arrêterons là, la 130 RS est une vieille dame qui mérite qu’on prenne soin d’elle. Il est temps de la rendre à l’équipe du Musée Skoda, venue pour l’occasion de Mlada Boleslav. Je garderai un souvenir particulier de cette 130 RS. Elle marque une belle page de l’histoire de Skoda, et elle est pour moi une des voitures inédites qui m’a le plus intrigué.

    Après cette 130 RS, Skoda lancera en compétition le 130 LR, qui assurera une belle page de l’histoire. En 1991, arrive Volkswagen dans le giron tchèque, qui propulsera Skoda et son département Motorsport sur la scène mondiale, avec les Felicia 1600 puis Kit-Car; les Octavia Kit-Car et WRC, avant les Fabia WRC, Fabia S2000 et Fabia R5. S’en suivront de nombreux titres nationaux, continentaux et mondiaux, les héritières prenant fièrement la suite de la 130 RS, celle du commencement de Skoda Motorsport…

    Fiche technique Skoda 130 RS :

    Cylindrée : 1289 cm3
    Alésage x course :  75.5 x 72 mm
    140 chevaux à 8000 tours/minute
    4 cylindres refroidi par eau, avec double carbu Weber 40 DCOE
    Embrayage sec simple disque
    Boîte 4 vitesses
    Différentiel bloqué
    Propulsion
    Pneumatiques : 165-13 à 215/50-13
    Longueur : 4020 mm
    Largeur : 1720 mm
    Hauteur : 1340 mm
    Empattement : 2400 mm
    Largeur trains avant/arrière : 1410/1366 mm
    Vitesse maxi : 220 km/h
    720 kilos

    Prochain essai ? La Škoda 130 RS version Rallye 1977 me plairait bien !

    Skoda Fabia R5 - Skoda 130RS - Rallye Monte Carlo 1977 2017

     

    Škoda 130 RS « ETCC 1981 » :

  • Essai : Skoda Octavia RS 245 DSG 7 : la bohemian rhapsody

    Essai : Skoda Octavia RS 245 DSG 7 : la bohemian rhapsody

    Je vous avouerais que j’attendais cet essai avec impatience. Depuis ma tendre enfance je suis les rallyes mondiaux avec haleine et passion, là où Skoda a écrit une belle page de l’Histoire du rallye mondial, un chapitre de son histoire du sportive. Ce n’est pas là un récit de victoires, de titres et de trophées mais une alchimie de passion, de folie et de symbole. Tout ce que j’aime.

    En 2001 est apparue l’Octavia RS, première du nom, à partir de laquelle a été construite l’Octavia RS WRC, à la suite de l’improbable Octavia Kit-Car. La WRC est alors une voiture lourde, une berline solide. L’image est presque soviétique quand elle est comparée à un véritable char de guerre, emmené sur les spéciales du championnat du monde WRC par des pilotes vaillants et généreux. A ce petit jeu, l’Octavia WRC réalise sa plus belle prestation sur le difficile Rallye de Grande-Bretagne, se classant 4ème de l’édition 1999, avec le Belge Bruno Thiry à son volant. Si elle ne fut une auto capable de remporter titres et victoires en WRC, elle fut l’un des caps majeurs de l’expérience rallystique de Skoda Motorsport. La Fabia WRC allait suivre puis la Fabia S2000 pour arriver à la dernière Fabia R5, vainqueur de bien des victoires et titres mondiaux. La boucle était bouclée.

    A ce petit jeu, Skoda a toujours su faire : emmagasiner l’expérience, comme un outsider, comme petit constructeur, à l’ancienne et presque à l’économie, prenant presque son temps. Mais si Skoda est encore et toujours la petite marque du groupe Volkswagen, elle ne joue aujourd’hui plus dans la cour où on a pu la voir ces dernières décennies. Exit le low-cost, les sous-motorisations et les finitions taillées à la serpe soviétique. Skoda, avec ici sa nouvelle Octavia RS 245, pose aujourd’hui fièrement son style, quand le caractère de sa gamme n’en demeure pas moins à la hauteur des espérances.

    Découverte de cette Skoda Octavia RS 245, la plus puissante de Octavia jamais produite. Et maintenant la plus attachante ?

    LE TOUR DU PROPRIETAIRE

    Pour être propriétaire d’une Octavia Combi, je dois avouer que je suis presque mal placé pour témoigner sur ce modèle. Si j’ai fait le choix de cette voiture, c’est qu’elle me plaisait déjà. Cela étant, je me trouve tout de même à ma place lorsqu’il s’agit de juger cette Octavia RS Combi 245, pesant le pour et le contre, sachant bien ce qu’est une Octavia classique face à cette version dynamique.

    Nous avons là face à nous la troisième génération d’Octavia, dans sa phase 2. De l’extérieur, il faut de suite oublier les Octavia classique. Les versions RS s’en retrouvent métamorphosées par les sorciers de Mlada Boleslav, siège historique de la marque. A l’avant, on retrouve les phares coupés verticalement, comme depuis le début d’année et l’arrivée de la phase 2. Si le choix est discutable sur la version normale de l’Octavia, sur la RS, ce choix est va-li-dé. D’autant qu’ils sont Full LED. Cette découpe donne un regard plus perçant à la belle Tchèque, tandis que le nez s’en retrouve affiné, avec une calandre plus large et proéminente, aux sculptures verticales, peintes d’un joli noir brillant. Plus bas, les ouïes d’air sont elles en nid d’abeille allongé, rehaussés par les feux antibrouillard à LED très allongés eux aussi. Bel ensemble que cette face avant.

    A l’arrière, du moins sur la berline, on retrouve un bel aileron, plutôt fin et discret, apposé sur la malle. La version break, dite Combi, est elle plus classique du coup, retrouvant le style d’une Octavia classique. Plus bas, on retrouve une imitation de diffuseur d’air noir, d’où, à chaque extrémité, sort l’échappement. L’ensemble n’est pas moche mais pas fou non plus :  « sobriété et dynamique ».

    Le châssis est rabaissé de 15mm par rapport aux modèles non RS, alors que son train arrière est élargi de +38mm par rapport à l’ancienne génération RS. Poseeeey ! Cette Octavia s’en retrouve plus basse, plus assise, plus trapue, avec un train arrière bien à sa place. J’aime bien.

    L’ANTRE DE LA BELLE

    A l’intérieur, le style est sobre chez Skoda, la proximité du groupe VW n’en est pas étrangère. Mais au fur et à mesure des années, Skoda a trouvé son style propre et digne, entre plastiques moussés et gloss noir, avec cuir et Alcantara. Joli. Le passage à une nouvelle génération aura permis de limiter le nombre de boutons en tous genres. On passe cette fois sur du tout digital, avec une nouvelle dalle de 9,2 pouces, pour un écran final de 1280 x 640 pixels. La partie ventilation/clim reste en boutons classiques. Efficace. Les assises sont belles, semi-baquets et nous tiennent bien en place, tandis que leur habillage est de belle facture, fort d’un alliage cuir/Alcantra avec surpiqures rouges. Sportif vous disiez ? Plutôt ! Mais façon Skoda, aucune ringardise à prévoir, avec quelques chromes tout de même, un pédalier alu et le  volant sport à méplat et le logo VRS bien à sa place.

    Côté équipements, que ceux qui se plaindraient de Skoda se taisent, la marque tchèque équipe ses modèles comme pourraient le faire ses cousines Audi ou VW. L’Octavia RS s’en retrouve équipée de l’aide au freinage d’urgence (Front Assist), de l’aide au maintien dans la voie (Lane Assist), du régulateur de vitesse adaptatif (ACC) et du système de détection des angles morts (Blind Spot Detection). A ce pack, les divers systèmes de smartphone sont acceptés à bord, avec le Mirrorlink, Apple Carplay© et AndroidAuto®. Pour en finir avec les options de vie et de confort à bord, je retiendrais particulièrement la recharge smartphone sans fil et le volant chauffant. Les dix doigts au chaud, je regrette amèrement l’absence d’affichage tête haute…

    EN ROUTE !

    Sous le capot, c’est une grande nouveauté qu’on trouve là, le 4 cylindres 2.0 TSI de 245ch, pour un couple maximum de 370 Nm atteint entre 1 600 et 4 300 tours/minute. Le 4 cylindres est accouplé au choix avec la boite manuelle à 6 rapports ou la transmission à double embrayage DSG 7, avec les palettes au volant, comme j’aime. Le 0 à 100 km/h est ainsi permis en seulement 6,6 secondes (6,7 secondes sur la version Combi), pour une vitesse maxi limitée à 250 km/h.

    Au fur et à mesure des kilomètres, on se rend compte que le moteur se révèle largement suffisant, souple et bien coupleux, avec la boîte en mode automatique pour le quotidien quotidien, ou avec les palettes quand on veut jouer un peu. Le jeu est autorisé avec cette 245, l’ensemble châssis ayant été développée avec labeur et talent. Nommée « RS » (inventif!), elle est pilotée par le Dynamique Châssis Control (DCC) intégrant 3 réglages : Auto, Sport et Confort. A cette suspension inédite pour la marque tchèque, on ajoute le correcteur électronique de trajectoire ESC et le différentiel électromécanique à embrayage multi-disques piloté électroniquement, XDS+.

    Que ce soit sur routes, autoroutes ou en ville, la Skoda Octavia RS 245 fait le boulot. Elle est à son aise peu importe l’endroit, malgré un volume qui peut se montrer impressionnant, surtout en version break Combi. Elle se faufile bien en ville, merci les radars, est « bien confort » sur autoroutes et son châssis fait des merveilles sur routes. Lorsqu’on titille la pédale de droite, la motorisation de 245 chevaux répond bien, et si certains pourraient dire « pas assez de puissance », je leur répondrais que sans maitrise, la puissance n’est rien (c’est de moi ça). Je n’ai jamais été pour une course à la puissance et je dois dire que l’augmentation de 15 chevaux ne fait pas tout pour cette RS version 245, quand la version originale en propose 230. Si le moteur est important, c’est ici le châssis qui fait des merveilles vu les dimensions de cette berline. Il se montre plus doux, plus facile et plus progressif que celui de la précédente génération de RS, avec un train avant fort d’un autobloquant, travaillant sans cesse, on le sent dans la direction, et un train arrière qui suit, bien rivé sans être bloqué. Pour pouvoir comparer cette RS à un modèle classique d’Octavia Combi, je dirais que c’est le jour et la nuit. Quand la classique vous rappelle à l’ordre très rapidement, pompant de tout son poids, la RS ne rechigne pas à la tâche et admet nos contraintes. Notre chère Tchèque pourrait en surprendre plus d’un mais attention tout de même, Dame Octavia n’est pas une sportive. C’est une très belle dynamique, bien suspendue et bien motorisée. Ne comptons pas allez chercher une Mégane R.S. ou une Focus RS, une Audi RS3 avec cette Octavia RS… L’objectif est ailleurs, et Skoda n’est pas une marque sportive, mais belle et bien familiale.

    ON PASSE A LA CAISSE

    Question tarif, les 4 modèles ont leur propre tarif. A savoir :

    2.0 TSI 245 Ch BVM 6
    – Berline : 34790€
    – Combi : 35890€

    2.0 TSI 245 Ch DSG 7
    – Berline : 36290€
    – Combi : 37390€

    Vous aurez deviné que ma favorite Octavia RS 245 DSG7 Combi est la plus chère, c’est toujours pareil… On veut toujours la fringue qui n’est pas en solde. Disponible depuis juillet 2017 en concession, l’Octavia RS 245 a tout de même, et j’en suis très surpris, l’équilibre juste : chaque carrosserie affiche 50% des ventes, berline vs Combi. Alors que mon coeur tombe du côté Combi de la force. Côté mécanique, c’est la DSG qui est en tête, avec 80% des ventes, face à 20% de boîtes mécaniques, logique.

     

    OCTAVIA RS 245 EST-ELLE CULT?

    Cult, peut être pas, mais elle vaut le détour. La Skoda Octavia a la chance, le devoir aussi, de porter plusieurs missions. Elle est la plus puissante des Skoda Octavia jamais produites, la plus exclusive donc. Elle est le porte-drapeaux de Skoda, modèle le plus vendu de la marque, se targuant d’être le troisième modèle compact le plus vendu en Europe (!), neuvième véhicule tous segments compris. Issue du segment C, elle se hisse, avec sa variante RS 245, au niveau de la Superb. Sacré programme pour un modèle né en 1959 !

    Alors, on imagine l’image que donne cette RS 245, modèle le plus puissant jamais fabriqué par la marque de Mlada Boleslav. Elle pourrait bien se placer en tête des achats chez les papas pressés, ne souhaitant pas céder au chant des sirènes des belles Allemandes, voulant se faire plaisir au bon prix, tout en se démarquant des marques françaises. Le cocktail parfait design/prix/performances. En d’autres mots, cette Bohémienne me plait bien.

     

  • Essai Audi R8 Spyder : tout pour l’image

    Essai Audi R8 Spyder : tout pour l’image

    Faire mieux que les autres pour se faire remarquer… Voilà quelque chose que l’Audi R8 Spyder et un petit village gallois ont en commun. Tourisme en vitesse et en roulant à gauche !

    Rendez-vous à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch. 58 caractères qui, en gallois, signifient « L’Église de Sainte-Marie dans le creux du noisetier blanc près d’un tourbillon rapide et l’Église de Saint-Tysilio près de la grotte rouge ». N’essayez pas, c’est imprononçable pour qui n’a pas grandi sur place.

    Au printemps, le nord de Pays de Galles joue de couleurs tempérées, comme son climat. L’occasion est parfaite pour aligner les kilomètres au volant de la nouvelle génération d’Audi R8 Spyder, sur les étroites et ondulées routes de la région, vers le village des deux églises et le circuit d’Anglesey.

    Depuis l’aéroport de Manchester, il faut longer la Mersey, direction sud-ouest, laisser Liverpool sur le côté, continuer sur la M56 pour entrer au Pays de Galles après une petite heure de route, sur la file de droite du côté gauche de la chaussée. Passer Deeside, où Colin McRae a célébré son unique titre de Champion du Monde des Rallyes, pour enfin jouer avec les panneaux de signalisation : Rhydymwyn, Llangwyfan, Nantglyn. Bienvenue chez les Gallois !

    S’ils s’avèrent moins vindicatifs que les Écossais vis-à-vis du puissant voisin anglais, les Gallois conservent une identité propre de pays celtique avec une langue qui s’est perpétuée à travers les générations.

    Dans notre fameux village au nom le plus long d’Europe, et qui a quand même hérité d’un patronyme au nom plus arrangeant, Llanfair PG, l’Audi R8 Spyder ne passe pas inaperçue.

    Face à la gare, un autocar se gare. Les écoliers descendent un à un et restent les yeux collés au Spyder. Il ne faut que quelques secondes pour que toute la classe soit massée autour de l’Audi. Photos souvenirs par et avec l’instituteur… La passion automobile n’a jamais quitté les îles britanniques. Quelques passants viennent poser des questions, la puissance de 540 chevaux fait rêver.

    À mon tour d’interroger… D’où vient ce nom de village tellement imprononçable ? L’histoire est d’une réelle simplicité, même si l’inventeur du nom divise les historiens et ceux qui le relatent. Il y a cent-cinquante ans, il a été décidé de donner cette appellation à la gare à des fins publicitaires, avec la volonté de donner une raison à des visiteurs de s’arrêter « là où il y a le plus long nom ».

    Du XIXe au XXIe siècle, le marketing continue de faire des ravages et me voilà hilare d’avoir été piégé par un cordonnier ou un tailleur – selon les versions – mort il y a plus de cent ans, dans un village qui ressemble trait pour trait à tous les autres !

    Le Pays de Galles est un petit territoire, 275 kilomètres du nord au sud et moins d’une centaine d’est en ouest… Mais que de beaux kilomètres. Ce n’est pour rien que le WRC s’y est définitivement installé depuis plusieurs décennies. Sans passer par les forêts de Dyfnant ou Sweet Lamb, les routes goudronnées du parc naturel de Snowdonia suffisent aux amoureux du pilotage.

    L’architecte qui les a dessinées n’avait pas l’esprit aussi tordu que ceux qui sont à l’origine des étroits rubans du sud de notre France. Les virages ne se referment pas, diminuant les surprises au fur et à mesure que la vitesse augmente. La troisième dimension, avec des bosses plus ou moins marquées, ajoute une touche de bonheur sur ces routes ouvertes où l’on croise suffisamment d’automobilistes pour ne pas se sentir trop seul, sans être gêné dans sa propre progression.

    Anglesey en Audi R8 Spyder

    Snowdonia n’est pas qu’un parc de loisir pour voitures de sport. C’est surtout un parc national qui cache le plus haut sommet gallois à plus de 1 000 mètres d’altitude et le lieu de résidence de plusieurs milliers de moutons. Le lieu est aussi le plus humide de la Grande-Bretagne. Le vert domine par toutes ses nuances, entre les lacs et les pierres. En en sortant par le nord-ouest, on quitte l’« île de Bretagne » pour Anglesey, la plus grande île du Pays de Galles. Sur sa phase sud se cache un petit circuit…

    Typiquement britannique, un camp d’entrainement militaire a été aménagé en aire de sports mécaniques à la fin des années 1980. D’abord simpliste, le tracé est devenu un vrai circuit grâce à de lourds travaux entrepris en 2006 et 2007. Depuis une dizaine d’années, des courses locales et nationales occupent les semaines d’Anglesey, sur deux ou quatre roues, en sprint, en rallye et même en drift.

    Rien de spectaculaire a priori tant ce type de lieux est commun en Grande-Bretagne. Sauf qu’Anglesey cache une petite particularité… En sortant des stands, le premier virage à 180° s’appelle le Banking. Avec l’Audi R8 Spyder et ses quatre roues motrices, la vitesse de passage est impressionnante. La suite l’est tout autant avec la première courbe rapide « Church ». La longue ligne droite qui suit dans une légère inclinaison à droite se termine par un énorme freinage en forte montée qui permet d’appuyer très, très tard pour sentir toute la force nécessaire à casser l’énergie cinétique (avec m=1 720 kg). Courbe à gauche dans Rocket sans trop déborder pour un double droite sans trop de vitesse et… Trou noir !

    Depuis la sortie du banking, le tracé longe la Mer d’Irlande, sans que l’on puisse y prêter attention. En quittant le virage de Peel, on ne voit plus que ça. La mer face au capot. Dans le premier tour, c’est particulièrement déroutant. Plus de point de freinage, de braquage ou de corde, juste la vue ! Saute de concentration dans le Spyder dont la toile reste rangée pour profiter de l’environnement et de l’intensité sonore du V10.

    Retour sur le vibreur à gauche pour attaquer la ligne droite Tom Pryce, en hommage au pilote gallois mort à Kialami lors du Grand Prix d’Afrique du Sud 1977 en heurtant un commissaire en piste. Encore un gros freinage pour une épingle en léger banking avant le retour vers les stands : la ligne droite la plus longue puis un virage à gauche. Dans cette configuration « International GP », le tracé mesure 3,4 kilomètres.

    Et si le désir de refermer la capote en toile se fait sentir (une grosse vingtaine de secondes jusqu’à 50 km/h), la vitre arrière peut s’abaisser pour profiter encore un peu plus du V10 atmosphérique placé derrière les sièges. À passer l’après-midi sur le circuit, il y a de quoi vraiment en profiter.

    Audi R8 Spyder

    194 000,00 €
    (dont malus : 10 000 €)

    Co2 277 g/km
    MOTEUR Ar, essence
    CYLINDRÉE 5 204 cm3
    PUISSANCE 540 ch à 7 800 tr/min
    COUPLE 540 Nm à 6 500 tr/min
    TRANSMISSION Intégrale permanente
    BOÎTE Automatique à 7 rapports
    PNEUMATIQUES Av 245/35 R19, Ar 295/35 R19
    DIMENSIONS (LxlxH) 4,426 x 1,940 x 1,244 m
    COFFRE 112 litres
    POIDS 1 720 kg
    RÉSERVOIR 83 l
    VITESSE MAXI 318 km/h
    0 à 100 KM/H 3,6 s
    CONSOMMATION MIXTE 11,4 l/100 km

  • Essai Land Rover Discovery : rendez-vous dans l’Utah

    Essai Land Rover Discovery : rendez-vous dans l’Utah

    Voici la stat : 0,021347 % de la surface du monde est recouverte d’asphalte. Voilà une belle donnée que les associations de défense des interdictions devraient méditer. Oui, nous avons aussi le droit de poser les roues sur d’autres choses que le revêtement bitumé !

    Que c’est compliqué de vivre dans une gamme aussi belle que celle de Land Rover. Coincé par le culte Defender, le très-à-la-mode Evoque, l’indémodable Range et l’attendu Velar… Le Discovery est sans aucun doute le moins remarqué de cette belle marque iconique.

    L’ADN ne ment pas. Le « Disco » est un vrai Land Rover. Cette nouvelle génération est au-dessus de toutes les autres. Sur cette cinquième tentative, la marque britannique a repoussé ses limites : sept places, technologie, praticité, efficience. La référence de 28 ans d’histoires qui ont fait passer ce gros 4×4 – devenu SUV pour convaincre de nouveaux clients – des rues de Londres aux boues du Camel Trophy, jusqu’au désert de l’Utah.

    Atterrissage à Saint George, au croisement des frontières azimutées du Nevada, de l’Arizona et de l’Utah. Dans un immense pays dans lequel le permis de conduire est davantage un certificat qu’un examen, les vitesses maximales autorisées sont draconiennes. Et encore, sur l’Interstate 15 qui relie San Diego à la frontière canadienne 2 300 kilomètres plus au nord, le panneau indique 80 mph, soit 129 km/h. Une vitesse folle pour les États-Unis.

    Ce type de routes, qui ont – un temps – tué la Route 66 et ses sœurs, permet de passer d’état en état, sans profiter des paysages et des régions. Il fut donc rapidement la quitter pour poser le Land Rover Discovery au milieu d’une extraordinaire carte postale. Au cœur du parc national de Zion, The Watchman et The East Temple se dressent de part et d’autre d’une route qui serpente à travers 150 millions d’années de sédimentation.

    Zion est un sanctuaire. Si l’histoire des États-Unis ne remonte qu’à quelques siècles, ce lieu est occupé par l’homme depuis près de 10 000 ans. Pourtant, la météo y est rude, comme dans toute cette partie du pays. L’hiver, la température descend habituellement sous le 0°C. L’été, un record a été enregistré à 46,1°C. Tout autour, l’œil est attiré par ces immenses canyons, tracés par la rivière Virgin.

    Le Land Rover Discovery est dans son élément. Devenu un mastodonte au fil des années, il a pris le virage des grands SUV en 2017. Un nouveau châssis monocoque 100 % aluminium permet d’économiser 480 kg de masse. Et un moteur 2,0 litres biturbo diesel de 237 chevaux permet de tenir à 171 grammes de CO2 par kilomètre et tirer les 3,5 tonnes autorisées. En haut de gamme essence, le capot accueille un V6 de 340 chevaux. Dans l’habitacle, le gain de masse se ressent par l’apport de nouvelles technologies. Les sièges arrière sont gérés depuis une application sur votre téléphone ou via l’écran de 10 pouces situé sur la planche de bord. Un hotspot WiFi et près d’une dizaine de ports USB s’ajoutent à l’équipement.

    Une aide à la gestion d’une remorque et un système particulièrement évolué de transmission permettent de tout faire. Dans l’Utah, à Coral Pink, une large étendue de dunes accueille les conducteurs en mal de franchissement. Malgré des pneus de route et avec un peu d’entrainement, le Discovery passe toutes ces collines de sable sans jamais se planter. Prévoir suffisamment d’élan, éviter d’éventuelles traces déjà faites et garder le pied lourd jusqu’à la limite de l’ensablement. Le must est de savoir déjà où s’arrêter avant même de partir… Et toujours en légère descente. Une fois que l’on goûte à ce défi qu’est le passage d’une dune d’une quarantaine de mètres, la seule envie qui existe est d’en trouver une de cinquante !

    Si la carrosserie n’incite plus à s’imaginer au Camel Trophy, cette cinquième génération de Land Rover Discovery est encore plus douée que les précédentes. La technologie aide le conducteur. À tel point qu’il est possible de laisser l’électronique juger de l’adhérence et contrôler l’accélérateur et le freinage lorsque l’on se concentre simplement sur les lieux où poser les roues. Le résultat est unique : il est facile d’escalader une montagne ! Et de l’autre côté, aucun incident : le 4×4 passe des gués de 90 centimètres de profondeur. Dans ce genre d’aventure, le véhicule sait aller beaucoup plus loin que le conducteur…

    Au bout des dunes, une route mène à Kanab. La légende raconte que John Lasseter avait l’habitude de traverser cette ville de 3 500 habitants lorsqu’il se rendait dans sa résidence sur les rives du lac Powell, jusqu’à s’en inspirer pour créer Radiator Springs dans le premier épisode du film d’animation Cars. Malheureusement, la ville ne joue pas du tout à la doublure du décor Pixar.

    L’AUTO est-elle cult ?

    Tellement moins attachant qu’un Def’ ou qu’un Range, le Discovery est une bête de polyvalence à sept places qui saura satisfaire les amoureux des grands espaces et d’escalades en tout genre.

    Note : un road-trip plus complet sera à lire dans le prochain numéro de Car Life Magazine.

    Land Rover Discovery HSE Si6

    67 700,00 €
    (malus : 10 000 €)

    Co2 254 g/km
    MOTEUR Av, essence
    CYLINDRÉE 2 995 cm3
    PUISSANCE 340 ch à 6 500 tr/min
    COUPLE 450 Nm à 3 500 tr/min
    TRANSMISSION Quatre roues motrices permanentes
    BOÎTE Automatique à 8 rapports
    PNEUMATIQUES 255/50 R20
    DIMENSIONS (LxlxH) 4,970 x 2,073 x 1,846 m
    COFFRE 258 à 2 500 litres
    POIDS 2 223 kg
    RÉSERVOIR 89 l
    VITESSE MAXI 215 km/h
    0 à 100 KM/H 7,1 s
    CONSOMMATION MIXTE 10,9 l/100 km

  • Essai Ferrari GTC4Lusso T : PowerPoint

    Essai Ferrari GTC4Lusso T : PowerPoint

    Avais-je été douché par mon essai de la Rolls-Royce Wraith ? Une voiture tout à fait exceptionnelle, mais loin de l’image que je me faisais d’une pièce de musée… Cette Ferrari GTC4Lusso T, je n’allais pas en tomber amoureux. Quatre roues, un moteur, un volant, comme toutes les autres.

    La journée se termine au bord d’une piscine de Toscane. La fameuse « nouvelle » Ferrari est à quelques mètres. Je me contrôle. Je ne vais pas en tomber amoureux… Mais comme je suis là pour l’essayer, autant ne pas perdre un seul instant !

    Je saisis la poignée, j’ouvre, je m’installe, je souris. Je me déteste. Pourquoi n’ai-je pas travaillé depuis que je suis tout petit pour aller vivre à Maranello et « faire » des Ferrari ?

    La situation est assez compliquée. Je ne veux plus sortir ! Tant que l’on nous ne demandera pas de quitter les lieux, tant qu’il restera un semblant de lumière et de musique, je peux rester. Et là, je fais face à moi-même : celui qui a raté sa vie pour ne pas avoir compris, dès son plus jeune âge, qu’il aurait dû travailler, travailler encore pour devenir chef de produit Ferrari.

    Chef de produit ? Quelle drôle d’idée ! Je travaille dans la communication, j’aime la communication, je veux de la communication. Mais là, assis dans le baquet d’une GTC4Lusso T, je regrettais de ne pas être son « genitore ». Je me voyais déjà dans un monde parallèle, dix ans de moins, débarquer à Maranello comme un gamin pour imaginer la prochaine Ferrari. Celle qui serait encore mieux que la précédente, quand d’autres se demanderaient encore si ça pouvait être possible.

    Ma famille vient de Murano. Même si on est loin – très loin – de l’ambiance de la Motor Valley, on est en Italie. Et en Italie, on a des petites choses sacrées. Quand ça touche à la Squadra Azzura ou à la Scuderia Ferrari, on entre dans une certaine démence. Un premier exemple ? Pas la peine d’imaginer supporter Senna, surtout lors de la signature d’Alain Prost pour piloter la 641 ! Senna, Villeneuve, Hakkinen, même combat. Un autre ? Je n’ai pas le moindre souvenir du but de Tardelli en finale de la Coupe du Monde 1982, mais j’imite la scène mieux que quiconque.

    Ce n’est pas la première fois que j’essaie une Ferrari. J’avais déjà eu la chance de rouler en 458 Speciale au Mans. Déjà, je m’étais dit que j’étais dans la meilleure voiture du monde. En la rendant, je voulais presque m’assurer que plus personne n’allait plus la conduire et qu’elle allait entrer au musée…

    Là, le chantier est bien différent. Ferrari n’avait pas « voiture de rêve » inscrit en première ligne du cahier des charges. Bienvenue dans l’ère du PowerPoint à l’italienne…

    – Ciao a tutti !
    (Le reste, je traduis…)
    – Bon, on a la GTC4Lusso. On enlève le V12 et on met le V8 de la 488 GTB, mais il nous sera livré un peu moins pointu. Vous m’enlevez aussi la transmission, on remplace les quatre roues motrices par une simple propulsion. Allez !
    – Mais, on n’a jamais commercialisé une Ferrari en laissant le choix entre un V12 et un V8 ?!
    – Oui, mais ça va marcher dans tous les pays qui ne nous idolâtrent pas…

    Voilà… J’étais avec un confrère suisse qui n’imaginait pas vraiment ses compatriotes faire le choix d’un V8 biturbo, quand le V12 était au catalogue. Même si c’était pour économiser l’équivalent de 36 000 euros et quelques litres de carburant par an.

    C’est là que le chef de produit a réussi son coup. Le V8 ne va pas manger le V12. S’ils sont tous les deux au catalogue, les marchés qu’ils visent sont différents. Au V12, les pays pleins de Ferraristi. Au V8, ceux sur lesquels on peut encore comparer une Ferrari à une Bentley, une Mercedes ou une Aston Martin… Pour un constructeur qui répète qu’il n’est pas question de gonfler les volumes et qu’il y aura toujours moins de voitures en vente que de clients, on se moque quand même un peu du monde.

    Bon, tout ça, c’est du marketing. Mais en vrai, c’est comment de rouler en GTC4Lusso T ? En Toscane, les traversées de village sont ponctuées par des signes de tête ou de la main, voire des deux. Dans les rues, on est heureux de voir passer une Ferrari. Ces mouvements sont comme des remerciements de la faire rouler. Au volant, il faut faire quelques efforts pour passer inaperçu.

    Le volant regroupe une tonne de commandes. Derrière, les palettes fixes prennent toute la place. Le Manettino en mode « Comfort », il est possible de rouler sans réveiller la mamma. En gardant vraiment le pied léger, l’échappement étouffe le bruit du V8, perdu au fond du capot. La boîte de vitesses s’inquiète des régimes. 3-4-5-6-7, impossible de toucher les 2 000 tours/minute.

    Le système de contrôle (le volant) est truffé de boutons dont il faut apprendre à se servir rapidement. Les clignotants sont au niveau des pouces, les phares en bas à gauche, l’essuie-glace en bas à droite.

    Manettino sur Sport. Les roues patinent à l’accélération en pleine ligne droite. 295/35 R20 à l’arrière contre 610 chevaux et jusqu’à 760 Nm à 3 000 tours/minute. Les diodes s’allument pour signaler la montée en régime. La vitesse est indécente.

    100 km/h en 3,5 secondes, 320 km/h en vitesse de pointe (il parait) pour balader 4,92 mètres de longueur, 1,98 mètre de largeur et 1 740 kg. Oui, il y a quatre places, mais bon, c’est une Ferrari !

    Une base de données des accidents

    En toute-bonne Ferrari, elle est capable de faire bien plus que ce que lui demande la majorité/totalité de ses clients. Même elle s’avère aussi incapable de répondre à certaines situations inattendues.

    Je ne me figurais pas le choix du chef de produit (grrrrr…..) de placer des palettes fixes derrière le volant. Il y a eu débat reconnaît-on chez Ferrari. Mais il existe désormais une volonté de ne pas inciter le conducteur à changer de rapport avec les roues braquées. Le châssis se montre en mesure d’encaisser tout ce qui peut être classé sous le terme « conduite raisonnable », très raisonnable ou même résolument sportive. Mais quelques clients parviennent toujours à inventer des situations ubuesques pour agrémenter la base de données des accidents des Ferrari… Données que l’on ne peut pas consulter. Imaginez un peu ce que l’on pourrait y trouver !

    Pour cette GTC4Lusso T, Ferrari a donc choisi de faciliter la conduite avec un moteur dégonflé, très coupleux et linéaire. Tellement linéaire que la cartographie lisse l’arrivée du couple. Les 760 Nm ne sont atteignables que sur le 7e rapport. Le logiciel gère tout pour améliorer le confort des passagers et d’un conducteur pas-forcément-pilote. Mais, si cette version V8 est destinée à faciliter la vie des moins bons conducteurs, pourquoi la priver des quatre roues motrices. « Un choix technique » répondent les Rouges.

    L’allure est totalement enivrante avec ce dessin de break de chasse, une allure de dandy chic et sobre à vitesse urbaine. De quoi claquer 240 260 euros en y ajoutant 4 200 euros pour que le passager puisse bénéficier d’un écran de télémétrie face à lui et 7 800 euros pour le sac de golf dédié. Le toit panoramique en cristal à 14 400 euros est peut-être un peu trop en demander…

    L’AUTO est-elle cult ?
    En redescendant sur terre (c’est-à-dire en sortant de l’habitacle), difficile d’affirmer que la GTC4Lusso T est une voiture culte. En revanche, la marque l’est, vraiment. On ne parle même plus de style de vie, acquérir une Ferrari est accepter le prêt d’un morceau du mythe.

    Ferrari GTC4Lusso T – Fiche technique

    240 260,00 €
    (dont malus : 10 000 €)
    CO2 : 265 g/km
    MOTEUR : Av, essence, deux turbos
    CYLINDRÉE : 3 855 cm3
    PUISSANCE : 610 ch à 7 500 tr/min
    COUPLE : 760 Nm à 3 000 tr/min
    TRANSMISSION : Propulsion
    BOÎTE : Automatique à 7 rapports
    PNEUMATIQUES : Av 245/35 R20, Ar 295/35 R20
    DIMENSIONS (LxlxH) : 4,922 x 1,980 x 1,383 m
    COFFRE : 450 litres
    POIDS : 1 740 kg
    RÉSERVOIR : 91 l
    VITESSE MAXI : 320 km/h
    0 à 100 KM/H : 3,5 s
    CONSOMMATION MIXTE : 11,6 l/100 km

  • Ford Performance : délires à glissement limité

    Ford Performance : délires à glissement limité

    Oubliez la Nordschleife, la passion automobile ne passe pas que par une route à péage sans limitations de vitesse où tout le monde s’achète son propre record. J’ai trouvé beaucoup mieux… Et beaucoup moins loin de Paris avec une Ford Fiesta ST200.

    Ne vous êtes jamais demandé pourquoi les pilotes de rallye préfèrent rouler sur terre plutôt que sur asphalte ? La réponse est plutôt simple : la sensation de glisse, la maîtrise de la dérive.

    Les difficultés de trouver un terrain de jeu adéquat sont évidemment un frein à la démocratisation du pilotage sur terre. Sauf quand Ford envoie ses petites Fiesta ST sur le circuit de rallycross de Dreux.

    Le rallycross, c’est tout ce dont peut rêver l’amateur de sport automobile : des courses en peloton, sur de courts circuits glissants, avec des caisses à portières et beaucoup de spectacle.

    La discipline est née dans les années 1960 chez les Britanniques (comme toujours) avant de se développer dans les pays nordiques. Pendant des décennies, le rallycross est resté confidentiel avec un championnat européen totalement fou mené par les Martin Schanche (Ford), Per-Inge Walfridsson (Volvo) le futur beau-père de Petter Solberg, Kenneth Hansen (Ford et Citroën), Per Eklund (Saab). En France, le palmarès abrite les noms de pilotes comme Jean Ragnotti, Bruno Saby ou Jean-Pierre Beltoise (Alpine) avant que des spécialistes ne se révèlent : Max Mamers (Matra) ou Jean-Luc Pailler (Citroën et Peugeot) avec onze titres.

    ford-fiesta-rallycross

    Régulièrement, le rallycross est cité pour être l’avenir du sport automobile. Dans ses gènes, il est l’exemple parfait de produit télévisuel. Des véhicules qui ressemblent à de vraies voitures, plein de puissance, un départ canon et spectaculaire et, même, des dépassements grâce à l’invention du tour joker. Ce n’est pas pour rien qu’IMG s’est intéressé au programme en récupérant les droits d’un nouveau Championnat du Monde. Petter Solberg, Mattias Ekstrom, Sébastien Loeb ou Ken Block en sont les stars au volant de DS 3, Audi S1, Peugeot 208, Volkswagen Polo ou Ford Fiesta.

    Le circuit le plus proche de Paris n’est situé qu’à 73 kilomètres de Paris, à Dreux. Créé en 1977 et rénové en 2011 pour accueillir une manche du Championnat d’Europe, Dreux est un tracé typique du rallycross avec 30 % d’asphalte et 70 % de terre très compactée. La courte ligne de départ plonge vers un droite-gauche sur terre suivi par un virage relevé à 12 %, recouvert d’un asphalte à faible adhérence. La ligne droite sur terre qui suit emmène vers un droite-gauche-droite jusqu’à un droite qui se referme sur asphalte, puis un court pif paf avant de boucler le tour. 1 200 mètres, pas plus, mais des changements de rythme et d’adhérence incessants.

    Inutile de sortir une Supercar de plus de 600 chevaux pour ces délires à glissements limités. La Fiesta ST200 est le meilleur exemple de ce qu’il est possible de faire au volant d’une petite sportive.

    La Ford Fiesta ST200 délivre 200 chevaux de son moteur 1,6 litre turbocompressé, porté à 215 chevaux via un overboost. Le couple peut passer de 290 à 320 Nm dans les mêmes conditions. Le 0 à 100 km/h est abattu en 6,7 secondes.

    C’est à peu près ce qu’il faut pour atteindre le premier virage. Freinage sur terre, bien en ligne pour éliminer la courbe à droite et viser le gauche serré qui suit. Sur une surface meuble, la Fiesta ST200 suit vraiment les lois de la physique. Le lever de pied soulage l’arrière qui n’attend qu’une chose : accompagner la dérive. L’électronique accepte cette glisse, tant que le conducteur ne contrebraque pas. Dans ce cas, le système comprend que le maître à bord donne une information « contraire » au mouvement entamé et aide à remettre les roues droites.

    Le banking qui suit est encore plus excitant. Il faut emmener de la vitesse et lever le pied pour faire pivoter la petite Fiesta vers la plus longue ligne droite du circuit. Au bout, gros freinage sur terre en visant à peine les vibreurs pour ne pas entamer les pneumatiques. Là, la Fiesta ST200 bouge, vit. Elle téléphone ses réactions. En toute sécurité, il est possible de repousser les limites au fil des tours et de s’amuser réellement à être un pilote.

    Porté par les Ford GT, Mustang de toutes formes ou la craquante Focus RS, la gamme Ford Performance cache en cette Fiesta ST200 un jouet parfait pour quelques tours de rallycross. Et c’est sans doute là que le conducteur sera au plus près des plaisirs de la compétition automobile…

    Mise au point pour les plus pointus : les délires à glissements limités ne veulent pas dire que cette Ford Fiesta ST200 dispose d’un différentiel autobloquant.

  • Essai Mazda MX-5 RF : coup de soleil

    Essai Mazda MX-5 RF : coup de soleil

    L’une de ces petites sueurs… De celles qui n’arrivent que trop rarement dans une vie. Celles des adolescents dont les regards se croisent, celles des plus grands qui y voient un coup de foudre. J’ai attrapé un coup de soleil, je me suis installé dans un Mazda MX-5 RF.

    Ceci est une anomalie. D’habitude, lorsque je m’installe dans un habitacle, j’ai la critique facile. Les premiers kilomètres servent à prendre mes marques et, d’abord, à remarquer quelques défauts. Ça arrive quasiment tout le temps, même dans des véhicules à plus de 100 000 euros. Non pas qu’il puisse y avoir matière à réelle critique, mais il faut que l’homme et la machine se comprennent. Dernièrement, j’ai réussi à me passer de cette phase en montant dans une Ferrari GTC4Lusso… (Nous en reparlerons dans quelques jours). Parmi les très rares modèles qui me procurent cette idée de coup de foudre, il y avait le Mazda MX-5. J’y ajoute sa version RF.

    L’installation dans le siège Recaro cuir / Alcantara provoque une sensation de plaisir. La pression du bouton de démarrage ne fait que provoquer un sourire plus marqué. Ouverture du toit en une grosse dizaine de secondes grâce à un doigt sur un bouton. Je souris, je respire, j’aime.

    La suite pourrait être un mauvais concours de poésie… Mais non, pas de poésie. Il suffit d’être le plus rationnel possible : s’il n’est pas question de posséder une stricte deux places dans votre parc, vous passerez à côté de ce bijou. Si vous n’avez pas besoin de plus de deux sièges, le MX-5 RF devient un incontournable.

    Vous aimez conduire, vous adorerez prendre le volant de ce petit châssis réactif… Envie d’aider la voiture à pivoter, petit lever de pied. Vous voulez des sensations ? Même à des vitesses acceptables, vous aurez l’impression de faire corps avec la route. Rien à voir avec les constructeurs qui affirment que leurs SUV procurent un plaisir dans la conduite. C’est un retour aux fondamentaux, les vraies raisons qui font que tous ceux qui aiment l’automobile ont eu, ont ou auront un MX-5 !

    mazda-mx-5-rf-13

    Dans sa version 2,0 litres 160 chevaux (oui, 4 cylindres 2,0 litres 160 chevaux dans un véhicule de moins de 4 mètres et 1 055 kg, ça existe encore !), la boîte très courte manuelle six rapports est un régal, autant que sa commande avec un levier aussi petit que possible. On en joue. Et les 200 Nm de couple suffisent à relancer l’ensemble en mode balade.

    Lorsque j’ai pu profiter de routes plus attirantes à quelques kilomètres de Mulsanne, j’ai retrouvé la vivacité qui caractérise le MX-5. Mieux, la vie du châssis, les bruits m’ont rappelé un bon souvenir de ces années de conduite. Ce MX-5 RF est aussi vivant qu’une Nissan GT-R Track Edition. On sent le moteur tirer le châssis, la boîte s’accorder, les suspensions travailler. On va bien au-delà du toucher de route à travers une direction directe et des pneus…

    La direction justement. Inutile de faire plus d’un quart de tour pour éliminer les courbes. Un détail ? Non, ça change la façon de s’installer dans le Recaro, de profiter de l’air qui s’engouffre au-dessus du pare-brise. Pour rouler vite, préférez le toit rangé et les vitres levées. La suite est une envie d’avaler les kilomètres quelque soit le rythme.

    J’attrapé un coup de soleil, un coup d’amour, un coup de je t’aime…

    L’AUTO est-elle cult ? 
    Dans la lignée des Mazda MX-5, cette version RF est bien culte. Aucun doute sur le caractère exceptionnel du petit roadster, même si son toit dur modifie la façon de vivre avec son MX-5. À conseiller à ceux qui détestent la toile…

    Mazda MX-5 RF First Edition
    Tarif 2017 : 37 750 euros

    Motorisation : 1 998 cm3, 4 cylindres en ligne
    Puissance : 160 chevaux à 6 000 tours / minute (118 kW)
    Couple : 200 Nm à 4 600 tours / minute
    Boîte de vitesses : manuelle à six rapports
    Vitesse max. : 215 km/h
    0 à 100 km/h : 7,5 secondes
    Consommation mixte / essai (pour 100 km) : 6,6 litres / 7,0 litres
    Emissions de CO2 : 154 grammes / km
    L / l / h (mm) : 3 915 / 1 735 / 1 236
    Masse à vide : 1 055 kg
    Volume du coffre : 127 litres
    Volume du réservoir de carburant : 45 litres
    Pneumatiques : 205/45 R17

  • AMG Live : démonstration façon F1

    AMG Live : démonstration façon F1

    Des lunettes de soleil vissées, la quarantaine bien entamée, les mains sur le volant et une voix posée. Celui qui conduit paisiblement le Mercedes Classe V dans les environs du circuit de Chènevières s’appelle Jean-Christophe Boullion. Depuis des années, il a raccroché son casque pour accompagner des clients Mercedes dans leurs découvertes des réelles capacités des modèles sportifs de la marque.

    Chènevières est l’un des points d’arrêt de l’opération AMG Live, conçue pour inviter des clients et des prospects de Mercedes-AMG à rouler sur circuit. Avant de partir vers des tracés plus prestigieux au Mans ou au Castellet, ce sont les conducteurs du Grand Est qui profitent des 3,5 kilomètres et d’une exceptionnelle largeur de 15 mètres du tracé érigé sur une ancienne base de l’OTAN et désormais utilisé par Transalliance pour former ses chauffeurs poids-lourd.

    Après onze Grands Prix de Formule 1 chez Sauber en 1995 et treize participations aux 24 Heures du Mans avec deux podiums chez Pescarolo Sport en 2005 et 2007, Jean-Christophe Boullion fait encore rêver les clients AMG en leur montrant le potentiel des AMG GT R ou AMG GT C Roadster, des SL63, C63, voire des GLE ou GLS.

    mercedes-amg-live-02

    Sur circuit, celui qui garde un souvenir ému de ses courses à Spa-Francorchamps ou Suzuka, place les Mercedes-AMG dans des positions dans lesquels peu de clients s’aventurent. L’expérience est didactique. Lorsque les clients s’installent à leur tour aux commandes de ces monstres de 400 à 600 chevaux, les freinages sont plus sûrs, les placements plus précis et le plaisir est décuplé.

    En configuration strictement de série, avec son V8 biturbo de 585 chevaux et un couple de 700 Nm dès 1 900 tours / minute, l’ultime AMG GT R est un monstre de performances. Le gain de puissance par rapport à une plus traditionnelle AMG GT est accompagné par l’arrivée de roues arrière directrices et d’une baisse de la masse totale pour tomber à 2,66 kg / cheval.

    Mieux, si le pilote se sent prêt à repousser les limites, il peut jouer avec les modes de conduite. Confort, Sport, Sport + et Race (avec une possibilité de mixer le set-up). Rien que du très habituel. Sauf que le mode Race ajoute une touche supplémentaire à l’interaction avec l’électronique. Il devient possible de jouer avec un bouton Traction Control au centre de la planche de bord. 9 crans à choisir afin d’exploiter son propre potentiel selon les conditions d’adhérence et les virages. Les règles aérodynamiques de l’AMG GT sont repoussées avec l’installation de quatorze lamelles verticales situées sous la calandre pour diriger l’air selon les besoins du moteur. À l’arrière, un énorme double diffuseur et l’aileron (réglable) viennent casser l’allure soignée de la version basique.

    À la sortie du deuxième virage, la piste s’ouvre très largement pour laisser l’AMG GT R élargir la trajectoire jusqu’à un freinage long et large. Les céramiques œuvrent pour emmener la voiture en appui sur le train avant jusqu’au bout de l’épingle. 700 Nm arrivent alors pour prendre plus de 210 km/h avant un autre gros freinage… Encore loin des 318 km/h de vitesse de pointe.

    L’AMG GT R se pose sur des Michelin Pilot Sport Cup 2 275/35 ZR 19 à l’avant et 325/30 ZR 20 à l’arrière pour enchainer les épingles. De l’extérieur, elle avale l’asphalte avec sa nouvelle calandre Panamericana inspirée par la Mercedes-Benz 300 SL qui a remporté l’épreuve américaine en 1952. Malgré ces pneus de série, l’AMG emmène une énorme vitesse dans les courbes. Les 1 630 kg à vide et en ordre de marche sont bien plus faciles à prendre en main que ce que j’avais pu connaître au volant de la Mercedes SLS AMG.

    Belle et très performante, la voiture de sécurité des Grands Prix de F1 se laisse apprivoiser par les clients AMG sur ce type d’opérations… Histoire de les convaincre de franchir le pas. Et certains seront forcément prêt à débourser les 174 800 euros demandés pour une AMG GT R !

  • Philosophie binaire : le véhicule autonome

    Philosophie binaire : le véhicule autonome

    Combien de volant possède un véhicule autonome ? Deux dans le cas d’un Citroën Grand C4 Picasso à double commande dans laquelle PSA a installé son système AVA de conduite autonome de niveau 3. Et j’en ai pris le « contrôle », quasiment.

    La quasi-totalité du réseau autoroutier français, des accords en Espagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas… Le Groupe PSA teste ses véhicules autonomes – niveaux 2, 3 et 4 – avec douze véhicules immatriculés, conduits par plus d’une centaine de personnes – dont je fais désormais partie – pour engranger des données. Ces 0 et ces 1 ont été enregistrés sur déjà 125 000 kilomètres de routes ouvertes.

    Sur la N118, de Vélizy – base de départ du Groupe – jusqu’à Orsay – mon ancienne université – le Citroën Grand C4 Picasso au coffre transformé en salle informatique lit les panneaux de signalisation, adapte sa vitesse à l’environnement et suit le parcours sans la moindre intervention humaine. Il devient possible de jouer avec son téléphone au lieu de se préoccuper des commandes.

    Pour obtenir les autorisations nécessaires, le Groupe PSA a dû créer un modèle à double commande. Un responsable du programme reste assis à droite avec la capacité de reprendre le contrôle quand le pseudo conducteur, mais vrai testeur, peut oublier qu’il conduit…

    Dans les faits, c’est tout ce que l’on peut imaginer d’un véhicule autonome. Il suit les limitations de vitesses (réelles, pas au compteur), anticipe très, très largement la gêne que peuvent générer les autres véhicules et s’avère assez peu souple lorsqu’il s’agit de suivre une trajectoire ou de modifier la vitesse.

    • Première réaction : l’arrivée des voitures autonomes va considérablement augmenter les temps de parcours, car les voitures vont faire attention les unes aux autres en réduisant les vitesses afin d’éviter tout accident. Ce n’est que lorsque tous les véhicules seront autonomes que les temps passés en voiture pourront enfin se réduire.

    Le Citroën Grand C4 Picasso est un véhicule autonome de niveau 3. PSA prévoit de mettre cette technologie sur le marché entre 2020 et 2025. Il regroupe ce que les marques Citroën, Peugeot et DS proposent déjà en conduite assistée (régulateur de vitesse intelligent et pilotage automatique sur voies rapides), en y ajoutant la dimension « sans les mains et sans les yeux ». Le conducteur n’est plus obligé de superviser la conduite en permanence mais il doit être en mesure de reprendre la main.

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    Face aux différentes affaires des véhicules autonomes de niveau 2 déjà sur le marché, une question me semblait immanquable… A-t-on déjà eu des accidents lors de ces 125 000 kilomètres d’essais. « Aucun », assure-t-on chez PSA. « Et il n’y a pas lieu d’en avoir. Nos experts ont pu reprendre le contrôle du véhicule dès qu’ils sentaient que le logiciel ne réalisait pas la manœuvre voulue. »

    Et voilà que me revient le débat philosophique qui avait animé des diners l’an passé… Que doit faire un ordinateur quand il détecte un accident inévitable. Face au capot, une famille qui traverse la route : si le véhicule freine et garde sa ligne, les probabilités que les piétons meurent est supérieure à la moyenne… Si le véhicule tente de les éviter, ce sont les occupants de la voiture qui risquent de perdre la vie.

    Les ingénieurs de PSA ont la réponse… Pour le moment, la conduite autonome est activable sur les voies rapides. Il n’est donc pas concevable qu’un tel accident puisse se produire. AVA, pour « Autonomous Vehicle for All » gère le trafic par une pluie de capteurs redondants. Et en effet, lorsqu’un scooter a eu l’idée de s’insérer sur la N118 devant nous, le Grand C4 Picasso a réduit son allure bien avant que le deux-roues ne soit sur notre file. Tout est fait pour que les comportements prévisibles soient anticipés.

    Mais si deux voitures décidaient de « foncer » dans le Grand C4 Picasso ? Il freinerait simplement pour éviter l’obstacle détecté. Sans que le logiciel ne puisse interpréter une éventuelle « attaque » de conducteurs malveillants. L’arrivée de ces systèmes en ville – où les dangers sont bien plus présents et vicieux – va demander d’autres puissances de calcul et de nouvelles interprétations.

    • Seconde réaction : mais quelle est donc la solution du cas incroyable du choix à faire entre le décès d’une famille qui traverse la rue et celui des occupants ? La philosophie devra l’emporter sur l’algorithme, un jour.

    Moral Machine existe (merci @yomz)… Ce test permet de découvrir ses propres réactions face au cas philosophique expliqué plus haut. Pas forcément convaincu par le côté « ingénieur » des gens de PSA, j’ai fait ce test. Et mon esprit cartésien suit quasiment tout le temps leur façon de fonctionner. Selon moi, la voiture doit rester dans sa file, freiner tant qu’elle peut et tant pis pour ce qui sera devant.

    Logique implacable dans ce cas. Mais d’autres progrès vont arriver. Les véhicules autonomes devraient être capables de détecter un danger « mortel » sur la file et d’analyser l’environnement pour éventuellement prendre la décision de se déporter. Quand ce sera arrivé, l’intelligence artificielle aura fait un énorme pas en avant et d’autres questions se poseront. A ce sujet, je ne peux que vous conseiller la lecture de Vanity Fair de ce mois-ci (Julianne Moore en couverture). Vous vous régalerez au sujet des petites guerres entre Larry Page, Mark Zuckerberg et Elon Musk au sujet de l’IA.

  • Essai : Audi RS 3 LMS : TARMAC HUNTER

    Essai : Audi RS 3 LMS : TARMAC HUNTER

    Depuis l’arrêt de son programme Le Mans, Audi Sport n’a pas cessé le travail. D’ailleurs, même durant ce programme, la compétition client était bien active, si bien que cette année, malgré l’affreuse nouvelle, pas moins de sept programmes de compétitions sont assurés par la marque aux quatre anneaux. Formula E, DTM, World RX, GT3, GT4, TT Cup et TCR.

    C’est sur cette dernière que nous allons nous arrêter ici, le TCR. Compétition née en 2015, elle se veut être le renouveau du super tourisme, face à une WTCC qui n’a jamais réellement trouvé sa place. Et cela fonctionne. Cette règlementation TCR permet de disputer pas moins de 20 compétitions à travers le monde. L’ensemble des championnats TCR tout d’abord (Asia, Benelux, Chine, USA, Scandinavie…) puis une poignée de compétitions diverses dont l’European Touring Car Cup, les 24 Heures du Nürburgring (onboard!), les 24H Series ou le VLN, où la RS 3 LMS a d’ailleurs débuté en octobre dernier, après avoir été révélée lors du Mondial de l’Automobile de Paris quelques semaines auparavant.

    C’est cette RS 3 LMS que nous avons eu la chance d’essayer sur le circuit du Castellet. Une voiture issue de la compétition mais qui est entièrement fabriquée par Audi Sport.

    Pour la première fois, Audi réalise une voiture de course avec un objectif simple, outre que celui de la performance : la gestion du coût. En trouvant un certain équilibre, le département compétition de la marque aux 4 anneaux propose un produit de la qualité de ses standards aux tarifs et coûts les plus simples, même pour une petite équipe. Par exemple, certaines pièces ont été développé dans le but qu’un seul mécanicien puisse la remplacer ou la régler, tandis qu’habituellement, ces manipulations nécessitent en deux au minimum.

    D’extérieur, la RS 3 de série parait bien loin, mais sa soeur LMS assure la filiation. La caisse est issue des chaines de production de Ingolstadt. Elle en ensuite retravaillée, soudée etc. Des gros et larges trains sont greffés, la face avant s’en retrouve bodybuildée tout comme ses anches. Le spoiler avant est une véritable pelle à tarte tandis que le coffre se voit couvert d’un énorme aileron, histoire d’assoir la belle comme il se doit.

    Sous le capot, on retrouve le 4 cylindres 2 litres TFSI essence issu de la production, qui développe 350 chevaux et fournit à la belle Allemande un 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et abat une vitesse de pointe de 247 km/h. A noter que ce n’est pas le moteur de série de la RS 3 qu’on retrouve sous le capot : la réglementation imposant 4 cylindres, la berline allemande en ayant 5. Cela dit, elle conserve sa suralimentation turbo. Aussi, comme le stipule le règlement TCR, la transmission est obligatoirement aux roues avant.

    Côté boîte, il s’agit ici d’une boîte séquentielle à six vitesses. Sur RS 3 LMS, deux boîtes sont disponibles : la première est la STronic 6 vitesses, avec possibilité de la laisser en mode « automatique » ou de prendre le contrôle avec les palettes située derrière le volant. A gauche on passe les rapports, à droite on les rentre. Aussi, une boîte Sadev 6 est dispo, avec le mode séquentiel exclusivement. L’écart entre elles est d’environ 1 millième au tour selon les circuits, soit pas grand chose mais l’écart se fait surtout au niveau du prix : la Sadev est en effet plus cher, à l’achat comme à l’entretien. Une fois encore, le coût est maitrisé. Les plus grosses équipes préfèreront la Sadev, cette dernière étant plus « compétition » que sa concurrente.

    Côté châssis, les trains proviennent de chez McPherson. Ils sont réglables en hauteur, en butée et en carrossage, tandis les suspensions avant et arrière sont réglables en trois voies. Aussi, la RS 3 LMS, comme toutes les voitures de la catégorie TCR n’a pas d’aides à la conduite : ni ABS, ni contrôle de la traction ou différentiel actif. Tout cela est prévu dans une recherche de limitation de coûts.

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    Audi Sport a attaché un soin particulier à la sécurité sur cette RS 3 LMS, en répondant aux standards de la FIA. Par exemple, le réservoir est aux normes FIA équipé de mousses anti-remous, l’arceau cage est surdimensionnée, tandis que des filets anti projection protègent le pilote de possibles éjections en cas de tonneaux par exemple. Des options vues sur les prototypes du Mans ou sur les R8 LMS. La plus petite des Audi Sport bénéficie ainsi de l’expérience des autres programmes de la marque : le soin d’une véritable auto officielle a été apporté. La compétition client tendant d’ailleurs à professionnaliser de plus en plus, il est logique que le niveau de finition soit optimal, d’autant que beaucoup de filiales de constructeurs auto engagent des autos dans les nombreux championnats possibles, le TCR en tête.

    Le TCR est d’ailleurs un championnat jeune : seules deux saisons ont eu lieu. Deux championnats remportés par le Suisse Stefano Comini, engagé sur SEAT León Cup Racer en 2015, Volkswagen Golf GTI TCR en 2016 et cette année sur Audi RS 3 LMS TCR. Et jamais deux sans trois. Une RS 3 LMS championne TCR Inter 2017 ? Cela ne me déplairait pas, car je dois le dire, elle m’a plu cette petite dernière.

    Alors que donne cette RS 3 LMS au volant ? 

    Il faut être un chat pour se faufiler au coeur de la bête. L’arceau cage nous emballe véritablement, les axes de métal nous barrent la route si bien qu’une fois passé à travers cette véritable toile d’araignée, on tombe dans le baquet comme un oiseau tomberait du nid. Les réglages sont faits, me voilà en place. Baquet réglé, jambes et bras fléchis, je me sens à l’aise ici. Je retrouve les effluves particulières d’une voiture de course, qui sont loin de m’être inconnues, entre l’odeur du neuf, du briqué, des vapeurs d’essence, des gommes tendres et de freins chauds.

    A l’intérieur de cette RS 3 LMS, la caisse est dépouillée, mise à nue, repeinte d’un gris clair argenté. Le tableau de bord se retrouve dans les airs et est aussi bien dépouillé. C’est beau, vraiment, c’est précis, calculé, rien n’est laissé au hasard dans une voiture de course. C’est ce que j’aime. On ne retrouve face à soi qu’un volant peuplé d’irréductibles boutons en tous genres ainsi qu’un afficheur digital qui se montre au final assez illisible. Plus tard, une fois en route, je me rendrai compte que le shift est trop petit, qu’on ne voit pas bien le rapport enclenché et qu’on le confond avec le numéro de carte moteur engagé… Dommage, j’espère que plusieurs menus différents sont disponibles, ce doit être le cas. Au centre de l’habitable, entre les deux baquets, on retrouve une autre console avec entre autres la molette de répartition des freins avant/arrière et… les clignotants. Bah oué ! On est sur circuit mais ça peut servir !

    Aux pieds, la pédalbox. Ici seules deux pédales sont présentes, l’utilisation de la boîte STronic 6 vitesses permettant de supprimer l’embrayage. Une chose de moins à s’occuper. A sa place, vient l’immense repose pied. A sa droite le pédale de frein puis l’accélérateur. A noter qu’avec la boîte Sadev, la pédale d’embrayage est bien présente afin de ne pas trop solliciter la boîte lors des départs ou des manoeuvres. Une chose m’impressionne : l’écart entre pédale de frein et accélérateur est grand. En freinant pied droit, il faudra réaliser le grand saut pour freiner dans l’urgence nécessaire à une course auto. Renseignement pris auprès de mon instructeur, il sera tout d’abord nécessaire d’utiliser le pied droit pour l’ensemble accélérateur/frein. Petit détail aussi, une petite réglette maintient le pied bien en place sur l’accélérateur, afin qu’il ne glisse pas quand on « soude ». J’aime bien ces petites choses bien pensées qu’on retrouve dans les voitures de course.

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    Départ. Le staff Audi me donne le départ depuis la voie des stands. Le premier tour fera avec la boite automatique, afin de me familiariser avec la bête. 50 km/h dans les stands puis feu vert, c’est l’envolée. Je soude, le 2 litres turbo essence hurle comme il se doit, la voiture tremble, vibre, vit : les rapports se passent automatiquement, me laissant prendre mes repères, c’est déjà de l’or en barre.

    Dès le premier freinage, je cherche la pédale de frein du pied droit. Elle est loin, très loin de mes habitudes, bien 15/20 cm. Cela me déstabilise vraiment. Au freinage suivant, rebelote, si bien que je demande d’office à mon instructeur chéri si je peux freiner pied gauche chéri aussi. C’est accordé. J’accélèrerai du pied droite, freinerai du gauche. J’en ai plutôt l’habitude au quotidien et ici, avec un pied sur chaque pédale, je serai bien plus à l’aise. Freinage suivant, cela se confirme : tout va bien côté frein. Il ne manque plus qu’à trouver mes repères, mes trajectoires au volant de cette belle RS 3. Ce n’est pas une mince affaire.

    Au matin, les deux premières sessions sur ce Castellet ont été faites au volant de deux voitures bien différentes, en observant une progression. Tout d’abord Audi TT RS puis Audi R8 V10 plus. J’ai donc de bons repères et mon instructeur m’aide bien. Les virages se suivent sans vraiment se ressembler mais le plaisir est véritablement là. La constance est très difficile à trouver. Je profite de chaque instant malgré des palettes que j’ai bien du mal à apprécier. Mes doigts glissent, à quasi chaque rapport passé. C’est un détail mais je fais attention à ne pas me louper, tout en essayant de me lâcher un peu au volant de cette RS 3 LMS. N’est pas pilote de course qui veut.

    2, 3, 4, 5, 6, les rapports se passent à la volée, les kilomètres/heure s’alignent mais je ne me soucie pas d’eux. Je préfère rester tête dans le guidon, écoutant mon copilote, cherchant la trajectoire qu’il faut, le bon point de freinage, freiner fort sans bloquer les roues. Il n’y a pas d’ABS sur RS 3 LMS. J’ai d’ailleurs parfois l’impression que mon copilote est plus stressé que moi sur certains freinages. Ou alors il veut que je m’applique. Je me sens bien.

    Ligne droite des stands, à 150m du droite serré qui passe en deux : quel pied de se jeter sur une pédale de de frein de tout son poids et de rentrer les rapports comme les vrais pilotes ! Rhaaah ! Et je ne vous fais pas les bruits de moteur ! J’ai l’impression de vivre un rêve de gosse. J’ai pas mal bourlingué dans ma vie de bagnolard mais je dois avouer qu’ici, Audi a mis la barre haute. Je m’en délecte.

    Les tours s’enchainent vite (et bien ?) au volant d’un tel jouet. Je me sens au final plutôt à l’aise et prends véritablement mon pied. Un goût de trop peu se montre déjà quand l’instructeur de demande de rentrer au stand… Chicane droite, gauche, longe les stands à 50km/h puis je me range à ma place face à la sucette qu’un mécanicien du staff Audi me présente. Le jeu est fini mais il en valait la chandelle.

    Je garderai un grand souvenir de cet essai mais je n’ai aujourd’hui qu’une seule envie : y retourner, pour rouler, rouler, rouler, trouver les repères, et progresser. Je suis loin d’être un tarmac expert pour cette tarmac hunter. Alors, on reprend quand ?

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    Merci à Sabrina, Florian et les équipes de Audi France, Audi Sport, Oreca et le circuit du Castellet.

  • Essai Alfa Romeo Stelvio : Primo

    Essai Alfa Romeo Stelvio : Primo

    Depuis une bonne décennie, le plan produit Alfa Romeo subit des retards. Un lancement dans deux ans, remis deux ans plus tard et encore deux ans plus tard. Quand les Alfistes attendaient une renaissance, Milan restait inerte. Enfin. Après la Giulia, voici le Stelvio, le premier SUV de la marque. Mais ne vous attendez pas à une révolution.

    Entre 2005 et 2014, Alfa Romeo a présenté quatre plans de relance. Divers plans produits annonçaient l’arrivée d’une 4C et d’un SUV-D dès 2012, de la Giulia berline et break, d’une MiTo 5 portes et d’un Spider en 2013 et d’un SUV-E en 2014… Beaucoup de rêves.

    Ce n’est qu’en avril 2014 que les choses ont vraiment bougé. Huit personnes se sont retrouvées dans une nouvelle unité de travail, destinée à replacer Alfa Romeo dans son temps.

    De ces huit ingénieurs, l’équipe a changé de forme. Aujourd’hui, ils sont un millier, dont un quart à moins de 30 ans, à chercher des solutions d’avenir pour leur Marque.

    Leurs efforts sont déjà visibles sur Giulia et Stelvio… Mais leur route ne fait que commencer. Ancrés dans un univers Alfa Romeo, ils ont donné la priorité à la base technique et mécanique.

    Au volant du nouveau Stelvio, on retrouve les gènes d’Alfa Romeo. Tout SUV qu’il est, il respire la sportivité avec un ensemble moteur-boite (essence 210 chevaux, boîte auto à 8 rapports) excellent. Le châssis est au diapason.

    Alfa Romeo s’est très clairement concentré sur la conduite, le caractère. Il faut dire qu’en entrant dans l’habitacle des nouvelles créations d’Alfa Romeo, on est loin, on est très loin des standards d’autres constructeurs. La numérisation n’était pas une priorité. Chez Alfa, on conduit.

    Les choix techniques du récent SUV Stelvio soulignent cette gestion des priorités. Même en version quatre roues motrices Q4, la transmission envoie 100 % du couple aux roues arrière. Ce n’est qu’en cas de besoin qu’un transfert autorise la moitié – pas plus – à passer sur les roues avant. L’objectif était de gagner de la masse avec un système qui ne coûte que soixante kilogrammes. D’autres options ont été prises, comme l’arbre de transmission en fibre de carbone ou les portes, hayons, bloc moteur et suspension en aluminium.

    Face au défi que représentait de produire une voiture rapidement, Alfa Romeo a pris le pari de proposer un modèle fait pour le plaisir de conduire en délaissant certaines technologies.

    La marque s’en félicite presque. L’aspect fondamental de son image réside dans cette conduite sportive. Que faire d’aides qui agiraient directement sur le volant pour rester dans une voie ? C’est donc délibérément qu’Alfa Romeo se passe des développements les plus récents pour se contenter d’un régulateur adaptatif ou d’une simple alerte de franchissement de ligne. Il n’y a que ce qui est nécessaire pour obtenir les 5 étoiles EuroNCAP qui a été implémenté.

    Voilà pourquoi le style intérieur des nouvelles Alfa Romeo est aussi « classique ». Sur le Stelvio – qui sera prochainement commercialisé – les compteurs restent analogiques avec une énorme double casquette destinée à rendre homme au Coupé Bertone. Un dessin incompatible avec un affichage tête haute.

    Alfa Romeo procède par étape. Même si la clientèle BMW est un objectif, il faut surtout reconquérir le cœur des Alfistes. Ce n’est qu’à ce prix que d’autres ambitions pourront naître.